Jour 124 - Semuc Champey

Nous partons à pied sur le chemin bordant la casa Zapote. A 3 kilomètres, se trouve le site de Semuc Champey: "où la rivière se cache dans la montagne". Des pick-up bourrés de jeunes touristes nous dépassent et se moquent d'ailleurs gentiment de nous qui sommes à pied. Mais il fait beau, le chemin est tranquille alors je crois que l'on est aussi bien comme ça!

Nous arrivons à l'entrée du site protégé, déclaré Monument Naturel du Guatemala. Un garde surveille l'entrée... je me demande pourquoi le fusil à pompe est indispensable, m'enfin. 50 quetzals l'entrée, et nous pouvons attaquer la balade. Une trentaine de minutes sur les pentes escarpées pour atteindre un mirador.
Le site est bien aménagé, avec des marches et des rampes quand il faut, sinon l'escapade serait plus difficile sur les pierres glissantes! Une fois en haut, Semuc Champey s'offre à nos yeux: en contrebas, au creux de la vallée, la rivière Cahabón s'engouffre dans la terrre, sur environ 300 mètres. Au-dessus, des ponts naturels forment des puits où l'on peut se baigner. La coloration à tendance verte/turquoise du lieu varie au cours de l'année.

Nous descendons ensuite pour s'approcher de l'endroit où la rivière disparaît. Impossible de s'y approcher trop près, tomber dedans signifierait se faire balloter contre la roche pendant 300 mètres avant de revoir la lumière... pas envie d'essayer! Qui plus est, le courant est fort.

Nous allons toutefois nous baigner dans les puits. L'eau n'est pas très chaude, mais l'endroit est magnifique. Des petits poissons viennent taquiner nos chevilles.

Nous repartons ensuite, prenons notre repas entre un paquet de chips et quelques bananes que l'on achète à une fillette qui traîne au bord du chemin: 1 quetzal les 3 bananes, autant dire rien du tout! Mais la petite est heureuse de montrer la bassine vide à sa maman: on lui a acheté toute sa marchandise!

Nous rejoignons ensuite la grotte de Kamba non loin. Pour 60 quetzals, Carlos sera notre guide qui hésite entre nous promener et continuer sa sieste. Finalement, il nous donne une bougie chacun et nous entrons dans la grotte envahie d'eau. Il nous promet 2 heures dans les entrailles de la madre tierra...

L'eau n'est pas si froide qu'attendu. Carlos ouvre la voie avec sa lampe frontale. Moi, une goutte tombe directement sur ma bougie qui s'éteint. Yann est encore plus efficace et la laisse traîner dans l'eau. Cela commence bien!

On rallume les bougies. Il faut suivre Carlos, en nageant, tout en tenant la bougie hors de l'eau d'une main! Pas évident, surtout qu'on ne voit pas toujours où sont les pierres! On grimpe des échelles en corde, on se faufile entre les stalactites et on rallume la bougie de Yann qu'il plonge sans arrêt dans l'eau.

Carlos nous annonce que l'on va bientôt "saltar" (= sauter). Euh, cela veut dire quoi ça? Nous sommes (déjà) au bout de la grotte, Carlos grimpe sur un des côtés, il est à 2 ou 3 mètres au-dessus de l'eau et hop, il saute vers le milieu de la cavité dans le noir... Opa, moi je ne suis pas vraiment chaud pour faire pareil, on ne voit pas où l'on saute (les bougies et la frontale n'éclairent pas grand-chose). Avec Yann, on se regarde et il y va. Plouf. Bon, je suis obligé d'y aller aussi! Je grimpe à mon tour, et hop, saut dans le vide/noir. Sensation marrante, cela vaut le coup!

On retourne vers la sortie. 45 minutes en tout dans la grotte, avec la vue d'une chauve-souris. Ensuite, nous avons le droit de faire du "tubbing" sur la rivière: descendre le courant calé dans une grosse bouée. On tente vaguement de faire la course, mais c'est assez lent, le courant n'étant pas très fort. Il faut ensuite ramené les bouées... le retour pieds-nus sur le chemin caillouteux n'est pas très agréable et je suis content de retrouver mes tongs.

Nous repartons à pied pour l'auberge. Sur le chemin, une moto nous dépasse: le père, la mère, leur fillette et leur bébé, toute la famille est dessus! Ils peinent un peu à grimper la côte entre les cailloux... le père perd l'équilibre et tout ce petit monde tombe à terre. Le père se tient le genoux, la mère l'arrière du crâne, la fillette a eu le temps de sauter et le bébé n'a rien senti bien emmailloté dans les bras de sa maman. A peine le temps de s'approcher pour voir si tout va bien qu'ils se mettent tous à rire, le père remonte sur la bécane et le reste à pied le temps de passer cette côte!

Jour 123 - Vers Lanquin

Grasse matinée, de temps en temps cela fait du bien! Nous flânons encore un peu dans Antigua et partons vers 14h. Nous avons pris un minibus qui nous emmène directement jusqu'à Lanquin, avec la réservation dans une auberge sur place. Nous apercevons de nouveau Guatemala City, en tout cas la banlieue où semblent régner les bidonvilles. Le chauffeur conduit comme un dingue sur une belle autoroute.

Nous atteignons la ville de Coban. Ensuite, le rythme de conduite s'adoucit quelques peu. Il faut dire que l'autoroute est devenue chemin, le macadam est devenu cailloux. Le gars nous annonce qu'il y a encore 2 heures de route... pour 50 kilomètres.

Nous y arrivons tant bien que mal. Là, Jil nous attend dans un break pourri. Le couple d'israéliens qui était avec nous dans le minibus nous suit. Nous partons sur un chemin encore plus difficile... 10 minutes plus tard, Jil se rappelle qu'il devait faire le plein! Demi-tour pour remettre 3 litres.

23h, nous sommes enfin à la casa Zapote, perdue dans la jungle. Les gens sont sympathiques. Une espagnole travaille là, elle attend un enfant... le papa est je ne sais où... elle compte continuer son voyage lorsque le petit sera né. Bon courage!

Jour 122 - Antigua et volcan Pacaya

Petit déj, petit tour dans la ville qui présente beaucoup de beaux bâtiments de l'époque coloniale, traces du passé de capitale de l'ancien royaume du Guatemala. Puis nous écumons les agences pour trouver une excursion pour le volcan pas trop chère: 70 quetzal (= 7€), la monnaie locale. Je cherche ensuite lun cyber-café, j'imprime mon dossier de demande de remboursement suite au piratage de ma carte. Après quelques mails avec le conseiller de la banque, je dois envoyer un peu de paperasse ainsi que la carte bancaire qui m'est dorénavant inutilisable. Heureusement, je peux compter sur Yann et sa carte qui marche toujours!

Je cherche ensuite la poste: 20 jours pour que le courrier arrive! Ouch. Il y a un bureau DHL, je le cherche, mais il est fermé, nous sommes samedi, tant pis je retourne à la poste... mais elle vient de fermer, il est 13h10. Pfff.

14h, nous partons pour le volcan, qui est encore actif! 2h de minibus, et le flot de touristes que nous sommes entame la montée à pied. 1h30 de marche pour atteindre le (presque) sommet. En haute, c'est un paysage lunaire, brûlé sur la zone hostile que peut être le sommet d'un volcan!

De la fumée sort de quelques endroits. C'est de l'air chaux, venant des entrailles de la terre. On retrouve un peu l'odeur d’œufs pourris des geysers boliviens ou du volcan nicaraguayen. Le guide, qui ne servait pas à grand chose jusque là, n'ayant que peu de choses à raconter, veut nous montrer un truc rigolo. Il raconte que le volcan est comme un four et que l'on peut donc y cuire se que l'on veut. Il sort donc un paquet de chamalows! Il en pique sur un bâton et les fait cuire dans une fissure. Il est content! Du coup, tout le monde se met à cuire ses chamalows.

La vue à 2500m surplombant l'horizon est magnifique, celle sur le volcan aussi, avec le soleil en contrejour. Par contre, il y a beaucoup de vent et il ne fait pas très chaud. Heureusement, le guide a encore une surprise pour nous: un mini sauna! En fait un trou dans le sol, où un homme peut presque entièrement entrer. On y passe chacun notre tour sentir la chaleur de la terre, et ressortir tout moite! Attention à ne pas rester trop longtemps dedans, il y aussi un peu de souffre qui se dégage.

La nuit ne tarde pas à se pointer. Nous entamons la descente, un plus rapide que dans l'autre sens, mais il fait nuit avant d'arriver au but. Le chemin est un peu casse gueule quand on ne voit pas où l'on met les pieds! Mais la vue en valait le coup.

Jour 121 - Guatemala

 Nous sommes le 28 octobre, depuis le terminal occidente, nous prenons le chemin du Guatemala après notre passage éclair par le Honduras et le Salvador. Dans un des bus, je me retrouve à côté d'un autochtone complètement ivre... deux heures de trajet, cela paraît plus long des fois! Le gars veut fumer, je lui dis qu'il ne peut pas... il n'est pas vraiment content, en plus il sent mauvais... évidemment, il n'y aucune autre place de libre dans le bus.

On arrive à la frontière, ouf. On tamponne les passeports, on reprend un bus pour Guatemala City, serrés comme des sardines. Nous ne souhaitons pas y rester et partir directement pour la ville de Antigua. Guatemala City n'a rien d'attrayant, à part d'être une grande ville, avec de la pollution et du béton. Nous pensions arriver à un terminal de bus, et bien non. Le bus nous dépose dans un coin de banlieue... obligés de prendre un taxi pour récupérer le bus suivant, où nous sommes de nouveau entassés.

Nous atteignons finalement Antigua, il fait déjà nuit. Le bus nous dépose encore n'importe où, heureusement la ville n'est pas très grande. Nous demandons notre route à un flic sur une petite place, qu'il nous dise on nous nous situons par rapport au plan que nous avons. Le gars est complètement pommé, on se demande s'il a déjà vu le plan de la ville dans sa vie! Nous nous y retrouvons finalement, il a quand même été capable de me donner le nom de l'église située sur la place. Nous trouvons une auberge, cela parle anglais à tout va. La ville est pleine de touristes anglophones...

Jour 120 - (San) Salvador


 Nous pensions repartir directement pour le Guatemala, mais nous décidons finalement de passer la journée à San Salvador. Nous allons en centre-ville, 20 centimes le bus! Après un petit-déjeuner, direction le Puerto del Diablo, le sommet local, d'où l'on peut voir jusqu'à la mer (par très beau temps) située à quelques dizaines de kilomètre de là.

Ensuite, nous allons au Parque Boqueron, où se trouve le cratère d'un ancien volcan. Un peu galère pour y accéder, mais cela vaut le coup. Et nous redescendons avec le bus local: à l'arrière de la plateforme d'un pick-up!



Le soir, nous optons pour une séance cinéma. Au centre commercial du coin, nous avons le choix entre une dizaine de blockbusters américains et... La hora cero, un film vénézuélien. Nous optons pour les hispanophones! Un très bon film qui plus est, l'histoire d'un bandit des bidonvilles qui prend en otage une clinique privée pour sa femme prête à accoucher, alors que les hôpitaux publics sont en grève.

Jour 119 - Nicaragua > Honduras > Salvador

Réveil à 5h30. Nous quittons Leon et laissons Maïlys continuer son voyage, elle va remettre le cap vers le Sud pour les derniers mois de son voyage. Nous, nous partons vers le Nord avec un bus pour Chinandega où nous attrapons un microbus pour le bled de Guasaule, à la frontière avec le Honduras. Là, les tramiteros se jettent sur nous comme d'habitude. Ils montent sur le toit du microbus, attrapent nos sacs... hopopop, du calme!

Les gars ont des pousse-pousse et veulent nous promener avec. Il n'y a même pas un kilomètre, mais on cède à la pression contre quelques dollars. On fait tamponner nos passeports. Aucune question pour le van.

Nous sommes au Honduras pour quelques heures seulement. Nous passons à l'extrême Sud du pays, coincé entre les deux pays voisins. Les choses les plus intéressantes à voir se situent plutôt sur la côte Nord et nous n'avons plus assez de temps devant nous pour faire ce détour tranquillement. Nous patientons donc le temps que le minibus partant pour le Salvador se remplisse et daigne partir. Une petite fille vient nous vendre de la nourriture, des sortes de nems gras et peu appétissants. Elle en profite pour nous réclamer des sous supplémentaires, petite maline.

Et puis nous voilà parti pour 3 heures sur les routes honduriennes. Elles seront entrecoupées d'un contrôle de la police militaires. Contrairement à la Colombie où le contrôle portait plus sur les colombiens, j'ai plutôt l'impression que c'est Yann et moi qu'ils regardent de travers, en vérifiant bien nos passeports. Mais nous repartons tranquillement et arrivons aux portes du Salvador.

Avec les démarches usuelles nous passons la frontière: le troisième pays de la journée! Nous attrapons deux bus successifs qui nous amène à Salvador (la ville!). Il est 19h, nous prenons un des taxis qui sont aussi excités que les tramiteros aux frontières. Nous trouvons une auberge pour 7,08 dollars la nuit exactement, mais les lits sont vraiment nuls. Il nous faut encore manger, nous partons à pied et on se rend compte que les Etats-Unis n'ont jamais été aussi proches: les fast-food ont fleuri dans le coin. Nous découvrons d'ailleurs les fontaines à boisson en libre-service... le droit de boire des litres de soda avec son burger!

Jour 118 - Que diable sommes nous venus faire dans cette galère (qui n'en finira jamais?!)


Nous sommes au van à 7h du matin pour attendre Luis. Je crains une nouvelle journée perdue à attendre... mais à 8h15, un papy boiteux s'approche du van et le regarde de près. Un autre passant curieux? Un acheteur potentiel? En fait, il me marmonne qu'il s'appelle Hugo et que c'est Luis Quintana qui l'a envoyé. Il clopine sur sa béquille, me dit que ce n'est pas lui qui décide et qu'il va retourner voir Quintana.

Sauf que s'il repart, nous ne sommes pas sûrs qu'il revienne... alors je lui dis de m'emmener avec lui. Cela ne le gêne pas, mais je devrais me débrouiller pour rentrer... ok, j'aviserai! Je l'accompagne donc jusqu'à la casse. Yann reste avec les voisins en ville.

A la casse, je découvre le fameux Luis. Il trône au milieu des pièces détachées de la casse, grassement installé derrière un petit bureau. Je ne le verrai pas se lever de sa chaise, plusieurs employés sont également là et bricolent sur des carcasses de ce qui fût des automobiles.

Je commence par lui demander pourquoi il n'est pas venu la veille. Il me dit qu'il n'avait rien compris... pas la peine de dire qu'il viendrait dans l'après-midi alors! Je sens déjà que je ne vais l'aimer ce bonhomme. Ensuite, il me dit que les plaques du van sont mexicaines, que c'est un 6 cylindres... oui je sais tout ça! Je rétorque que s'il le reprend, il ne le refera peut-être pas rouler, mais il y a une panoplie de pièce à récupérer, à commencer par les pneus, et que cela représente déjà un beau pactole. Il serait bête de ne pas en profiter... qu'à 1000 dollars il ferait une superbe affaire.

Je reste là un moment à discuter. Luis regarde le vieux Hugo. Ils se renvoient la balle: "c'est toi qui vois". Puis Luis me dit qu'il ne pourrait pas revendre le moteur, à cause du numéro et des plaques toujours mexicaines... il me parle d'un autre desarme qui lui accepterait. Cela veut dire quoi, si l'autre le ferait, pourquoi pas lui?! On s'enlise, le prix est tombé à 500 dollars, je sens que je suis à deux doigts de valider la transaction... surtout lorsqu'ils se demandent s'ils ont l'argent disponible en liquide...

Arrive un client en scooter. Sergio, un gars qui font du business en achetant des voitures, il vient chercher une pièce. Il se demande ce que je fais là, les autres lui conte l'histoire. Il est sympathique et cherche une solution. Il vérifie d'abord s'il n'y a pas moyen de faire entrer une voiture mexicaine. Après vérification au téléphone avec je-ne-sais-pas-qui, les véhicules datant d'avant 2001 ne peuvent pas. Sinon, il connaît le padre (= prêtre) du coin. Celui-ci a besoin d'un nouveau véhicule. Je pourrais faire le don du van au padre, ce qui éviterait les taxes d'importation, et lui me payerait 500 dollars au black. Je reprends espoir. Petit hic, il n'a pas bien saisi le fait que le van est en panne, mais c'est ma dernière chance, vu que les deux autres n'arrivent pas à se décider.

Il va repartir, je lui demande s'il peut me ramener en ville avec son scooter. Pas de soucis. Au moment d'y aller, le vieux Hugo me lance: "si le deal avec le padre ne marche pas, demain on te prend ton van pour 300 dollars"... Cela a le don de m'agacer et lui réponds que je n'ai peut-être plus envie de leur revendre, vu le temps de réflexion qui leur a fallu. Je repars avec Sergio, tout de même satisfait d'avoir une solution de secours bis!

Sergio me ramène en scooter en ville. Lorqu'il me dépose, j'insiste bien qu'il y aune réparation à faire sur le van, je ne voudrais pas que le padre se retrouve avec 3 tonnes de ferrailles qui ne roulent pas! Il va d'abord discuter avec le padre. Ok. Je retrouve Yann chez Connie et Roger. Je leur décris la situation... et leur téléphone sonne. C'est le vieux Hugo: ils sont prêts à venir chercher le van à 14h pour 350 dollars! Comme quoi, ils ne veulent vraiment pas laisser passer l'occaz. Allez, on accepte quand même, il est 10h30, on va jouer aux cartes en attendant!

Ou plutôt, on décharge le van. On en extraie tout ce que l'on peut et on le laisse pour Roger: le cric pneumatique, un bidon d'huile, un marteau, l'extincteur et autres babioles qu'avait laissé Sylvain. On siphonne le réservoir, deux bidons pleins, une trentaine de litres en tout. Pas question d'en laisser pour la casse. Et Roger est bien content!

Notre squat va toucher à sa fin. J'en profite pour demander à Roger de nous faire la visite de son atelier de fabrication de carrelage. Un mélange de ciment et de sable avec un peu de poudre de marbre je crois, de la peinture selon le style choisi, le tout passe dans une presse (électrique) puis sèche pendant au moins 28 jours. Roger a différents moules selon la commande. Il fait aussi des canalisations en ciment.

Il nous confie également qu'il a 62 ans, Connie seulement 30! Il a vécu aux USA pendant des années, il a eu 3 enfants qui habitent à Miami, mais ils sont fâchés contre lui me dit-il d'un air triste... mais je ne saurai pas pourquoi.

A 14h, Hugo et deux employés arrivent en 4x4. Ils attèle le van au 4x4. Hugo sort 350 dollars en billets et me signe un reçu. Le van s'en va... et la place reste vide au long du trottoir. Les soucis prennent fin, le voyage peut reprendre! Cela reste une sacrée expérience.

On fait une photo avec toute la famille pour le souvenir! Puis on leur dit au revoir. Ils nous auront été extrêmement sympathiques et nous auront vraiment bien aidés. Nous retournons à l'auberge puis passons rapidement au cyber-café, le cœur léger. Je me dis que je vais vérifier mon compte en banque, cela fait un moment que je ne l'ai pas fait... je ne comprends pas pourquoi le solde est plus faible que ce que je pensais. Au bout de quelques minutes, je dois me rendre à l'évidence: je me suis fais voler!! 3 retraits ont eu lieu à mon insu, pour un montant de 920€!!! Je comprends que ma carte a été piratée après un retrait effectué au Costa Rica 10 jours plus tôt. Je fais opposition dessus depuis Internet... C'est ce que l'on doit appeler la loi des séries.

Jour 117 - Comme les journées sont longues...

Debout à 8h, on est prêts à appeler Luis Quintana. A la deuxième tentative, cela répond, C'est Yann au téléphone et lui explique qu'on a un van à vendre, le gars répond qu'il sera là "à deux heures de l'après-midi". Il faut tuer le temps en attendant, on traîne dans la ville et passe au cyber-café.

14h, nous sommes impatients à côté du van. Une vendeuse de boisson passe à proximité et me demande si je suis le proprio. Oui, pourquoi?! Elle m'explique que la police est passée, a vu qu'il manque l'autoradio et est à deux doigts de le mettre à la fourrière. Ce serait dommage mais au moins on en serait débarrasser! On se dit déjà que si la casse n'en veut pas, on pourra y mettre le feu, au moins on s'amuserait! Un peu plus tard, le gardien de la banque à côté me dit la même chose, la police est sur le coup.

Nous, on attend toujours Luis en plein cagnard. Heureusement que Connie et Roger sont toujours aussi gentils et nous laissent entrer chez eux. Ils nous offre même un sandwich. On essaie de rappeler la décharge, pas de réponse. C'est seulement vers 16h que nous avons une réponse: il dit à Connie qu'il n'avait rien compris, mais qu'il est intéressé et viendra à 17h30. C'est plus sage de laisser Connie parler afin d'éviter les malentendus...

En attendant, on joue aux cartes avec Connie et Franzel, la fille de nos protecteurs. Mais le sacré Luis n'arrive toujours pas. Connie le rappelle: il est occupé, il passera demain! Arf, enc...!

Jour 116 - Freddie, Luis, Alan, Roberto, El Tico... los dueños de Leon

Un peu triste de ne pas être champions du monde au rugby, surtout de ne pas pouvoir chambrer les quelques néo-zélandais qui sont dans les parages, mais d'autres soucis nous attendent: on a toujours un van sur le carreau. Lorsque nous y retournons, Roger nous dit qu'on devrait le bouger, la police est passée, et commence à se demander ce que fait ce van mexicain "abandonné". Il nous parle d'un gars qui pourrait venir le tracter avec son cheval... le plan galère.

Je lui dis que je veux d'abord trouver Freddie, au cas où celui-ci serait preneur, que je vais trouver un bus... Roger se décide à nous y amener en voiture de nouveau, cela nous arrange bien! Nous embarquons et trouvons Freddie chez lui. Il est passé voir le van la veille, mais ne veut pas l'acheter à cause des plaques mexicaines. Qui plus est, c'est un moteur 6 cylindres. Les nicaraguayens sont plus 4 cylindres, cela consomme moins, et l'essence est assez chère, surtout vis-à-vis du niveau de vie au Nicaragua. Mais Freddie nous parle de Lui Quintana, un "desarme", c'est-à-dire une casse, donc avec un mauvais prix. Je lui demande combien cela représente un mauvais prix pour lui: pas plus de 1000 dollars! Ce serait un super prix pour nous!

Nous repartons en voiture avec Roger et Connie à la recherche de ce Luis Quintana, Freddie leur a expliqué la direction à prendre. Nous arrivons à un entrepôt. C'est calme, au bout de quelques minutes un gars répond à nos appels. Il vient au portail. Il nous dit que son patron n'est pas là. Nous cherchons Luis Quintana: il ne connaît pas, son patron c'est Alan. Il n'est pas d'une grande aide et a l'air bien surpris de voir des gens débarquer. Il y a un village à côté, un gars est à bricoler devant sa maison, je m'en vais lui demander s'il connaît Luis Quintana.

Le gars me répond sèchement: non. Il se méfie de l'étranger... de moi quoi! Roger arrive, il commence à lui parler et lui explique la situation. Ils ont l'air de plus ou moins se connaître, le villageois est tout de suite beaucoup plus sympathique! Il s'appelle Roberto Carlos (!), il connaîtrait peut-être un acheteur mais il nous conseille de réparer et d'aller plus au Nord, au moins au Salvador, où les 6 cylindres ont plus de succès. Les nicaraguayens n'aiment pas, l'essence est chère... oui, on commence à comprendre! Il nous conseille d'aller voir El Tico, un garagiste du coin et file son numéro à Roger.

Nous repartons et passons à moitié par hasard devant le fameux desarme! Quel plaisir! Dimanche, tout est fermé mais un numéro de téléphone est peint sur le mur d'enceinte. Nous pourrons appeler le lendemain.

Nous nous retrouvons chez El Tico. En fait, il vend des pièces d'occasion. Il a des bomba de gasolina pour 20 dollars, mais pas le bon modèle. La bonne pièce serait dans la 90 dollars à Managua selon aussi. Ce sera notre solution de secours si la piste de la décharge ne donne rien. C'est bon pour aujourd'hui, encore une demi journée à errer dans la banlieue de Leon...

Nous revenons à l'auberge: il est 15h, nous avons à peine le temps de manger si nous voulons aller voir des combats de coqs! Cela nous changera les idées! Tous les dimanches, des combats (légaux) sont organisés.

Les pauvres bêtes se déchiquètent à coup de bec avec une foule de bonshommes autour buvant des bières... Chacun peut parier sur son champion. Les coqs ont toujours une crête et un ongle tranchant. Pour les coqs de combat, la crête est rasée et un petit gant est posé sur l'ongle car il suffirait d'un bon coup de patte pour trancher la carotide de l'adversaire: pas assez de spectacle. A la place, un petit ongle est tout de même fixé sur le gant, d'une longueur égale pour les deux animaux, sur laquelle les proprios se sont mis d'accord au préalable. Le combat doit être "fair play", la blague!

Un coq vaut entre 100 et 1000 dollars selon le pedigree. Un combat dure au maximum 15 minutes. Si un des deux coqs s'enfuit, pose sa tête au sol en signe de soumission ou d'épuisement, il a perdu... ou si tout simplement il meurt. Les coqs sont naturellement agressifs entre eux, mais les propriétaires les excitent avant. Les coqs s'observent, puis les plumes volent, se couvrent de sang sous les coups de becs.

Nous assistons à de nombreux combats. Le coq est un animal respecté au Nicaragua, cela n'empêche pas un propriétaire mécontent de la contre-performance de son champion de lui assène un coup de pied l'envoyant à l'autre bout de l'arène.

Un bout de culture locale. De quoi faire trembler d'horreur les plus fervents protecteurs des animaux.

Jour 115 - Bomba de gasolina

Nous retournons voir le van. Il n'a pas bougé. Nous voyons les voisins. Ils sont vraiment sympas et nous prêtent leur téléphone pour que l'on appelle Nestor. Celui-ci nous promet de venir à 17h. Les voisins ne veulent toujours pas acheter le van, mais ils proposent d'appeler un ami garagiste. Il arrive et tente de démarrer le van, verdict: "bomba de gasolina", un problème avec la pompe à essence. Ils ont aussi appelé un acheteur potentiel, un papy du coin assez aisé. Il aime bien le van mais la panne et surtout les plaques mexicaines le rebutent. Nos nouveaux amis sont presque aussi déçus que Yann et moi, étant bien décidés à se débarrasser de ce sacré van. Le voisin, qui se dénomme Roger, n'a pas oublié mon message: 10% pour lui. Roger nous propose d'aller voir Mario, un loueur de voitures qui en rachète aussi de temps en temps. Avec sa femme Connie, il sort sa berline du garage et nous emmène le voir.

Mario ne veut pas du van, il a acheté un fourgon récemment et n'a pas envie d'investir d'avantage pour le moment. Par contre, il nous conseille d'aller voir Freddy Piñeda, un gars qui fait son petit business en rachetant des voitures d'occasion de temps en temps. Nous repartons en voiture dans la banlieue de Leon, sur des rues en terre défoncées. Nos guides se perdent un peu et demandent leur route... on en rigole avec eux: si déjà eux se perdent, comment ferions nous tous seuls?!

Nous trouvons finalement la maison de Freddy. Seuls sa femme, dont la tête au teint gris a pauvre allure, et son fils Bryan sont là. Roger leur explique la situation, ils passeront le message à Freddy. Celui-ci a déjà acheté des voitures étrangères et traficote à l'occasion avec le patron de l'auberge (un européen) où nous logeons. Il passera nous voir à l'auberge dans la soirée.

Nous revenons au van afin d'attendre Nestor. 17h passent et nous ne le voyons pas arriver. Après quelques coups de téléphone (merci Connie), il nous dit qu'il se met en route... il arrive à 19h. Une fois là, il n'est pas content, me dit qu'il est venu plus tôt, qu'il n'a pas vu le van... et moi de m'énerver aussi: qu'il ne pouvait pas rater le van, devant le supermarché comme on lui a expliqué au téléphone. Il n'avait qu'à rappeler s'il était perdu, on lui a donné le numéro des voisins!

Il se met ensuite au boulot et commence à démonter le réservoir sous le van. Il fait nuit, Roger a sorti une lampe. Boum, le réservoir se décroche et tombe au sol. Nestor en retire la pompe, la bomba de gasolina... d'après lui, c'est elle qui pose problème...

La pièce doit coûter dans les 90 dollars minimum, plus la main-d’œuvre. Avec Yann, on est pas vraiment chaud pour refaire une réparation... on préfèrerait revendre le van. Il est tard... on verra le lendemain s'il on répare ou pas. Il y a Nouvelle-Zélande/France en finale de la coupe du monde de rugby... et les kiwis raflent la mise!

Jour 114 - Cerro Negro... ou pas

21 octobre. On décide de profiter du van pour se rendre par nos propres moyens au Cerro Negro. C'est le volcan le plus jeune et le plus actif du Nicaragua, plus d'une vingtaine d'éruption depuis sa naissance en 1850. Il est constitué d'une cendre noire, ce qui lui donne son nom (Cerro Negro = colline noire). Nous proposons à Gustavo et Mischa de les emmener.

Une fois sortis de la ville, aucun panneau pour nous indiquer la route. C'est vrai qu'avoir son van, c'est la liberté, mais c'est aussi une reconnaissance du terrain nécessaire! Nous passons la ville de Telica et toujours aucune indication...

Un petit papy est au bord de la route. Je m'arrête à sa hauteur pour lui demander le chemin. Il radote un truc incompréhensible pendant deux minutes. On ne comprend rien, alors je veux repartir... et bim, le moteur cale. C'est le début de la fin.

Pas de panique, je me dis qu'il suffira de changer le fusible. C'est ce que je fais, je tourne la clé de contact mais le moteur tousse et reste aphone. Hum. J'ouvre le capot à nouveau: le nouveau fusible de 30 ampères a déjà grillé. Ouch. Je tente tout de même avec un autre à 25 ampères après quelques minutes, mais il grille aussi. Je suis moins serein.

Il faut trouver un mécano. Nous sommes le long d'une route, à quelques dizaines de la bourgade la plus proche. Heureusement il y a du passage, dont un bus qui daigne s'arrêter. Avec Maïlys, je monte à bord, le chauffeur est sympa et nous indique qu'il y a peut-être un mécano à San Jacinto un peu plus loin sur le bord de la route. Il nous y dépose gratos mais en fait il n'y a pas l'ombre d'un mécano à l'horizon, c'est à peine s'il y a un village. Pendant ce temps là, Yann, Mischa et Gustavo gardent le van.

Nous reprenons un bus dans l'autre sens, et allons jusqu'à Telica. Après avoir questionné la moitié des habitants de la petite ville, nous patientons devant ce qui doit être la maison du mécanicien du coin. Enfin, c'est un électricien/mécanicien... Les enfants s'amusent à voir les deux gringos tourner en rond!

Au bout de presque une heure, celui-ci arrive en scooter. On lui explique la situation. Il hésite, puis décide d'y aller avec son scooter mais il faudra lui passer un peu d'essence parce qu'il est presque à sec! Ok, et nous partons à trois sur le bolide, moi, Maïlys et Nestor notre mécano.

Une fois près du van, il tripatouille les câbles électriques, le fusible, regarde sous le van. Il me dit qu'il a travaillé un an aux USA et connaît donc les Chevrolet. C'est déjà ça. Pendant ce temps là, les autres montent le cheval d'un des paysans du coin, attiré par l'animation du jour: les gringos en panne dans la pampa.

Au bout d'un moment, l'essai est concluant: le van redémarre! Nestor me prévient que si jamais il retombe en panne, il faudra chercher du côté du réservoir d'essence. Oui, merci pour le conseil, mais il vient théoriquement de réparer le van ou pas?! Tant pis, on se posera les questions plus tard, on donne quelques billets à notre sauveur et siphonne quelques litres d'essence de notre réservoir pour le scooter, qui a bien du mal à démarrer. Nestor s'en va et on se dirige sur la piste que les autochtones nous ont indiqué comme l'accès au Cerro Negro. Je m'y engage. C'est une piste caillouteuse et très accidentée... qui met à mal la réparation de Nestor...

Le moteur s'est encore arrêté. On a même pas roulé un kilomètre! Je repars avec Yann chercher Nestor à Telica: retourner à pied à la route, attendre le bus, rejoindre Telica et trouver Nestor dans son hamac... Cette fois, il dit qu'il va devoir démonter le réservoir et il embarque un ami à lui pour la manœuvre. Yann et moi revenons en bus.

Nestor abaisse le réservoir. A priori, on approche de l'origine de la panne, au lieu de s'occuper des symptômes.Le réservoir a du recevoir un choc et il coince un fil électrique, ce qui empêche le moteur de recevoir l'essence en quantité suffisante, et cela expliquerait pourquoi il s'étouffe. Le van redémarre, Nestor s'en va, et nous on abandonne l'idée d'aller au Cerro Negro, la nuit ne va pas tarder. Tant pis, nous n'aurons pas l'occasion de tester le surf sur les poussières noires du volcan. Nous rentrons à Leon. Une fois aux abords de la ville, je me trompe de route et me retrouve dans un sens unique. Je souhaite donc faire demi-tour... mais le moteur cale pendant la manœuvre... troisième panne de la journée! C'est la fin des haricots. On gare le van en poussant et on trouve un téléphone public pour appeler Nestor qui nous a laissé son numéro. Il va venir le lendemain, mais annonce qu'il aura du boulot...


Pendant ce temps là, les voisins ont commencé à parler avec Yann. Il leur explique rapidement nos histoires. J'en profite pour leur dire que nous voulons vendre le van, alors si jamais ils veulent l'acheter, qu'ils fassent une offre! Le père de famille me dit qu'il n'en a pas besoin, mais que le van est beau (oh oui, il est beau!) et que des gars du coin pourraient être intéressés. Je saisis l'occasion et lui réponds que s'il nous trouve un acheteur, nous lui donnerons une récompense, par exemple 10%! Son œil s'éclaire. Nous lui disons que nous reviendrons le lendemain de toute façon. Il nous conseille de demander au gardien du supermarché de jeter un œil sur notre van pendant la nuit, je vais donc le voir et lui donne un petit billet pour ce petit service. Nous retournons ensuite à l'auberge après cette éprouvante journée. Place au Flor de Caña pour se changer les idées!