Eleições 2010

Bientôt le 3 octobre 2010, jour d'importantes élections les brésiliens, puisqu'ils vont devoir choisir leur nouveau président, mais aussi les governadores des 26 états fédéraux, les senadores et deputados (federais e estaduais). A noter que le système de vote est électronique. C'est qui le pays en voie de développement?!

Depuis quelque temps, il n'est donc pas rare, et même plutôt fréquent au contraire, de rencontrer toutes sorte de propagande politique pour tel ou tel candidat. Outre les traditionnelles affiches et panneaux montrant un maximum de dents, les brésiliens ont également le droit à d'autres formes de publicité: les "autos-son". En gros, ce sont des voitures avec un gros ampli (sur le toit, ou sur une remorque) diffusant une sorte de jingle scandant le nom du candidat et ses nombreuses qualités...

Les principaux candidats en lice pour la présidence sont Dilma Roussef (PT - Parti des Travailleurs) et José Serra (PSDB - Parti Social Démocrate Brésilien). Je vous ai trouvé deux photos sympathiques de ces deux là... En outsider, il y a la candidate Marina Silva pour le Parti Vert. Il y a en tout 9 candidats.



Dilma, c'est l'héritière de Lula. Un Lula qui n'a d'ailleurs jamais été aussi populaire, avec un taux d'approbation de 80% de la part de la population brésilienne. Par ci par là, quelques uns n'aiment pas trop l'ancien syndicaliste, n'appréciant pas trop la politique plutôt sociale du président. Mais Dilma profite largement du rayonnement de son mentor. D'après ce que j'ai compris, au début, elle a un petit peu été une candidate par défaut, peu connue des brésiliens il y a un peu plus d'un an. Mais Lula ne pouvant pas se représenter (il a déjà fait 2 mandats). Mais elle apparaît maintenant compétente aux yeux de plus de brésiliens et incarne la continuité de la politique actuelle.

Si quelques mois plus tôt, les 2 candidats principaux étaient au coude à coude dans les sondages, aujourd'hui, Dilma possède une réelle avance et serait en passe d'être élue dès le premier tour. Beau parcours pour une ancienne chef de la Maison Civile (équivalent du Premier Ministre) qui a combattu la dictature militaire avec les armes, été arrêtée en 70 et torturée, puis finalement libérée 3 ans plus tard.

De son côté, José Serra est l'actuel gouverneur de l'état de SP. En 1960, il entre à l'Ecole Polytechnique de l'Université de SP... en ingénierie civile!!! Peut-être je pourrais me présenter à la présidence un jour...

Que la lumière soit

Aujourd'hui, quelques mots sur le bairro da Luz, un des quartiers les plus importants du centre de SP. Là, on y trouve un parc (o Jardim da Luz) mais pas seulement.

A proximité, se trouve une gare, a estação Julio Prestes, abritant également le Memorial da Liberdade, qui consiste en une petite exposition dans les cellules où la dictature militaire emprisonnait et... torturait les opposants il y a quelques décennies.

La photo ci-contre représente a Estação da Luz. Cette gare, datant de la fin du 19ème siècle, fût un élément très important pour l'économie de la région, étant une des principales portes d'entrée à SP. C'est par là que transitait tout le café envoyé vers le port de Santos et destiné à l'exportation.

La moitié de cette gare a été cédée au Museu da Língua Portuguesa. Après une première salle et une vidéo plutôt ennuyante, la deuxième partie du musée souligne les spécifités du portugais du Brésil, les accents des différentes régions, revient sur les origines de cette langue métissée de portugais, de tupi-guarani et d'autres influences diverses. Très intéressant. En passant, je vous retranscris un petit dialogue présenté dans cette salle, datant des premiers contacts entre européens et habitants du Nouveau-Monde. C'est un chef de tribu indien qui parle à un français (oui, des français aussi traînaient dans la région à l'époque de la colonisation!), négociant en bois. En effet, le Brésil doit son nom au bois de Pernambouc, un bois d'une grande dureté surnommé pau-brasil, qui fût très exporté vers l'Europe (une des premières activités économiques du pays), puisque l'on en retirait une teinture rouge comme la braise. Le dialogue donne à peu près ceci:

-Il n'y a pas de bois en Europe? demande le chef tupi voyant la quantité de bois que les européens embarquent.
-Si beaucoup, mais nous n'avons pas le même, répond le français.
-Et vous en avez autant besoin?
-Oui, tout ce que je peux emmener va être acheté là-bas, en Europe.
Le chef indien demande alors:
-L'homme qui est riche, il meurt?
-Oui, bien sûr.
-Alors pourquoi vouloir accumuler toujours plus de richesses? Pour qui?
-Pour soi, et puis pour ses enfants ensuite.
-Aah, mais vous êtes fous. Moi, la terre me nourrit et elle pourra nourrir mes enfants aussi. Alors je peux me reposer parfois.

Aujourd'hui, le pau-brasil est en voie d'extinction à cause d'une déforestation agricole trop intense...
Aujourd'hui, les indiens ont un territoire toujours plus étroit, pas sûr que leurs enfants pourront se nourrir une fois que leurs terres seront noyées sous les projets de barrages hidroélectriques...

Hum, à méditer!

Guarapari

Lundi soir, la dernière étape: Guarapari, une ville côtière d'environ 100000 habitants et 23 plages, à une heure au Sud de Vitória. En arrivant, nous trouvons quasi instantanément une pousada bon marché (avec la fenêtre donnant directement sur... la rue et son vacarme) et une sorvetaria au kilo (= glaces au kilo). Un délice!

Le lendemain matin, réveil à 6h30, faut pas traîner. Nous partons pour le Parque Estadual Paulo César Vinha, 1500 hectares d'espace protégé en bord de mer. Une piste de quelques kilomètres à travers la restinga (un terrain sableux, couvert de plantes) nous emmène jusqu'au bord de mer: des kilomètres d'une plage déserte.


Un kilomètre de plus en longeant la côte vers le Sud, nous voilà au Lagoa de Caraís, ou "Lagoa Coca-Cola" comme l'indique un panneau touristique. En effet, l'eau du lac a la couleur de la fameuse boisson, un rouge foncé dont l'origine m'est inconnue (photo garantie sans trucage!). Le sable semble briller sous mes pieds. A proximité, se trouve un mirador d'où l'on peut admirer la région: d'un côté, l'Océan Atlantique, de l'autre, le lac, la restinga et les sommets de la Serra Capixaba en toile de fond.


Retour au bord de l'autoroute pour attendre le bus (!) et retour au centre de Guarapari pour profiter des quelques plages avant de repartir. Une rapide baignade, une dernière glace (au kilo toujours!) et nous repartons pour Vitória afin de prendre le car pour SP. Fini le soleil, en arrivant à SP, le frais est revenu et pire encore... il pleut!

Domingos Martins

Le premier soucis est de descendre du bus au bon moment. En effet, la ville de Domingos Martins n'est pas le terminus, et ni moi ni Yann ne connaissons le lieu. Sans compter sur le fait qu'il n'est pas impossible de piquer un petit roupillon pendant le trajet et par conséquent, de rater l'arrêt. J'ai beau prendre mes précautions et demander aux employés du car de nous avertir lorsque nous y arrivons... ils ne disent rien ces c... là.

Mais en redemandant sur la route, nous descendons au bon endroit, enfin presque puisque nous descendons à l'entrée de la ville et non au centre comme on aurait pu, soit un petit quart d'heure de marche en bonus.

Le deuxième soucis est de trouver un endroit pour dormir. Nous trouvons un premier hôtel... complet. Un autre hors de prix (R$70 chacun). Finalement nous dégotons un dormitório (= dortoir) pour R$20 chaucun. L'endroit est situé derrière une station service, sans aucune indication pour le trouver. Nous sonnons, une fenêtre s'ouvre et un petit vieux vient nous ouvrir. Nous avons une piaule pour la nuit.

La dernière chose à régler est de trouver à manger, puisqu'il est déjà 21h. Nous déposons nos sacs et partons à la recherche de notre dîner. C'est chose faite lorsque nous découvrons André, alias Tezeu, et ses cachorros quentes (= hot-dogs) qu'il confectionne à l'arrière d'un van, le tout accompagné d'une fine pluie (la première fois que je revois la pluie depuis mon retour de France). On discute un petit peu avec lui et quelques uns de ses clients/amis. La moitié de la ville semble venir manger ses sandwichs et il connaît quasiment tout le monde. Quand je lui en fais la remarque, il me dit que c'est une petite ville... 26000 habitants tout de même. Avant de le laisser, il nous sort les seuls mots qu'il connaît en français, c'est-à-dire "merci beaucoup" et "abat-jour" et on lui en apprend quelques autres.

Le lendemain, nous nous dirigeons vers la Pedra Azul (= Pierre Bleue), une attractivité touristique de la région, mais Domingos Martins a bien méritée une petite balade avant. La région fût colonisée vers le 19ème siècle, principalement par des immigrés allemands et poméraniens. Et cela se voit! Le style des constructions a été influencé, sans aucun doute. On retrouve des airs d'Europe et de Forêt Noire dans ces montagnes de l'arrière-pays de l'Espirito Santo, à plus de 600m d'altitude. C'est assez amusant de se retrouver transporté ainsi et cela reste surprenant de croiser des "allemands" qui parlent aussi bien portugais!

Après un nouveau bus, nous voilà près de la fameuse Pedra. 3,5km de marche plus tard, nous sommes, d'après les autochtones, au point offrant la meilleure vue sur la pierre... qui n'a de "Bleue" que le nom. Etre venus jusque là pour voir un gros rocher, avec le brouillard en prime, on se sent un peu bernés. Heureusement que le plaisir de la marche à pied et l'air vivifiant de la montagne sont là! On est tout de même à environ 1300m au-dessus du niveau de la mer et la Pedra culmine à 1822m.

Vitória

La ville de Vitória, avec 320000 habitants, est la capitale de l'état de l'Espirito Santo. Sans grande attraction touristique, celui-ci n'attire pas réellement les touristes étrangers mais plutôt ceux de l'état du Minas Gerais voisin, cherchant notamment un peu de sable et du soleil.

Après un petit déjeuner frugal et quelques phrase échangées avec un vieux papy à table, nous partons à la découverte de la ville et de Vila Velha (la Vieille Ville), sur le continent. Dans la partie haute de Vitória, se trouvent entre autres une Catedral, le Palais Anchieta, un palais colonial aux murs jaunes présentant une expo sur Einstein puis nous nous dirigeons vers la plage.

Vitória, fondée par les portugais en 1551 pour contrer les attaques indigènes, françaises et hollandaise sur la capitainerie de l'Espirito Santo, ne conserve que très peu de vestiges de l'époque coloniale. Initialement située sur une île qu'elle recouvre entièrement, elle s'étend sur le continent tout proche et c'est aujourd'hui une cité prospère, tournée vers les activités portuaires et l'industrie comme le prouvent les équipements visibles sur la photo ci-dessous. A noter la présence de quelques pêcheurs sur l'avenue où je me trouve... je ne sais pas qui va manger les poissons tous frais sortis des eaux avoisinant un des complexes portuaires les plus important du pays.

La ville m'apparaît comme un mélange entre SP et Bahia, ici, un building digne du quartier d'affaires de Faria Lima, un peu plus loin, les maisons colorées grimpant les collines d'Ilheus. Sans compter quelques quartiers plus huppés et les grues et portiques "araignées" chargeant les bateaux de leur cargaisons. En tout cas, le site naturel qu'ont trouvé les portugais du temps de la colonisation devait être tout simplement magnifique.

Et ensuite nous pénétrons quelque peu dans les terres: 1 heure de route direction Domingos Martins à la nuit tombée.

Feriadão

Vendredi soir, l'aube d'un grand week-end se profile: le feriadão (= le "gros jours fériés") du jour de l'indépendance du Brésil, du 7 septembre 1822. Ce jour tombant le mardi, une partie du pays fait le pont et il n'y a pas cours de la semaine (dans l'état de SP).

Alors je peux partir en vacances! Oui, mais où? La plage à Florianopolis dans le Sud... nan, trop froid en ce moment. La plage à Ubatuba dans l'état de SP... nan, de la pluie est annoncée. La capitale Brasilia... nan plus. Les rivières et cascades de Bonito... nan, un peu loin. Vitória et l'état de l'Espirito Santo, au Nord de Rio... hum pourquoi pas, alors c'est parti!

Je pars donc pour la gare routière de Tiété avec Yann, prendre une des toutes dernières places du jour en direction de Vitória (14h, R$120=50€). Une fois dans le car, il faut évidemment que mon voisin soit un gros balèze piétinant mon espace, m'empêchant de m'endormir sereinement. Mes quelques coups de coude n'y changeront rien. Heureusement, au bout de quelques heures, je m'aperçois qu'il reste de la place tout au fond du car. Je suis beaucoup mieux, malgré la présence des toilettes et de l'odeur s'en échappant dès qu'un passager ouvre la porte (l'odeur se fortifiant tout au long du voyage!).

Toute la nuit, je dors, me réveille, me rendors, rêve d'être au volant d'une voiture, dévalant une route sinueuse et cabossée... ce qui est en fait plus moins vrai! En effet, je me réveille alors que le car enchaîne à toute allure les courbes d'une route à l'asphalte déglingué. Régulièrement, le car marque un arrêt dans d'immenses "stations service" où tout est prévu pour se restaurer (avec les prix élevés qui vont avec!).

Puis, un peu avant 6h du matin, lors du lever du soleil, je reconnais au loin Rio de Janeiro et ses morros. Nous traversons la baia de Guanabara par le pont de Niterói et laissons quelques pétroliers et palteformes pétrolières faire mouillage au large de la ville carioca se réveillant de l'autre côté de la baie.


Le jour est maintenant bien installé et je peux pratiquer mon activité préférée des voyages en bus: regarder par la fenêtre. Je vois des plantations de canne à sucre, de timides champs de maïs, d'autres champs qui ont l'aire en friche, des caféiers, des bananeraies. Entre Rio et Vitória, il y a également de nombreuses fazendas (=fermes), pas vraiment la petite métairie de Papa et Maman (!) mais plutôt style ranch américain avec leurs barrières entourant la propriété comprenant la longue route d'accès et le porche à l'entrée.


Trois états parcourus (São Paulo, Rio de Janeiro et Espirito Santo) et près d'un milliers de kilomètres plus tard, nous arrivons à Vitória, avec du retard sur l'horaire prévu, bouchons de gros weekend obligent. Avec Yann, nous nous dirigeons vers la plage en bus afin de trouver un logement sympa pour la nuit... en vain, malgré mes demandes de renseignements aux autochtones. Nous revenons vers le centre et trouvons un hôtel pour 30R$ la nuit chacun, avec douche "hi-tec" (!) et miroir... ô mon beau miroir. Je vous laisse juger!