Tomber la chemise

Voilà, après 7 mois, je viens d'arrêter le stage. Fini les chemises, je peux retourner en cours en tongs... dommage qu'il fasse trop froid pour cela.

J'ai également eu le plaisir de découvrir que les stagiaires au Brésil ont le droit à des congés payés. Une sorte de huitième mois de paye dans mon cas! Une nouvelle loi paraît-il.

Ce vendredi, j'ai donc rendu mon ordinateur et fais le tour des collègues pour dire au revoir. En gardant le patron pour la fin. Il me dit que si je voudrais rester travailler là, il n'y aurait pas de soucis, et qu'il pouvait même me faire une proposition! Et il ne rigolait pas...

En tout cas, cela va considérablement alléger mes semaines. Maintenant, je vais pouvoir penser tranquillement aux vacances :)

Fri(g)o

Le thermomètre chute à São Paulo. C'est l'hiver qui arrive. Le temps des shorts et des tongs est révolu, aujourd'hui, les manches longues sont de mises.

En journée, cela reste tout de même correct pour un hiver. Le soleil se manifeste de temps en temps, et les minimales tournent à 10°C dans le pire des cas. Tout de même, le Brésil est un pays tropical oui ou m....

Ce sont surtout les nuits où il fait froid. Surtout quand sa chambre est exposée au vent et a ses 6 façades en contact avec l'extérieur! Oui, 6: 4 murs, le toit et même le sol (chambre sur pilotis!). Alors il peut faire froid la nuit. Alors je me suis équipé: je viens d'acheter un petit chauffage électrique d'appoint (chose que j'aurais dû acheter il y a longtemps). C'est moins écolo que de se geler les miches, mais cela m'évitera de me réveiller avec un mal de gorge.

Il pose fièrement sur la photo de droite. Au grand dam du ventilateur qui tourne en rond... euh non justement... il s'ennuie pas mal en ce moment. Remarquez également un truc vert en bas de ma porte. Mon proprio l'a fait installé hier. Cela faisait 4 mois que je lui avais réclamé: rafistoler ma porte qui avait un trou, où le vent se plaisait à s'engouffrer. Mieux vaut tard que jamais comme on dit.

Les yeux plus gros que le ventre?

En cours de "planejamento urbano" (= planification urbaine), la semaine dernière, le professeur a soulevé la question suivante: le Brésil (et notamment São Paulo) sera-t-il prêt pour l'organisation de la Coupe du Monde de footbal en 2014?

Pour l'Afrique du Sud, la question principale tournait autour de l'insécurité, et le pays s'en est finalement très bien sorti. Dans la tête des brésiliens, l'Afrique apparaît parfois comme un continent sous-développé, les clichés sont nombreux (de la même façon que les européens ont des clichés sur le Brésil...!). Mais les brasileiros sauront-ils faire aussi bien?!

Petit retour sur les faits:

Après les Jeux Panaméricains à Rio en 2007, le Brésil va acceuillir 2 des principaux évènements sportifs mondiaux en un cours laps de temps. Ceci n'est pas dû au hasard, mais à une volonté claire du Brésil pour s'affirmer sur le plan international, que ce soit au niveau continental ou mondial. Les candidatures ont été fortement appuyées par le gouvernement. Pour l'obtention des JO, parmi la palette d'arguments, se trouvaient pêle-mêle le développement durable, le fait qu'à part la Chine, aucun autre pays dit "du Sud" n'avait organisé l'évènement, et des avantages économiques accordés aux pays soutenant la candidature...

Concernant la Coupe du Monde, la FIFA a annoncé en 2003 qu'elle aurait lieu en Amérique du Sud pour la première fois depuis l'Argentine en 1978. Pour décrocher le sésame, le Brésil s'est d'abord appliqué à être le seul candidat. La Bolivie a été écartée à cause d'une nouvelle règle de la FIFA interdisant les matchs à plus de 2500m d'altitude. L'autre concurrent était la Colombie, mais le Brésil, en élargissant son réseau au sein de la FIFA et de la confédération sud-américaine de football, a privé la Colombie de soutien, et sa candidature potentielle n'a pas eu de suite. De ce fait, le Brésil, unique candidat, obtient la Copa.

Mais ce n'est que la première étape d'un long parcours. Encore faut-il avoir la capacité d'accueillir les supporters du monde entier. Des défis importants sont à relever dans un pays en développement comme le Brésil: stades, transports, logements, sécurité... surtout lorsque que l'on sait que Rio est bordé de favelas (même si vous savez que la plupart des gens qui habitent dans les favelas sont des gens bien!) ou qu'à SP une pluie un peu violente peut créer des inondations en 10 minutes et paralyser le trafic routier.

La FIFA n'a pas encore arrêté le choix des villes organisatrices. Pour certaines comme Manaus ou Recife (image de synthèse à droite), accueillir quelques matchs serait l'occasion d'apparaître sur le plan national et international. Mais reste encore a ne pas sous utiliser les équipements après la Copa. A Rio, ce sera un échauffement pour les JO. Le Maracanã est déjà en travaux pour se refaire une beauté.

São Paulo, c'est une autre histoire. Le Morumbi (photo), un temps destiné à recevoir le match d'ouverture, fût écarté il y a un an, les entités responsables n'étant pas capables de présenter à la FIFA les conditions techniques et financières requises. Mais les paulistas peuvent-ils se permettre de ne pas occuper un rôle de premier plan durant la Coupe? Une ville qui se targue d'être la capitale économique du pays et plus encore, comportant la majeure partie de la population et 3 des plus gros clubs de foot du championnat national, n'aurait qu'un rôle de spectateur?

Je crois que ce serait trop pour l'orgueil de SP. En fait, un autre projet de stade a vu le jour (image de synthèse à droite). Mais les travaux n'ont quasiment pas commencé, perdus dans les couloirs des administrations fédérales, régionales et municipales. La construction sera baigné dans la sueur et le stress! Au-delà, la ville devra aussi améliorer les conditions de transport pour que ceux qui auront acheté leurs places à prix d'or ne soient pas contraints d'écouter le match à la radio, coincés dans les bouchons ou s'entassant dans un métro surpeuplé (le plus chargé au monde).

La ville doit d'abord régler les problèmes quotidiens avant de penser sereinement à l'échéance de 2014. De même, les aéroports brésiliens en général n'ont pas les infrastructures suffisantes pour faire face à l'envol de leur fréquentation, souffrant d'un manque d'investissement au cours des 20 dernières années. Et en 2014?

Le temps presse... et même si tous les clichés ne sont pas vrais, les brésiliens ne sont pas reconnus pour leurs capacités d'organisation et d'anticipation!

Y'a pas de souchis!

Après les rodizios de pizza, après la churascaria (restaurant de viande à volonté, NDLR), je me devais de tester le rodizio de sushis. Le restaurant à volonté, une formule très brésilienne, adaptée à la gastronomie nippone.

C'est chose faite depuis la semaine dernière. Dans le quartier de Liberdade, le quartier asiatique de São Paulo, je me suis gavé de sushis, temakis et autres sushimis. A vrai dire, je ne me rappelle pas trop des noms! Mais il y a surtout du riz et du poisson cru. Mon préféré restera le sushis qui est accompagné de mangue.

De plus, nous avons eu le repas à moitié prix, en achetant des coupons d'une offre spéciale sur un site internet... alors faut pas se priver.

Um teto para o Brasil

Dernière ligne droite. Une nouvelle fois, je me réveille sur mon carrelage, le dos de plus en plus courbaturé, mais vient déjà la troisième et dernière journée. Il est temps de finir cette maison.

Il ne nous reste plus que deux étapes à conclure: finir le toit et peindre l'extérieur. Nous finissons de fixer la charpente, puis installons les tôles qui viennent protéger l'habitation des intempéries.

Pour peindre les murs extérieurs, nous avons reçu l'aide du fils de Danilo. Il habite normalement avec sa maman, dans une autre favela, mais nous a rejoints pour l'occasion de l'inauguration de la maison! Bon, comme il faisait pas mal le malin, il a reçu quelques coups de pinceaux!


Une fois les fenêtres et la porte fixée, notre tâche était accomplie: monter une "maison d'urgence" en 3 jours. Il ne reste plus qu'à l'inaugurer. Nous remettons officiellement la maison à Danilo, en espérant avoir améliorer son quotidien. Evelyn, notre chef d'équipe, dit quelques mots la larme à l'oeil, c'est sa première construction en tant que chef d'équipe. Elle ne mesure que 1m51 mais a très bien guidé son chantier!


Alors évidemment, ce n'est pas le grand luxe. Nous n'avons installé ni électricité, ni eau courante, ni sanitaires... mais les habitants des favelas se débrouillent toujours pour se raccorder en courant et en eau, et l'entraide dans la communauté est toujours là. L'association ne bénéficie pas non plus de moyens exceptionnels, et combattre l'extrême pauvreté sur le continent sud-américain est un vaste chantier... loin d'être terminé.

... não para!

Deuxième journée de boulot. Il faut terminer ces pilotis! C'est chose faite vers le milieu de matinée, après d'autres trouvailles archéologiques, notamment un bout de mur accompagné de son carrelage que j'ai rencontré à près d'un mètre de profondeur.


Ensuite, nous attaquons le plancher. D'abord, 6 poutres de 3 m chacune, placées longitudinalement sur les pilotis, puis on quadrille avec 11 chevrons. Là-dessus, on cloute les planches qui serviront de sol à la maison. On les encastre entre elles comme une sorte de parquet flottant.

Le soleil est encore présent. Alors le déjeuner apporté par la Dona Adenizia, la maman de Danilo qui a refait le chemin avec les marmites de nourriture, fait du bien, surtout le jus vitaminé à l'avocat, un délice.

L'après-midi, c'est au tour des murs: 10 panneaux préfabriqués en bois. L'équipe logistique traîne un peu, alors on va chercher nous même les premiers panneaux à l'autre bout de la favela. Cela pourrait être pire, notre favela n'est pas située sur une colline comme certaines autres!

Nous travaillons jusqu'à la nuit tombée, et même encore plus, histoire d'assurer le timing. Avant de quitter le chantier, nous voulons installé le premier élément de la toiture: "la poutre maîtresse". Cela permettra aussi que les murs se tiennent mieux entre eux.


Cette poutre est la poutre centrale, sur laquelle s'appuiera toute la toiture. Il faut l'installer au sommet, et pour cela il faut monter grimper sur les murs. Danilo et Luis montent chacun d'un côté marteau en main pour la fixer, pendant ce temps, moi et Felipe la tenons à bout de bras, en équilibre sur des tabourets...

Puis tout à coup, Felipe perd l'équilibre. A ce moment, j'avais le dos tourné, et je sens que la poutre s'en va... Felipe se la prend d'ailleurs sur la tête, et je manque de tomber de mon tabouret, la poutre à bout de bras. Je parviens tout de même à descendre sans tomber. Finalement, seul Felipe se fait mal, mais au doigt, pas à la tête! Doigt qu'il s'est coincé lorsque la poutre est tombée, mais rien de bien méchant heureusement.

Malgré l'incident, nous parvenons finalement a fixé cette fameuse poutre et installons les premiers chevrons. Nous quittons le chantier vers 21h, laissant derrière nous quelque chose qui commence à ressembler à une maison!