Jour 90 - On met le Turbo

Nous avons rendez-vous au petit matin à une autre auberge de la ville pour rejoindre une partie du groupe prenant le bateau avec nous. Nous y retrouvons Adam, une américaine et un couple australo-néo-zélandais: l'anglais semble être la langue principale des prochains jours...

Nous nous rendons tous ensemble à la gare routière pour embarquer dans un van direction Monteria. Adam "négocie" un prix. En fait, on doit juste attendre que le minivan se remplisse avant de partir et le prix est le même pour tout le monde, groupe d'Adam ou pas. On comprend qu'Adam n'est pas capitaine, mais travaille seulement avec Marco, un québecois, qui lui est le capitaine du bateau que nous allons retrouver à Sapzurro. D'ailleurs, on se demande un peu à quoi sert Adam... il nous indique le chemin, tout au plus.

Après 5 heures de route pleine de nids de poule, entrecoupées d'une pause déjeuner, nous sommes Monteria. Là, il faut prendre un autre van, et c'est encore 5 heures de route pour arriver à Turbo. Sur le chemin, nous croisons un camion de bananes renversé. Pas étonnant au vu de la quantité de bananes qu'ils chargent sur leurs vieux tas de ferraille.

Nous dormons à Turbo, dans un petit hôtel qui ne paye vraiment pas de mine pour se reposer après une journée harassante... à jouer aux cartes sur la banquette du van. Demain, on prend enfin le bateau.

Jour 89 - Oh mon bateau...

Il faut se mettre à la recherche d'un bateau pour passer cette fameuse forêt du Darien. Je rappelle que pour passer de l'Amérique du Sud à l'Amérique du Nord, c'est-à-dire de la Colombie au Panama dans notre cas, il n'existe pas de route. La forêt du Darien séparant les deux pays n'est pas une zone très fréquentable. Il reste donc les airs ou la mer.

Il y a des vols à partir de Carthagène, mais nous optons pour le bateau. Ce serait dommage de survoler les Caraïbes ! Après quelques recherches sur le net, nous savons que de nombreux bateaux font le trajet tout au long de l'année. Mais il y aussi pas mal de voyageurs, et les prix sont assez élevés pour une mini croisière de 5 jours sur un voilier.

Dans la ville, nous cherchons des renseignements pour savoir ou rencontrer les capitaines des bateaux. La police touristique nous indique qu'aucun bateau ne fait ce voyage, puisque c'est interdit ! C'est la version officielle, parce que nous croisons une foultitude de jeunes backpackers dans le même cas que nous.

Alors que nous envisageons d'aller directement sur le port, nous réalisons que la solution se trouve peut-être à notre auberge, et nous trouvons même des rabatteurs dans la rue, qui proposent un bateau partant deux jours plus tard: l'embarras du choix.

Adam, le capitaine néo-zélandais d'un des bateaux, passe à l'auberge. On discute un peu avec lui: deal... 289 dollars par personne le passage tout de même. Cela comprend le bateau depuis Sapzurro en Colombie, jusqu'au Panama, une escale dans un village Kuna, une nuit sur une île déserte et quelques repas pendant le périple. Pour le bus allant jusqu'à Sapzurro, les autres repas, les noix de coco et le rhum, il faudra encore mettre la main au porte monnaie.

Le bateau, c'est réglé. Nous pouvons donc passer l'après-midi au cybercafé afin de valider notre diplôme d'ingénieur ! En effet, nous devons rendre un rapport sur notre double diplôme pour Centrale Nantes. Un peu galère sur les claviers hispaniques mais bon, tout le monde n'a pas la chance de vivre ses derniers moments d'étudiants aux Caraïbes.

Le soir, c'est la quête aux billets verts: il en faut un petit paquet pour payer le bateau. Nous ne pouvons pas retirer en dollars aux distributeurs, alors nous retirons pas moins de 520.000 pesos ! Nous tournons ensuite une plombe dans la vieille ville à la recherche d'un magasin encore ouvert et susceptible de nous en échanger une partie en dollars. Lorsque c'est chose faite, nous regagnons l'auberge, des billets pleins les poches et des étoiles (de mer) plein la tête.

Jour 88 - Cartagena de Indias

Déjeuner dans la rue de nouveau, puis nous récupérons notre bus pour Carthagène, où plus précisément Carthagène des Indes, un million d'habitants et classée au patrimoine de l'humanité.

Notre petit bus sur-climatisé nous amène à destination. Nous reprenons un bus urbain pour atteindre la vieille ville, entourée de murailles, là où se trouve la plupart des auberges... et des touristes.

Nous trouvons notre auberge et partons découvrir les pierres de Cartagena. Les bâtiments sont beaux, les rues sont propres. Pour le continent, c'est assez rare pour être souligné, le tourisme amène des devises ! Par contre, c'est juste dans le quartier, parce qu'en dehors c'est le bordel: embouteillages dans tous les sens et rues détrempées dès qu'il pleut, c'est le côté indien.

Jours 86 et 87 - Parque Tayrona: ouh la gadoue

Nous partons aujourd'hui pour 2 jours dans le parc Tayrona. Mais avant, nous passons au supermarché acheter des bouteilles d'eau. Température dans le magasin: proche de zéro. Température extérieure: cela monte vers des sommets. Nous trouvons le bon bus, mais celui-ci attend je ne sais quoi... du coup, nous restons là 20 minutes en train de fondre sous la chaleur, serrés entre les sièges étroits. Lorsqu'il démarre enfin, les courants d'air sont une délivrance. Je crois que je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie !

Une fois à destination, nous sommes fouillés par des militaires à l'entrée du parc Tayrona. Nous ne pouvons pas garder nos sacs plastiques pour porter nos bouteilles d'eau pour pas les retrouver dans la nature... cela me fait doucement rire de me prendre une leçon d'écologie par des colombiens, surtout quand quelques mètres plus loin, non loin de la cabane des militaires, autour du banc pour attendre le bus, on voit des détritus et une carcasse de voiture rouillée ! A noter que Tayrona est un des principaux parcs naturels de Colombie, s'étendant sur 15 000 hectares, entre terre et mer, avec un sommet à 900 mètres d'altitude, pas banal en étant aussi près de la côte.


Un minibus nous emmène pour les 5 premiers kilomètres, puis nous poursuivons à pied dans la forêt. Le sentier est facile, de nombreuses parties sont aménagées par des passerelle en bois. Après 1h30 de marche, nous voilà face à la mer des Caraïbes. Les plages sont belles, mais le ciel est gris. Nous nous baignons abondamment mais la pluie fait son apparition en début de soirée. La nuit en hamac se passe plutôt bien. Cette fois-ci, il est resté attaché toute la nuit !

Je me réveille avec le soleil mais prolonge un peu la nuit. Au menu du petit déjeuner: baignade et partie de carte, avec coup de soleil et entraînement à l'apnée en bonus. En fin de matinée, des bateaux arrivent de Santa Marta, amenant d'autres touristes, le bateau et la marche à pied étant les seules possibilités d'accès à Cabo San Juan del Guía, là où on dort. Qui voit t-on débarquer ? Cassilda et Marie, les deux françaises de Santa Marta !

Nous déjeunons avec elles et prévoyons ensuite de rallier pueblito, les ruines du village du peuple Tayrona, occupant ses terres 500 ans plus tôt. Mais plus nous sommes prêts à partir, plus le ciel se couvre. Cassilda et Marie veulent aller à Pueblito puis revenir à Cabo San Juan, tandis que Yann et moi embarquons nos sacs et pensont poursuivre jusqu'à la sortie du parc. Dans les deux cas, ce sont plusieurs heures de marche pour rallier pueblito puis la sortie du parc naturel, et le ciel est plus que menaçant. Nous choisissons de zapper pueblito et de regagner directement la sortie.

Après un quart d'heure, la pluie arrive lorsque nous sommes encore sur les plages, puis c'est le déluge en quelques minutes une fois que nous commençons à entrer dans la forêt. On préférait les températures extrêmes, on était moins mouillés ! Nous recherchons l'entrée du sentier, dans le doute, on demande notre chemin à un des colombiens qui traînent par là. Ils trimbalent des touristes à dos de mules. La pluie s'arrête finalement, mais le chemin est devenue rivière, et c'est vraiment la gadoue. J'essaie de contourner les premiers mètres trop boueux, Yann tente de traverser directement... et y laisse une tong ! Il est empêtré, la boue jusqu'au genoux et laisse la deuxième un mètre plus loin. Sa paire de tongs reste là, ensevelie sous 20 à 30 centimètres de boue ! Je préfère garder mes tongs à la main, et nous continuons pieds nus dans la mouise: mode galère activé.

Le colombien nous a bien indiqué le chemin vers la sortie, mais c'est celui emprunté par les mules... et non pas celui avec les passerelles en bois ! Nous sommes donc les pieds dans la boue, dépassé par les mules, touristes sur le dos, menées par les colombiens qui eux sont en bottes ! 45 minutes sont nécessaires pour arriver au bout de ce sentier maudit. De retour à Santa Marta, nous prenons une bonne douche à l'auberge et des salchipapas accompagnées d'un grand jus de fruits aux vendeurs de rues: tout ça est bien mérité !

Jour 85 - Santa Marta

 Nous dormons bien dans notre bus. Le jour se lève, nous passons Barranquilla et longeons la mer des Caraïbes ! La musique se fait plus présente à nos oreilles. Le bus poursuit jusqu'à Santa Marta, 500 000 habitants, et nous prenons 30 degrés dans le visage. On se sent comme dans un four, cela faisait un moment que l'on avait pas eu aussi chaud !

Nous cherchons quelques renseignements... ils ne sont pas vraiment au taquet sur les informations touristiques. Tant pis, on essaie de trouver le bus pour le centre nous-même... il ne passe jamais. Comme nos corps perdent un litre d'eau en 10 minutes en plein soleil, nous optons finalement pour le taxi. Il nous promet qu'il connaît une auberge abordable, et nous dépose devant un hôtel trop luxueux. Cabrón... Nous errons quelques temps dans les rues perdant les quelques centilitres d'eau que nos corps contiennent encore, et une commerçante nous indique finalement une auberge. Celle-ci est excellente, avec piscine s'il vous plaît. En même temps, vu la météo et l'état de la plage à proximité, ce n'est pas vraiment du luxe.

Après un repas spartiate dans un boui-boui d'une rue voisine, nous attrapons le bus (enfin le minivan) pour la plage de Taganga, à quelques kilomètres de la ville. Nos fidèles tongs aux pieds, il nous faut encore passer une petite colline pour trouver notre coin paradisiaque. Un flic est posté au sommet, il nous indique le bon sentier. On se demande à quoi il sert d'autre... enfin, c'est déjà pas mal comme fonction, mais peut-être qu'un petit panneau suffirait.

Et arrivés au bout, nous pouvons enfin nous baigner. L'endroit est sympa même s'il ne figurera pas vraiment dans mon "top plage". Le temps d'amorcer quelques coups de soleil et nous repartons pour Santa Marta. Le soir, un quizz est organisé à l'auberge, dans un environnement quasi exclusivement anglophone. Malgré nos coéquipières irlandaise et écossaise, nous ne gagnerons pas... je n'avais pas pensé à réviser mes épisodes des Simpsons pour voyager. Nous croisons également deux françaises, Cassilda et Marie, en études à Bogotá pour un an. C'est quand même bien le français !

Jour 84 - A la ordem

L'antioquina digérée, nous partons aujourd'hui avec Ana Maria et Randy toujours, pour une visite de Medellin. Nous emmenons les sacs que nous laissons à la gare routière pour la journée. Ensuite, direction le jardin botanique où orchidées et mariposas (= papillons) sont exposés.

Nous allons ensuite tester le metrocable. C'est un système de transport urbain original: des télécabines, comme dans les stations de ski. Elles ont bien sûr été adaptée, notamment pour accueillir plus de passagers. A environs 16 km/h, elles peuvent transporter jusqu'à 3000 personnes par heure dans chaque direction. Depuis 2006, elles complètent le réseau de transport comptant deux lignes de métro, auxquelles le metrocable est relié. Ce système permet de desservir des zones impossibles à atteindre en bus, ou à un coût trop élevé. En effet, la ville de Medellin est très accidentée topographiquement selon les zones, et ce sont surtout des quartiers pauvres. L'extension du réseau de transport à ces endroits a permis de contribuer à la baisse de la criminalité ces dernières années.



Nous passons au-dessus des favelas, et approchons de la fameuse comuna 13, desservie par une des lignes de metrocable. Même Ana Maria ne mettrait pas le pied dans ces quartiers s'il n'y avait pas les cabines ! Nous redescendons ensuite en ville siroter quelques jus de fruits. Puis fin de la journée à la gare routière. Nous disons au revoir (adieu ?) à Ana Maria et Randy et montons dans le bus: direction les Caraïbes !!!