Jour 42 - La grande évasion

"Chicos! CHICOS!" (= les jeunes) sont les premiers mots que j'entends en ce quatrième passé à Aguas Calientes. Ils sont prononcés par un gars passant dans les wagons pour réveiller tout le monde. Pas terrible comme réveil.

Il faut évacuer les wagons et aller se ranger dans une file. Là, de nouvelles listes sont créées. Il y a les listes A, B, C et D suivant les âges. Un numéro est également attribué à chaque personne. Je suis le D-21, je crois comprendre que je suis le 21ème jeune qui va être évacué, bonne nouvelle vu le nombre de jeunes! L'évacuation semble proche en effet, puisqu'il fait déjà beau, donc les hélicoptères vont pouvoir travailler, et la veille, les allées et venues ont déjà été nombreuses.

Du coup, nous attendons en jouant aux cartes. Par contre, les personnes qui sont dehors ne peuvent pas entrer dans la gare... l'histoire semble se répèter. A priori, ils vont évacuer d'abord les personnes qui sont dans la gare histoire de déblayer le terrain avant d'évacuer les autres restés en ville. Petite pensée pour les français ayant dormi à l'hôtel, ils n'ont pas choisi la bonne nuit pour quitter la gare.

Un téléphone est également à disposition dans la gare, l'accès est limité à 1 minute par personne, et là, pas de rallonge comme pour Internet. J'appelle à la maison, 3 secondes de sonneries et maman décroche, impeccable! Je peux lui dire que je suis toujours vivant et en bonne santé.

Puis quelques minutes plus tard, il y a un mouvement de foule. Une file se forme, une file pour aller vers l'héliport. Avec Antoine et les 3 autres français nous sommes les derniers de la file, et non pas dans les premiers comme l'indiquent nos numéros, mais ce n'est pas grave, nous partons! Et je vais quasi certainement pouvoir arriver à temps à La Paz pour mon avion.

Je suis un peu déçu pour les français, surtout qu'ils avaient prêté des affaires, notamment des sacs de couchage, à Hadrien, Quentin et Sunswan (les français étudiant au Chili). Nous n'avons aucun moyen de les contacter, nous demandons alors à des employés de Peru-Rail de les donner "aux français", nous leur disons de demander à Carlos Rodriguez, il devrait les reconnaître.

En passant la grille de la gare, Antoine se souvient qu'il avait du linge à sécher... et qu'il l'a oublié dans la précipitation. Pas de retour en arrière possible, les gars des Forces Spéciales péruviennes font leur boulot, je suis pas sûr que la négociation soit possible: oui pardon, cela fait 4 jours que je veux partir d'ici, mais là j'aimerais y retourner pour aller chercher mes caleçons sur l'arbuste... Tant pis. Je n'ai pas eu le temps d'aller faire un tour dans les bains d'eaux chaudes non plus (Aguas Calientes = Eaux Chaudes, le surnom de la ville est du à la présence de sources d'eau naturllement chaude, le nom officiel étant Machu Picchu Pueblo), alors qu'il paraît que l'accès aux bassins était gratuit vu les circonstances. Tant pis.

Nous marchons sur un petit sentier, passons près d'un des fameux hôtels de luxe et arrivons près de l'héliport. Nous longeons une portion de rail... et je confirme le fait que le train ne soit pas prêt de refonctionner de si tôt vu l'état de la voie (photo de droite). Nous attendons un petit bout de temps (on est les derniers...) au bout de la file, regardant les hélicos aller et venir, apportant des vivres pour les habitants et emmenant les touristes pour Ollantaytambo. Là, une personne de l'ambassade américaine prend nos noms, elle enverra la liste aux différentes ambassades pour qu'elles sachent que leurs ressortisants ont bien été évacués. Quelques minutes plus tard, ce sont deux employées de l'ambassade française qui prennent nos noms, "le temps que l'ambassade américaine envoie la liste...". Ah, les relations internationales...


Puis c'est notre tour. Il y a en fait deux héliports, avec une pancarte un peu en avant rappelant que l'évacuation est gratuite. Ah bon? Les militaires sont à fond, ils se mettent à crier "Go, go, go!", les pales de l'hélico de l'armée tourne au-dessus de ma tête, avec le souffle comme dans les films. C'est bon, je suis à bord, quelques secondes plus tard nous décollons.


Moment excellent, un des meilleurs du voyage! Un vol en hélicoptère dans la Vallée Sacrée des Incas, cela n'a pas de prix comme dirait la pub. Nous survolons d'abord la ville d'Aguas Calientes. Puis nous slalomons entre les montagnes. A bord, il y a Antoine, moi, 6 autres touristes, les deux pilotes et un autre militaire. Ce dernier nous lance dès le départ: "prenez des photos, prenez des photos!". Oui bien sûr! Ensuite, il ouvre la porte latérale pour me dégager la vue pour immortaliser ce moment, je n'ai qu'à me pencher si je veux sauter, excellent. Le voyage dure un bon quart d'heure mais cela passe très, voire trop, vite. Nous passons au-dessus des premières ruines vues le long du chemin Incas, cette fois-ci, l'angle est bien meuilleur! Et puis c'est Ollantaytambo.


Nous atterrissons sur le stade de foot. Un minibus de Peru-Rail nous attend pour nous emmener en centre-ville ou un autre bus nous attend, direction Cusco. Fruit du hasard, ma voisine de bus est argentine mais parle français, son frère a étudié à Centrale Lyon et elle a déjà été en France, et ses parents tiennent une ferme à 300 km de Buenos Aires (65 vaches, 300 ha).

Arrivés à Cusco, le voyage reprend. Nous passons par l'auberge récupérer nos affaires et prendre une bonne douche. Yann n'y est pas, il est déjà parti vers le lac Titicaca. Nous passons ensuite au Mac Donald (pas bien mais cela fait du bien). Nous allons également à Peru-Rail, nous faire rembourser nos billets de train de US$31 (qui étaient inclus dans le package du trek). Les bureaux viennent de fermer... alors que je veux partir le soir même, au cas où les routes sont en mauvais état dans la région de Puno comme les rumeurs le disent. En insistant un peu, je peux rentrer (surtout qu'il y avait d'autres touristes encore à l'intérieur!). Antoine et moi, nous sommes remboursés. Nous sommes ensuite allés boire un Pisco Sour à la santé du Machu Picchu, là nous rencontrons des irlandais qui trouvent que nous avons eu beaucoup de chance d'avoir été à Aguas Calientes et surtout d'être rentrés en hélico, c'est pas faux!

Sur les conseils d'un chauffeur de taxi sympathique, à qui les photos d'Antoine ont beaucoup plu, nous prenons un bus pour Puno pour récupérer un transport jusqu'à La Paz, et non pas un bus plus cher y allant directement. En fait, il n'y a aucun problème sur les routes jusqu'à la capitale bolivienne. Une nuit dans le bus et l'étape Machu Picchu est enfin terminée.

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