Arrête ton cirque

Pour passer d'un cirque à l'autre, pas d'autre choix que de grimper à pied puisqu'il n'existe pas de route pour atteindre Mafate. Il n'y a pas de routes dans Mafate non plus. Les 800 habitants sont ravitaillés par hélicoptère.

Il faut alors passer le col de Taïbit, à 2200m. Une gentille ascension sous un ciel bleu, sur un sentier ombragé, avec vue sur Cilaos. Que demander de mieux.

Puis le sentier bascule dans Mafate, sous un balai d'hélicos. Devant, c'est une succession de petits vallons, de pics rocheux, de rivières et de forêts. Un régal pour les yeux. Sur la droite, comme si un géant avait soulevé la surface de la terre comme un drap en tissu, le relief monte crescendo jusqu'au sommet des pointes de pierre.

Marla, La Nouvelle, Roche Plate sont autant de petits villages flanqués sur les quelques coins de terre disponibles. Un lieu hors du temps, rythmé par la cadence de la marche et les copieux repas en gîte le soir. Riz, lentilles, rougail, civet... et le punch qui va avec bien sûr.

Je laisse Paulina courir jusqu'à Saint-Denis pour reprendre son avion. De mon côté, je sors de Mafate par le Maïdo, 2200m. Là-haut, la vue vaut le détour.










Un piton peut en cacher un autre


evés aux aurores, on attaque l'ascension jusqu'au Piton de la Fournaise. La lune nous guide. Puis le temps se couvre avant d'arriver au volcan après plus de 3h de marche. Le Piton Bert est normalement le meilleur spot pour cette éruption. Nota : un Piton c'est un volcan, ancien ou actif.

Alors que nous longeons le cratère, la brume finit par laisser apparaître le cratère et son "enclos". Un paysage impressionnant d'anciennes coulées de lave, digne d'un film de science fiction. On devine la lave en fusion au loin, avec quelques lueurs et un petit trait orange entre deux nuages. On entend le grondement mais la brume masque le spectacle.

Vient ensuite la plaine des sables. Là, c'est plutôt ambiance western. Un énorme bloc rocheux se dresse devant nous. Le sentier le serpente malicieusement. En-haut, nous entendons encore le volcan gronder. Sacrée planète Terre.

Après une nuit à Bourg Murat entre les deux géants de l'île, nous reprenons le GRR2 pour une longue marche sous un crachin tenace. Là aussi, beaucoup de dénivelé jusqu'au gîte de la caverne Dufour à 2400m d'altitude. C'est LE spot pour grimper au Piton des Neiges, le sommet de la Réunion.

Nous effectuons une première montée express l'après-midi pour se mettre en jambe et une seconde à 4h30 du matin à la frontale. La Fournaise fait le spectacle au loin en colorant les nuages en orange.

Objectif lever du soleil au sommet. Une petite centaine de personnes se sont donner la peine. Du haut des 3070 mètres, le panorama englobe toute l'île. Quelques nuages limitent l'œil mais l'on voit tout de même le cirque de Cilaos et la mer de l'autre côté. Les cirques sont des morceaux de volcan qui se sont effondrés. Des pans de roche atteignant près des 3000m se dressent en face de nous. Comme si la terre avait été déchiquetée, ils sont la preuve des forces monumentales en jeu lorsque la croûte terrestre fait des siennes.

Les 1800m à redescendre sont autant de chocs pour nos genoux. Petit havre de tranquillité posé au fond du cirque, Cilaos est la bienvenue.










La Réunion lé la


Ponts de mai vous voilà. C'est toujours l'occasion de prendre la poudre d'escampette. Direction la France, mais sous les tropiques. Paulina, amie du Brésil qui habite aujourd'hui à Singapour, me propose de randonner sur la diagonale des fous (le GRR2, Grande Randonnée Réunion). Ou comment faire un parcours de 14 jours en 7.

Le planning est ambitieux mais l'idée est sympa. Il faudra juste trouver quelques raccourcis pour finir entier. Banco. Je décolle donc d'Orly (oui partir de Lyon aurait été trop simple, surtout en période de grève SNCF) et aperçois mes premiers reliefs réunionnais 10h30 plus tard.
Un bus des cars jaunes m'emmène jusqu'à Saint-Leu, sur la côte ouest. On sent l'organisation française pour la route et les transports. En revanche, plus compliqué de trouver une chambre pour le soir même. Je me rabats sur ruine chambre double. Piscine en bonus : cela ne fait pas de mal.

Le lendemain, rapide stop à Saint-Pierre, la grande ville du Sud. Puis les falaises laissent place aux champs de canne à sucre. Le basalte noir se fait plus présent. Le volcan n'est pas loin. Il s'est réveillé il y a  quelques jours et toute l'île veut le voir. "La encore pété" comme titre la presse locale.
Voilà Saint-Philippe. Oui, tous les bleds s'appellent Saint-Quelque-Chose. Je descends du bus. J'ai déjà quasi fait la moitié du tour de l'île. Paulina arrive de l'autre direction 10 minutes plus tard. Timing parfait.

La rando démarre. Stop chez madame Métro pour un rafraîchissement et pour laisser passer l'orage. C'est monsieur qui est là. Il nous sort une bassine de punch. Allez, juste 3 ou 4 verres pour la route jusqu'au gîte. Le repas du soir est un délice : rhum litchis, gratin de chouchou, cari de crevettes, fondant au chocolat et boule de glace. Oui, on mange bien sur l'île.