Coriiiinthians

Aujourd'hui, je me suis rendu pour la deuxième au Pacaembu afin d'assister au classico Corinthians-Santos. En ce début de brasileirão (= championnat brésilien), Corinthians mène la danse et occupe la première place du classement, mais Santos est candidat au titre. Gros match donc. Petit bémol, Ronaldo ne joue pas aujourd'hui... je me dis que je n'ai définitivement pas de chance puisque pour la 2ème fois que je vais voir Corinthians jouer, Ronaldo est absent. A la place, j'ai pu voir le fameux Roberto Carlos, auteur de ce but incroyable face à Fabien Barthez.

Pour ne pas rater l'évènement, nous sommes allés acheter nos billets jeudi dernier. L'arquibancadia, la tribune que l'on voulait était déjà pleine. Tant pis, nous serons dans le tobogão pour R$15 en demi-tarif (6€). Après avoir eu nos billets, nous en avons profiter pour visiter le musée du foot, situé dans le stade municipal, le Pacaembu et dont l'entrée est gratuite le jeudi.

Un musée bien ficelé, retraçant principalement l'histoire du football brésilien avec ces héros: Pelé, Garrincha, Ronaldo, Ronaldinho..., ces clubs: Corinthians, São Paulo Futebol Club, Flamengo, Atlético... mais aussi les règles du foot, les Coupes du Monde et j'en passe. Toujours sympa de voir des vidéos de la victorieuse France 98 ou de la cabeçada (= le coup de boule) de Zizou en 2006.

Et cet après-midi, direction le stade. Déjà à la descente du bus, un cortège se forme et se dirige vers le Pacaembu. Les maillots aux couleurs du club Corinthians sont de sortie. Je récite les 2 phrases que je connaisse d'une des chansons de supporters, histoire de bien s'intégrer. Aqui tem um bando de louco, louco por ti corinthians... (= ici il y a un troupeau de fous, fous de toi Corinthians...). Il y a une règle simple mais essentielle à respecter au Brésil pour voir un match de foot: ne pas s'habiller avec les couleurs de l'adversaire. Aujourd'hui, les couleurs principales des deux équipes sont le noirs et le blanc, donc pas trop de soucis. Mais gare aux fesses de celui qui portera du vert par exemple, couleur d'un ennemi: le club paulista de Palmeiras.

Après une longue file d'attente, nous voilà dans les tribunes. Le stade est bien rempli, 30103 personnes au total comme l'indiqueront les statistiques affichées sur l'écran géant en fin de match. On chante, on tape dans les mains, on saute, on déplie des banderoles, on fait des doigts d'honneur en direction de la tribune de Santos. Le tout dans la bonne humeur! Les clubs de supporters mettent l'ambiance. On saupoudre le tout de quelques Santos do caralho... (= Santos de m...) et c'est parti, le coup d'envoi est donné.

Première minute, première action, et bim, déjà 1-0 pour Corinthians! Coup dur pour les peixe (= poisson, surnom de l'équipe de Santos). La joie explose dans nos rangs, mes voisins sont hystériques. On chambre Santos, on saute, on applaudit.

Vers la 20ème minute, un but de Santos est refusé. Rires, doigts d'honneur et seu filho da puta (= espèce de fils de p...) vers la tribune do peixe. La première mi-temps se déroule ensuite tranquillement.

Et à la 2ème mi-temps, la machine s'emballe. Santos égalise au bout de quelques minutes. L'espoir revient chez les supporters côtiers (Santos est située sur la côté, à 1h de SP). Mais Corinthians joue à domicile et semble vouloir faire plaisir à son public: 2 minutes plus tard, l'écran géant affiche un fier 2-1, au moins il y a de l'action! La petite voiturette ambulance intervient de temps en temps et quelques cartons jaunes sont distribués, ce qui déclenche parfois des "juuuuiiz, viiiiiado..." (= aaaarbitre, taaaapette...). Puis Corinthians remet cela: 3-1, puis 4-1 à une quinzaine de minutes de la fin du temps réglementaire!

Santos ne décourage pas et ramène ensuite le score 4-2. Mais cela ne suffira pas, l'arbitre siffle la fin du match: 4-2 pour Corinthians, o Timão (= la grosse équipe, le surnom de Corinthians) remporte la victoire haut la main et concerve la première place du classement. Match beaucoup plus intéressant que le 0-0 auquel j'avais assisté l'année dernière. Pas de bagarre à la sortie, ce qui arrive souvent lorque les supporters sont mécontents! La police militaire (des sortes de CRS, certains à cheval, d'autres à moto, avec même un hélico en survol au dessus du stade) n'auront pas à intervenir en masse aujourd'hui. Les corinthianos sortent des tribunes en chantant leur victoire.

Timãooooooo heeeho, Timãooooooo heho!!!

Ca pousse, ca pousse

Mais la terre paulista n'est pas très fertile pour la végétation, en tout cas pas pour la Mata Atlantica, l'ancienne forêt tropicale située sur la côte Atlantique et dont il ne reste plus que 7% de la surface originale. Il y a notamment SP et Rio à la place.

Non, à SP, ce sont les immeubles qui poussent comme des champignons. D'un point de vue en hauteur, ils apparaissent: un par ici, quelques autres par là, des dizaines là et encore plus au fond. Et puis il y en a d'autres en construction, la photo à droite, en provient, dans un quartier de la Zona Sul: Vila Mascote.

Un des projets de Poli consiste à suivre et analyser la construction d'un immeuble. En groupe de 4, nous avons donc visité notre chantier. Fondations, structure en béton armé, alvenaria com blocos cerâmicos (bizarrement, je connais mieux le vocabulaire en portugais!)... Ce projet immobilier est constitué de 2 tours de 22 étages chacunes, 4 appartements de medio-padrão (= classe standard) par étage, 3 sous-sols, une piscine et un terrain de basket au pied des tours. Tout ce qu'il y a de plus banal à SP.

Une grande partie de la population vit dans une tour. Il y a les tours vieilles et défraîchies des quartiers pauvres, et les tours de haut standing où le loyer vaut plusieurs smics, ou plus encore. Dans ces derniers, les services ne manquent pas: gardiens à l'entrée, service de nettoyage, piscine, terrains de tennis, de basket, salle de musculation, salle de télévision avec le gros home-cinéma et j'en passe. Pour l'élite, il y a encore l'héliport sur le toit.

J'ai même vu récemment à la télévision, une chaîne diffusant des publicités, ou plutôt une sorte d'émission de télé-shopping immobilier, ventant les charmes de quelques buildings tous frais sortis de terre, avec les images en prime pour donner envie de venir peupler ces habitations, jouer sur un des billards de la salle de détente ou gambader sur un des 10 ou 15 tapis roulants de la salle de muscu.

Un nouveau Plan Directeur de la ville de São Paulo prévoît d'inciter la verticalisation dans 20 quartiers, notamment ceux situés près des stations du Metrô et de la CPTM (= respectivement, le métro et l'équivalent de la RATP). A l'inverse, d'autres quartiers (ceux des classes entre moyennes et hautes) seront préservés de l'invasion de ces géants de 20 ou 30 étages.

Elle semble bien loin, la Mata Atlantica!

A Virada Cultural

Ce weekend avait lieu la 6ème édition de la Virada Cultural à São Paulo. L'évènement est en quelque sorte l'équivalent de la Fête de la Musique. De la samba, du rock, du MPB (Musique Populaire Brésilienne), de la musique classique... mais aussi de la danse, du cinéma et du théâtre.

Cette année, ce sont 4 millions de personnes qui ont profité des centaines d'évènements se déroulant pendant 24h sur 200 lieux du centre-ville, entre samedi et dimanche après-midi! Autant de spectateurs qu'en 2009. Les organisateurs en espérant 5 millions cette année... en repensant à la foule présente dans toute la ville et au fait qu'il était très difficile de circuler, les rues étant archi-bondées de badauds, je me demande où aurait bien pu se mettre le million supplémentaire! Fort de se succès, l'idée d'un tel évènement se propage dans d'autres villes brésiliennes.

4300 policiers pour la sécurité (mais premier drame pour l'évènement, un jeune de 17 ans poignardé pendant une bagarre), 8 millions de reais de note de frais, pour le nettoyage entre autres et surtout 5 millions pour rétribuer les artistes dont quelques célébrités brésiliennes (qui me sont inconnues!) mais aussi des groupes étrangers, tel que Abba - The Show, reprenant tous les plus gros titres du célèbre groupe suédois (seuls le saxophoniste et le batteur appartenait au groupe d'origine).

A gauche, les originaux, à droite, les copies!



Pour permettre aux gens de profiter un maximum de la Virada, le métro est resté ouvert toute la nuit mais seulement quelques bus étaient de service... ce qui nous a fait attendre le bus de 3h30 à 6h du matin! Presque 3h pour rentrer chez moi depuis le centre-ville, record absolu! Les quelques rares bus à être passés n'étaient pas les bons ou étaient déjà surchargés. Durant l'attente, cela m'a permis de voir la machine qui peint les lignes blanches sur la route et un type bien emmeché poursuivi pour avoir arracher le rétro d'une voiture... la nuit, les attractions ne manquent pas à São Paulo!

Flashback

Oui, je reviens sur mes aventures péruviennes. En cliquant sur ce lien, vous allez voir une vidéo de la chaîne de télévision ABC Latina dont une équipe était présente à Aguas Calientes. Les commentaires sont en espagnol mais les images parlent d'elles-même.

Et puis je lance un petit concours: à l'instar de la bande dessinée Où est Charlie? qui consiste à retrouver le personnage de Charlie dans une foule de personnage, je vous invite à me repérer dans la vidéo précédente...

Celui ou celle qui me trouve aura le droit à une entrée pour le Machu Picchu qui a réouvert ses portes le 1er avril dernier (et ce n'était pas un poisson).

Bonnne chance! ;)

En grève

Nan nan, ce n'est pas moi qui suis en grève. Ce sont les fonctionnaires de l'USP.

Ici, nous nous dirigeons vers l'hiver, les températures se sont rafraîchies, nous sommes au mois de mai. Qui dit mois de mai, dit 1er mai, dit fête du travail, dit revendications syndicales. Surtout à l'USP, puisque tout comme l'année dernière, la grève plane sur le campus.

En effet, déjà l'année dernière, les fontionnaires et les professeurs de l'USP s'étaient mis en grève à cette période. Ils n'acceptaient pas l'éventuelle privatisation de l'université, qui n'a finalement pas eu lieu. La grève avait tout de même durée environ un mois (eh oui, cela ne rigole pas).

Cette année, la raison est différente. La reitoria (= la direction) de l'USP a donné une augmentation aux professeurs, les fonctionnaires (environ 9000!) veulent donc, eux aussi, une augmentation. La reitoria a fait passé cette augmentation comme un bonus, qui serait versé tous les mois aux professeurs, et ainsi, puisque c'est un bonus, les fonctionnaires n'ont pas obligatoirement la même chose... oui, mais cela ne passe pas auprès de ces derniers.

Alors ils sont en grève, depuis le mecredi 5 mai déjà. Sans fonctionnaires, il n'y a donc plus de bandejão! Pas de feijão depuis une semaine! Cela veut dire que manger sur le campus coûte 3 fois plus cher pour en avoir 3 fois moins. Il faut aussi faire plus de courses et se mettre à cuisiner! Sans fontionnaires, il n'y a plus de circular non plus. C'est-à-dire que je dois aller à l'école à pied, soit 35 minutes de marche en ne trainant pas les pattes. Heureusement, il ne pleut pas trop en ce moment. Sans fonctionnaires, il n'y a pas non plus de bibliothèques. Enfin, là je me sens moins concerné puisque les bibliothèques de Poli sont toujours ouvertes. Oui, Poli est un peu à part, les salariés de l'école ne sont pas rattachés aux fontionnaires de l'USP. En règle générale, les grèves ne touchent jamais l'Escola Politécnica. Les gens de Poli sont d'ailleurs réputés comme étant un peu coupés des réalités sociales des couches les moins aisées (à Poli, une bonne partie des élèves ne va jamais au bandejão et vient en voiture...).

En revanche, les facs de Lettres ou d'Histoire sont plutôt, au contraire, les premières à entrer en grève. Oui mais voilà, cette fois, les professeurs ne soutiennent pas spécialement la grève (ils ont déjà leur bonus après tout), du coup, personne ne soutient les fonctionnaires.

Ceci va peut-être raccourcir la grève. Au début, les rumeurs disaient que cela allait durer au moins un mois comme l'an dernier, voire même jusqu'à la Coupe du Monde ou jusqu'à l'élimination du Brésil de celle-ci (qui a dit que les grèvistes en profiteraient pour prendre des vacances et regarder les matchs de la Copa?!). Finalement, elle pourrait s'arrêter la semaine prochaine. Je croise les doigts!

En parlant de la Coupe du Monde, Raymond Domenech n'est pas le seul à ne pas faire l'unanimité en son pays. Le sélectionneur brésilien, Dunga, a fait des choix contestés, lui qui a déjà soulevé la Coupe en tant que joueur, en 1994 aux Etats-Unis pour la 4ème victoire brésilienne au Mondial.

Il n'y a pas vraiment de contestation pour la non-sélection de Ronaldo ou d'Adriano, trop gros et/ou trop vieux. Certains auraient aimé voir Ronaldinho porté à nouveau le maillot jaune et vert de la seleção. Beaucoup auraient apprécié de voir les deux jeunes révélations de l'équipe de Santos, deux "artistes" du ballon rond que sont Neymar et Ganso, que certains comparent au grand Pelé à son époque, ce dernier ne manquant pas d'éloges non plus à leur égard.

Oui, mais Dunga en a décidé autrement, on ne bouleverse pas un "travail de 3 ans" à la dernière minute. D'après quelques experts, ce ne sera pas réellement le beau jeu à la brésilienne, mais c'est peut-être comme cela que le Brésil est le plus performant. Réponse dans un mois!

Corinthians-Flamengo

Copa dos Libertadores, 8ème de finale, match retour Corinthians-Flamengo. "La Coupe des Libérateurs" est l'équivalent de la Ligue des Champions dans le football européen.

La rencontre a eu lieu au Pacaembu, un des stades de São Paulo, le stade abritant l'équipe paulista des Corinthians. C'est un des clubs brésiliens possedant le plus grand nombre de supporters. Il en est de même pour le club carioca (Rio de Janeiro) de Flamengo. A noter que le célèbre Ronaldo joue dans le club paulista, il est connu ici sous le surnom de Il Fenomeno.

Avant le début du match, quelques pétards explosent dans les environs. Les brésiliens adorent les pétards, principalement lors des matchs de foot de leur équipe favorite. Ayant perdu 1-0 à l'aller, les Corinthians doivent gagner avec 2 buts d'avance pour se qualifier.

Le stade du Pacaembu est rempli et le match diffusé à la télévision pour ceux qui n'y sont pas. Personnellement, je ne me sens pas trop concerné mais c'est une évènement d'une importance capitale pour beaucoup de gens à SP. Pour les supporters des Corinthians évidemment, mais aussi pour les supporters des autres équipes de SP, qui se sont mis à supporter Flamengo le temps d'un soir, ne voulant pas voir leurs ennemis directs se qualifiés!

Chez moi, l'ambiance est plutôt pour Flamengo, enfin contre Corinthians! Je commence à regarder le match avec une partie de mes colocs. Un seul, Gustavo, est corinthiano! Le match commence. Les actions défilent. Puis Ronaldo dévie un tir et marque! Ah non, en fait, il n'a pas réussi à dévier la balle, mais c'est un défenseur flamengista qui s'en est chargé. Gustavo prend espoir, la qualif' s'approche malgré les (gentilles) moqueries du reste de l'assistance.

Quelques minutes plus tard, Ronaldo met un but pour de vrai, et de la tête. Protestation de l'assistance: Ronaldo, il est vieux, il est gros, il ne devrait plus être sur le terrain. 2-0, Gustavo exulte, son équipe est virtuellement qualifiée. Les autres, un peu déçus, le mettent en garde: le match n'est pas fini.

Effectivement, un but de Flamengo vient ensuite diminuer les ardeurs de Gustavo mais relance le reste de la troupe, la qualification a changé de camp.

A 20 minutes de la fin, Erik, un deuxième corinthiano, arrive à la pension. C'est un autre de mes colocs. Il écoutait le match à la radio en venant et connaît donc déjà le score. Il se précipite devant l'écran. Il est en stress!

Au fil du match, la quasi totalité de mes colocs a rejoints la cuisine pour regarder le petit écran. Il ne manque que notre collègue japonais. Du coup, on est 10 devant la TV. Et un groupe de brésiliens devant un match de foot cela fait du bruit. Et puis cela permet de réviser les gros-mots en portugais: "puta que pariu!", "que é essa merda, porra!", "vai tomar no seu cu!" et j'en passe...

Gustavo y croit encore, Erik se mord les doigts. Yuri, pour Flamengo, est content. Les autres, étant pour d'autres équipes de SP, sont contents que leur ennemi soit disqualifié. L'arbitre siffle la fin du match... Flamengo passe, Corinthians éliminé. De nouveaux pétards résonnent dans la nuit.

Quelques instants plus tard, les supporters Corinthians sortant du stade mécontents se mettent à mettre le bazar et rivalise avec la Police Militaire et son gaz lacrymogène. Le club voulait gagner la Libertadores pour son centenaire... il faudra attendre le bicentenaire!