Jours 109 et 110 - San Juan del Sur et au-delà

 Nous restons tranquillement à San Juan. Pas de voiture aujourd'hui, on profite de la tempête et de la pluie qui tombe sur la côte Ouest nicaraguayenne. Quelques malheureux surfeurs tentent bien quelques figures mais le spectacle n'est pas vraiment impressionnant. On peut continuer notre partie de cartes au bar. Après avoir retrouvé les deux brésiliens de notre bateau Colombie-Panama la veille, dans une des rues de la ville nous croisons Tim, un des deux anglais de notre bateau Colombie-Panama. Le monde des voyageurs est petit.

On pourrait tenter le bodyboard, aller voir la pondaison des tortues sur les plages des environs, faire des treks sur l'île d'Ometepe non loin... mais la météo ne prévoyant aucune amélioration dans les prochains jours, nous décidons de partir directement pour Granada le lendemain.

Le lendemain, nous partons donc assez tôt sur les routes. Le van peine un peu à démarrer du premier coup, mais il s'élance finalement. Faudra aussi faire le plein, et on se rend compte que l'essence n'est pas si bon marché que cela, autour d'un dollar le litre. Vu la consommation du bolide, ce n'est pas anodin.


Nous optons pour un petit détour, d'abord sur les rives du lac Ometepe. Ensuite, les guides de voyage indiquent un endroit où l'on peut faire du canopy près de la ville de Nandaime : une sorte d’accrobranche, mais exclusivement des tyroliennes. 50 dolalrs pour nous 3. Toto, Eddie et... (je ne sais plus le nom du dernier, appelons le Didier) nos trois guides sont plutôt des comiques, ils sont très à l'aise entre les cordes et sur les bouts de plateformes à 10 mètres du sol. Un coup Eddie nous pousse, l'autre c'est Toto qui se jette dans le vide ou Didier qui feinte une chute. Le parcours est constitué de plus d'une dizaine de tyroliennes, et nos guides nous font faire des figures à chaque fois différentes : d'abord une classique, puis la tête en avant, en position Superman couché sur le ventre, upside down la tête en bas, l'hélicoptère en tournant sur nous même, en duo accrochés l'un à l'autre, trampoline avec un élastique qui nous fait rebondir jusqu'à l'arrivée... Celle du trampoline est peut-être celle offrant le plus de sensation, en effet, il faut d'abord se jeter dans le vide sans que la corde soit tendue... c'est entre la tyrolienne classique et le saut à l'élastique. Et étant le premier de nous trois à s'élancer ainsi, j'ai quand même eu une seconde de franche hésitation avant de sauter de la plateforme à 10 mètres de haut ! Mais c'était excellent, I believe I can fly !

Nous reprenons ensuite la route jusqu'à Granada. Je fais la course à des chargements de bananes. A Granada, nous trouvons une auberge, l'hospedaje Esfinge, et stationnons devant. Les propriétaires de l'auberge, un couple de petits vieux, sont très gentils. ils nous expliquent qu'il n'y a que deux auberges dans la ville tenues par des nicaraguayens... les 66 autres sont tenues par des étrangers ! Américains ou européens pour la plupart... Nous avons fait bonne pioche. Par contre, ils nous demandent de garer le van un peu plus loin dans un parking. Pas de soucis, je vais aller le bouger.

Je commence à manoeuvrer, mais avec le moteur cale facilement dès lors qu'on n'accélère pas. Pour la énième fois, je cale encore cette fois-ci... sauf que là, le moteur ne redémarre plus. J'insiste un peu, comme le matin même lorsque nous partions de San Juan del Sur, mais au bout de la troisième tentative, une petite fumée sort du tableau de bord, accompagnée d'une légère odeur de brûlé. ET MERDE.

Les proprios de l'auberge connaissent un garagiste qu'ils appellent. Armario arrive peu après, il teste les bougies et remarque que le courant n'arrive plus au moteur. Il faut faire appel à un électricien... mais celui-ci ne veut pas venir, il est trop tard et il pleut : il viendra le lendemain à 8h. Ahlala...

Le soir, j'essaye de ne pas trop penser à cette panne, mais ce n'est pas évident ! Combien la réparation va coûter , Combien de temps cela va prendre ? Il nous amène pas mal de tracas ce van. Comble de malchance, je balance les clés du van sur le matelas de mon lit... et la clé du démarreur se casse en deux. Mais qu'est-ce que j'ai fais pour mériter cela.

Nous sortons tout de même dans les jolies ruelles de Granada, une ville de style coloniale. Une fille nous accoste, elle est française et va jouer le soir même dans un bar avec un ami Salvadorien. Allez, pourquoi pas. Nous nous rendons donc au bar un peu plus tard. Celui-ci est tenu par un américain. La musique n'est pas extra et la boisson est extrêmement chère pour le pays. Mauvais plan. Granada semble être la propriété des étrangers, la plupart des auberges, des bars, restaurants et boutiques étant tenus par des américains ou européens qui se partagent le gateau touristique, quelques nicaraguayens en ramassent à peine les miettes : qui a dit que la colonisation était du passé ?

Jour 108 - Bienvenidos en el Nicaragua

A 5h du matin, nous entendons le déluge s'abattre sur notre chambre de fortune. Deux heures plus tard, le soleil est là pour nous accueillir au réveil. On espère que ce jour sera meilleur que la veille. Puis la pluie revient, mauvais présage ? En tout cas, on a hâte quitter ce pays costaricain.

Et voilà Sylvain qui débarque en bus. Notre sauveur. Il vient de faire plus de 5 heures au bus, au prix fort de 38 dollars (que nous allons lui rembourser, nous ne sommes pas des sauvages). On prend le petit déjeuner avant de partir pour le notaire refaire des papiers justifiant la transaction.

Dans l'office, les employés glandent tranquillement sur Facebook. C'est beau la mondialisation. Après une bonne dose d'attente, Alvaro Ramirez nous fait entrer dans son petit bureau. Il commence à taper à l'ordinateur notre papier. Et il tape au clavier c-o-m-m-e   u-n   p-a-p-y ... Il a déjà un âge avancé d'ailleurs. On doit même lui corriger ses fautes en espagnol. Au bout d'une demi-heure, il nous a refait quasiment les mêmes documents que nous avions fait faire à San José... et il nous demande 50 dollars. Je demande à ne payer que 30, et on coupe finalement la poire en deux à 40 !

Ensuite, nous devons repasser à la douane, faire authentifier la transaction devant Sergio, le fonctionnaire qui voulait nous entuber la veille. Il répond à peine à notre bonjour, et nous renvoie à un de ses collègues: j'imagine qu'il est vexé de devoir nous laisser repartir avec notre véhicule, hehe. Ce collègue prend nos papiers, puis on patiente moi et Sylvain dans le bureau. A croire qu'ils font exprès de faire leur boulot le plus lentement possible pour nous faire chier. Yann et Maïlys se tournent les pouces dehors. Au bout de 2 heures (!), on a finalement un papier nous permettant de sortir le van du pays.

Ils nous expliquent la suite : on doit reprendre le van, mais seulement Sylvain peut le conduire, il doit l'emmener jusqu'à la barrière de sortie du pays, je n'ai pas le droit de conduire sur le territoire costaricain. Nous faisons à nouveau tamponner nos passeports. le douanier nous dit de nous dépêcher, qu'il est pressé... 2h pour nous faire son pauvre papier inutile et il appelle cela être pressé !!! Je n'ai qu'un envie, reprendre le van et lui rouler dessus, mais comme c'est interdit, on obéit gentiment. Ainsi, Sylvain prend le volant, conduit jusqu'à la bordure Costa Rica / Nicaragua avec les douaniers qui nous suivent pour vérifier que l'on ne fasse pas les fous. Sylvain ressort du véhicule et on se dit au revoir, lui va repartir en bus pour San José d'où il va repartir pour la France en avion deux jours plus tard. Moi je reprends le volant, et entre au Nicaragua avec Yann, Maïlys... et notre van !

Et là, on est content. On est enfin passé. Yann et Maïlys partent pour leur tampon, en attendant je passe par le van par la fumigation obligatoire, pour éviter de transporter des organismes vivants potentiellement nuisibles entre ces pays tropicaux. Le van est gazé pour 3 dollars. Je rejoins ensuite mes deux compères, et là les ennuis recommencent : le tampon sur le passeport coûte 12 dollars par personne. Il faut encore payer l'assurance à 12 dollars et la taxe touristique à 5 dollars pour le van. Il nous restait 20 dollars en passant la frontière et l'entrée au Nicaragua nécessite 56 dollars à 3 avec un véhicule. Autant dire qu'on est un peu juste... et si seulement on avait pas eu à dépenser environ 100 dollars supplémentaires côté Costa Rica...

Evidemment, il n'y a qu'un seul distributeur dans le coin, et il est en panne. On évalue plusieurs alternatives : un de nous repasse la frontière pour retirer au Costa Rica (mais on a déjà eu du mal à sortir, ce n'est pas pour y retourner !) ou un de nous rejoins la ville la plus proche retire du cash et revient (mais cela fait perdre pas mal de temps, la première ville étant à une trentaine de kilomètres) ou bien encore un sympathique touriste nous avance la monnaie en échange du transport (on a bien failli réussir avec un allemand, mais il n'avait pas assez sur lui, ou encore avec deux américains, mais ils ont finalement filé en douce sans nous prévenir, méchants ricains). Finalement, à contre coeur, je demande de l'aide à un tramitero. Je tombe sur Felix, qui a la bonne idée d'attendre que quelqu'un paye en liquide dans un des magasins de la zone frontalière et de proposer que je paye avec ma carte à leur place, et récupérer l'argent liquide en échange. Avec son accord, je promets 10 dollars à Felix pour son aide. Après un peu de patience et malgré les réticences des clients, la combine fonctionne, et je récupère 60 dollars. Felix esta feliz (= Felix est content).

On peut ensuite passer aux paperasses administratives: assurance, taxe et contrôle du véhicule par la police. Pendant 20 minutes, 3 malabars dissèquent le van. Ils ouvrent le capot (qu'ils ne savant pas remettre ces abr....) et enlèvent le revêtement plastique... là, nous croisons les doigts pour qu'il n'y ait rien de compromettant, nous faisons confiance à Sylvain pour ne rien avoir laissé de bizarre ! Au bout du compte, les policiers nous laisse repartir, non sans avoir poser ribambelle de questions. Oui, c'est vrai que cela peut être louche, 3 français qui ont acheté un van 2 jours plus tôt... mais nous on est cleans !

Nous reprenons finalement la route à 15h40, il nous aura fallu 24 heures et 10 minutes pour passer cette maudite frontière !! Heureusement que Sylvain est cool et qu'il nous a rejoint pour nous faire passer et la maîtrise de l'espagnol de Maïlys aura été bien utile également pour nous épauler. Encore une taxe de 1 dollar par personne à payer en sortant de la zone frontalière... on est plus à cela près : nous voilà au Nicaragua, ouf.

Nous rejoignons San Juan del Sur, petite cité balnéaire du Sud Ouest du pays, sur la côte Pacifique. Malheureusement, la météo est très mauvaise. On trouve tout de même un bon hôtel, on se fait plaisir avec des chambres à 8 dollars pour la vue sur la mer agitée. On l'a bien mérité. La soirée au rhum Flor de Caña aussi !

Jour 107 - J'ai le volant...

... mais pour combien de temps ?!

Nous quittons San José et Sylvain, et nous dirigeons vers la frontière Nord du pays. Je conduis, Maïlys et Yann en copilotes, quand ce n'est pas la sieste sur la banquette arrière. La route commence par un détour, la Panaméricaine est bloquée à cause d'un glissement de terrain. Il y a eu beaucoup de pluie, c'est la saison, et un ouragan est d'ailleurs en train de passer sur le Guatemala d'après ce que l'on entend aux news.

La route est plutôt belle, cela roule bien, le van aussi. Il a la patate ce van. Parlons-en de ce van : un Chevrolet GMC AStrovan de 1995, V6 de 174 000 miles (~280 000 km), 4800 cm cube, boîte automatique, un gros bébé de 3 tonnes qui a la patate ! Les plaques sont mexicaines, Sylvain l'avait acheté là-bas 3500 dollars deux ans plus tôt et il n'est donc possible de le vendre que là-bas également à moins de payer des taxes d'importation exorbitantes. Notre but est donc simple: rejoindre le pays des aztèques et échanger notre char d'assaut contre des pesos sonnants et trébuchants.

Après plus de 5h de route, nous voici à la frontière, il est 15h30. Il y a plein de camions dans la file, allez hop je double. Une fois garés, tous les tramiteros (= des gars qui restent à la frontière et proposent leur aide pour réaliser les formalités de passage contre pesos) se jettent sur nous comme des mouches. Non merci, on fera tout seul ! 3 minutes plus tard, nos passeports sont déjà tamponnés, ok.

Ensuite, on passe au van. Il faut aller par ici, ah non par là. Il faut faire une copie des papiers de l'autre côté. Après quelques déambulations à travers la zone frontalière, je suis finalement dans la bonne file, tous les papiers nécessaires en main pour avoir le sésame...

Une fois mon tour, je lui présente mes papiers : passeport, carte grise, papier d'entrée du véhicule au Costa Rica, feuille de l'avocat pour l'achat du van, permis, les copies nécessaires... Et là cela bloque. Quien esta Sylvain? Je commence à expliquer mon cas... et le gars se barre avec mes papiers derrière son guichet... pas bon.

Je veux le suivre, fais le tour du bâtiment et le retrouve. Il me dit que c'est pas légal et baragouine plein de trucs, me parle de "decomisso", me demande où est le van, je me dis qu'il veut le contrôler. Sylvain m'avait prévenu qu'il y aurait des contrôles, donc je pars chercher le van, pendant qu'il garde mon passeport et la carte grise. Une fois le van amené à côté avec Yann et Maïlys, le message est clair : "je confisque le van" !

Il nous baratine. On montre le papier de l'avocate, mais il s'en fiche. On essaie de négocier, limite un bakchich de quelques dizaines de dollars, pourquoi pas... mais lui n'a pas le même point de vue : il nous griffonne un calcul et nous sort un prix pour pouvoir repartir avec le van. Si l'on paye 1323 dollars, il nous laisse partir !! Un peu cher pour un van que l'on acheté 500 dollars la veille.

On lui demande une preuve de ce qu'il avance, et il sort un demi-papier du fond d'un tiroir... cela pue l'arnaque. Et puis, il nous annonce tête baissée que l'on peut ne payer qu'une partie de la somme, environ 80% et nous fait même la conversion en colons, la monnaie locale... allez, prend nous pour des pigeons !

On lui fait comprendre que ce qu'il nous dit n'a aucun sens. Ensuite, il passe la main à un collègue qui nous dit qu'il faudra attendre mardi pour trouver un avocat. Un avocat pour quoi ?! On est vendredi, l'après-midi vient de s'écouler, et lundi est férié. Il veut me faire signer un papier, signifiant que le van part pour un entrepôt. Il n'est pas question que je signe.

On commence à en avoir réellement marre. Je me dis qu'on ferait mieux de passer en douce la frontière, une fois au Nicaragua, ce n'est plus les mêmes autorités, plus les mêmes papiers... Yann n'est pas chaud, mais tant pis, j'ai récupéré mon passeport et cela fait déjà 3 heures que nous sommes arrivés à la frontière ! La nuit est tombée, on remonte dans le van et je conduis jusqu'à la sortie du pays... mais le douanier prend son talkie et relève la plaque juste avant.

Nous arrivons à la barrière, on fait profile bas... mais cela ne manque pas, un garde braque sa lampe torche sur notre van et la plaque. Son collègue l'a prévenu et il nous dit de faire demi-tour. Je tente l'attitude "je-comprends-pas-pourquoi-je-ne-peux-pas-passer?" mais cela ne suffit pas. Demi-tour... et là on n'en mène pas large... tu vas voir qu'ils vont nous accuser de délit de fuite.

En fait, le gars ne vient pas nous parler. On est un peu comme des cons dans notre van, pas moyen de passer au Nicaragua, si on reste là l'autre douanier va vouloir nous dépouiller : dernière solution, ressortir de la zone frontalière et retourner à San José avec Sylvain. Alors on tente le coup dans l'autre sens, mais rebelote, un garde nous arrête, mais là il veut la carte grise et nous demande de se garer sur le côté.

C'est ce que l'on fait. La police va arriver. On se dit au moins on pourra discuter avec les flics, ce ne sera pas pire qu'avec les douaniers qui ont décidé de nous pourrir jusqu'au bout. Une fois garé, j'arrive à lancer le van dans un mur en m'embrouillant dans les vitesses de la boîte auto. Heureusement, pas de casse. Cela a le mérite de faire rire les douaniers. Ensuite, on trouve un téléphone public et on arrive à contacter l'auberge pour avoir Sylvain. On lui explique nos problèmes. Pendant un moment, il essaye de convaincre le proprio de racheter le van, vu qu'il était intéressé ! Mais il se désiste, à cause des plaques étrangères.

La police arrive enfin, deux jeunes, Alejandra et Jeff. Le premier douanier se pointe, on explique la situation aux policiers. Ils sont sympas, ils cherchent vraiment une solution. Le douanier veut confisquer le van et le mettre à la fourrière en nous faisant signer son papier. Nous on est pas d'accord. Après un moment de négociation, les policiers proposent de garder le van à côté, à l'intérieur de la caserne et que l'on refasse les papiers en règle devant un avocat avec Sylvain... qui va venir en bus de San José.

Jeff gare le van à la caserne et on doit retrouver le douanier à son bureau pour signer un papier. Cet en..... est parti manger donc on poireaute un moment supplémentaire. On discute avec nos deux nouveaux potes de la police des douanes. Le gars revient, on signe, il est 21 heures. On va finalement dormir dans l'espèce d'auberge pour routiers à côté de la zone frontalière. Un repas spartiate avec nos derniers dollars en poche et le bruit des moteurs nous bercent après une journée bien éreintante.

Jours 105 et 106 - San José

Cap sur la capitale. C'est toujours Sylvain qui pilote le van, après ce sera moi. On embarque les deux brésiliens qui font la même route histoire de diminuer les frais, surtout qu'il consomme ce sacré van. On se trompe un peu pour la route puis on arrive finalement à San José. Sylvain y connaît une auberge où on peut stationner le van.

Le lendemain, nous partons en centre ville chercher un avocat pour les papiers. Nous en trouvons une, elle imprime tout un papier décrivant la vente, avec nos permis de conduire, la carte grise ... et demande 70 dollars (!) que l'on paye moitié-moitié avec Sylvain. On a demandé 3 exemplaires, et le timbre officiel est facturé au prix fort. On se sent bien arnaqué, mais au moins on aura fait l'effort d'effectuer la transaction de façon officielle. En tout cas, le van est à nous ! Et Sylvain récupère 500 dollars.

Une fois les formalités effectuées, nous jetons un coup d’œil à la ville. Il n' y a pas grand chose de palpitant à San José, en plus il pleut. Sylvain croise tout de même quelques connaissances, des gens "artistes de rues" comme ce couple, elle française, lui argentin, qui vendent des araignées confectionnées en fil de fer. Cela ne ressemble pas à grand chose et ils ne doivent pas en vendre beaucoup. D'après Sylvain, la vie à San José leur coûte cher, mais ils n'arrivent pas à avoir assez de sous pour payer un bus pour aller ailleurs. Et puis pour aller où d'ailleurs ?!

Jours 103 et 104 - Punta Uva y Cahuita

Je me réveille à la lueur du jour dans mon hamac. Après le petit déjeuner, je vais dans le centre du village pour retirer quelques billets. On va devoir en donner à Sylvain pour payer le van qu'on va lui racheter, c'est officiel. Mais on attend d'atteindre San José pour effectuer la transaction. Sylvain doit s'y rendre pour prendre son avion pour Paris. Il est donc prévu qu'on fasse les papiers là-bas, en trouvant un avocat pour avoir quelque chose d'officiel, à défaut de carte grise à mon nom, et d'éviter les ennuis éventuels.




Nous passons la journée sur la plage de Punta Uva, un peu de tuba, beaucoup de soleil. Avant de repartir en France, Sylvain essaie d'écouler quelques pièces de son stock de pierres taillées à Samuel le suisse: opsidiennes, lapis-lazuli et compagnie. J'en profite pour prendre la pose devant mon beau futur van. Le soir, nous passons devant un restaurant faisant des falafels, une spécialité du Proche-Orient. Maïlys nous convainc de tester, nous promet que c'est super bon... en fait ce n'est pas terrible, et assez cher, ce qui est à ajouter au crédit du Costa Rica, qui est un pays indéniablement plus cher comparé à ses voisins. Ensuite, soirée à l'auberge, le rhum caribéen coule à flots et Sylvain m'indique sur la carte de l'Amérique Centrale les bons coins à découvrir en voiture.




Toujours avec Yann, Sylvain et Maïlys, le lendemain nous repartons pour une plage, celle de Cahuita cette fois-ci. Le van nous permet de nous déplacer comme on veut. Nous croisons quelques singes hurleurs dans la nature environnante ainsi que d'énormes fourmis et araignées et un raton laveur !

Jour 102 - En rodage

On retrouve Sylvain et Maïlys, une autostoppeuse voyageant depuis plusieurs mois en Amérique Centrale. On rejoint le continent et le parking où est resté le van. On fait le tour, il est en bon état, les pneus aussi. Il peine un peu à démarrer après une semaine passée tout seul, mais nous voilà déjà sur la route vers le Costa Rica. Sylvain me passe le volant pour que je teste la machine...

C'est la première fois que je conduis un tel van. Les 3 tonnes d'acier sont bien là, et le moteur américain envoie du pâté. J'ai un peu l'impression de conduire un tracteur avec une patate d'enfer. Je teste les freins, ils fonctionnent bien ! Sylvain m'explique que le moteur passe en mode turbo si on garde le pied sur l'accélérateur suffisamment longtemps: j'enfonce à fond la pédale, au bout d'une seconde, le moteur se réveille et change de bruit, l'aiguille du compteur décolle facilement vers les 90 mph, soit plus de 140 km/h !

On arrive bientôt à la frontière, je repasse le volant à Sylvain, et je vais voir un peu la paperasse à faire pour changer de pays. La carte grise du van est à son nom, donc le van passe à son nom aussi. Le douanier fait un peu chier. Il cherche des irrégularités dans les papiers. Il cherche en fait à nous faire du chantage, un petit bakchich faciliterait le passage. Mais Sylvain à l'habitude, et j'apprends quelques mots de français au douanier pour lui faire plaisir, alors après quelques minutes, on est autorisé à passer la frontière sans arnaque / taxe supplémentaire. Nous traversons le précaire pont en bois... et refaisons les papiers du côté costaricain ! 2h au total pour passer la frontière.

Nous roulons jusqu'à Puerto Viejo et trouvons une auberge/camping. Elle est originalement décorée et on y dort en hamac. Et on y trouve Adrian, Samuel, Gustavo et Thiago puis Graham. Décidemment, on ne se quitte plus !

Jours 98 à 101 - Buy or not to buy ?

Yann arrive au matin de mon deuxième jour à Bocas. Il est avec Adrian le néo-zélandais et Graham le britannique. Ce jour et les suivants sont consacrés à la détente et au farniente. On loue notamment des vélos pour se rendre à la plage Boca del Drago, 34 kilomètres en tout. On retourne à Bluff, le lendemain, mais Yann crève à une dizaine de kilomètres du retour, un peu galère. Après moi à Montevideo et Cécile à Puerto Madryn, c'est la troisième crevaison à vélo depuis juillet !

On fait du bateau pour aller voir des dauphins. Nous profitons également des quelques bars: boire un verre, sur un ponton, les pieds dans l'eau, ça c'est les Caraïbes ! On recherche aussi des infos sur les vans Chevrolet, sur les démarches pour passer les frontières... j'ai parlé de la possible transaction à Yann, et l'idée nous semble de plus en plus probable.

L'idée fait son chemin. Le plan se précise: on achète le van pour 500 dollars, on passe chez un notaire à San José pour authentifier la transaction (non indispensable a priori, mais on veut assurer le coup...!), on atteint le Mexique en van et on le revend là-bas. On trouve même une annonce sur un site mexicain pour la vente d'un van similaire pour 3000 dollars ! Si on arrive à le vendre ne serait-ce que pour la moitié de ce prix, on est largement gagnant ! On anticipe et on poste déjà des annonces pour revendre un van que l'on a même pas encore vu !

Rendez-vous est pris avec Sylvain pour partir de Bocas ensemble, voir le van et on lui dira si on prend finalement le van une fois qu'on l'aura vu et tester de le conduire. On n'est pas inconscients non plus !

Jour 97 - Bocas del Toro

J'arrive à proximité de Bocas au matin avec Thiago et Gustavo. Il faut encore prendre un bateau pour atteindre notre but, Bocas étant un ensemble d'île. Nous trouvons une auberge. Là je rencontre deux français, Sylvain et Maïlys, mais ils vont finalement aller ailleurs. On se recroisera peut-être dans la ville !

Je loue un vélo pour aller jusqu'à une plage Bluff de l'autre côté de l'île. Une longue plage pour moi tout seul. C'est sympa mais on s'ennuie un peu à la longue ! Je reviens à l'auberge et retrouve les brésiliens, ainsi que Mischa l'allemand et Samuel le suisse.

Nous nous rendons dans un bar et je retrouve les deux français croisés dans la journée. Sylvain en profite pour me dire qu'il cherche à vendre son van... Il ne peut pas le vendre aux locaux car il a des plaques mexicaines, alors il est prêt à le brader 1000 dollars, même 500 s'il le faut.

L'idée est intéressante, depuis le temps que je me dis que d'acheter une voiture pour voyager sur la route peut être excellent ! Je ne lui promets rien, mais lui dit que je vais y réfléchir. Il m'explique qu'il est arrivé au Mexique la première fois il y aune quinzaine d'années. Il y a fait plusieurs longs séjours, il taille et vend des pierres aux touristes. Là, il est en Amérique Centrale depuis 2 ans, et a son van depuis ce temps là. Mais il souhaite maintenant revenir en France car il est un peu à court niveau budget. C'est pour cela qu'il vend son van: un van Chevrolet, 3 tonnes, un moteur turbo... presque celui de l'Agence Tous Risques !

Jour 96 - Albrook Mall

On recommence par des pancakes au petit déjeuner. Aujourd'hui, nous partons pour Bocas del Toro. Mais un peu avant midi, Yann ne veut plus y aller, il est de plus en plus mal, un peu en mode Machu Picchu, la crise en moins. Je décide tout de même de partir pour Bocas le jour même, Panama City n'étant pas si incroyable que ça, et Yann doit me rejoindre un jour plus tard, le temps de se reposer un peu.

En début d'après-midi, je pars pour la gare routière en diablo rojo. Mon bus pars en soirée, j'ai donc le temps d'explorer le Albrook Mall, un énorme centre commercial: le temple de la consommation par excellence.

Je fais quelques tours parmi les magasins, puis décide d'aller au cinéma pour passer le temps. Evidemment, les films diffusés viennent majoritairement de Hollywood. Je vais prendre mon bus à 20h30, et qui se retrouve avec moi dans le bus: Thiago et Gustavo, les deux brésiliens !

Jour 95 - El Canal de Panama

En suivant le reste du groupe, nous avons choisi une auberge pleine d'anglo-saxons (comme la majorité des auberges en fait ! mais là c'est encore plus exclusif...): c'est à chacun de préparer tes pancakes pour le petit déjeuner. Du sirop d'érable par là-dessus, un repas panaméen typique.


Avec Yann, on part découvrir la ville. L'auberge est dans la vielle ville, qui n'est qu'un tout petit quartier. Non loin, de hauts buildings émergent le long de la côte. A midi, nous ne trouvons pas mieux qu'un macdo... le moins cher que nous ayons vu sur le continent d'ailleurs. Tout ceci donne un avant-goût des USA !

L'après-midi, avec Julia, une canadienne de l'auberge, nous nous rendons au Canal de Panama, situé à quelques minutes en taxi de la ville. On va plus précisément aux écluses Miraflores. Là, le commerce mondial défile dans d'immenses navires. Quelques milliers de containers dans un, 5000 voitures dans l'autre... les écluses du Canal de Nantes à Brest en... un peu plus GRAND.

Il y un petit musée sur l'histoire du canal. En 1534, Charles Quint fut le premier a évoqué un canal afin de faciliter le voyage jusqu'au Pérou et l’Équateur. Les écossais ont tenté de construire une route, mais c'est un chemin de fer qui a réalisé en 1885. Un canal restant la solution idéale, de nouveaux travaux furent entrepris sous l'impulsion de Ferdinand de Lesseps, qui a déjà à son actif la réalisation du Canal de Suez.

(Source: Wikipédia)
Un tremblement de terre, des difficultés économiques, la fièvre jaune et les crues du Rio Chagres qu'il fallait domestiquer... le projet tombe finalement à l'eau, malgré plusieurs rebondissements. En 1903, les Etats-Unis rachètent les droits de construction et d'exploitation du canal. Après dix ans de travaux, le canal est inauguré en 1914.. Aujourd'hui, 5% du commerce maritime mondial passe par là. Et ce n'est pas fini, la décision d'élargir le canal a été prise par referendum en 2006 et les travaux ont commencé. Des bateaux deux fois plus grands pourront désormais emprunter le nouveau canal !

Jour 94 - Welcome to Panama


9 heures du matin, nous revoilà déjà sur le bateau pour se rendre à Porvenir, obtenir un tampon d'entrée officielle au Panama. On a le temps de faire un petit tour de l'île. Pas grand chose à voir, mis à part la piste de l'aérodrome et une raie morte.
On reprend le bateau une dernière fois, pour Miramar, sur le continent cette fois. On y laisse Marco et son bateau, après un petit repas sur place, toute notre troupe de touristes prend le bus pour Portobelo. Marco y a une auberge... mais avec Yann, on préfère partir directement pour la capitale, pas besoin de laisser quelques dollars de plus à Marco, il a beau être sympa, on lui a déjà donné pas mal. Tous les autres restent là.

Et finalement, à un arrêt de notre bus, c'est le reste de la troupe que nous voyons monter. Ils ne sont restés que quelques minutes à Miramar, et voyant qu'il n'y avait rien à faire sur place, ils ont aussi préféré la capitale. Nous voilà donc une dizaine à continuer notre voyage. C'est vraiment sympa de déjà connaître du monde ! On profite encore plus de l'happy hour: un demi dollar la bière...

Jour 93 - Seul(s) au monde


Le soleil comme réveil, je commence la journée par une baignade... et je n'ai eu que deux mètres à faire ! Après le petit déjeuner, on fait sa toilette dans l'océan, et on se rebaigne ! Puis c'est reparti pour un peu de tuba. Ensuite, on reprend le bateau pour faire du tuba près d'une autre île, sur un récif de corail. Les fonds marins sont encore plus jolis.

Des kunas nous amènent le déjeuner en barque. Au menu, du red snapper (du vivaneau...), sa chair ressemble à du poulet, et c'est délicieux, surtout sur notre bout d'île. Nous passons là l'après-midi et reprenons seulement le bateau pour rejoindre un autre village Kuna, situé sur une autre île. Nous avons le droit à une petite visite du village. Les enfants ont des ordinateurs portables à l'école et le personnel médical de l'île a été formé à Cuba...

John nous rejoint un peu plus tard, il nous sort: "je m'occupais des enfants, bah je suis belge !"... belge et plein d'humour (ceux qui n'ont pas compris me demanderont!). Cela n'inquiète pas trop les enfants qui s'amusent bien: un des leurs se mouille, se badigeonne de sable et joue au monstre !

Bières et poisson au repas du soir. On n'a pas de lumière pour la soirée, alors on va se coucher assez tôt !

Jour 92 - Robinson Crusoé

La nuit passée à Sapzurro, dans l'auberge "où on a eu une réduction" grâce à Marco et son équipe... vu le nombre de billets verts qu'on leur a refilé, c'est le service minimum. M'enfin, c'est aujourd'hui que nous montons dans le fameux bateau, le "Darien Gap" (= le fossé du Darien). En fait, c'est un peu la même chose que les taxi fluviaux pris les jours précédents, en moins tape-fesses quand même.

Après 3 heures sur les flots, notre première étape: un village Kuna. Les Kunas sont un groupe ethnique bénéficiant d'une autonomie territoriale, ayant toutefois la nationalité panaméenne. Environ 20 000 d'entre eux vivent dans les îles San Blas. Quelques villageois nous accueillent timidement sur le ponton. Ce sont surtout les enfants qui nous tournent autour, ils sont mignons et marrants. Nous ne sommes pas les premiers blancs-becs qu'ils voient, mais sont toujours aussi curieux, surtout lorsqu'on les prend en photo, ils veulent se voir à l'écran.

Nous mangeons dans une des huttes du village, du poulet. On chante dans toutes les langues pour une des habitantes dont c'est l'anniversaire, mais celle-ci, extrêmement pudique se montre à peine. Ensuite, une partie de foot s'engage avec les enfants et les ados du village. Les petites filles préfèrent jouer à la poupée avec les longs cheveux d'Alice, la roumano-australienne de notre bateau.

Puis nous reprenons la mer pour atteindre notre île déserte: mode Robinson Crusoé activé. L'île fait à peine quelques centaines de mètres de large. Il n'y a que des cocotiers ! Et aussi trois Kunas, ils campent là et régulent la consommation des noix de cocos, les Kunas en sont propriétaires. On peut leur en acheter contre 1 dollar. Pour ce tarif, ils grimpent chercher les cocos à plusieurs mètres de hauteur et nous l'ouvre à la machette.

L'activité de l'après-midi, c'est le snorkelling (= plongée avec masque et tuba). Oursins, étoiles de mer, poissons de toutes les couleurs... nous en prenons plein les mirettes. La nuit tombe, un orage éclate sur le continent, mais nous restons au sec alors que l'on voit les éclairs un peu plus loin. Feu de bois et on mange des coquillettes sur la plage. On y dormira aussi !

Jour 91 - Borderline

7h du matin, nous sommes au supermarché pour acheter de l'eau. On se prépare pour le bateau. Il faut en fait d'abord prendre une première navette fluviale. Ce n'est pas encore le bateau d'Adam et Marco, alors il faut payer le passage, qui dépend en partie du poids de nos sacs ! Tous les moyens sont bons pour récupérer des pesos de la poche des voyageurs.

En avant pour 3 heures de tape-fesses. Le bateau est une sorte de hors-bord au fond plat, qui rebondit sans arrêt sur les vaguelettes à cause de la vitesse, la pire chose pour nos colonnes vertébrales. Adam, notre pseudo guide, a omis de nous prévenir et surtout de nous préciser que c'est à l'avant du bateau que cela cogne le plus. Lui s'est tranquillement installé bien à l'arrière. Tu parles d'un baroudeur. Le pilote s'offre même le luxe de faire la course avec un autre bateau, poussant les gaz à fond sur la fin, augmentant par la même la violence des chocs, au grand énervement de ma jeune voisine pestant contre le maudit bateau.

Et nous voilà à Capurgana, petit bled tranquille à deux pas de la frontière avec le Panama. Tout le monde s'y arrête pour apposer les tampons sur le passeport. C'est aussi l'occasion d'escalader la colline et de faire nos premiers pas hors en Amérique du Nord: nous sommes récompensés par la superbe playa branco.

Nous revenons côté colombien et devons encore prendre un taxi fluvial pour rejoindre Sapzurro 10 minutes plus tard. Nous y trouvons Marco et son bateau. Nous découvrons aussi les autres backpackers qui seront avec nous les jours à venir. Il y a un autre français, Régis, rennais, projeteur en génie civil, il a tout vendu en France pour un tour du monde de 2 ans ! Puis un grand gaillard s'approche : "my name is John". Après quelques secondes, je m'aperçois qu'il est francophone, belge pour être précis. Je lui dis alors naturellement: "en fait tu t'appelles Jean". Non non, c'est John" ! Il vadrouille en Amérique Latine, et est embauché sur le bateau pour quelques temps. Il compte ouvrir une auberge en Lituanie ! Il y a aussi deux brésiliens, Thiago et Gustavo, chacun faisant un tour du monde. Et on ajoute encore Tim, Graham, des anglais en périples solo, Alice, une roumano-australienne en vacances, un couple de kiwi (= néo-zélandais), Mischa un allemand, Samuel, un  suisse-péruvien-argentin-anglais... qui travaille en Chine. C'est ça la mondialisation ?!

Jour 90 - On met le Turbo

Nous avons rendez-vous au petit matin à une autre auberge de la ville pour rejoindre une partie du groupe prenant le bateau avec nous. Nous y retrouvons Adam, une américaine et un couple australo-néo-zélandais: l'anglais semble être la langue principale des prochains jours...

Nous nous rendons tous ensemble à la gare routière pour embarquer dans un van direction Monteria. Adam "négocie" un prix. En fait, on doit juste attendre que le minivan se remplisse avant de partir et le prix est le même pour tout le monde, groupe d'Adam ou pas. On comprend qu'Adam n'est pas capitaine, mais travaille seulement avec Marco, un québecois, qui lui est le capitaine du bateau que nous allons retrouver à Sapzurro. D'ailleurs, on se demande un peu à quoi sert Adam... il nous indique le chemin, tout au plus.

Après 5 heures de route pleine de nids de poule, entrecoupées d'une pause déjeuner, nous sommes Monteria. Là, il faut prendre un autre van, et c'est encore 5 heures de route pour arriver à Turbo. Sur le chemin, nous croisons un camion de bananes renversé. Pas étonnant au vu de la quantité de bananes qu'ils chargent sur leurs vieux tas de ferraille.

Nous dormons à Turbo, dans un petit hôtel qui ne paye vraiment pas de mine pour se reposer après une journée harassante... à jouer aux cartes sur la banquette du van. Demain, on prend enfin le bateau.

Jour 89 - Oh mon bateau...

Il faut se mettre à la recherche d'un bateau pour passer cette fameuse forêt du Darien. Je rappelle que pour passer de l'Amérique du Sud à l'Amérique du Nord, c'est-à-dire de la Colombie au Panama dans notre cas, il n'existe pas de route. La forêt du Darien séparant les deux pays n'est pas une zone très fréquentable. Il reste donc les airs ou la mer.

Il y a des vols à partir de Carthagène, mais nous optons pour le bateau. Ce serait dommage de survoler les Caraïbes ! Après quelques recherches sur le net, nous savons que de nombreux bateaux font le trajet tout au long de l'année. Mais il y aussi pas mal de voyageurs, et les prix sont assez élevés pour une mini croisière de 5 jours sur un voilier.

Dans la ville, nous cherchons des renseignements pour savoir ou rencontrer les capitaines des bateaux. La police touristique nous indique qu'aucun bateau ne fait ce voyage, puisque c'est interdit ! C'est la version officielle, parce que nous croisons une foultitude de jeunes backpackers dans le même cas que nous.

Alors que nous envisageons d'aller directement sur le port, nous réalisons que la solution se trouve peut-être à notre auberge, et nous trouvons même des rabatteurs dans la rue, qui proposent un bateau partant deux jours plus tard: l'embarras du choix.

Adam, le capitaine néo-zélandais d'un des bateaux, passe à l'auberge. On discute un peu avec lui: deal... 289 dollars par personne le passage tout de même. Cela comprend le bateau depuis Sapzurro en Colombie, jusqu'au Panama, une escale dans un village Kuna, une nuit sur une île déserte et quelques repas pendant le périple. Pour le bus allant jusqu'à Sapzurro, les autres repas, les noix de coco et le rhum, il faudra encore mettre la main au porte monnaie.

Le bateau, c'est réglé. Nous pouvons donc passer l'après-midi au cybercafé afin de valider notre diplôme d'ingénieur ! En effet, nous devons rendre un rapport sur notre double diplôme pour Centrale Nantes. Un peu galère sur les claviers hispaniques mais bon, tout le monde n'a pas la chance de vivre ses derniers moments d'étudiants aux Caraïbes.

Le soir, c'est la quête aux billets verts: il en faut un petit paquet pour payer le bateau. Nous ne pouvons pas retirer en dollars aux distributeurs, alors nous retirons pas moins de 520.000 pesos ! Nous tournons ensuite une plombe dans la vieille ville à la recherche d'un magasin encore ouvert et susceptible de nous en échanger une partie en dollars. Lorsque c'est chose faite, nous regagnons l'auberge, des billets pleins les poches et des étoiles (de mer) plein la tête.

Jour 88 - Cartagena de Indias

Déjeuner dans la rue de nouveau, puis nous récupérons notre bus pour Carthagène, où plus précisément Carthagène des Indes, un million d'habitants et classée au patrimoine de l'humanité.

Notre petit bus sur-climatisé nous amène à destination. Nous reprenons un bus urbain pour atteindre la vieille ville, entourée de murailles, là où se trouve la plupart des auberges... et des touristes.

Nous trouvons notre auberge et partons découvrir les pierres de Cartagena. Les bâtiments sont beaux, les rues sont propres. Pour le continent, c'est assez rare pour être souligné, le tourisme amène des devises ! Par contre, c'est juste dans le quartier, parce qu'en dehors c'est le bordel: embouteillages dans tous les sens et rues détrempées dès qu'il pleut, c'est le côté indien.

Jours 86 et 87 - Parque Tayrona: ouh la gadoue

Nous partons aujourd'hui pour 2 jours dans le parc Tayrona. Mais avant, nous passons au supermarché acheter des bouteilles d'eau. Température dans le magasin: proche de zéro. Température extérieure: cela monte vers des sommets. Nous trouvons le bon bus, mais celui-ci attend je ne sais quoi... du coup, nous restons là 20 minutes en train de fondre sous la chaleur, serrés entre les sièges étroits. Lorsqu'il démarre enfin, les courants d'air sont une délivrance. Je crois que je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie !

Une fois à destination, nous sommes fouillés par des militaires à l'entrée du parc Tayrona. Nous ne pouvons pas garder nos sacs plastiques pour porter nos bouteilles d'eau pour pas les retrouver dans la nature... cela me fait doucement rire de me prendre une leçon d'écologie par des colombiens, surtout quand quelques mètres plus loin, non loin de la cabane des militaires, autour du banc pour attendre le bus, on voit des détritus et une carcasse de voiture rouillée ! A noter que Tayrona est un des principaux parcs naturels de Colombie, s'étendant sur 15 000 hectares, entre terre et mer, avec un sommet à 900 mètres d'altitude, pas banal en étant aussi près de la côte.


Un minibus nous emmène pour les 5 premiers kilomètres, puis nous poursuivons à pied dans la forêt. Le sentier est facile, de nombreuses parties sont aménagées par des passerelle en bois. Après 1h30 de marche, nous voilà face à la mer des Caraïbes. Les plages sont belles, mais le ciel est gris. Nous nous baignons abondamment mais la pluie fait son apparition en début de soirée. La nuit en hamac se passe plutôt bien. Cette fois-ci, il est resté attaché toute la nuit !

Je me réveille avec le soleil mais prolonge un peu la nuit. Au menu du petit déjeuner: baignade et partie de carte, avec coup de soleil et entraînement à l'apnée en bonus. En fin de matinée, des bateaux arrivent de Santa Marta, amenant d'autres touristes, le bateau et la marche à pied étant les seules possibilités d'accès à Cabo San Juan del Guía, là où on dort. Qui voit t-on débarquer ? Cassilda et Marie, les deux françaises de Santa Marta !

Nous déjeunons avec elles et prévoyons ensuite de rallier pueblito, les ruines du village du peuple Tayrona, occupant ses terres 500 ans plus tôt. Mais plus nous sommes prêts à partir, plus le ciel se couvre. Cassilda et Marie veulent aller à Pueblito puis revenir à Cabo San Juan, tandis que Yann et moi embarquons nos sacs et pensont poursuivre jusqu'à la sortie du parc. Dans les deux cas, ce sont plusieurs heures de marche pour rallier pueblito puis la sortie du parc naturel, et le ciel est plus que menaçant. Nous choisissons de zapper pueblito et de regagner directement la sortie.

Après un quart d'heure, la pluie arrive lorsque nous sommes encore sur les plages, puis c'est le déluge en quelques minutes une fois que nous commençons à entrer dans la forêt. On préférait les températures extrêmes, on était moins mouillés ! Nous recherchons l'entrée du sentier, dans le doute, on demande notre chemin à un des colombiens qui traînent par là. Ils trimbalent des touristes à dos de mules. La pluie s'arrête finalement, mais le chemin est devenue rivière, et c'est vraiment la gadoue. J'essaie de contourner les premiers mètres trop boueux, Yann tente de traverser directement... et y laisse une tong ! Il est empêtré, la boue jusqu'au genoux et laisse la deuxième un mètre plus loin. Sa paire de tongs reste là, ensevelie sous 20 à 30 centimètres de boue ! Je préfère garder mes tongs à la main, et nous continuons pieds nus dans la mouise: mode galère activé.

Le colombien nous a bien indiqué le chemin vers la sortie, mais c'est celui emprunté par les mules... et non pas celui avec les passerelles en bois ! Nous sommes donc les pieds dans la boue, dépassé par les mules, touristes sur le dos, menées par les colombiens qui eux sont en bottes ! 45 minutes sont nécessaires pour arriver au bout de ce sentier maudit. De retour à Santa Marta, nous prenons une bonne douche à l'auberge et des salchipapas accompagnées d'un grand jus de fruits aux vendeurs de rues: tout ça est bien mérité !

Jour 85 - Santa Marta

 Nous dormons bien dans notre bus. Le jour se lève, nous passons Barranquilla et longeons la mer des Caraïbes ! La musique se fait plus présente à nos oreilles. Le bus poursuit jusqu'à Santa Marta, 500 000 habitants, et nous prenons 30 degrés dans le visage. On se sent comme dans un four, cela faisait un moment que l'on avait pas eu aussi chaud !

Nous cherchons quelques renseignements... ils ne sont pas vraiment au taquet sur les informations touristiques. Tant pis, on essaie de trouver le bus pour le centre nous-même... il ne passe jamais. Comme nos corps perdent un litre d'eau en 10 minutes en plein soleil, nous optons finalement pour le taxi. Il nous promet qu'il connaît une auberge abordable, et nous dépose devant un hôtel trop luxueux. Cabrón... Nous errons quelques temps dans les rues perdant les quelques centilitres d'eau que nos corps contiennent encore, et une commerçante nous indique finalement une auberge. Celle-ci est excellente, avec piscine s'il vous plaît. En même temps, vu la météo et l'état de la plage à proximité, ce n'est pas vraiment du luxe.

Après un repas spartiate dans un boui-boui d'une rue voisine, nous attrapons le bus (enfin le minivan) pour la plage de Taganga, à quelques kilomètres de la ville. Nos fidèles tongs aux pieds, il nous faut encore passer une petite colline pour trouver notre coin paradisiaque. Un flic est posté au sommet, il nous indique le bon sentier. On se demande à quoi il sert d'autre... enfin, c'est déjà pas mal comme fonction, mais peut-être qu'un petit panneau suffirait.

Et arrivés au bout, nous pouvons enfin nous baigner. L'endroit est sympa même s'il ne figurera pas vraiment dans mon "top plage". Le temps d'amorcer quelques coups de soleil et nous repartons pour Santa Marta. Le soir, un quizz est organisé à l'auberge, dans un environnement quasi exclusivement anglophone. Malgré nos coéquipières irlandaise et écossaise, nous ne gagnerons pas... je n'avais pas pensé à réviser mes épisodes des Simpsons pour voyager. Nous croisons également deux françaises, Cassilda et Marie, en études à Bogotá pour un an. C'est quand même bien le français !

Jour 84 - A la ordem

L'antioquina digérée, nous partons aujourd'hui avec Ana Maria et Randy toujours, pour une visite de Medellin. Nous emmenons les sacs que nous laissons à la gare routière pour la journée. Ensuite, direction le jardin botanique où orchidées et mariposas (= papillons) sont exposés.

Nous allons ensuite tester le metrocable. C'est un système de transport urbain original: des télécabines, comme dans les stations de ski. Elles ont bien sûr été adaptée, notamment pour accueillir plus de passagers. A environs 16 km/h, elles peuvent transporter jusqu'à 3000 personnes par heure dans chaque direction. Depuis 2006, elles complètent le réseau de transport comptant deux lignes de métro, auxquelles le metrocable est relié. Ce système permet de desservir des zones impossibles à atteindre en bus, ou à un coût trop élevé. En effet, la ville de Medellin est très accidentée topographiquement selon les zones, et ce sont surtout des quartiers pauvres. L'extension du réseau de transport à ces endroits a permis de contribuer à la baisse de la criminalité ces dernières années.



Nous passons au-dessus des favelas, et approchons de la fameuse comuna 13, desservie par une des lignes de metrocable. Même Ana Maria ne mettrait pas le pied dans ces quartiers s'il n'y avait pas les cabines ! Nous redescendons ensuite en ville siroter quelques jus de fruits. Puis fin de la journée à la gare routière. Nous disons au revoir (adieu ?) à Ana Maria et Randy et montons dans le bus: direction les Caraïbes !!!

Jour 83 - La tierra del Pablo Escobar

Ana Maria nous réveille à 7h30, elle part travailler. Notre petit déjeuner est prêt: arepas (des galettes de maïs... personnellement, je ne suis pas fan), fromage, oeufs et chocolat chaud. Perfecto. Son père nous emmène ensuite au point de départ du minivan pour rejoindre Medellin.

Nous y découvrons une expo sur... Einstein. Pourquoi pas. De quoi découvrir son parcours et observer la médaille de son prix Nobel et apprendre qu'il était surveillé de très très près par le FBI américain, avec un dossier de pas moins de 500 pages !


Nous retrouvons ensuite Mariana, une autre amie colombienne. Elle aussi est revenue, elle vient de finir ses études et cherche du travail. Elle nous emmène voir le pueblito paisa, une réplique des anciens villages paysans de la région. En gros, ce que l'on voit dans la région du café (Salento). Ensuite, direction le parc dos pies descalzos (= des pieds nus). Un parc où l'on peut se déchausser et suivre un parcours permettant de se "connecter avec la terre", les pieds étant en contact avec le sol. Nous ferons un bain de pied. C'est une illustration de la qualité de vie que l'on peut trouver dans une ville qui fût anciennement minée par les guerres de gangs.

Nous laissons ensuite Mariana et retournons à Rionegro. Un bon jus de fruit puis nous allons encore dans un shopping pour manger avec Ana Maria et son copain Randy. Sur le chemin, Ana m'explique que Pablo Escobar est originaire de Rionegro ! Il commence le trafic de cocaïne en 1975, un business comme un autre où l'argent est facile. Durant des années, il étend son réseau, le cartel de Medellin, et met en place une voie d'exportation vers les Etats-Unis. En 1982, il entre même au Congrès Colombien. La population l'idolâtre, il reverse une partie de son argent sale pour des actions humanitaires comme la construction de maisons pour les habitants des quartiers pauvres de Medellin.

Son système repose sur la corruption et l'intimidation: "plata o plomo"... l'argent ou le plomb (des balles). Il soudoie de nombreux officiels et en abat une ribambelle d'autres: attentats à tout va. En 1989, il est le responsable de l'assassinat de 3 des 5 candidats à l'élection présidentielle... Une "brilliante carrière" de criminel où il aurait amassé 40 milliards de dollars. On comprend la volonté des autorités d'en venir à bout, comme expliqué dans le post précédent.

Sur cette page de l'histoire colombienne, nous terminons notre soirée à jouer au billiard avec Ana et Randy, en goûtant à l'aguardiente Antioquina...

Jour 82 - Medellin

Lorsque nous nous réveillons, nous sommes au terminal de bus de Medellin. Prononcez "Mets des jeans"... comme me l'ont appris les amigos colombiens rencontrés à São Paulo. Plusieurs étaient originaires de la fameuse ville des cartels. J'ai aussi appris que la "comuna 13" (= le quartier 13) est une favela où il ne fait pas bon mettre les pieds !

Nous commençons par visiter la palacio cultural et le museo de Antioquia dans le centre. On y voit des peintures et sculptures de Botero, et des oeuvres d'autres artistes sud américains.. Botero a notamment immortalisé la fin de Pablo Escobar, l'ancien chef de gang colombien, abattu par un commando policier en 1993. L'homme le plus recherché au monde, dont la tête a été mise à prix à plus de 6 millions de dollars, est mort de 12 projectiles dans le corps dans une ultime tentative pour échapper à une chasse à l'homme ouverte depuis plusieurs années par les autorités colombiennes mais aussi la CIA et autres organismes américains.

Vers midi, nous retrouvons Ana Maria, qui a étudié avec nous pendant un an à São Paulo. Elle est revenue dans sa ville natale et y travaille désormais, dans un organisme départemental surveillant les ouvrages prévenant des aléas naturels. Elle nous emmène manger dans un centre commercial: nous allons dans un Crepe&Waffles (= crêpes et gauffres, en anglais). Nous y manger... une galette "bretonne" ! Vive le dépaysement ! Malgré le nom et le menu, c'est une chaîne de restaurant 100% colombienne, au franc succès.

Nous passons l'après-midi entre les rues commerçantes de la ville, puis prenons un minivan pour rejoindre Rionegro, la ville d'où est originaire Ana Maria. Elle vit encore chez ses parents qui nous accueillent chaleureusement, dans une maison qui a tous les airs d'une petite maison dans une quelconque ville française.