Jour 129 - San Cristobal de las casas

Une fois bien récupérés, nous pensons prendre le petit déjeuner, inclus avec la nuit. Le gars nous répond qu'il y a bien quelque chose et nous présente juste du pain sec et petit bol de confiture... ok, on aura pas mieux. Nous sortons faire un tour dans la ville. Il y a de beaux bâtiments coloniaux, baignant dans le soleil.

Ensuite, direction un cyber-café. Nous décidons de réserver un vol Mexico-USA... pour éviter deux jours de bus et le passage de la frontière terrestre. Nous atterrirons à Las Vegas après une courte escale à Los Angeles! Cela m'ennuie tout de même de rater les paysages par la fenêtre du bus.

Nous souhaitons ensuite découvrir el centro de desarollo de la medicina maya (= le centre de développement de la médecine maya). Sauf que la rue où devrait se trouver le centre s'arrête net. Nous tombons sur deux touristes cherchant également leur chemin. Un couple d'Agen. On cherche avec peu, questionne les autochtones qui ne connaissent pas le nom de leurs rues, découvrons une grande église aux couleurs vives et trouvons finalement le fameux centre.

Finalement, pas beaucoup d'informations dans ce centre. A part une critique sur les multinationales voyous qui s'approprient la biodiversité à coup de dollars, Monsanto et compagnie sont des biopirates, et une vidéo sur l'accouchement maya. Il y a tout un rituel à respecter, la femme enlace son mari pendant le partera (= partenaire, jouant le rôle de sage femme ici) appuie sur sons ventre. La femme ne doit pas manger d'oignons, on lui passe un poulet noir autour de la tête pour chasser les mauvais esprits et on verse un peu de pepsi sur le crâne du bébé!

Nous passons au jardin où poussent des plantes pour réaliser des médicaments naturels. Une pharmacie vend toutes sortes de potions et pommades à côté. Puis nous revenons au centre-ville. Nous n'avons aucune arme à mettre au point de collecte! Les mexicains semblent vouloir faire des efforts pour améliorer la sécurité.

Jour 128 - Palenque


A 8h, nous embarquons pour les ruines. Nous payons les deux entrées du parc, où comment soutirer un maximum d'argent aux touristes, et nous voilà de nouveau au milieu de vestiges mayas. Cette fois en revanche, la jungle a été bien repoussée. Les espaces sont bien dégagés autour des principaux bâtiments visibles. Il est également possible de monter au sommet de plusieurs bâtiments, offrant un bon point de vue.

En fait, seulement 10% de la superficie de la cité (~2,5 km²) a été explorée à ce jour. Palenque, dont le nom originel maya est Lakam Ha signifiant "Grandes eaux" à cause des nombreuses sources et cascades de la ville, était une ville de taille moyenne dans l'empire. Un millier de constructions seraient encore enfouie dans la jungle.

D'ailleurs, une partie du site accessible à la visite se trouve dans la jungle. A deux pas d'une petite cascade, les arbres s'infiltrent entre les pierres posées 2000 ans auparavant.  Tout comme Tikal, Palenque est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

Une petite armée de vendeurs essaie d'écouler de "l'artisanat local" en étalant leurs babioles par terre. En 2 heures, nous avons fait le tour du site et repartons vers la ville avec une halte à "M. Tacos" pour manger... des tacos.

Nous récupérons nos sacs et prenons un bus pour San Cristobal. Un bon bus d'ailleurs. 5h de route et nous avons perdu quelques degrés, nous sommes à 2000m d'altitude. A la sortie du terminal, un gars nous propose une auberge. On demande la moins chère: casa Gladys, et on ne paye pas le taxi. Deal.

Nous avons le choix entre la chambre en dure, ou l'autre moins cher. On ne comprend pas trop mais on prend la moins cher... le toit est en taule et les murs en carton! Le tout est recouvert de tissus tout de même. Il ne fait pas très chaud... mais on a de bonne couvertures pour dormir. Il n'y a pas d'eau chaude dans la salle de bain non plus. On fait un tour pour manger, puis retour à l'auberge pour une petite sieste... nous pensions ressortir, réveil sur ma montre en place... que nous n'entendrons pas tellement nous sommes fatigués. Une grosse nuit de sommeil, plutôt frisquette d'ailleurs.

Jour 127 - Mexico

Nous partons dans la matinée pour le terminal de bus. Une fois de plus, une journée de transport s'annonce. Julin nous accompagne. Il ne part pas au même endroit, mais on l'aide à trouver son bus. Il galère un peu en espagnol.

Nous trouvons le notre. En fait, c'est un va archi bondé. Il y a de la place sur la banquette à l'avant. On y est moins serré et on respire mieux, la journée est déjà chaude. Le van s'engouffre dans des ruelles sans queue ni tête... je me demande pourquoi il passe par là. Quelques minutes plus tard, j'ai ma réponse. Il s'arrête sur une petite cour où sont garés une ribambelle de véhicules, coincés entre les murs, il n'y a que quelques centimètres entre chacun d'entre eux. Là, d'autres personnes montent dans notre van, qui me semblait déjà bien rempli! Il doit y avoir 20 personnes pour la dizaine de places. Le chauffeur se marre: des fois il n'y a personne me dit-il!

4h de route, et il nous dépose à un carrefour, avec pas grand chose autour. Mais une autre navette passe quand même et nous emmène jusqu'à El Ceibo, à la frontière avec le Mexique.

Nous effectuons les usuels changement de monnaie et passage par la douane. Le douanier galère tamponne nos passeports sans se presser, il faut dire qu'il n'est pas débordé, on a l'impression d'être les seuls à passer cette frontière aujourd'hui. Un dernière fouille du sac en passant côté mexicain. "Franceses!" s'émerveillent-ils en vérifiant nos sacs. "Zinedine Zidane"! Oui oui, c'est nous! "No gun?". Ah, non non. Le gars nous croit, alors il ne fouille pas le sac de Yann, il nous fait comprendre qu'il a la flemme!

Il n'y a plus qu'à attendre la prochaine navette. Un gars passe devant nous: machette dans la main gauche, tapir décapité dans la main droite. On se fait des tacos en attendant. Et soudain...


Je m'aperçois que je n'ai plus mon sweat! Et m...., je l'ai oublié dans le premier van de la journée. Il est loin maintenant, resté côté guatémaltèque. Je suis très triste, ce bon vieux sweat m'avait suivi partout. Il était très bien pour voyager, avec écrit "Brasil" derrière, snif.

Le van arrive enfin et nous emmène à Tesonique, un autre nous dépose à Palenque à la nuit tombée. Nous trouvons un petit hôtel. La télé diffuse TV5 Monde. Des huaraches, hybrides entre des tacos et des pizzas, et de l'eau de riz feront notre dîner dans la rue.

Jour 126 - Tikal et les Mayas

Debout à 7h, nous partons chercher un bus après notre petit déjeuner. Nous sommes trop tard pour ceux partant à 8h, mais il y en a d'autres à 9h. Ok, Yann s'occupe d'acheter nos places et moi je pars à la recherche de la poste: je dois envoyer le dossier de demande de remboursement suite à la fraude sur ma carte bancaire. Carte piratée au Costa Rica, je m'en rends compte au Nicaragua et j'envoie le dossier depuis le Guatemala!

Je quitte l'île de Flores au pas de course pour crapahute dans la ville de Santa Elena afin de trouver cette fichu poste. Je demande mon chemin mais je ne comprends pas bien les indications contradictoire des autochtones, tantôt à gauche, tantôt à droite. Je finis par tomber sur le correo, bien caché dans un mini centre commercial.

15 jours de voyage et 53 quetzals pour la France, mais la guichetière m'explique que je n'ai pas le droit de joindre ma carte bancaire avec! J'explique la situation, que je n'ai pas le choix, et que de toute façon la carte est inactive maintenant. Elle demande à son supérieur, qui donne finalement son approbation, en mettant la carte dans une sous-enveloppe. Ils sont aimables et me rendent bien service, un sourire et je repars en courant vers Flores. J'arrive à 9h au pont, Yann devant prévenir le bus de s'y arrêter pour que je le prenne en passant.

Comme je ne vois personne, je me décide de voir à l'auberge. Yann attend tranquillement, le bus est en retard... il arrive à 9h40. Nous embarquons avec un couple de canadiens étudiants en musique entre autres. Le guide Ruben nous fait un petit topo sur la civilisation Maya.

Entre 1000 avant J.C. jusqu'à 900 après, les mayas furent une grande civilisation, comptant 8 millions d'âmes à leur apogée vers l'an 700 et régnant sur les actuels Belize, Honduras, Salvador, Guatemala et Sud Mexique. Les principales villes étaient Tikal, Palenque plus à l'Ouest, Copan dans le Yucatan et Caracol au Belize, parmi de nombreuses autres.

Entre 600 et 800, pas moins de 39 grands temples ont été construits par les mayas. Pour les construire, ils creusaient des carrières, réutilisée ensuite en les cimentant pour faire des retenues d'eau. Il portaient de la chaux à 900°C pendant 24h pour préparer leur ciment. Cette étape consommait beaucoup de bois pour la combustion. Ceci a entraîné une déforestation massive autour de ces grands centres culturels et démographiques, modifiant le climat localement. A partir de l'an 800, les pluies ne venaient plus normalement. Bien sûr, c'était un peuple constitué d'une foultitude de dirigeants, de prêtres, d'ingénieurs ou d'architectes... mais la base restait l'agriculture. Ils cultivaient le maïs, les frijoles (= haricots du chili con carne), les tomates et la patate douce entre autres. Sans pluie, le peuple a souffert de la famine... et la structure sociétale de la civilisation Maya s'est effondrée. Cette explication ne reste qu'une hypothèse, la disparition des mayas étant mal connue. Les explications les plus probables envisage une modification durable de l'écosystème, qui ajoutée à des guerres à répétitions laisse apparaître un dérèglement aurait déstabilisé la civilisation Maya. Dans tous les cas, l'empire se disloque. Dans les grandes cités mayas, c'est l'exode, certaines familles auraient même atteint le lac Titicaca où naîtra la civilisation Inca.

Aujourd'hui, 70% des guatémaltèques sont des indigènes, descendant des mayas, comme nous l'indique fièrement Ruben. En plus de l'espagnol, de 2 langues africaines (sur la côte Caraïbes), 20 langues indigènes sont parlées dans le pays. Les monuments religieux sont orientés Est-Ouest, comme chez les mayas. Les tombes des enfants sont orientées vers l'Est, celles des adultes vers l'Ouest. Les fêtes mayas sont encore célébrées. Mais 2012 n'est pas la fin du monde, à part pour les scénaristes d'Hollywood!

Tikal, vous l'avez peut-être déjà vue: dans Star Wars 1 et 2 ou dans Apocalypto de Mel Gibson. Nous sommes arrivés à l'entrée du site. Une maquette décrit l'ensemble des constructions encore debout. Ruben s'arrête là, il nous propose tout de même de nous faire la visite du site pour quelques centaines de quetzals. Nous préférons arpenter tranquillement ces vestiges vieux de plus d'un millénaire. Les canadiens nous demandent s'ils peuvent continuer avec nous. Ok, cela leur évitera de se perdre.

Nous arpentons les sentiers entre les monstres de pierre, des ruines au milieu de la jungle. Certains ont très bien restaurés, enfin découverts de la végétation les recouvrant. D'autres restent encore ensevelis sous la végétation reprenant ses droits, des arbres entiers se juchant sur ce qui fût autrefois une mégapole. 80% des 4000 constructions répertoriées ne sont pas excavées. C'est un processus long et coûteux, et surtout extrêmement compliqué à faire sans détruire la construction.

Il est possible de monter sur quelques uns des temples. Les plus hauts émergent de la forêt.Le temple IV culmine à 72 mètres. Nous sommes au-dessus de la canopée, seuls 2 ou 3 temples interrompent la ligne végétale menant à l'horizon. Le silence n'est troublé que par les bribes de conversations des visiteurs.

Nous passons environ 4 heures à déambuler dans ces 2000 ans d'histoire. Les temples sont plus impressionnants les uns que les autres. Certains sont vraiment majestueux, d'autres à peine visibles, paraissent un immense tas de terre et de branchages.

Les singes déambulent au-dessus de nous, au sommet des arbres, omniprésents, on est dans la jungle tout de même! Ce site devrait rester un de mes endroits préférés parmi tous ceux que j'aurais eu la chance de contempler.

Nous retournons finalement au bus qui nous ramène à Flores. Nous laissons nos amis canadiens du jour. A l'auberge, un chinois nommé Julin nous échange quelques infos de voyage, il est déjà passé par New York, Miami et le Mexique. On se refait des tacos, et le sommeil nous attrape.

Jour 125 - On the road again

Nous partons à 5h30 du matin pour notre prochaine étape. Nous changeons plusieurs fois de van. Dans le troisième, une grand-mère est assise à côté de moi. J'ai l'impression qu'elle va mourir sur mon épaule. Nous arrivons ensuite à un bled du nom de Sayaxche. Il faut prendre un bateau pour continuer, la zone étant inondée. Il faut dire qu'un ouragan est passé quelques jours plus tôt et qu'il y a eu pas mal de dégâts à certains endroits d'après les journaux nationaux.
Nous finissons par atteindre Flores. Nous demandons notre chemin et nous tombons sur un guide. Il nous propose de nous emmener! Sympa, nous montons donc avec lui. Il conduit un van pour 3 mamies canadiennes pendant 3 semaines mais elles sont en visite pour le moment. Il nous dépose sur l'île de Flores, là où se trouve la plupart des auberges.

Il est 16h, mais nous allons manger, parce qu'à part un petit sandwich, on a rien avalé de la journée. Milkshake et hamburger au Burger King...

Nous revenons à l'auberge. Il n'y a pas grand monde.Nous tombons sur deux allemands un peu bizarres mais globalement sympathiques. On retourne manger vers 20h! Des tacos cette fois-ci. Dans tout ça, on a pas réservé de transport pour se rendre à Tikal, le site Maya situé non loin. Il est trop tard maintenant, on verra ça au petit matin.