Começou...

6h du matin, le staff organisateur passe dans les salles pour réveiller tout le monde. Un rapide petit déjeuner (un pain tartiné au beurre et un jus d'orange chimique) et la centaine de volontaires est rassemblée dehors pour un échauffement collectif. Quelques mots de Rafael, un des deux responsable de notre groupe/école. De nombreux brésiliens vont entrer pour la première fois dans une favela, certains vont utiliser un marteau pour la première fois.

Nous sommes répartis en équipe. Je suis avec Erika, Camila, Cristina, Livia, Iolanda, Thiago et Felipe. Nos deux chefs d'équipe seront Luiz et Evelyn. Nous prenons les outils: 2 pics, 2 excavatrices, 2 scies, 2 mètres ruban, marteaux et clous...

Nous partons à pied pour la favela, située à environ un kilomètre, le long d'un chemin boueux menant à une usine traitant des déchets... les baraques en bois longeant la route où passent des bennes à ordure toute la journée, coincées entre une voie ferrée et une retenue d'eau. Nous arrivons sur le bout de terrain de Danilo, le futur propriétaire de la maison que nous allons construire.


Danilo arrive peu après. Il n'a pas encore déblayé son terrain (ce qu'il aurait dû faire!) alors nous commençons par retirer toutes les planches et matériaux divers occupant l'espace où sera la maison. Et la construction peut enfin commencer.

Elle sera construite sur pilotis: 3 rangées de 5 poteaux en bois de 1 ou 1,50 mètres. Nous devons donc creuser autant de trous d'environ 80 cm ou 1,20 mètre. Nous attaquons avec nos pics et nos excavatrices. La terre est remplie de détritus de plastique gênant la progression, mais c'est encore pire lorsqu'il y a de grosses pierres, des planches de bois ou du béton...

Le premier pilotis sera le "pilotis maître" servant de référence pour les autres. Nous vérifions le niveau de chacun d'entre eux avec un tuyau rempli d'eau, utilisant le principe des vases communicants. Sous un soleil de plomb, ce qui sera une constante sur les trois jours, nous suons à grosse gouttes, buvant plusieurs litres d'eau pour percer ces 15 trous.

A la mi-journée, la mère de Danilo nous apporte le repas. Elle vit dans une favela voisine et a apporté une salade de tomate, une grande marmite de riz, une autre de feijão, une autre de pâtes et une autre de poulet, dans une grande caisse portée sur la tête sur plus d'un kilomètre! Nous nous régalons et reprenons des forces pour l'après-midi. Notamment Danilo, mangeant comme un ogre, mais dépensant toute cette énergie pour nous aider à creuser les fondations de son futur chez-lui.

Une fois creusé un trou, nous positionnons le piloti puis le bloquons avec un peu de terre sèche ou de sable récupéré à l'autre bout de la favela, des pierres et comblons le trou, compactant un maximum avec les moyens du bord.

Vers 18h la nuit commence à tomber. Danilo installe 2 ampoules pour avoir de la lumière et continuer un peu plus longtemps. Vers 19h30, nous rassemblons les outils, 11 pilotis et 2 trous supplémentaires sont déjà prêts, le reste sera pour demain.

De retour à l'école, une activité est proposée: discuter de la journée et de nos impressions avec nos groupes respectifs. Le but de l'ONG n'étant pas seulement d'améliorer les conditions de vie précaire de dizaines de familles, mais aussi de sensibiliser les volontaires à la réalité de leur pays et de faire évoluer leur vision des choses. La quasi totalité d'entre eux vit dans un monde bien différent, à moins de quelques kilomètres de distance...

Um Teto para meu Pais

Mercredi 16h et quelques, je sors du stage plus tôt. Je passe au supermarché acheter quelques bricoles pour mon weekend un peu spécial dans la favela do 21, située dans la municipalité de Carapicuiba, banlieue de São Paulo.

Ce weekend, ce sont 50 maisons construites par 565 volontaires apportant leurs bras et leur motivation. 50 maisons pour autant de familles des environs de SP, dans 3 favelas différentes. Depuis l'implantation de l'ONG au Brésil, près de 500 maisons ont déjà été construites. Um Teto Para Meu Pais est aujourd'hui présente dans 19 pays de l'Amérique Latine.

Le rendez-vous est à 19h dans une école en centre-ville. Là, les volontaires sont répartis en groupes, surnommés "écoles": je suis dans l'école Argentine - bleu. Pas mal d'attente, le temps que tout le monde arrive, puis une petite présentation et quelques discours pour animer les troupes (qui sont déjà motivées!). Puis on se regroupe par école pour attendre les bus nous emmenant dans les favelas où seront construites les maisons.

Après environ une demi-heure de bus, nous arrivons dans l'école où nous dormirons. La plupart des brésiliens commencent à gonfler leurs matelas pneumatiques... moi je déplie mon sac de couchage et mon lit est déjà prêt, le carrelage comme matelas!

Avant de dormir, une petite activité pour mettre l'ambiance, une partie de Jan-ken-pon géante, jeu autrement appelé pierre-papier-ciseaux dans les contrées francophones. Puis vient le temps de profiter de quelques heures de sommeil avant un réveil en fanfare...

On double

Cette semaine est sympathique, parce que bien courte! En effet, jeudi et vendredi ont lieu 2 jours fériés consécutifs.

Le 21 avril est le jour de Tiradentes, le pauvre bougre qui a été pris en exemple, écartelé en 1872 pour avoir participé à un des premiers mouvements d'indépendance du Brésil. Alors qu'il eût un rôle très minime, il fût transformé en héros par l'histoire.

Le 22 avril est le Vendredi Saint précédant Pâques.

Ainsi, il y a du chocolat dans les magasins, et un gros weekend de 4 jours pour les brésiliens (et les étrangers au Brésil en profitent aussi hehe). Les étudiants de l'USP ont le bonus d'avoir une semaine de vacances, mais cela ne m'enlève pas le stage, malheureusement: donc pas possible de partir une semaine à la plage comme certains de mes camarades.

De plus, du jeudi au samedi, je vais porter des panneaux de bois, enfoncé des clous et faire un peu de peinture. Je me suis inscrit à Um Teto Para Meu Pais, une association humanitaire qui construit des maisons pour des familles des favelas. Cette semaine, ce seront 50 maisons qui seront construites par environ 550 jeunes volontaires, dans différentes favelas de SP. A vos marteaux!

C'est fait!

C'est bon, le semi-marathon est passé. Et je suis toujours vivant.

Je suis donc allé chercher mon dossard samedi matin, ainsi que la puce pour avoir son chrono personnel, avec un T-shirt en bonus. Chacun a une puce, vu le nombre de participants (entre 8000 et 11000 paraît-il), tout le monde ne part pas en même temps. Plusieurs minutes séparent donc la tête de la course et la lanterne rouge, la puce permet d'enclencher le chrono lorsque le coureur passe réellement la ligne de départ. Pour l'anecdote: en récupérant mon dossard, je rencontre un groupe de 5 français! Ils étudient au Brésil (mais dans le Minas Gerais) et sont venus à SP faire le semi. Les français sont partout!

Et ce matin, j'avale une barre de céréales et je pars pour la course, à 6h... le départ ayant lieu à 7h30. Les journées commencent tôt au Brésil. Et ainsi, cela permet de terminer avant 10h-11h et évite qu'il fasse trop chaud... et l'après-midi, il pleut fréquemment. Je marche/trottine dans l'université, puis passe tous les stands des club de course paulistas... et il y en a un paquet. Et voici, la ligne de départ. Je retrouve les français de la veille, ainsi que Murielle, Adrien et Yann et on se motive pour la course.

Pan! C'est parti. On piétine quelques instants, puis on passe la ligne, le chrono démarre. Il y a pas mal de monde et il faut bien slalomer pour ne pas marcher sur les concurrents, mais cela se décante après quelques kilomètres. Quelques volontaires encouragent les participants mais bien moins qu'à Paris.

Les jambes déroulent, les kilomètres défilent. Il y a environ un ravitaillement d'eau tous les kilomètres. Au km 10, on a même le droit à un verre de boisson énergisante... mais boire en courant ne m'a apporté qu'un point de côté que j'ai traîné un bon km.

Puis on continue. Au km 13, on passe tout près de l'arrivée... sauf que je suis du mauvais côté de la barrière. Les premiers sont déjà arrivés... Vers le km 17/18, nouveau passage difficile et je perds du temps. La cuisse gauche commence à fatiguer, et le parcours n'aide pas au moral: on va à un endroit, et on revient sur nos pas. Ils auraient pas pu faire une jolie boucle, mais non. J'attendais le virage (en bas à gauche de la carte) avec impatience. Une fois atteint: tous les mètres parcourus me rapprochent de l'arrivée, youhou!

Puis viens mes panneaux préférées: 800m, 600m, 400m, 200m et je sprinte, pour le style. Temps officiel 2h02... mais avec le décalage du départ, je pense être sous la barre des 2h, donc tout va bien! D'ailleurs, en passant la ligne d'arrivée, une volontaire me demande si tout va bien. Je dois être un peu rouge et grimace un peu. 21 bornes et un sprint, j'ai le droit d'être fatigué, non?

Puis tous les participants reçoivent un sachet avec un petit sandwich, une pomme, une nougatine, un œuf de Pâques en chocolat et une médaille! Cela fait du bien avant d'affronter les 3 ou 4 km supplémentaires pour rentrer chez moi.

Et là, en écrivant tout cela, je jette un coup d'œil au site du semi: 1h 58min 50s. Contrat rempli!