ADM - Suivez la guide !

Après 2 jours à Bangkok, Nat notre guide, et Han notre chauffeur, viennent nous chercher à l'hôtel.

Nous avons opté pour cette façon de voyager, permettant de découvrir le pays en dehors de gros circuits touristiques tout en gardant un minimum de confort. Il faut bien s'adapter à sa clientèle !

Nat parle français et nous explique tout : de l'histoire du pays, celle du Bouddha, la vie des thaïs... Han est également aux petits soins avec nous, même si son vocabulaire en français et anglais se limite à un ou deux mots.

Grâce à eux, comme pour des amis, nous voyons la Thaïlande à travers les yeux des thaïs... nuit chez l'habitant au milieu des champs de coco, excursion en barque au clair de lune pour voir les lucioles, préparation du lait de coco, fabrication du sucre de coco, découverte des rizières et des récoltes mais aussi d'une pépinière d'orchidées, visite de temples, des ruines d'Ayutthaya et de Sukhothai... en bonus : visite de l'école de la fille de Han pour la féliciter de sa médaille d'or à un concours régional de dessin et, cerise sur le gâteau : rencontre improvisée avec un éleveur de vache. Et j'en passe. C'est réellement du sur mesure !

Nos estomacs ne sont pas lésés non plus entre les poulet coco, le canard d'un restau chinois ou les desserts à base de riz sucré et de fruits... mangues, ananas, pastèques, papayes... et j'en passe !

ADM - Back to Bangkok


Me voilà arrivé en Thaïlande... mes premiers pas en Asie, 3 ans plus tôt. Adrien, Antoine, Benoit, Greg, Yann, désolé les gars, vous n'êtes pas de la partie cette fois.

Bangkok est une ville agréable, ponctuée de temples, traversée de canaux et remplie de lieux de vie animés. Les filles peuvent mettre des mini-shorts. Tout le monde a un smartphone dans la main. Les thaïs semblent heureux.

Tellement agréable que Bangkok a un petit côté Las Vegas made in Asia. Kao San Road notamment, c'est Disney Land pour adultes : ribambelle de bars, musique, alcool. Et plus encore.

Les thaïs ne sont pas pour autant de grands rebelles. D'une, ils ne sont pas très grands. De deux, ils suivent bien les règles qui leur sont imposées. Par exemple, ils font la queue pour monter dans le métro, en laissant d'abord les gens sortir. Qualité qui devrait être exportée dans de nombreux pays (la France et l'Inde par exemple). Ils roulent au pas sur l'autoroute lorsque le trafic est très chargé et ne change pas de file sans arrêt. Qualité qui mériterait la même carrière que la précédente.

D'ailleurs, en traversant le Lumphini Park à 18h, j'entends un coup de sifflet. Tout le monde s'arrête. Freeze time. Une voix baragouine du thaï à la radio diffusée dans le parc. Chaque jour, un message louant le roi est diffusé. Deuxième coup de sifflet. Les joggeurs peuvent repartir et la radio enchaîne avec Gangnam Style.

Ensuite, le soir du 25, je pars chercher papa, maman et Sandra à l'aéroport. Ils arrivent vers 1h du matin. Cette fois c'est en famille que nous allons (re)découvrir le royaume de Siam ! Pour faire le beau, je mets le kurta-pyjama que j'ai acheté en Inde 2 jours plus tôt. Des milliers de chinois défilent devant moi pendant 1 heure... et les voilà enfin. C'est bon, c'est officiellement Noël !

Pour papa et maman, le choc culturel est visible d'entrée de jeu. Des thaïs gentils et souriants, des fils électriques emmêlés n'importe comment, des tuk tuk, des constructions de bois et de tôle avec des gratte-ciels en toile de fond. Pour moi, tout est très propre, calme et ordonné. Je compare avec l'Inde évidemment !

Au bout de 2 jours, papa nous décrit la vie nocturne de Bangkok et les bons plans pour manger des pad thaïs pas chers. Maman s'occupe de négocier le prix des tuk tuk. Je crois qu'ils se sont bien acclimatés !

ADM - L'Inde en images (vol. 2)

Je profite d'un peu de répit à Bangkok pour compléter l'album indien. C'est cadeau. Joyeux Noël !!!

Invité par Amar à Mumbai, il me fait visiter la ville. En voiture, moto et vélo !


Et nous festoyons avec toute la famille !


De longs voyages en train, dans de longs trains.


Pas besoin de vous expliquer, vous le reconnaissez tous seuls celui-là.


Satendra, qui m'invite chez lui à Agra, et ses frangins.


Sur les bords du Gange, à Varanasi : des peintures mystiques...


... et les modèles originaux !


A la tombée de la nuit, les cérémonies sur les ghats battent leur plein.


Et le matin, tout le monde fait sécher son linge. D'ailleurs, j'entends les lavandiers frapper le linge depuis 6h du matin.


Un stand de jus de canne. La tige de canne à sucre est pressée plusieurs fois, parfois à la main, parfois à l'aide d'un moteur, pour obtenir un jus tres sucré. Délicieux. Je n'en avais pas bu depuis le Brésil !


Le parc de Maidan à Kolkata. Chevaux, joueurs de cricket, cerf-volants et buildings en arrière-plan.


Trois gamines, des enfants des rues, viennent partager un repas avec nous dans les rues de Kolkata, à quelques pas de la Mother House de Mère Teresa.

ADM - Incredible !ndia

Et voilà, le périple indien se termine. Voyager dans ce pays, c'est un peu le top niveau du voyage : si tu survis là-bas, tu survivras (presque) partout.

L'Inde...
C'est une hospitalité incroyable, portes ouvertes et mains sur le coeur.
Ce sont des yeux émeraude qui se cachent derrière un sari haut en couleurs.
C'est une multitude de villes de pèlerinage, lieux de ferveur religieuse aux atmosphères mystiques.
Ce sont des voyages en train sans fin, par terre ou coincé sur une couchette d'1m60, adaptée au format local.
C'est une cuisine variée et pleine de saveurs mais parfois trop épicée.
C'est ton voisin dans un bus de nuit qui lâche un éructe bruyamment toutes les 2 minutes pendant les 8 heures de trajet.
Ce sont des milliers de petites agressions lorsque marcher dans la rue devient un combat permanent pour sa vie.
Ce sont des paysages aussi variés que lointains, Himalaya, plaine du Gange, désert du Thar, mer d'Arabie...

C'est un système complexe de castes organisant et influençant la vie de tout le monde.
C'est près d'un quart des habitants de la planète qui vivent les uns sur les autres.
C'est un dépaysement total.
C'est trop grand pour en faire le tour en 42 jours mais assez éreintant pour être content d'en sortir.

L'Inde, pays incroyable!

ADM - Mother house

Les 15 derniers jours en Inde sont consacrés au bénévolat dans l'association des Soeurs de la Charité fondée par Mère Teresa.

Tous les jours, le même programme. A 7h, un rapide petit déjeuner est offert aux volontaires, suivi d'une prière (la plupart des bénévoles sont très croyants... je suis un peu le vilain petit canard, ce qui amène quelques discussions intéressantes) et terminé par une petite chanson pour ceux qui s'en vont le jour même. Quand je l'entends le premier jour, je me demande ce que ces gens mettent dans leur chaï (c'est-à-dire le thé... que tout le monde boit toute la journée). Après quelques jours, on devient accro. De nouvelles têtes arrivent chaque matin, pour quelques jours ou plusieurs mois. Il y a toujours au moins une cinquantaine de personnes du monde entier, réparties sur 5 centres.

Le matin je vais dans un centre pour adultes, handicapés mentaux ou physique... ou souvent les deux. On file un bon coup de main aux employés (linge, nettoyage des espaces de vie, distribution des repas...). Et puis quelques massages, quelques paroles. Quelques sourires suffisent parfois.

L'après-midi, je vais dans un centre pour enfants, handicapés mentaux ou physique... ou souvent les deux. Mais dans des plus petits corps! C'est moins organisé et surtout, je suis le seul bénévole en plus des employées. Alors je joue avec eux, leur donne à manger, file un coup de main aux nurses, invente tant bien que mal des histoires à la demande. Des fois, on me fait pipi dessus ou me toussote au visage. Entre autres !

Au moins 150 km à pieds (et en tongs) en 2 semaines. Le matin, je suis brother. L'après-midi, je suis uncle ! En prime, les animations de Noël ! Le tout agrémenté de belles rencontres et d'intéressantes discussions avec les autres bénévoles. Notamment d'Amérique du Sud, pour pratiquer mon espagnol. N'est-ce pas Magda !

J'ai particulièrement aimé mes après-midi avec les enfants. Avec les soeurs, les nurses font un travail formidable. Je n'ai jamais vu autant d'amour et de joie dans un seul endroit (oui ça fait un peu fleur bleue)... un lieu magique... tu passes la porte et tu ne sais pas à quoi t'attendre mais c'est toujours extraordinaire. Chaque jour, je suis sorti épuisé, marchant dans la rue... me demandant si le monde extérieur est vraiment réel.

Ereintant, pas toujours évident, mais... un remerciement d'un pensionnaire qui ne peut se nourrir seul, un autre tout sourire me disant "bonjour" en français, le regard de l'homme qui te demande si tu seras là demain pour l'aider de nouveau pour sa douche, un petit bout de chou qui galope vers moi pour que je la fasse voltiger, les dialogues à base d'onomatopées mixées avec les 3 mots de bengali que je connaisse pour décrocher un rire d'enfant, un solo de tamtam pour enflammer la nursery, une berceuse pour calmer un petit corps tourmenté, un chant de départ improvisé par les sisters et les nurses et la superbe ambiance entre les volontaires de tous âges et de tous horizons...

Ces beaux petits moments en font une grande et belle expérience.

ADM - Tamasha

Et voilà Kolkata. La première impression est bonne. Des taxis en rang, tous du même modèle Ambassadeur. Un ferry à 5 roupies pour traverser la rivière Hooghly. De larges rues avec une circulation apaisée.

Évidemment, la ville comporte quand même son lot de pollution, de déchets et de coups de klaxons (cela reste l'Inde). Mais il faut reconnaître quelques signes de progrès.
Progrès ou pas, je profite également d'un peu de temps libre avant d'entamer la dernière phase de mon été indien. Je ne vais finalement pas à Darjeeling, trop froid et trop de brouillard. En revanche, j'arpente la ville à pied et je tente le cinéma.

Ce sera Tamasha, un film en hindi dont m'avait parlé la famille d'Amar : le début du film se passe... en Corse ! Corsica !

L'histoire commence avec un jeune garçon qui raffole de contes et légendes dans une petite ville des montagnes indiennes : Simla. Les années passent et le garçon grandit. On le retrouve en mode backpacker en Corse où il rencontre sa belle. Les deux personnages principaux, interprétés par deux stars de Bollywood, Ranbir Kapoor et Deepika Padukone, dansent au milieu d'une ribambelle de corses en marinière dans les ruelles de Bastia.

Quelques années plus tard, ils se retrouvent. Mais lui a bien changé. Il a terminé ses études et s'est enfermé dans sa routine voiture, boulot, dodo. Après quelques péripéties, il ouvre les yeux et se rend compte que ce n'est pas la vie qu'il souhaitait. Il devient finalement metteur en scène à Mumbaï et vit enfin sa passion : raconter des histoires.

Un réalisation soignée, des personnages sympathiques, un scénario qui tient la route (sans être très original, cela devient classique de quitter son boulot hehe), Bollywood m'a agréablement surpris.

Par contre, il n'y a pas grand chose en rapport avec l'Inde. Ce Bollywood s'adresse clairement aux classes supérieures, celles qui peuvent se permettre le luxe d'acheter une place de cinéma... même si pour moins de 2€ (le matin), je peux dire que j'en ai eu pour mon argent. En effet, le film dure 2h30... sans compter l'entracte!

ADM - Varanasi

Après Agra, je rejoins Varanasi. Une ville d'une grande importance pour les hindous : y mourir permettrait de mettre fin au cycle des réincarnations.

Passage incontournable de mon itinéraire en Inde du Nord, la ville ne me captive pas tant que ça. Comme à Haridwar, la vie auprès des ghats est pourtant intéressante, là où les pèlerins viennent faire leurs ablutions et se massent pour les messes à la tombée de la nuit. Des crémations ont également lieu 24h/24 au bord du Gange. Cela apporte une dose de mysticisme indéniable. Cela contribue également à une bonne dose de pollution dans l'air. Cela peut expliquer une partie du brouillard qui ne quittera pas la ville avant que moi je ne la quitte.

Je pars en train. Enfin... avec un ticket de dernière minute et le brouillard, tous les trains ont du retard et je patiente 7h avant de pouvoir trouver un wagon dans lequel je passerai une quinzaine d'heures, dont la moitié assis par terre.

ADM - Taj

Une fois dit au revoir à Mumbaï, Amar et sa famille, c'est en train que je gagne Agra. Seule classe possible: 3AC. C'est la même configuration que la Sleeper Class, en plus propre et avec la clim/chauffage.


Je partage mon compartiment avec une charmante famille, un couple de personnes âgées et Satendra. Ce dernier travaille dans la Navy indienne. Il me demande où je vais loger à Agra. Je lui explique que j'ai un guide de voyage et que j'ai repéré une auberge dedans... Cela a l'air de l'embêter un peu... Il finit par me dire de venir chez lui, sa famille serait ravie de m'accueillir. J'hésite à accepter mais si c'est pour faire plaisir... Banco.


Je le suis donc dans les rues d'Agra. Les rickshaws demandent le double du tarif à cause de ma présence. Rapaces. Nous nous rendons d'abord à l'hôpital: son fils est malade. Son fils a 6 mois... et il ne l'a vu que par Skype pour le moment. En effet, cela fait plus de 6 mois qu'il n'est pas revenu de Mumbaï.
A l'hôpital, le petit n'est plus là. Ce n'était pas bien grave, un petit coup de froid. Le grand-père l'a ramené à la maison familiale. Satendra peut enfin le voir!


Là encore, je suis extrêmement bien reçu. La nourriture est excellente, notamment le laitage sucré avec les chapatis au beurre. Miam. Satendra me fait découvrir le quartier et m'emmène en moto au Taj Mahal le lendemain matin.


Même s'il est un peu moins grand que je l'imaginais, malgré la brume et la quantité de touristes déjà importante à 9h du matin, le Taj est beau. Preuve de l'amour de l'empereur Shah Jahan envers sa bien-aimée Mumtaz Mahal, décédée en mettant au monde leur quatorzième enfant (!) en 1631. L'empereur sera renversé par son fils en 1658, et il ne pourra que entrevoir sa création depuis une fenêtre, emprisonné au fort d'Agra les 8 dernières années de sa vie.


Satendra m'explique également comment s'est passé son mariage. Autour de 24 ans, alors qu'il était déjà à Mumbaï, ses parents lui on dit : "nous avons sélectionné une fille". Comme il fait confiance à ses parents... il a débarqué pour son mariage et a vu sa promise pour la première fois le jour de la cérémonie.


L'amour en Inde... de sacrées histoires !

ADM - Mumbai

Une fois à Mumbai, la chance me sourit encore. Je viens en fait rendre visite à Amar, rencontré dès mon premier jour à Delhi. Il m'a gentiment invité à passer quelques jours chez lui et sa famille. Mumbai n'était pourtant pas dans mon programme initial.

Sur le quai de Borivali, je contacte Amar pour savoir comment le rejoindre. Un homme me hèle sur le quai et me demande où je vais. Quand je lui montre l'adresse, il est aux anges : il attend une amie qui doit se rendre juste à côté. Si je veux bien attendre, elle peut me guider.

Sangrita, son amie arrive, ils m'offrent une limonade... puis un petit déjeûner. Sangrita me conduit ensuite à destination : il faut seulement reprendre un train sur une station et marcher 5 minutes. Je réalise que monter dans un train qui s'arrêtait à Borivali... c'était une logistique parfaite.

Amar commence à s'inquiéter. Je passe en fait d'abord dans l'immeuble d'en face où Sangrita récupère un gâteau pour une soirée d'anniversaire. Elle ne parle pas anglais... alors je ne comprends pas tout. Nous ne restons que quelques minutes, le temps d'un verre d'eau et de quelques confiseries.

Je retrouve Amar en-bas et laisse Sangrita repartir. Je rencontre le reste de la famille d'Amar. Il vit avec son cousin Kush, ses parents, oncle et tante et sa grand-mère dans une appartement d'une "society" : un immeuble résidentiel agréable où règne la bonne humeur, les rires des enfants et l'ambiance chaleureuse d'une vie de quartier animée.

Je peux vraiment dire que je suis extrêmement bien reçu ! Tout le monde m'accueille chaleureusement et est au petit soin. Amar et Kush m'emmènent faire le tour de la ville en voiture. Le centre-ville est à une trentaine de kilomètres. Entre les immeubles qui continuent de pousser, le climat tropical et la mer d'Arabie et en tant que poumon économique du pays et mégalopole culturelle avec Bollywood, Mumbai me fait étrangement penser à un mélange entre les villes de São Paulo et de Rio de Janeiro. Avec tout ça, je me sens un peu chez moi !

ADM - L'Inde en images (vol. 1)

J'ai assez fait travailler votre imagination. Je profite d'une pause chez un ami à Mumbai afin de télécharger quelques photos et d'illustrer en couleurs mes propos. Voici une rapide sélection :

Les sacrées vaches sont en liberté dans les rues. Les odeurs d'étable se mêlent à celles d'urine et à la pollution omniprésente. Les pauvres bêtes errent au milieu de la circulation et des détritus.



Quelques jours de randonnées au Nord du pays, à Mcleod Ganj, pour respirer de l'air frais puis passage à Rishikesh le temps d'une séance de yoga et d'une session de rafting sur le Gange. 



Passage rapide par Haridwar, important lieu de pélerinage. Je ne comprends pas vraiment ce qu'attendent ces âmes perdues...


Pendant ce temps là, les offrandes et les ablutions vont bon train sur le Gange.



Sur un stand de street food, je trouve un cuisto qui met le feu !


Mariage à l'indienne !




Pendant la foire annuelle de Pushkar, la ville est en effervescence. Chameaux, charmeurs de serpents et badauds sont présents.



Un thali, une sorte de plateau repas : chapatis, riz, dal (lentilles), yaourt... et piment !


 Dans le bus, mon voisin me demande une photo.

Je découvre le désert du Thar à dos de chameau.






ADM - Prendre le train en marche

Le moment est enfin venu de tester un voyage en train chez les hindous. Le truc le plus compliqué, c'est peut-être d'obtenir un billet. Les trains sont complets plusieurs jours, voire plusieurs semaines, à l'avance. Ne planifiant mes déplacements qu'au dernier moment, je suis automatiquement embêté. Contrainte supplémentaire, le nombre de places pour les étrangers est limité dans chaque train.

Cela ne m'empêche pas de tenter ma chance au guichet de la gare de Jaisalmer. Là, c'est la pagaille. Un seul guichet est ouvert, l'employé est à 2 de tension et les indiens sont incivilisés au possible. Ils ne respectent pas la queue et il faut jouer des coudes pour se faire respecter, débordement sur la gauche, sur la droite, le mec derrière me colle tellement qu'il peut poser son menton sur mon épaule. Il y a bien un panneau qui donne la priorité aux personnes âgées, aux femmes et... aux touristes au guichet 779. Mais le guichet est fermé. Quelques touristes mettent tout de même à profit cette instruction. Je me contente de respecter l'ordre d'arrivée.

Au moins deux heures s'écoulent. Un mec derriere moi engueule un gars qui n'a pas fait la queue. C'est bien. Le ton monte pendant plusieurs minutes. Le mec se calme finalement quand un gamin devant lui propose de le faire passer tout de suite. Il accepte et tend son formulaire comme si de rien n'était. C'est pas bien. Pauvre type.

Enfin mon tour. Réglé en deux minutes ! Suffit de bien remplir son formulaire de demande. J'ai mon billet pour Jodhpur. Malheureusement, le train Jodhpur-Mumbai est complet...

C'est donc en train que je rejoins Jodhpur, la cité bleue, de la couleur des maisons dont le panorama est particulièrement apprécié depuis le fort surplombant la ville. Le bleu est la couleur des brahmanes, la caste la plus élevée (prêtres et érudits). La peinture utilisée repousserait également les insectes. Le voyage de 6h se fait tranquillement. Au-dela du boucan des rails, des allures de cellules de prison des compartiments et de la proximité des chaussettes odorantes des voisins, ouvrir les fenêtres égaye le tout et permet de voir défiler les paysages, d'une manière plus agréable que par la route.

Pour rejoindre Mumbai, après moults recherches, je commence par un bus direction Ahmedabad, la capitale du Gujarat. Je peux déjà constater que les routes sont en meilleur état dans le coin. Ce que me confirmera Shiv : un homme rencontré à la gare routière d'Ahmedabad. Gare flambant neuve que les chauffeurs de rickshaws ne voulaient pas que je trouve, se jetant sur moi à ma descente du bus 200 m plus loin. Bande de charognards. Le Gujarat est un modèle pour le reste du pays. Gandhi et l'actuel premier ministre, Modi, y sont d'ailleurs nés. Je patiente entre 1h et 4h du matin en discutant avec Shiv. Il n'y a pas de bus direct pour Mumbai. Il me conseille de prendre un bus pour Vadodara et de récupérer un train là-bas. Il me confie qu'il n'aurait jamais laissé son fils partir "à l'aventure" comme je le fais. Je lui pose quelques questions sur les castes, la société indienne. Très intéressant et enrichissant. Et il m'offre le petit déj !

Une fois dans le bus, c'est Haresh, étudiant en médecine homéopatique qui me tient la discussion. Je dormirai... un autre jour. Une fois à Vadodara, j'achète un "general ticket" pour la gare princiale de Mumbai, à la surprise de l'employée au guichet : "no seat ?". J'ai surtout besoin de monter dans un train, tant pis si je ne suis pas assis... il n'y a que 6h de trajet !

Une fois sur le quai, je suis perdu. Mon billet n'a pas d'horaire, ni de numéro de train. Je comprends qu'il est valide pour n'importe quel train vers Mumbai. Un train arrive, il va à Mumbai, banco. Je trouve un contrôleur afin de savoir dans quel wagon je dois aller. Il prend mon billet, le met de côté et parle à la demi-douzaine d'indiens qui se jettent sur lui. J'aime pas trop cette attitude. Il me dit finalement que je pourrais m'assoir à mi-parcours en échange de 250 Rs... mon billet m'ayant coûté 145 Rs ! Il me réponds que je dois alors monter en 2nde classe... c'était ma question initiale. Charognard !

Me voilà à courir sur le quai afin de trouver le bon wagon. Flûte, le train repart ! Je repère une porte ouverte... je saute à l'intérieur ! L'expression citée en titre de cet article prend tout son sens à cet instant.

Une fois dans le wagon, un autre contrôleur me rejoue la scène. Il prend un air sérieux, tourne les pages de son cahier dans tous les sens, écrit des chiffres, les rature, griffonne... au bout de 5 minutes : "- Ok, tu peux t'assoir mais dois payer...
- Une amende, me dit un autre passager.
- Non non, pas une amende, disons 'la différence'.
- Non merci, j'irai en 2nde classe à la prochaine station."
J'insiste. Le contrôleur repart un peu blasé.

A la station suivante, je descends sur le quai... mais la 2nde classe est prise d'assaut, une marée humaine qui déborde largement du wagon. Avec mon gros sac sur le dos, c'est mort. Tant pis, je reviens en sleeper class.

Je passe donc mon trajet par terre, à somnoler sur mon sac, entre les toilettes et la porte extérieure. Je suis content : le train avance vite et je serai à Mumbai vers 11h. Tip top. Je peux savourer le lever du jour et les nouveaux paysages qui s'offrent à mes yeux.

30 minutes avant d'arriver, le contrôleur repasse. Il fait semblant de recontrôler mon ticket et me sermonne du regard : "tu me donnes 125". Je réplique que j'ai bien essayé d'aller en 2nde... il rigole quand il réalise que mon billet indique Mumbai Central alors que le train s'arrête à Borivali, 30 km au Nord. Mumbai, c'est grand.

Finalement, il jette l'éponge et me laisse tranquille. Parcourir 400 bornes en train pour 2 euros : check !