Jour 37 - Peninsula Valdès

Ayant trop dormi pendant les 24 heures de bus, j'ai passé une courte nuit d'insomniaque. 8 heures du matin, notre guide Juan Carlos et notre chauffeur Angel nous attendent pour la sortie du jour. Le minibus est déjà plein de sa dizaine de touristes, manque plus que nous. On attaque nos centaines de kilomètres à travers la pampa de ce petit bout de terre dans l'Océan.

Au fil des kilomètres, apparaissent des animaux diverses et variés: guanacos (un cousin du lama), maras (ressemblant à un "lapin à corps de chien"), moutons, chevaux, oiseaux (divers et variés également). Paraît qu'il y a également des tatous, mais on n'en a pas vu. Nous nous arrêtons dans un petit centre/musée expliquant l'unicité d'un endroit telle la péninsule Valdès. C'est une presqu'île de 3625 kilomètres carrés inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, abri d'une multitude d'espèces animales. Paradoxalement, une grande partie est la propriété de riches familles, descendants des colons européens, italiens principalement. C'est le cas de la famille Ferro possédant 60000 moutons broutant sur leurs plusieurs milliers d'hectares. De la même manière, le célèbre Benetton s'est accaparé un bon bout de Patagonie pour ses moutons. Dans une moindre mesure, Florent Pagny aussi.

Nous allons ensuite dans le petit patelin de Puerto Piramides, où nous embarquons pour le bateau... qui nous emmène au plus près des baleines!

Et oui, nous sommes au milieu de ces géants des mers. Elles se promènent tranquillement dans le golfe San Matias avec notre bateau au milieu. Tous nos yeux de touristes ébahis sont aux aguets dès qu'une d'entre elles pointe le bout de sa nageoire. Et on fait bien de regarder, parce que c'est impressionnant. Quelques unes nous font même le plaisir de passer à seulement quelques mètres de nous. Et si elles passent sous le bateau?!

Nous assistons même à une "discussion" entre baleines. Un mâle tape de sa nageoire à la surface de l'eau, provoquant un fort bruit sourd, afin d'attirer les femelles. Enorme. Aussi énorme que leur 40-45 tonnes. Ils mesurent déjà 3 à 5 mètres à la naissance alors...

Revenus sur la terre ferme après une bonne heure à naviguer, nous achetons de quoi se faire des sandwichs à la seule mini supérette du bled. Puis nous partons pour le bout du bout de terre: Caleta Valdès. Nous y observons une "maternité" de lions de mer. Ces grosses bébêtes restent affalées sur la plage toute la journée. Et elles braillent de temps en temps.



Il ne nous aura manquer que les pinguins, arrivant massivement fin août. Les sympathiques Juan Carlos et Angel, qui repose son livre sur le Che, nous ramènent vers Puerto Madryn sur la piste caillouteuse, "Voyage voyage" de Desireless sortant de l'autoradio... et je m'endors paisiblement.

Jour 36 - El Chubut: Patagonia

A travers les vitres du bus, nous voyons le jour se lever sur la Patagonie. Cécile continue à prendre ses médocs, toujours bien grippée. Plusieurs fois le bus est arrêté pour être contrôlé. Je me rendors.

Un chien me réveille! Je suis prêt à l'envoyer balader par réflexe... mais c'est un gros berger allemand avec un policier au bout de la laisse. Il renifle le couloir du bus (le chien, pas le policier hein). C'est le troisième contrôle du trajet. Ils recherchent de la drogue si nous comprenons bien.

Le chiens s'arrête à un siège... Les policiers s'attardent sur le passager assis dessus. Finalement, lui et son voisin doivent descendre, les sacs sont fouillés dans la soute. Cela sent le carton! Après environ 10 minutes, un des deux passagers remonte, l'autre suit les douaniers avec son baluchon, le bus repart sans lui!

Le passager qui est remonté est en fait un touriste, nous voyant au fond du bus, remarquant que nous sommes étranger également, il vient nous voir. Il est israélien, s'appelle Elab et, avec sa voix lente et son accent anglais bizarre, nous raconte son entrevue avec les autorités locales: "they asked me if I smoked something... I said nada!" (= ils m'ont demandé si je fumais quelque chose, j'ai dis rien!). L'expression "être à l'arrache" prend tout son sens avec lui, il est venu voyager 6 mois en Amérique du Sud tout seul: il a appris que l'on parlait espagnol en Argentine une fois qu'il y a posé les pieds la première fois.

Après 24 heures de voyage, au lieu de 20, changement de bus et contrôles obligent, nous voilà à Puerto Madryn. Dès la gare routière, nous réservons une virée sur la péninsule Valdès pour le lendemain. Je négocie du mieux que je peux entre toutes les agences présentes: de 440$, cela passe à 350 par personne. Ils veulent remplir au maximum leur tour du lendemain, on est arrivé au bon moment.

Nous avons réservé une auberge. Elab, n'ayant rien de prévu, nous y suit. Gaston, le propriétaire nous accueille chaleureusement et nous offre un café. Il nous explique tout ce que l'on peut faire dans le coin: animaux en tout genre, vélo, kayak... Et il nous conseille également un restaurant pour le soir. Un grand plat à partager, plein de choses à manger, et une bonne nuit pour digérer.

Jour 35 - Gripada

En cette nouvelle journée, Cécile n'est vraiment pas bien: plus de fièvre, plus de fatigue. Décision est prise d'aller voir un médecin. On nous conseille l’Hôpital Allemand à l'autre bout de la ville. J'y accompagne Cécile en métro. Florian et Aurélien vont de leur côté s'imprégner d'un bout d'America del Sur.

On arrive à l'hôpital et paf: 200$ la consultation (34€). Une heure d'attente parmi les malades. Enfin, c'est le tour de Cécile, le gars est content de nous sortir un ou deux mots en français, ayant passé des vacances à Paris, et le verdict tombe. Rien de surprenant en fait: une bonne grippe. Le temps d'acheter les médicaments et nous sommes dans le métro de retour vers l'auberge. Là nos sac ont disparu de notre chambre. La fille à l'accueil, un peu empotée, ne sait pas où ils sont... bah oui mais cela ne disparaît pas comme cela quatre sacs à dos. Enfin théoriquement.

Après 15 minutes de recherche avec un autre employé plus dégourdi, on retrouve nos sacs dans un débarras, sans doute l'oeuvre d'une femme de ménage trop zélée. Nous laissons un mot à l'accueil pour les gars, afin qu'ils nous rejoignent au petit restau à côté. Ce qu'ils font, de retour de leur découverte du quartier de la Boca. Noquis au menu, une spécialité italienne devenue argentine, origines obligent. Ils ne mangent pas que de la viande non plus.

Nous découvrons ensuite le quartier à la mode Puerto Madero. Un sympathique quartier quasi tout neuf autour d'anciens quais. Quelques gouttes de pluie nous poussent à ne pas trop traîner. De toute façon, il faut aller à la gare routière. Une bonne marche à pied sacs sur le dos nous attend. Nous n'avons que 3 minutes d'avance, juste mais cela devrait aller...

Sauf que nous ne trouvons pas notre bus! Il n'est pas affiché sur l'écran... serait-il déjà parti? Non, impossible, j'ai pris le bus des dizaines de fois en Amérique du Sud, donc je suis sûr que les bus ne partent pas avant l'heure! Mais au Brésil, ils partent rarement en retard. Nous parcourons le quai de long en large... et le temps passe. Là, l'horaire est dépassé et je commence à craindre que nous ayons rater le bus. Je cours rejoindre le guichet de la compagnie de l'autre côté de la gare, pour avoir des renseignements: en fait, le bus a du retard et n'ai pas encore arrivé sur le quai. Au lieu d'afficher un simple "retard" sur le panneau d'affichage, ils n'affichent rien, pas malins ces argentins. Un peu de stress pour rien! Mais nous montons finalement dans le bus.

Au bout d'une heure, le chauffeur arrête le bus. Contrôle? Panne? On est pas rendus! Au bout d'un temps certain, on doit changer de bus. Allez, cette fois-ci c'est parti pour quelques milliers de kilomètres vers le Sud.

Point viande à point

Je n'en ai pas encore fait le tour, mais je pense pouvoir affirmer que l'Argentine est le meilleur endroit au monde pour manger de la viande. Au restaurant à Buenos Aires, nos pièces de bœuf étaient inimaginablement succulentes. Je doute de la bonne grammaire de ma phrase précédente mais j'espère au moins qu'elle reflète fidèlement le plaisir de nos papilles. La dernière fois où j'avais mangé de la viande aussi bonne, c'était avec Sandra, à Iguazu... en Argentine! Un petit vin rouge du pays en accompagnement et le tour est joué.

Un tout petit brin d'histoire: lorsque les espagnols sont venus coloniser le continent, ils nous pas faits qu'exterminer les natifs de la région. Ils ont amené leurs carabines, quelques virus décimant les indiens et... des animaux. Certains ont eu envie d'aller se dégourdir dans la pampa en liberté. C'est ainsi que moutons, chevaux et autres bovins ont proliférer en toute quiétude, broutant à volonté l'herbe verte sur des milliers, ou plutôt millions, d'hectares.

Aujourd'hui, les élevages sont extensifs, la viande est tendre, les bêtes gambadant à leur guise dans la pampa. Les gauchos les gardent tout de même du coin de l'œil. Les gauchos, c'est les cow-boys argentins.

Outre la qualité de la viande, les argentins se démarquent également sur le mode de préparation. L'asado, que l'on pourrait qualifier de "Rolls Royce du barbecue" est une institution. La viande cuit doucement à la braise sur une plaque en fonte, la parrilla. La préparation dure plusieurs heures. Avant d'être un asador confirmé, il faut plusieurs années de pratique.

Bilan, les argentins consomment deux fois plus de bœuf que les français. Mais les élevages entrent maintenant en concurrence avec la culture du soja, destiné principalement à l'exportation. Le prix de la viande tend à augmenter, et elle devient de plus en plus chère pour les argentins eux-mêmes. Ils en importent même du Brésil voisin, autre grande nation carnivore. Ô monde cruel...

Jour 34 - Aurélien et Florian

La nuit est courte. En effet, nous sommes (déjà) le 2 août, jour où mes deux compères vont poser la première fois les pieds en dehors de l'Europe: les voici dans le Nouveau-Monde. Comme à mon habitude, après Sandra, Cédric et Lucile, et Cécile, je vais chercher mes "visiteurs" à la descente de leur avion. pour se faire, je dois me lever tôt.

Mais je n'ai pas de montre, et plus de portable, donc plus de réveil, depuis qu'il a disparu dans le Nordeste un mois auparavant. La montre de Cécile, éclairée dans la nuit grâce à l'écran de son appareil photo me sauve la mise et me réveillant fréquemment pour surveiller l'heure, je me réveille dans les temps.

Dehors, l'hiver argentin s'en donne à coeur joie. Dans la cuisine de l'auberge, je remplis une bouteille d'eau bouillante et affronte le froid grâce à ce chauffage d'appoint portatif. Après quelques minutes d'errance, je trouve le bon bus. Il faut payer un pièces de monnaie, et en pièces de monnaie uniquement, et moi j'en ai pas assez. Heureusement, face à mon désarroi, le chauffeur pas vache pour un sou me laisse monter quand même.

Vers 8 heures, je suis à l'aéroport. J'ai le temps d'avaler un beignet et un chocolat chaud bien chaud pour le petit déjeuner. J'ai même du temps tout court parce que je suis pas mal en avance. A 9h35, je vois enfin deux têtes connues passer les portiques de sécurité.

Leur vol s'est bien passé malgré quelques turbulences aux début, trois fois rien mais toujoursimpressionnant pour les néophytes. Les deux heures de bus retour passent plus vite pour moi maintenant que je suis accompagné. Nous arrivons à l'auberge et rejoignons Cécile. Il est temps de manger un bout de la meilleure viande du monde, alors nous suivons une recommandation de restau du Guide du Routard. Nous ne sommes pas déçus.

Cécile, toujours malade, et Aurélien, fatigué de son voyage sans sommeil, optent pour une sieste digestive. Avec Florian, nous flânons dans les rues toujours animées de la ville des bons vents. Nous croisons même un couple de personnes âgées rigolos. Ils veulent nous parler français, un peu en allemand aussi. Lui a vécu quelques années à Marseille nous confie fièrement sa femme. De quoi insister sur le côté européen de la capitale des argentins, et des argentines.

Jour 33 - Buenos Aires

Nous nous réveillons tranquillement à l'auberge et après le petit déjeuner, partons découvrir à pied la capitale des argentins, et des argentines. Nous parcourons la plaza de Mayo, la place principale de la ville, nommée ainsi en mémoire de la Révolution de Mai, une série d'évènements en mai 1810 qui ont conduit à l'instauration du premier gouvernement local, et non plus espagnol. Au bout de la place, la Casa Rosada: de jour, elle est bien rose.

Ensuite nous passons dans les ruelles animées et pleines de porteños, les "habitants du port", qualifiant le habitants de Buenos Aires. Quant au nom Buenos Aires (= les Bons Vents), il vient du nom original mais un peu plus compliqué: "Nuestra Señora Santa Maria del Buen Ayre". Nous atteignons ensuite l'avenida 9 de Julho, jour de l'indépendance argentine en 1816: c'est aussi l'avenue la plus large du monde, flirtant avec les 140 mètres à son apogée. S'y dresse l'obélisque de Buenos Aires. Diego Maradona promit de courir autour en tenue d'Adam si l'Argentine gagnait la Coupe du Monde de football en 2010, alors qu'il en était sélectionneur. L'Argentine est éliminée en quarts par l'Allemagne... Diego garda son pantalon.

Ensuite, vient le tour des quartiers de Recoleta et de Palermo. Certaines rues ressemblent fortement à Paris. Les porteños ont parfois largement chercher l'insipration en Europe. BA est d'ailleurs souvent considérer comme la plus européenne des villes d'Amérique.

Nous allons ainsi jusqu'à l'hippodrome, point de repère de la bourgeoisie mais aussi des passionées de chevaux, dont fait partie Cécile. Nous n'avons pas le privilège d'entrer mais j'apprends tout de même que le cheval argentin est une race répandue à travers le monde, surtout connue pour le polo, sport pour lequel l'Argentine est une terre fertile.