Ano da França

Cette année, avait lieu au Brésil, l’année de la France... au Brésil! Occasion de nombreuses évènements qui me sont pour la plupart inconnus... mais il y en a eu, c’est sûr! L’occasion également de faire un peu de business, Nicolas a notamment vendu des sous-marins, des hélicoptères et peut-être aussi des Rafales en prime, un TGV entre SP et Rio de Janeiro est également en projet. Le Brésil est tout de même le quatrième partenaire commercial de la France, avec 9 milliards US$ d’échanges commerciaux en 2009, cela mérite bien quelques manifestations culturelles.

Lula et Nicolas semblent d'ailleurs très bien s'entendre, puisqu'ils se sont mis d'accord pour présenter un texte commun à la conférence de Copenhague pour le climat, le 7 décembre prochain. Les deux pays veulent présenter des propositions "ambitieuses" dans ce que Lula a appelé une "bible climatique". Il ne reste plus qu'à convaincre les autres pays de les suivre, les principaux durs à cuire étant ces §@à#£&!! d'américains et de chinois... D'ailleurs, en passant par là, vous pouvez jeter un coup d'oeil ici:



Et faîtes diffuser le message!!!

Mais revenons à nos moutons. L’année de la France fait suite à l’année du Brésil qui a eu lieu en France en 2005. Malheureusement, cet évènement, débuté le 21 avril, s’est terminé le 15 novembre dernier (euh, cela ne fait pas un an !!)... snif. Mais la France reste tout de même très présente, en effet, l'hexagone est un pays qui à toujours la cote ici : on a Zizou (par contre, beaucoup de brasileiros ont encore le 3-0 de 98 et l’élimination de 2006 en travers de la gorge), la Tour Eiffel, le vin, la baguette (ici le vrai pain se nomme plus exactement le « pain français ») et le français est une langue assez prisée (bon, l’anglais et l’espagnol sont tout de même plus parlés), il n'est pas rare de rencontrer quelques mots de français par-ci par-là, notamment dans la publicité. La France est synonyme de luxe, de gastronomie, de goût et de raffinement…

Cocorico!

Sur les toits de Vila Olímpia


Vila Olímpia est un quartier de SP situé au Sud-Est de l'université, à environ 15 minutes en voiture. Je m'y suis rendu trois fois afin de visiter le chantier de construction pour un projet.

Chaque groupe d'élèves devait réaliser plusieurs visites du chantier pour pouvoir ensuit décrire une partie des sous-systèmes du bâtiment: revêtements verticaux, revêtements horizontaux, ouvertures et imperméabilisation... ce que l'on voit en cours en fait. Chaque groupe devant lui-même trouver un chantier. Pour nous, c'est un immeuble de 14 étages qui va acceuillir des bureaux commerciaux.


Nous avons donc fait nos visites, pris en photo les réalisations et les ouvriers, qui sont parfois contents d'être sur la photo et d'autres fois s'en fichent royalement. J'ai également tenté de leur poser des questions... je ne comprenais pas les réponses! Ils parlaient trop vite... Ci-dessus à gauche, vous pouvez voir l'application de l'argamasse (= mortier) sur un mur et à droite, une talisca (là je ne connaît que le mot en portugais), elle matérialise le plan jusqu'où il doit y avoir du mortier, en gros, cela indique l'épaisseur de mortier à appliquer. Ci-dessous, à gauche c'est moi, très content d'être sur le toit de l'immeuble avec mon capacete (= casque) et à droite, encore moi avec le reste de mon groupe et un des ingénieurs responsables du chantier.


Avec Yann et nos deux collègues brésiliens, nous avons pondu un bon petit rapport de 80 pages... pas mal!

JT

Vous devez déjà savoir qu’il ne fait pas bon être un hélicoptère à Rio:
ww.youtube.com/watch?v=DJcGTtl5uEE&feature=player_embedded

Avec l’attribution des Jeux Olympiques de 2016 à Rio, vous entendrez encore parler de la ville… mais pour ce qu’il se passe à SP, il va falloir que je vous raconte un petit peu (une petite partie sinon cela prendrait trop de temps!).

En mangeant, je regarde parfois les informations au JT, quand la télé de la cuisine veut bien ne pas trop grésiller. Je vais donc vous décrire une édition de ce journal.

Le premier reportage concerne le braquage d’un véhicule de transport de fonds. Cela ne s’est pas vraiment passé comme en France où le chauffeur est parti avec le fourgon sans violence.

Les assaillants ont d’abord arrêté un autobus en travers de la route puis ont tiré avec des armes de gros calibre dans les pneus de 2 camions afin de barrer les 2 voies de la rodovia (= autoroute). Ils ont ensuite utilisé des explosifs pour ouvrir le coffre. Bilan : ils repartent avec 16 millions de R$ et un des convoyeurs ayant tenté de s’interposer a été abattu.

On voit ensuite à l’image la cousine du défunt. Oui, à chaque décès, c’est usuel ici de montrer un proche de la victime afin notamment de déclarer que c’était un bon père de famille, un bon cousin…

Dans la suite du reportage, on voit d’autres images d’assauts, je n’ai pas compris le lien entre les sujets mais on voit par exemple une voiture avec des traces de sang et des impacts de balles au niveau du siège du conducteur.

Puis on passe à un sujet plus léger, un chien qui sait danser debout, on n’arrête pas le progrès!

Ensuite, l’histoire de deux lycéennes se bagarrant à la sortie des cours est racontée, vidéo à l’appui, les journalistes insistent surtout sur le fait que personne n’a essayé d’intervenir pour les séparer!

Puis vient un autre reportage montrant des images des forces spéciales (avec un hélico et deux cars blindés) qui s’en vont maîtriser un gars armé d’une mitraillette dans un quartier je ne sais où, on voit ensuite l'assaillant sur un brancard, il meure ensuite de ses blessures.

Et puis j'ai fini de manger, repu et content d'avoir vu toutes ces belles images!

Ultimo dia...

Suite et fin: dernier jour du voyage...

Nous arrivons à Salvador... très tôt! Notre avion part vers 18h, ce qui nous laisse un peu de temps pour profiter des dernières heures de notre semaine bahianaise. En sortant de la gare routière, nous trouvons une nouvelle formule avantageuse: 1,8R$ pour un sandwich et un suco, voilà notre petit déjeuner! A São Paulo, pour ce prix, on a peine un demi sandwich.

Nous nous promenons une dernière fois sur les hauteurs du Pelourinho d'où l'on peut observer l'intense trafic maritime, comme le montre la photo suivante, ainsi que les rutilants immeubles de la ville basse. Ils souffrent sans doute d'un petit manque de manutenção (= entretien)... Appréciez également mon teint beaucoup plus foncé que la semaine précédente.


Après un petit tour au Mercado Modelo, nous nous rendons à la marina pour aller rendre visite à Pascal que l'on a rencontré à São Paulo. En fait, c'est un ami d'Olivier, un autre français également en double-diplôme à Poli. Pascal est venu le voir à SP, avant de se rendre à Salvador. En fait, ce Pascal doit ramener en France le bateau que vous pouvez voir ci-dessous. Il y a eu une course nautique entre La Rochelle et Salvador. Le bateau en question s'occupait de la sécurité et est du genre de bateau utilisé pour le Vendée-Globe, si je ne me trompe pas. Le retour doit durer 3 ou 4 semaines, selon la météo. Ce n'est pas la première fois que Pascal réalise ce type de voyage, il navigue environ la moitié de l'année et a déjà visité beaucoup d'endroits, des creux de l'Atlantique aux plages des Caraïbes, en passant par l'océan Indien et ses pirates...


Les bateaux de la course font environ 2 mètres sur 6. Le confort y est rès rudimentaire. Je vous en laisse découvrir l'intérieur (la photo n'a pas géniale, mais cela donne un aperçu). Quasiment tous les concurrents étaient des français, la marina est donc remplie de gringos, c'est un petit bout de Hexagone qui squatte l'endroit, cela fait un peu bizarre! Sinon, il paraît qu'il y a un gars qui souhaite tenter un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance sur un de ces petits bateaux. Pascal nous précise que quelqu'un l'a déjà tenté: seul son bateau a été retrouvé au milieu de l'océan, le navigateur n'était évidemment pas dessus...


Nous nous sommes rendus à l'aéroport en bus, ce qui m'a permis de découvrir qu'il y a avait de magnifiques plages sur la façade atlantique de la ville, puis avons décollé pour SP. Je classe le décollage de Salvador aut top 1 des décollages/atterrissages que j'ai déjà pu voir. C'est la quatrièle fois que je décolle/atteris à Salvador, mais la première de jour. Et cela vaut le coup d'oeil par le hublot.

La suite du voyage se passe bien, quelques passages dans les turbulences, le survol du Brésil la tête dans les nuages... et hop arrivés à Campinas. De là, nous trouvons un bus qui nous emmène directement à la gare routière de Tiété, à SP. Puis nous rentrons en métro jusqu'à l'avenue Paulista.


Nous nous rendons ensuite à l'arrêt de bus près de l'avenue pour rentrer chez nous, jusque là rien d'anormal. Quand on y arrive, une jeune fille, dans les 14 ou 15 ans, suivie d'un gars plus agé, courent sur la route entre les voitures. Je me dis d'abord qu'ils courent pour attraper le bus... pas vraiment en fait, je m'en rends compte lorsque je les vois faire des demi-tours et des slaloms sur la route à 2x4 voies (oui, ici les routes elles sont balèzes!).

Le gars ne suit pas la fille, mais la poursuit. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avant, mais a priori la fille semble plutôt habiter une favelas, le gars pas vraiment. Elle a peut-être essayer de le voler mais en fait, j'en sais rien du tout. Toujours est-il que la cavalcade dure un moment, jusqu'à ce qu'un autre gars, un ami du premier je pense, barre la route de la fille avec un bon coup de pied dans le ventre... ah nan, ça rigole pas. Le premier gars commence à la frapper, mais ses amis l'en empêchent. La fille arrive à s'éloigner et va chercher une bouteille de verre dans une poubelle... Entre le gars qui veut frapper la fille, elle qui veut lui fracasser une bouteille sur le crâne (je crois qu'elle a plus ou moins réussi d'ailleurs, il saignait de l'arcade ensuite), les amis qui tentent de calmer le jeu et les autres gens qui se retrouvent au milieu, cela devient vraiment le bordel!

Le groupe d'amis a ensuite eu la bonne idée de monter dans le premier bus qui passait. Pendant ce temps là, la fille et ses amis, parce qu'elle est accompagné de 2 ou 3 autres gamins, étaient partis chercher une troisième bouteille. Une deuxième avait déjà fini sous les pneus des voitures. C'est bon, on est bien revenu à SP! Comment ça fait plaizir!

C'était donc une très bonne semaine de vacances, loin de SP et de ses nuages, de son trafic et des ses immeubles, cela fait du bien. Bon, il y a quelques cours à rattrapper mais cela valait le coup. En plus, je reviens avec la peau bronzée même si maintenant je pèle, snif. Je vais essayer d'entretenir ce bronzage en allant à la piscine de l'USP! Surtout que depuis mon retour (cela fait maintenant deux semaines), le temps s'est vraiment amélioré à SP: les températures sont excellentes, souvent dans les 30, 35 voire même 39°C!

Allez, maintenant va falloir penser aux autres pays de l'Amérique du Sud...

Volta sempre, nunca demora

Puis vient le jour de notre dernière formule à 1,2R$. Nous avalons notre salgado et notre suco en vitesse afin d'avoir le temps d'acheter un ballon avant de sauter dans le bus pour le Lagoa. Le ballon c'est pour l'offrir aux enfants du village mais comme il vaut mieux le donner à quelqu'un en particulier et que l'année dernière nous avions offert deux ballons à deux garçons (dont Thalis), ce coup-ci c'est pour Jaiara, la fille de Joca. Ce dernier va d'ailleurs en profiter pour nous faire une petite démonstration de jonglage! Môsieur Joca a été joueur de futebol dans sa jeunesse et même capitaine de son équipe!

Pour cette dernière journée au Lagoa, nous discutons avec Joca, qui nous montre le journal local. A la une, une photo du village, l'article concerné parle du développement du village. Joca nous indique notamment un paragraphe. Dans ce passage, c'est lui qui témoigne du fait que l'accès au village est difficile. L'unique route est la piste en terre que les véhicules légers empruntent difficilement. Il y a surtout deux portions de chemin qu'il faudrait asphalter, correspondant à deux fortes côtes, ce qui représente environ 4 ou 5 km en tout. Mais ni la mairie d'Ilheus, ni la préfecture ne font grand-chose dans ce sens.

Joca nous parle ensuite d'un futur projet pour le village: la construction d'un bâtiment 60m², divisé en deux parties, um posto de saude (= un poste de santé) et une bibliothèque. Si j'ai bien compris, cette idée a été iniciée par Didier, un français qui habite la région et qui vient souvent au village. Je ne sais pas ce qu'il y fait exactement, je ne l'ai jamais vu mais l'équipe Nantes Eau Brésil 2009 l'a rencontré cet été. Joca nous montre ensuite un livre d'histoire donné au village par un ancien préfet, il y a quelques années: A revolução francesa de Thomas Carlyle (un écossais qui raconte l'histoire de France, traduit en portugais!). Cela pourra être un des premiers livres de la future bibliothèque! Le préfet en question, Antonio (... bidule chose) De Souza, fût élu pour deux mandats de suite. Joca estime qu'il a été plutôt bon lors de son premier mandat, il cherchait peut-être la réelection, mais il n'a plus rien fait du tout lors du deuxième... un phénomène peut-être un peu trop fréquent au Brésil.

Nous décidons ensuite de nous rendre aux cachoeiras (= cascades), de l'autre côté du lac. L'option bateau est écartée à cause de la force du vent. Alors nous y allons à pied avec nos tongs accompagnés de quelques enfants du village. Aux tongs, nous préférons rapidement l'option pieds-nus, surtout pour traverser un petit marécage avec de l'eau jusqu'aux cuisses. Au bout d'une bonne heure de randonnée entre les recines, la boue et les fourmis (elles sont énormes et elles mordent!) nous pouvons nous baigner aux cascasdes. En fait, il y a 3 cascades différentes. Les litres d'eau qui tombe sur mon dos, comme le montre la photo ci-dessus à droite, font d'excellents massages!

Une fois revenus au village, nous jouons une dernière fois au ballon rond avec quelques enfants, pendant qu'un autre match, sur le terrain central, oppose l'équipe du village à un autre village des environs. Puis nous découvrons avec surprise, et grand plaisir, que Joca nous a préparé un excellent repas, avec suco de manga (= jus de mangue). Le bus va arriver dans 10 minutes, juste le temps d'avaler nos feijão et de dire au revoir à Joca, sa famille et au Lagoa. "Volta sempre, nunca demora" nous dit Jaiara, ce qui signifie plus ou moins: revenez (toujours), sans (jamais) tarder...

Dans le bus retour, l'équipe de foot adverse nous accompagne, les joueurs fêtent d'ailleurs leur victoire 3-0, cachaça à la main. Nous nous accordons une petite douche et une dernière glace avant d'arriver à la rodoviária, une minute avant le départ de notre bus à 22h. Timing serré. Et c'est parti pour une nouvelle nuit dans le bus. Ne sentant pas le sommeil, je décide de regarder le film diffusé dans l'autobus: Os incomodavéis intitulé 3h10 pour Yuma en français, une sorte de western moderne. Le film commence en anglais avec les sous-titres en portuguais, puis au bout de 3 minutes, reprend en portugais en gardant les sous-titres. L'occasion de dire que les doublages des films étrangers sont souvent de piètre qualité, c'était le cas ce coup-ci! Pendant le film, à ma grande surprise, ma voisine me propose quelques morceaux de chocolat, génial, je ne pouvais tout de même pas quitter la costa do cacao sans avaler quelques grammes de chocolat! Puis je m'endors en attendant l'arrivée à Salvador.

Suite (et fin) au prochain épisode!

Ouch!

Le jeudi nous avons été sur la plage du Pontal, située un peu plus loin du centre-ville, en face de la plage principale, de l'autre côté de la Baia do Pontal. Des algues, encore du soleil et des gros coups de soleil... mes doigts de pieds n'ont jamais été aussi rouges!


L'après-midi, retour au Lagoa vers 16h. Nous pensions qu'il y avait un dernier bus à 22h pour revenir à Ilheus, mais en fait c'était plutôt 2h du matin... pas de problème, Joca et sa femme nous invitent à dormir chez eux. Par contre, la nuit au Lagoa, il y a pleins de moustiques! Sinon Joca nous fait également goûter un fruit que je ne connaissais pas jusque là: le graviola. Délicieux!

Suite au prochain épisode!

Apagão!!

Blackout!!
Coupure totale de courant!!

Je fais une pause dans mon récit de Bahia pour raconter un peu l'actualité du coin, d'ailleurs vous en avez peut-être entendu parler: il y eu une coupure totale de courant hier soir vers 22h15. La lumière s'est subitement mises à faiblir avant de s'éteindre complètement quelques secondes plus tard. Ah zut, qu'est ce qui déconne dans la baraque? Tiens, l'immeuble d'à côté n'a plus de lumière non plus. Ah bah cela vient du quartier...

Eh bien non, en fait cela vient du barrage d'Itaipu, la deuxième plus grande centrale hydro-électrique du monde après le barrage des Trois-Gorges en Chine. Les turbines auraient été arrêtées suite à un problème survenues sur les grandes lignes haute tension transportant l'énergie produite par le barrage. Un manque de 17000MW qui a privé environ 50 millions de brésiliens (et moi-même) d'électricité pendant quelques heures, notamment à São Paulo, Rio de Janeiro et les environs de Brasilia.

C'est assez impressionant de se dire que toute la ville est dans l'obscurité, puis de voir un hélicoptère muni d'un gros projecteur survoler la ville: la police surveillent que personne n'en profite pour mettre le bazar; sage décision dans une ville où électricité, alarmes et téléphones ne fonctionnent plus, à quelques pas des bidonvilles!

Déjà que dans la soirée, j'ai dû changer la bouteille de gaz pour pouvoir cuire mes pâtes! Il n'y a pas le gaz de ville ici, déjà quand il y aura l'alimentation en eau et les égoûts partout ce sera bien!

Et pour en rajouter une couche, depuis hier, une partie du personnel de l'USP est en grève. Ce qui signifie qu'il n'y a pas de bandejão et pas de circulares! C'est-à-dire pas moyen de se remplir l'estomac de feijão pour moins de 2R$ et 25 minutes de marche à pied supplémentaires pour aller à l'école. Et il paraît que la grève peut durer presque un mois!

Vive les "petites" villes

Le mercredi, nous avons fait un petit tour sur les hauteurs de la ville d'Ilheus dont voici quelques photos. Nous n'étions jamais allé à cet endroit alors que l'on y voit une très grande partie de la ville. J'en profite pour préciser qu'Ilheus compte 224000 âmes, c'est donc une petite ville brésilienne (à partir du millon cela commence à être une grande ville...) dont l'architecture coloniale de la fin du XIXème siècle attire quelques touristes. Elle a connu un passé prospère grâce au commerce du cacao, les nombreux mendiants dans le centre-ville montrent que ce n'est plus le cas aujourd'hui.


Nous avons également discuté (comme tous les jours) avec Antonio Bandeirantes. Les bandeirantes était les hommes qui, à partir du XVIIème siècle, pénètrèrent à l'intérieur du Brésil à la recherche de richesses minérales ou d'indigènes à réduire en esclavage. Antonio nous raconte qu'il ne "fume pas" (il recrache la fumée...) et qu'il a arrêté le whisky depuis 6 mois, problèmes cardiaques obligent. Bah il a plus l'air tout jeune nan plus! Sa pousada non plus. Dans la chambre, l'eau dégouline sur les murs à cause de l'humidité, la lumière de la (minuscule) salle de bains s'est éteinte pour ne plus jamais se rallumer et les toilettes évacuent laborieusement nos plus belles réalisations. Je rajouterais que l'eau chaude n'existe pas, ce qui n'est pas un drame, surtout à Bahia, par contre le fait de se prendre une châtaigne dès que l'on veut tourner le robinet de la douche c'est tout de même plus embêtant...

Puis, sur les conseils d'Antonio, nous nous rendons au "restaurante da Camila". Une bonne assiette de feijão, arroz e carne (comme d'hab! ) et un bon suco, le tout pour moins de 6R$. C'est pas vraiment l'endroit où vont les touristes mais au moins on mange bien, en quantité et pour pas cher! D'ailleurs, cela a fait plaisir à un client de voir des français dans le restau: "França!! Mischew Platini!" Une fois n'est pas coutume, en général, on nous cite plutôt Zinédine Zidane!

L'après-midi, nous avons entrepris de rejoindre la rodoviária à pied, soit normalement 1h environ. Nous voulions réserver nos places de bus pour le retour à Salvador. Mais ayant fait un petit détour plus ou moins consciemment, nous sommes passés par un quartier (une favela? pas vraiment, mais c'était pas non plus les beaux quartiers!) qui nous a mené vers un cul-de-sac, au sommet d'une colline. Mais de là, nous avons au moins pu avoir un autre point de vue intéressant sur la ville, avant de rebrousser chemin pour atteindre notre but au bout de deux bonnes heures.

Un petit aparté sur une affiche que j'ai rencontré sur le trajet de la rodoviária: "Casa da gente" (= la maison des gens, littéralement). C'est une réalité qui apparaît également dans le film Central do Brasil dont je vous ai parlé (si vous avez lu l'article!). En gros, ce sont des quartiers entiers, construits par les autorités, pour que des milliers de familles aient un logement décent. L'intention est sans doute bonne, mais au final, ce sont des milliers de maisons quasi identiques, les unes à la suite des autres ne résolvant pas vraiment les problèmes: les favelas sont toujours là autour des grandes villes et le niveau de vie des gens n'augmente pas forcément.

Après notre retour en centre-ville (par le bus!), nous nous sommes récompensés par quelques centaines de grammes de glace, dans une sorveteria ao kilo. On confectionne soi-même sa glace en se servant dans les bacs et en y ajoutant les accompagnements souhaités (billes de chocolat, caramel et bien d'autres). On pèse ensuite sa composition: vers les 10R$ le kilo, muito barato!! (= vraiment bon marché!!). Faut que je trouve une sorveteria ao kilo à São Paulo!

Suite au prochain épisode!

O Lagoa Encantada

Le lendemain, nous avons attaqué la journée par le cafézinho d'Antonio. Antonio Bandeirantes est un personnage un peu spécial. Il est assez vieux, n'a pas toutes dents mais toujours son chapeau. Il parle un tout petit peu le français et aime bien parler avec les français, en l'occurence nous. D'ailleurs ce matin, il nous parle d'un futur projet immobilier près d'Ilheus. Il a acheté un terrain pour 10000R$ et, si j'ai bien compris, projette de le revendre plus cher dans quelques années, les prix devraient monter. En effet, il est prévu la construction d'un aéroport international près d'Ilheus (il y a déjà un aéroport mais plus modeste) ainsi que d'une ligne de chemin de fer reliant la côte jusqu'à l'intérieur de l'état de Bahia, puis à terme, la Bolivie! Le projet de l'aéroport semble plutôt sûr d'être réalisé et permettrait d'aider au développement de la région. Pour le train, le projet reste assez flou, le but étant le transport de matériaux issus de mines situées plus loin dans les terres. Etant au Brésil, le financement reste une question très épineuse, entre les magouilles et la corruption, mais il y a également des freins du point de vue écologique: l'accident d'un chargement de métaux dans cette région serait un véritable désastre écologique. Au final, Antonio nous incite également à faire de même: investir dans la région... tiens cela me rappelle quelque chose...


Puis nous avons opté pour un (petit) tour sur la plage. Soleil, vague et... esgoto (= égout). Bah oui, une sorte de rivière marron sort de la ville afin d'atteindre la plage et déversé gentiment son contenu dans l'océan. C'est pas vraiment l'atout touristique de la ville. D'ailleurs la plage paraît un peu laissée à l'abandon, entre les mauvaises herbes et les détritus, mais elle est très grande, donc il y a toujours possibilité de trouver un endroit pour se poser et se baigner dans les vagues de l'Atlantique.

Nous sommes ensuite retournés au Lagoa où, cette fois-ci, nous avons trouvé Joca à notre arrivée. L'occasion de manger un bon repas: feijão, arroz, carne (= viande) et autres accompagnements. En fait, comme un bandejão à l'USP, mais pour 8R$, le tarif étudiant de Joca! L'inflation est tout de même passée par là, l'année dernière, le repas ne coûtait que 5R$, mais bon, c'est chez Joca quand même! Alors cela vaut le coup, surtout que la nourriture est vraiment délicieuse, sans comparaison aucune avec la qualité du bandejão et puis il y a du suco de bili bili!

Nous discutons un peu avec Joca. Je lui demande des nouvelles de João, super bricoleur employé par Nico, avec qui j'avais passé pas mal de temps l'été dernier pour installer les réseaux d'eau et d'égout: il a eu une pneumonie et est encore hospitalisé si j'ai bien compris, au du moins n'est pas dans les parages. Dommage, j'aurais pû lui parler plus facilement cette fois-ci, mon portugais s'étant tout de même largement amélioré!

Nico, lui est en "tournée du cacao" en France. Il va en Europe et essaye de trouver des acheteurs pour son cacao et en faire du chocolat. Sa fazenda est à environ 5km du village, mais les affaires ne doivent pas tourner très bien, il enchaîne les mauvaises récoltes et ne paye plus ces ouvriers depuis quelques mois. La gestion de l'entreprise n'est pas des meilleures... exemple anecdotique: il y a eu une douzaine de vols à la fazenda depuis moins d'un an, cela va des outils jusqu'au fusil!! Joca pense, et l'a dit à Nico, qu'il faudrait des chiens pour éloigner les éventuels voleurs, mais Nico préfère son système d'alarme biologique: des oies qui, si un inconnu arrive, devraient se mettre à faire du bruit, mais cela ne fontionne visiblement pas. C'est vrai qu'une oie, c'est moins dissuadant qu'un chien. Et pour en revenir au fusil, une nuit où un voleur avait été aperçu, les ouvriers vont chercher le fameux fusil (pour "neutraliser" l'individu sans aucun doute: "la forêt est grande" comme dirait Nico) mais surprise, il s'était déjà envolé!

Puis nous sommes passés à un registre moins barbare. Joca et Thalis nous montre une tâche blanche que l'on aperçoit au milieu du lac, qui est en fait une pierre qui affleure presque à la surface de l'eau (j'ignorais son existence jusque là!). Il est possible, paraît-il, d'y aller et d'y pique-niquer lorsque la météo le permet, avec un niveau d'eau du lac adéquat, ce qui n'a pas été le cas de la semaine. Joca nous raconte qu'autrefois, il existait un trou dans le lac, dans lequel se cachait une sirène qui attirait les pêcheurs s'aventurant sur le lac. Un jour, un gars très fort (là je me rappelle plus trop!) place la pierre pour boucher le trou. De cette histoire, le lieu en a tiré son nom: O Lagoa Encantada (= Le Lac Enchanté).

Suite au prochain épisode!

Ilheus e Lagoa

Et nous arrivons à Ilheus au petit matin, après une nuit à se tortiller dans le froid climatisé de l'autobus. Là aussi, je retrouve mes repères très vite. C'est parti pour la "pousada d'Antonio"... ma "pousada préférée" au Brésil... ou presque.

En vérité, l'avantage de cette pousada, c'est son prix: 10R$ la nuit (4€). Par contre, il n'y a pas de café da manha, mais il y a tout de même le cafézinho (= petit café). En plus, on connaît déjà le proprio, Antonio Bandeirantes. Lui nous reconnaît à peu près, il se souvient de nos têtes mais plus de l'année où nous sommes venus. Tous les ans, le groupe de Nantes Eau Brésil qui vient en stage passe forcément par cet endroit, donc normal qu'il confonde un peu. Je vous reparlerai du bonhomme plus tard. Ci-dessous, deux photos montrant la vue depuis le dernier étage de la pousada. L'année dernière, nous étions arrivés de nuit, je n'avais donc découvert la proche existence de la plage que le lendemain matin! Très bonne surprise!

Niveau météo, ce n'est pas la joie: gros nuages et pluie en perspective. C'est déjà raté pour la plage située à 50m de la pousada (c'est aussi un avantage!). Alors direction le Terminal Urbano pour rejoindre le Lagoa Encantada, c'est-à-dire le village d'un millier d'habitants situé au bord d'un lac au milieu de la forêt de la Mata Atlantica où j'ai passé 6 semaines l'été dernier pour mon stage. A 9h15, au bout de 20 minutes d'attente, nous nous demandons si le bus de 9h va passer... ou alors nous ne nous rapellons pas bien des horaires. Il n'y a que 4 bus par jour alors il vaut mieux ne pas se rater. Tant pis, on reviendra à midi. En attendant, nous trouvons une lanchonete (= petit commerce qui vend des sucos et salgados ou autres choses à boire et à manger, salgado = "salé", c'est un encas) proposant une formule suco+salgado à 1,2R$. J'avais déjà vu cette formule à Paraty mais c'était 2R$ et c'était déjà valable! Nous sommes donc revenus prendre cette formule tout au long de la semaine!.

Une fois arrivé midi, après un petit tour sur la plage où finalement la chaleur était présente, nous attendons de nouveau le bus. Le voilà qui arrive ainsi que Thalis, le fils de Joca, personnage important dans le village qui fait beaucoup pour essayer de le développer et qui aide beaucoup Nantes Eau Brésil chaque année. Nous retrouvons le parcours de 1h30 emmenant au village: la route asphaltée qui sort de la ville puis longe de longues plages parsemées de cocotiers, puis on vire sur la gauche pour 13 km de cahotements sur la piste en terre au milieu de la forêt.

Et nous arrivons au Lagoa, direction le restaurant de Joca. Dommage, il n'est pas là aujourd'hui. Nous prenons tout de même un suco de bili bili, un fruit mystérieux dont je ne connais que le nom, mais faisant un suco délicieux, plus d'un an que nous voulions en reboire! On fait un tour dans le village avec Thalis et nous jetons un coup d'oeil à nos installations de l'année dernière. En gros, le réseau ne sert pas, personne ne cherchant à s'en servir... mais a priori le réseau d'égoût aura plus de succès lorsqu'il sera opérationnel. La déchetterie commencée par l'année 2007 et que nous avions terminé est utilisée... même s'il reste encore des déchets dans la nature.


Nous croisons quelques enfants que l'on avait rencontré l'année précédente. Au début, ils n'osent pas trop venir nous voir. Bizarre, ils ne sont pourtant pas vraiment du genre timides! On leur demande s'ils ont encore les deux ballons que l'on avait offert à la fin du séjour l'année dernière. Un a malheureusement vu de trop près un fil barbelé, mais l'autre est toujours vivant (même si on voit qu'il a déjà bien vécu!), alors c'est parti pour un petit foot, pieds nus dans le sable contre les petits brésiliens et brésiliennes! Pour se requinquer, nous pauvres petits gringos en sueur, les caju que nous donnent les enfants sont les bienvenus.
Puis nous sommes repartis avec le bus vers 17h30 pour retrouver le centre-ville d'Ilheus. En montant dans le bus, nous apercevons Joca qui lui vient d'arriver avec ce même bus. Juste le temps de lui dire bonjour et de le voir souriant, ravi de nous voir, et nous quittons le village.

Suite au prochain épisode!