Os Normais

Deuxième présentation d'un film brésilien.

Aujourd'hui, je vous présente Os Normais, une comédie adpatée de la série télévisée du même nom diffusée au Brésil par Rede Globo entre 2001 et 2003. Avec un total de 71 épisodes et plusieurs récompenses, le programme reste à ce jour la série réalisant la meilleure audience moyenne un vendredi soir. Il faut savoir que les novelas (= séries) sont une véritable institution au Brésil.

Le film reprend l'histoire de la série, se passant à Rio de Janeiro. C'est en quelque sorte l'équivalent de nos Chouchou et Loulou nationaux. Le film est sorti en 2003 au Brésil et a attiré le plus grand nombre de spectateurs cette année là, il raconte la rencontre des deux personnages principaux.

Le pitch: le lendemain de leurs mariages respectifs, lui avec Martha, elle avec Sergio, Rui et Vani se retrouvent sur le port, Vani devant partir en croisière pour sa lune de miel. Ils ne se connaissent que depuis la veille, un "mini flash back géant" montre au spectateur les péripéties des deux personnages depuis leurs mariages jusqu'au lendemain.

Le mieux, c'est que les acteurs parlent clairement et pas trop vite dans l'ensemble. Bien que n'ayant pas de sous-titres, j'ai quand même pu comprendre les dialogues!

En parlant de vacances...

Je suis en vacances au mois de juillet, pendant un mois, ce qui correspond à l'intervalle entre les deux semestres de l'année scolaire. Je vais donc en profiter pour revenir en France!

J'ai pris mon billet d'avion cette semaine, je me poserai donc à Paris le 30 juin. Je repars, de la capitale également, le 5 août pour reprendre les cours à SP.

Voili voilà.

Deuxième semestre

Voilà maintenant 5 semaines que j'ai repris les cours, ce deuxième semestre est donc déjà bien entamé.

Mon nouveau programme scolaire est constitué de 9 matières, validant 32 crédits (à peu près autant d'heures de cours) et de la réalisation de mon Trabalho de Formatura (= Travail de Formation), communément appelé TF.

Le TF, c'est un projet, s'échelonnant sur 2 semestre, à réaliser par groupe de 5 élèves, devant permettre l'aplication des connaissances acquises dans les 4 domaines de Génie Civil enseignés: structures et fondations, construction, transport et hydraulique. L'intitulé de mon sujet est à peu près l'implantation d'une nouvelle station de train à SP. Affaire à suivre.

Sinon, mes nouvelles matières sont:
-Sistemas Prediais (= immeubles): alimentation en eau froide/chaude, en électricité, service incendies...
-Tecnologia de Construção dos Edificios I: types de fondations, de structures...
-Estruturas Metalicas: calcul de structures
-Gestão dos Investimentos na Construção Civil
-Saneamento I (= assainissement): étude des stations de traitement d'eau potable
-Hidraulica Geral III: modélisation des écoulements de rivières et canaux
-Fundações: dimensionnement des fondations
-Planejamento Urbano (= planification urbaine) dos Sistemas de Transporte: sans doute ma préférée!
-Administração das Empresas (= entreprises).

Je vais également devoir me mettre à la recherche d'un stage pour le prochain semestre.

Et puis j'allais oublié: je suis en vacances! Oui déjà, mais pendant une semaine seulement, la Semana Santa (= Semaine Sainte).

Belo Horizonte

Et le carnaval prend fin.

Etant dans le Minas Gerais, j'en ai profité pour aller faire un petit tour de quelques jours à BH (pronomcez "Bé Haga") alors que Yann est directement reparti vers São Paulo. Les Mineiros ont pensé une nouvelle capitale pour remplacer Ouro Preto, symbole du colonialisme et difficile d'accès. BH est née, énergique, à l'image du nouveau drapeau brésilien arborant: Ordem e Progresso (= Ordre et Progrès).

2h de bus après avoir quitté Ouro Preto, me voilà à la gare routière de BH. Pour mon logement, j'avais trouvé un contact par le site Couch Surfing. Ce site met en contact des personnes proposant de bon gré (et gratuitement) un lit ou un canapé et des personnes en voyage recharchant un toit pour quelques nuits. Ce site est basé sur la confiance, le respect de règles de base et sur l'échange.

J'ai l'adresse du Couch Surfeur en question (Fausto) et son numéro. Oui mais voilà, je n'ai pas de portable (il est resté quelque part au Pérou...). J'appelle donc d'une cabine téléphonique à la gare routière (avec la carte téléphone d'un français, en voyage depuis 3 mois en Amérique du Sud!) mais Fausto ne répond pas. Par mail, il m'avait prévenu qu'il arriverait en fin de journée, revenant de la côte où il passait le carnaval.

Je prends tout de même un taxi, et me rend chez lui. Bien sûr, personne n'est là. Après 10 minutes d'attente, je me résouds à retourner en centre-ville. Mon chauffeur est sympa et donne confiance, je lui demande donc une adresse d'un logement pas trop cher. 40 reais de voyage plus tard, je me retrouve à quelques patés de maison de la gare routière, dans un petit hôtel ne payant pas de mine. De plus, ma nuit fut un peu perturbée par tout le vacarme provenant de la fenêtre de la chambre. Un peu la loose.

Le lendemain, la journée commence bien par un bon petit déjeuner. Je n'ai jamais eu autant de choses différentes à manger au petit matin, sans compter la colonie de fourmis installée sur ma table s'en donnant à coeur joie avec le sucre.

Je quitte l'hôtel vers 8h pour bien profiter de ma journée. Un peu refroidi par mon échec de la veille, je prends mon billet retour pour SP, départ à minuit, et puis la rentrée va arriver avec mon rattrapage de concreto. Je me balade ensuite un peu dans le centre-ville. La ville, de 2,5 millions d'habitants, semble plus organisée que SP, notamment le système de bus, me paraissant plus simple d'utilisation. Les gens aussi paraissent plus sympathique. A gauche, une place importante de la ville, a Praça Sete, à droite, o Parque Municipal, havre de verdure tropicale... où tous les clochards de la ville semble dormir.


En suivant les conseils du performant office de tourisme de la ville (Belotur), je me rends à Pampulha, un quartier sorti de terre en quelques années (1942-1944) sous l'impulsion du maire de la ville, Juscelino Kubitschek, aidé du jeune architecte Oscar Niemeyer. Une dizaine d'années plus tard, en 1956, Kubitschek est élu président du Brésil. Il lancera la construction de Brasilia en 1960, dont Pampulha fut en quelque sorte un coup d'essai. Quant à Niemeyer, il va devenir un des plus célèbres architectes brésiliens.

Là où il n'y avait que des champs, est apparu un ensemble architectural important, unique, vitrine de l'architecture moderne, le tout autour d'un immense lac artificiel.


Toujours dans le même quartie, se trouve le Mineirão: le stade de foot de la ville, qui accueillera plusieurs matchs durant la Coupe du Monde 2014 qui se déroulera au Brésil. Pour R$3, je peux le visiter. C'est parti. L'accès au hall avec tous les trophés est libre, ensuite, on m'emmène dans les vestiaires, où une quinzaine de baignoires, une quinzaine de douches et une quinzaine de transats attendent les joueurs. Ensuite, direction la pelouse et son système d'arrosage automatique. Elle m'a l'air bien chouchoutée cette pelouse.


Je retourne ensuite dans le centre-ville, découvrir la praça da Liberdade, l'animé quartier de Savassi et le Museu Historico Abilio Barreto, présentant le dernier vestige d'une ferme de Curral del Rey, village détruit vers 1890 pour laisser la place à BH.

Dans la journée, j'ai réussi à téléphoner à Fausto, dire que je vais bien (il ne m'a pas vu arriver chez lui et n'avait pas moyen de me joindre!). Il est arrivé beaucoup plus tard que prévu, suite à un problème sur l'autoroute à son retour de la côte. Le timing est un peu juste pour le voir. Tant pis, peut-être une prochaine fois!

Je retourne récupérer mes affaires à l'hôtel en me perdant un peu, je ne savais pas le nom de la rue... le tout sous la pluie bien sûr. Puis direction la gare routière, sans me faire voler mon sac par les gens un peu louches traînant dans le quartier. Retour à SP, la rentrée arrive...

Ouro Preto

Ouro Preto, ce n'est pas seulement le carnaval, c'est aussi la plus belle des nombreuses villes coloniales du Minas Gerais et berceau du premier mouvement d'indépendance au Brésil, ce qui en fait la troisième destination la plus visitée du pays.

Selon la légende, un serviteur d'un groupe de bandeirante (= aventuriers qui exploraient le Brésil entre le 17ème et le 18ème siècle) découvrît des fragments d'un métal noir dans une rivière près du site de l'actuelle ville d'Ouro Preto. C'était de l'or. Quelques années plus tard les gisements étaient les plus importants du Nouveau Monde, la ruée vers l'or est entamée (à grands renforts d'esclaves).

Au milieu du 18ème siècle, la ville, fondée en 1711, comptait plus de 110000 habitants (50000 à New York à l'époque). Elle devint la capitale de l'état du Minas en 1721. L'intégralité de l'or était récupéré par la couronne portugaise, les fraudeurs étant sévèrement punis: une première révolte éclata en 1720.

En 1789, nourri des idées de la Révolution Française, un mouvement nommé l'Inconfidência mineira s'érigea contre la colonisation portugaise alors que les gisements s'épuisent, les impôts étant de plus en plus pesants sur les mineurs. Mais les agents du roi matèrent cette rebellion. Un des leaders, Tiradentes (= arracheur de dents), fut le seul à ne pas nié son rôle: il fut exécuté après 3 ans passés au fond d'un cachot, sa tête exhibée, sa maison détruite et son terrain recouvert de sel pour que rien n'y repousse.

Je me suis rendu au Museu da Inconfidência traitant de cet important chapitre de l'histoire et présentant également des oeuvres de l'Aleijadinho (célèbre sculpteur et architecte de l'époque) et des instruments de torture!

J'ai également visité le Museu de Ciência e Técnica da Escola de Minas avec son impressionnante collection de pierres et joyaux venant du monde entier. Il s'y trouve également (entre autres) une salle où on l'on peu s'inicier à quelques principes de la physisque, ceci tout en s'amusant, youpi!

Troisième et dernière visite: la Casa dos Contos, centre financier au 18ème siècle, elle servit de prison pour les membres de l'inconfidence. Aujourd'hui, elle abrite une exposition sur l'histoire de l'or et retrace l'histoire de la monnaie au Brésil, du cruzeiro et du real.

En 1897, Belo Horizonte devient la nouvelle capitale du Minas Gerais ce qui a permis à Ouro Preto de conserver son style colonial, avec ses 23 églises de style baroque et ses ruelles pavées, agrippées au paysage très vallonné de la région. En 1980, l'Unesco en fait le premier site brésilien classé au Patrimoine mondial de l'humanité.

Carnaval

Le carnaval, une véritable institution ici au Brésil, la plus grande fête populaire du pays, s'étalant sur 5 jours précédants le Mercredi des Cendres, avant le Carême.

Le carnaval est arrivé au Brésil durant le 17ème siècle, influencé par les fêtes carnavalesques européennes, notamment françaises, où le carnaval prenait la forme de défilés, les participants utilisant masques et déguisements.

La fête devint réellement populaire au début du 20ème siècle et a pris de l'ampleur. A cette époque, des chansons sont spécialement écrites pour le carnaval. En 1928, la première école de samba voit le jour à Rio de Janeiro. La samba est une musique née au Brésil, mélange des cultures des esclaves noirs africains, des indigènes et des colons européens.

Aujourd'hui, le carnaval de Rio est sans doute le plus connu à travers le monde, attirant de nombreux touristes. Les écoles de samba s'affrontent durant les défilés. Plusieurs juges attribuent une note pour chacun des critères tel que l'harmonie, l'impression d'ensemble, les costumes... Seule une école reçoit le titre de meilleure école de l'année. A gauche, une vue du Sambodrome où a lieu une partie des défilés.

Le carnaval de Salvador est également très réputé au Brésil, mais à la différence de Rio, il est qualifié de carnaval de rue. De nombreuses bandas (= groupes) jouent dans la rue, précédant la foule dansant au rythme des percussions.

Pour ma part, avec Yann, j'ai passé le carnaval à Ouro Preto, dans le Minas Gerais, vu que plusieurs brésiliens croisés durant notre voyage dans les Andes nous l'ont conseillé, notamment des mineiros (= habitants du Minas Gerais). Il y a une forte proportion d'étudiants à ce carnaval, qui est un carnaval de rue, quasi exclusivement des brésiliens. Il y a de nombreuses republicas (= des collocs étudiantes) dans la ville. Moi, j'étais à la Republica Favela. Les gens sont vraiment sympathiques, les mineiros très accueillant et la bonne humeur règne. Durant les 5 jours, des défilés, fêtes et concerts sont organisés, un exemple sur la photo de droite.

São Paulo, le retour

Et oui, qui dit voyage, dit fin de voyage, et donc retour au point de départ.

Mais, arrivé début février, cela m'a laissé encore près de 3 semaines avant le début des cours le 22 février. De plus, mon seul rattrapage, en Concreto (= béton), a eu lieu seulement le 24 février, et non entre le 8 et 12 comme prévu initialement.

J'ai d'ailleurs eu le résultat de mon épreuve de rattrapage la semaine suivante: validé! Au final, j'obtiens 5/10 de moyenne dans cette matière, tout juste pour valider (je rapelle que pour valider une matière et obtenir les crédits associés, il faut obtenir 5/10 au minimum à la fin du semestre). Je fais donc partie des 10 validés pour cette matière ce semestre, sur les 45 élèves assistant à ce cours! Durant le semestre, je m'en sors donc avec près de 6,4/10 de moyenne (en supposant que mes 6 matières aient le même coefficient).

Niveau météo, j'ai quitté le froid bolivien pour les chaleurs estivales brésiliennes. Les premiers jours du mois de février ont été marqués par de fortes températures, dans les 35°C à SP (et même 40°C à Rio de Janeiro). Le plus étonnant, c'est que tous les jours, il se mettait à pleuvoir des cordes vers 17 ou 18h, en fin d'après-midi. 1 ou 2h plus tard, il refaisait beau temps.

Depuis, la météo a changé, il y a même eu une période de "froid". Le mercure est même descendu vers les 15°C, j'ai même dû mettre un pull. En ce moment, il fait beau, parfois lourd et de temps en temps, une grosse averse qui ne dure pas trop longtemps. Par exemple, ce weekend, je sors pour aller prendre ma douche. A priori, il y a quelques nuages mais sans plus. Et en coupant l'eau de la douche, je trouve étonnant d'entendre encore de l'eau couler! En fait, j'entendais l'eau dégringolant du toit. Dehors, c'était le déluge!

Les plus attentifs ont peut-être remarquer que je dois "sortir" pour prendre ma douche. En effet, ce nouveau semestre est marqué par un nouveau logement. Ou plus précisément, une nouvelle chambre dans le même logement. J'ai en effet déménagé de quelques mètres pour atterir dans cette chambre, voir ci-contre.

C'est un carré de 3 mètres sur 3 environ. Si je dois sortir, c'est que ma porte (et ma fenêtre aussi) donne directement dehors, la photo de gauche est ce que je vois lorsque je sors et lève un peu les yeux. Ma salle de bains (pas tout à fait exclusive mais presque) est donc à l'extérieur, sur la terrasse située en bas d'un escalier. Le plus embêtant, ce sont les jours de pluie puisque dès que je rentre dans ma chambre, je salis mon "hall entrée" (ce qui n'est pas négligeable sur 9m², vous en conviendrez). Il n'est pas toujours agréable de sortir prendre sa douche sous la pluie, se doucher, se sècher, puis revenir dans sa chambre sous la pluie de nouveau. Le froid non plus c'est pas génial (sortir en pyjama quand il fait 15°C par exemple). Mais des fois, il fait beau, et là cela fait plaisir!

Conclusion

Et voilà, j'ai terminé de vous conter ce grand voyage. Il a duré 45 jours. Il m'a presque fallu autant de temps pour écrire tous les messages, à raison d'environ 1h30 ou 2h d'écriture par message en moyenne, mes 40 posts représentent environ 70h de boulot. J'espère que cela vous a permis de voyager un petit peu, moi cela m'a fait voyagé une deuxième fois.

En parcourant plus de 4000 km (peut-être 4500), j'ai pu expérimenter divers moyens de locomotion: les bus boliviens, chiliens et péruviens, le vélo sur la Route de la Mort, le 4x4 dans le Désert de Sel, les coletivos sur les pistes andines, le bateau sur le Pacifique, les taxis à Lima, le sandboard à Huacachina, l'avion de tourisme au dessus des lignes de Nazca, le train à plus de 5000m, mes baskets et mes tongs un peu partout et la cerise sur le gâteau: l'hélicoptère de l'armée péruvienne survolant la Vallée Sacrée des Incas.

En plus de cela, plus de 8000 km dans 6 avions de ligne (même si cela n'est pas bon du tout pour la planète...). Cela m'a permis de voir un (petit) bout de l'Argentine et du Paraguay

J'en ai pris plein les yeux entre l'océan et la montagne, les inondations et la sécheresse, les déserts et la forêt, le froid et le chaud, le pisco sour et la chicha, les antecuchos et les poulets frites, les lamas et les condors (euh, le condor!), le manque d'oxygène et les randonnées, l'époque coloniale et l'indépendance, les mendiants de La Paz et les beaux immeubles de Miraflores à Lima, les effets dévastateurs des séismes et la reconstruction à la péruvienne, le lac navigable le plus haut du monde et la route la plus dangeureuse du monde, l'Inca Kola et la suprématie de Coca Cola, les vestiges incas et les églises des colons, l'entraide et la corruption... et j'en passe...

45 jours, autant de nuit, dont 11 dans un bus, 3 sous tente, 3 dans un wagon, 1 dans l'avion. Le reste du temps, il faut trouver un toit pour la nuit. Des fois, l'endroit choisi est excellent, d'autres, il est moisi!

J'ai maintenant 8 tampons en plus sur mon passeport et "notions d'espagnol" sur mon CV. Voyager permet également de rencontrer une multitude de personnes de tous les horizons, comme par exemple:
- Juliette à Potosí, elle est française, professeur des écoles, et a décidé de partir apprendre de nouvelles langues sur le terrain pendant au moins un an, elle projetait d'aller vers la Nouvelle-Zélande après le continent américain;
- Thiago et Daniel, 2 brésiliens vivant à Rio, nos comiques et sympathiques collègues de 4x4 à Uyuni;
- les brésiliens du trek au Machu Picchu, avec qui j'ai passé près d'une semaine au final;
- Rosa et Nalda sur la plaza das armas à Arequipa, elles ont une quinzaine d'année et vendaient des livres pendant leurs vacances pour gagner un peu de sous;
- les guides des diverses visites;
Et pleins d'autres encore, de tous pays: Bolivie et Pérou bien sûr, mais aussi Brésil, Argentine, Chili, France, Allemagne, Angleterre, Italie, Australie, Corée, Belgique, Suisse, Suède, Irlande, Islande, Danemark, Russie... Des gens qui sont en vacances une ou deux semaines, d'autres qui font le tour du monde en un an. Des mochileiros (= backpacker, personne voyageant avec le sac sur le dos) ou des touristes plus conventionnels.

La région est sans nul doute une des plus intéressantes au monde, une des plus belles aussi. Si les évènements qui se sont déroulés là au cours de l'histoire s'étaient passés différement, la face du monde en serait changée: si les Incas avaient résisté aux espagnols? s'il n'y avait pas eu autant d'argent dans le Cerro Rico de Potosí? si au lieu de créer plusieurs pays au moment de l'indépendance, la Bolivie, la Colombie, le Pérou, le Chili, l'Argentine... avaient été une seule et unique grande nation?

Pour ma part, la vie a repris à SP. Après une telle promenade, au début cela fait un peu bizarre, mais cela fait du bien de se reposer!

A peine arrivé et il faut déjà penser à l'année prochaine: Valparaiso? Santiago? Buenos Aires? Terre de Feu? Cap Horn? Argentina?!!!

Soda y publicidad

J'ai oublié de vous dire quelques mots du la publicité au Pérou. Pourquoi la pub? Eh bien parce que j'ai envie! Et puis parce qu'il y a quelques petites choses un peu surprenantes.

De même qu'au Brésil où je vois souvent des publicités du Governo do Estado de São Paulo "trabalhando para você" (= l'état de SP travaille pour vous), au Pérou, les autorités communiquent avec leurs électeurs par le biais de la publicité, comme par exemple ce mur où le ministère de l'éducation annonce que la région sera bientôt "libre de l'analphabétisme".

Au Pérou (au Brésil aussi parfois, mais cela m'a moins sauté aux yeux ici), tout support est un panneau publicitaire potentiel. Sur les panneaux indiquant le nom des rues, il y a un un emplacement publicitaire au-dessus. Les cabanes où sont installés des agents de circulation à Lima sont aux couleurs d'Inca Kola.

L'Inca Kola, c'est une boisson gazeuse n'existant pratiquement qu'au Pérou. Il a une couleur jaune et un petit goût de chewing-gum. Personnellement, j'aime bien. C'est le soda national. Il a été lancé en 1935 et est aujourd'hui le premier soda vendu au Pérou (31% du marché), devant Coca-Cola (26%). Le Pérou est un des rares pays au monde (avec l'Inde et l'Ecosse) où le Coca-Cola ne domine pas le marché. Mais le géant américain ne se fais pas oublier, les publicités sont partout, 2 exemples sur les photos ci-dessous.


Dès le départ, Inca Kola éroda les ventes de Coca Cola et de Pepsi. A partir des années 80, Pepsi finit même par perdre quasiment toutes ses parts de marché au Pérou. En 1995, les autres marques sont au coude à coude. En 1997, la famille Lindley, propriétaire d'Inca Kola, recherche un partenaire. Coca-Cola négocie pour son rachat: 2 ans plus tard, un accord prévoyant que Coca-Cola achète 50% de la société Inca Kola est établi.

D'autres marques se sont également implantées, comme Kola Real qui se postionne en troisième position (17%). La marque joue sur le fait que son produit est péruvien, ce qui n'est plus le cas de l'Inca Kola. Et il n'y a pas que pour Coca Cola que la pub est importante, comme en témoigne ce panneau publicitaire!

De même que Breizh Cola et ses 7% de part de marché en Bretagne, une bonne épine dans le pied du colosse américain.

Encore un petit peu d'histoire

De la Bolivie cette fois-ci.

La région était peuplée par le peuple Tiwanaku sur les rives du lac Titicaca. Ensuite, arrivent les Quechuas rattachés à l'empire Inca, jusqu'aux débuts de la conquète espagnole, entamée en 1539.

Les espagnols, avides de richesses, découvrent les mines du Cerro Rico. Entre 1545 et 1802, ce sont 40000 tonnes de minerai qui sont extraites, formant la majeure partie de la richesse espagnole. Une partie (inconnue) de cet argent repose sans doute au fond de la mer, les bateaux perdant parfois leur cargaison ou coulant durant des tempêtes lors du retour vers l'Europe.

C'est toute l'Europe qui s'enrichi grâce à l'argent provenant de Potosí. Paradoxalement, l'Espagne, avec un train de vie trop élevé, est sortie ruinée de cette ère prospère au profit des autres pays européens qui sont entrés dans une période d'industrialisation.

Cette quantité d'argent (équivalent à plusieurs dizaines de milliards d'euros actuellement) est à l'origine du capitalisme en Europe. Ironie de l'histoire, la Bolivie est aujourd'hui un des pays les plus pauvres au monde. L'exploitation des mines s'est faite au détriment des locaux, obligés de travailler pour l'empire Espagnol dans des conditions épouvantables. On dit qu'avec tout l'argent extrait, il serait possible de construire un pont reliant l'Amérique Latine à l'Espagne, mais les os des indigènes, et des esclaves africains (2 millions), morts dans les mines, y suffiraient également.

La Bolivie prend son indépendance le 6 août 1825, après la victoire de la bataille d'Ayacucho. Simón Bolívar écrit la constitution du pays qui, en son honneur, va prendre pour le nom de Bolivie.

Durant le 19ème siècle, après l'indépendance, le pays est sujet à de nombreuses révolutions, des guerres civiles, des coups d'État et d'incessants changements de gouvernement. Malgré une brève période où la Bolivie est la puissance majeure de la région sous l'impulsion d'un maréchal nommé Andrés de Santa Cruz, le pays est ensuite plongé dans le chaos jusqu'à la perte de son accès à la mer et de la région d'Atacama, riche en nitrate, au profit du Chili à l'issue de la Guerre du Pacifique. La Bolivie perdra également une partie de son territoire dans un conflit avec le Brésil, concernant la région de l'Acre, à l'Ouest du pays. Et elle perdra également la région du Chaco (200000 km²) au profit du Paraguay.

A travers l'histoire, la Bolivie n'a pas eu beaucoup de chances. Aujourd'hui, le résultat est que le pays est le plus pauvre du continent malgré la possession de nombreuses ressources naturelles, mais elles n'ont jamais réellement bénéficiées au peuple bolivien. En 2005, l'élection d'Evo Morales apporte un peu d'espoir aux populations les plus pauvres: il est le premier président d'origine Aymara. De même que ses prédecesseurs, il doit lui aussi faire face à de nombreuses tensions, provenant d'une part des demandes des plus défavorisés, d'autre part des poussées indépendantistes de certaines régions. Affaire à suivre.

Jour 4 - Potosí

Gros retour en arrière...

En effet, pour ceux qui ont suivi, je n'ai pas encore raconté le jour 4 pour cause de manque de photos. Ce jour là, j'étais à Potosí où j'ai visité les mines d'argent du Cerro Rico (= la Montagne Riche). J'ai demandé à un brésilien qui a fait la visite en même temps que Yann et moi de m'envoyer quelques images par Internet... mais j'attends toujours.

Potosí est une ville de près de 200000 habitants, située à environ 4000m d'altitude. Outre le centre de la ville, ponctué de beaux bâtiments coloniaux, témoins de la richesse passée de la ville, la principale attraction de la ville est la visite des mines. J'a trouvé la photo ci-contre sur le net, mais lorsque j'y étais, le soleil n'était pas au rendez-vous, il faisait (très) froid et il pleuvait!

Une camionnette vient nous chercher à l'auberge avec une quinzaine d'autres jeunes touristes en soif d'aventures. Une fois aux mines, on nous distribue l'équipement: veste, casque, lampe frontale et bottes. Dans notre dos, le nom de l'agence: "Greengo Tours"... On nous met en garde, la visite est dangeureuse. Certes, il doit y avoir quelques, mais les guides sont sans doute un peu comédiens, histoire de rajouter de l'adrénaline.

Mon guide s'appelle Juanito, alias Johnny. Il nous dit solennellement qu'il n'y a jamais, au grand jamais, eu d'accidents avec lui. Ah, me voilà rassuré! Il nous emmène au "marché" et nous fait acheter des sodas, feuilles de coca et de l'alcool à 96 degrés pour qu'on les distribue aux mineurs. Ensuite, nous passons au stand explosif, où il nous présente 3 types d'explosif, dont la TNT (trinitrotoluène). Johnny s'amuse d'ailleurs avec un bâton de TNT, le lance, en approche le bout de la flamme de son briquet... et pas boom. En effet, la TNT en elle même n'est pas très sensible. Il faut un détonateur adéquat pour pouvoir la rendre explosive.

S'il on est obligé d'acheter toutes ces choses pour les mineurs, c'est que ceux-ci sont assez pauvres, travaillant dans des conditions difficiles et devant acheter eux-mêmes leur matériel. Comme partout, la mauvaise foi ne doit pas être loin, puisque que nous payons une agence pour la visite, que nous donnons de l'argent au marché pour acheter les produits, ce qui multiplié par le nombre de touristes doit faire une belle somme: mais quelle proportion de cet argent va aux mineurs? Sans doute proche du zéro, mais ils auront du soda...

Ensuite, c'est parti pour 2h de "balade" dans les mines, pliés en 2 dans des tunnels étroits. L'atmosphère est humide, nous pataugeons d'ailleurs dans l'eau boueuse durant une bonne partie de la visite. Johnny/Juanito nous montre une représentation d'El Tio, le dieu de la mine. Les mineurs y laissent des offrandes, feuilles de coca et alcool notamment. D'ailleurs Johnny en laisse aussi, en n'omettant pas de boire un peu d'alcool (à 96 degrés!) et de se caller quelques feuilles de coca sous les dents.

Nous croisons également des mineurs, soit en train de pousser des chariots remplis de minerais vers la sortie ou en train d'attquer la roche. Nous leur distribuons nos achats. Nous respirons de la poussière, ce qui rend d'ailleurs malades les mineurs, qui ont une espérance de vie limitée. Pour nous, seulement 2h d'inhalation de poussières à quelques dizaines de mètres sous terre ne représentent pas de problème.

Puis à la sortie de la mine, Johnny nous fait une démonstration avec le dernier bâton de TNT, excellent. Voilà, la visite est terminée et il n'y a pas eu d'accidents, bravo Johnny, mission réussie.

Jours 44 et 45 - La Paz bis

J'ai dormi dans un vrai lit, vraiment agréable après 3 nuits sous tente, 3 nuits dans des wagons et une nuit dans un bus. Le programme de la journée est plutôt léger. Nous prenons un coletivo nous emmenant près du cimetière de la ville où nous allons faire un petit tour, sympathique. Nous passons ensuite dans des rues remplies d'étals de marchands. La Paz semble être un grand marché à ciel ouvert, un marché qui ne s'arrête jamais. Il y a des centaines de stands vendant des chaussettes, des produits de beauté ou encore des CDs piratés.

Nous décidons de donner une touche culturelle à notre fin de voyage. En effet, à une rue de notre auberge se trouve 4 musées se visitant les uns à la suite des autres avec un seul ticket d'entrée. Manque de bol, nous y allons un peu après midi et les musées sont fermés. Finalement, nous ne les avons pas visités.

A la place, nous repartons dans l'exploration de la ville, notamment d'un autre marché qui est un délice pour les papilles. Le meilleur, cela restera les stands de fontaine de chocolat où se vendent des brochettes de bananes, fraise ou encore marshmallow nappés d'une couche de chocolat. Miam.

Nous terminons la journée au cinéma pour voir le film Avatar. Les graphismes sont excellents même si normalement le film est en 3D. Je n'ai malheureusement pas profité de cette technologie, vu que la Bolivie ne semble pas être à jour. Déjà que l'écran n'était pas terrible.

Le lendemain, nous nous sommes encore baladés dans la ville. J'en ai profité pour acheter des chaussettes, du shampoing, du savon... cela est moins cher qu'à São Paulo! Puisqu'il se met à pleuvoir fortement, nous retournons au cinéma voir Inglorious Basterds (que j'avais déjà vu) à 20 Bolis (2€) la séance.

Puis Antoine part à Potosi en bus, il reste quelques jours de plus en Bolivie avant de nous rejoindre au Brésil où il va rester une dizaine de jours. Yann et moi, nous allons à l'aéroport. Là, nous rencontrons Pedro et Vinicius, deux des brésiliens de notre groupe de trek, ils ont le même vol que nous.

Une autre surprise nous attendait là: une taxe de US$25 pour utilisation de l'aéroport. Arf. Obligés de retirer des dollars américains, les derniers frais des vacances. En plus, notre vol est annoncé avec un retard de 3h. Histoire de finir le voyage en beauté!

Jour 43 - Le lac Titicaca

Je me réveille à Puno, avec le lac en toile de fond. Après un passage dans les affeuses toilettes de la gare routière (je n'ai malheureusement pas laissé la tourista à Aguas Calientes), nous cherchons un coletivo pour nous emmener jusqu'à Desaguedero, c'est-à-dire la frontière avec la Bolivie.

Nous longeons le lac Titicaca, la vue est tout simplement magnifique. J'ouvre grand les yeux car je ne vais pas avoir l'occasion de naviguer sur ses eaux... Nous arrivons à la fontière que nous passons accompagnés d'une Coréenne à problèmes. Elle voyage seule à travers l'Amérique du Sud. Je dis "à problèmes" car tous les gardes lui demande son passeport. Peut-être parce que la Corée ne s'entend pas très bien avec le Japon, bon ami du Pérou. Un ancien président péruvien, Fujimori, était d'origine japonaise, seul japonais ayant jamais gouverné en dehors du Japon, c'est une idole au pays du Soleil Levant.


Le passage Pérou-Bolivie remporte le prix de la "frontière la plus bordélique que je connaisse". Il y a une multitude de personnes allant et venant, avec des produits dans des immenses sacs, sur des charettes surchargées ou dans des mini vans. De l'autre côté, nous cherchons un bus pour La Paz. Il y en a un: 10 bolis (1€), impeccable sauf que nous avons des soles et aimerions les dépenser. Nous demondons donc au cobrador combien ce la fait en soles. Un petit calcul rapide donne dans les 2 soles mais la réponse du cobrador est de 25 soles! Soit il ne sait pas compter soit il veut nous arnaquer. Je pense qu'il sait compter.


Nous trouvons finalement un autre bus et partons de l'autre côté du lac Titicaca marquant la frontière entre les 2 pays. Nous arrivons quelques heures plus tard à El Alto, ville située sur la plaine au-dessus de La Paz. Il pleut, nos sacs accrochés sur le toit sont en train de prendre l'eau. C'est une ville en expansion assez moche, les plus pauvres venant s'y installer alors que c'est un endroit sujet à un vent froid quasi permanent, et il y pleut souvent. Mais on dirait que la répartition sociale veut cela. Les plus riches s'installent dans la région ensoleillé et agréable au Sud de La Paz, le climat change rapidement à cette altitude (plus de 3000m).

Le bus nous dépose finalement à La Paz après avoir arraché un fil électrique dans une rue, il faut voir l'état du réseau... C'est du même niveau que les routes. Il a beaucoup plu ces derniers à La Paz et il y a eu de fortes inondations pour arranger le tout. Un taxi nous amène à notre auberge, la même qu'au début du séjour, la fin du voyage s'approche. On y retrouve Yann.

J'en profite pour faire un "point Yann": après nous avoir quittés, il a pris un bus pour Cusco. Là, il a dormi pendant quasiment 2 jours (30h en 2 jours environ). Il a ensuite pris un billet de train pour se rendre à Aguas Calientes pour nous rejoindre au Machu Picchu le lundi matin. Manque de bol, le train n'est pas parti à cause des inondations, c'est pour cela qu'il n'était pas au rendez-vous. Il a donc 2 billets de train à se faire rembourser (et à donc payer presque US$300 pour rien entre le trek et le train mais il va se faire rembourser au moins 1 billet de train par l'agence), chose qu'il n'a pas faite lorsqu'il était à Cusco, ne sachant pas que cela était possible. Il est parti à Copacabana, une ville située au bord du lac Titicaca et a pu visiter l'Isla del Sol, au milieu du lac. Il est ensuite arrivé à La Paz où nous l'avons rejoins 1 jour plus tard.

Jour 42 - La grande évasion

"Chicos! CHICOS!" (= les jeunes) sont les premiers mots que j'entends en ce quatrième passé à Aguas Calientes. Ils sont prononcés par un gars passant dans les wagons pour réveiller tout le monde. Pas terrible comme réveil.

Il faut évacuer les wagons et aller se ranger dans une file. Là, de nouvelles listes sont créées. Il y a les listes A, B, C et D suivant les âges. Un numéro est également attribué à chaque personne. Je suis le D-21, je crois comprendre que je suis le 21ème jeune qui va être évacué, bonne nouvelle vu le nombre de jeunes! L'évacuation semble proche en effet, puisqu'il fait déjà beau, donc les hélicoptères vont pouvoir travailler, et la veille, les allées et venues ont déjà été nombreuses.

Du coup, nous attendons en jouant aux cartes. Par contre, les personnes qui sont dehors ne peuvent pas entrer dans la gare... l'histoire semble se répèter. A priori, ils vont évacuer d'abord les personnes qui sont dans la gare histoire de déblayer le terrain avant d'évacuer les autres restés en ville. Petite pensée pour les français ayant dormi à l'hôtel, ils n'ont pas choisi la bonne nuit pour quitter la gare.

Un téléphone est également à disposition dans la gare, l'accès est limité à 1 minute par personne, et là, pas de rallonge comme pour Internet. J'appelle à la maison, 3 secondes de sonneries et maman décroche, impeccable! Je peux lui dire que je suis toujours vivant et en bonne santé.

Puis quelques minutes plus tard, il y a un mouvement de foule. Une file se forme, une file pour aller vers l'héliport. Avec Antoine et les 3 autres français nous sommes les derniers de la file, et non pas dans les premiers comme l'indiquent nos numéros, mais ce n'est pas grave, nous partons! Et je vais quasi certainement pouvoir arriver à temps à La Paz pour mon avion.

Je suis un peu déçu pour les français, surtout qu'ils avaient prêté des affaires, notamment des sacs de couchage, à Hadrien, Quentin et Sunswan (les français étudiant au Chili). Nous n'avons aucun moyen de les contacter, nous demandons alors à des employés de Peru-Rail de les donner "aux français", nous leur disons de demander à Carlos Rodriguez, il devrait les reconnaître.

En passant la grille de la gare, Antoine se souvient qu'il avait du linge à sécher... et qu'il l'a oublié dans la précipitation. Pas de retour en arrière possible, les gars des Forces Spéciales péruviennes font leur boulot, je suis pas sûr que la négociation soit possible: oui pardon, cela fait 4 jours que je veux partir d'ici, mais là j'aimerais y retourner pour aller chercher mes caleçons sur l'arbuste... Tant pis. Je n'ai pas eu le temps d'aller faire un tour dans les bains d'eaux chaudes non plus (Aguas Calientes = Eaux Chaudes, le surnom de la ville est du à la présence de sources d'eau naturllement chaude, le nom officiel étant Machu Picchu Pueblo), alors qu'il paraît que l'accès aux bassins était gratuit vu les circonstances. Tant pis.

Nous marchons sur un petit sentier, passons près d'un des fameux hôtels de luxe et arrivons près de l'héliport. Nous longeons une portion de rail... et je confirme le fait que le train ne soit pas prêt de refonctionner de si tôt vu l'état de la voie (photo de droite). Nous attendons un petit bout de temps (on est les derniers...) au bout de la file, regardant les hélicos aller et venir, apportant des vivres pour les habitants et emmenant les touristes pour Ollantaytambo. Là, une personne de l'ambassade américaine prend nos noms, elle enverra la liste aux différentes ambassades pour qu'elles sachent que leurs ressortisants ont bien été évacués. Quelques minutes plus tard, ce sont deux employées de l'ambassade française qui prennent nos noms, "le temps que l'ambassade américaine envoie la liste...". Ah, les relations internationales...


Puis c'est notre tour. Il y a en fait deux héliports, avec une pancarte un peu en avant rappelant que l'évacuation est gratuite. Ah bon? Les militaires sont à fond, ils se mettent à crier "Go, go, go!", les pales de l'hélico de l'armée tourne au-dessus de ma tête, avec le souffle comme dans les films. C'est bon, je suis à bord, quelques secondes plus tard nous décollons.


Moment excellent, un des meilleurs du voyage! Un vol en hélicoptère dans la Vallée Sacrée des Incas, cela n'a pas de prix comme dirait la pub. Nous survolons d'abord la ville d'Aguas Calientes. Puis nous slalomons entre les montagnes. A bord, il y a Antoine, moi, 6 autres touristes, les deux pilotes et un autre militaire. Ce dernier nous lance dès le départ: "prenez des photos, prenez des photos!". Oui bien sûr! Ensuite, il ouvre la porte latérale pour me dégager la vue pour immortaliser ce moment, je n'ai qu'à me pencher si je veux sauter, excellent. Le voyage dure un bon quart d'heure mais cela passe très, voire trop, vite. Nous passons au-dessus des premières ruines vues le long du chemin Incas, cette fois-ci, l'angle est bien meuilleur! Et puis c'est Ollantaytambo.


Nous atterrissons sur le stade de foot. Un minibus de Peru-Rail nous attend pour nous emmener en centre-ville ou un autre bus nous attend, direction Cusco. Fruit du hasard, ma voisine de bus est argentine mais parle français, son frère a étudié à Centrale Lyon et elle a déjà été en France, et ses parents tiennent une ferme à 300 km de Buenos Aires (65 vaches, 300 ha).

Arrivés à Cusco, le voyage reprend. Nous passons par l'auberge récupérer nos affaires et prendre une bonne douche. Yann n'y est pas, il est déjà parti vers le lac Titicaca. Nous passons ensuite au Mac Donald (pas bien mais cela fait du bien). Nous allons également à Peru-Rail, nous faire rembourser nos billets de train de US$31 (qui étaient inclus dans le package du trek). Les bureaux viennent de fermer... alors que je veux partir le soir même, au cas où les routes sont en mauvais état dans la région de Puno comme les rumeurs le disent. En insistant un peu, je peux rentrer (surtout qu'il y avait d'autres touristes encore à l'intérieur!). Antoine et moi, nous sommes remboursés. Nous sommes ensuite allés boire un Pisco Sour à la santé du Machu Picchu, là nous rencontrons des irlandais qui trouvent que nous avons eu beaucoup de chance d'avoir été à Aguas Calientes et surtout d'être rentrés en hélico, c'est pas faux!

Sur les conseils d'un chauffeur de taxi sympathique, à qui les photos d'Antoine ont beaucoup plu, nous prenons un bus pour Puno pour récupérer un transport jusqu'à La Paz, et non pas un bus plus cher y allant directement. En fait, il n'y a aucun problème sur les routes jusqu'à la capitale bolivienne. Une nuit dans le bus et l'étape Machu Picchu est enfin terminée.

Jour 41 - Club Med

5h du matin, une famille qui dormait à l'autre bout du wagon se prépare en trombes. Ils ramassent leurs affaires et s'apprêtent à partir. Etant réveillé, je vais les voir pour savoir ce qu'il se passe. Le père me répond "the americans". Oui d'accord, and what? Ils sont australiens et ont attendu toute la journée précédente d'être évacués avec leurs deux jeunes enfants. Ils font confiance aux hélicoptères américains, alors ils veulent être dans la file d'attente le plus tôt possible.

Ils laissent leurs sacs de couchage, je leur demande pourquoi. Le père me répond qu'on ne peut pas emmener de gros sacs dans l'hélico, alors faut se délester. Je prends son mail histoire d'avoir des nouvelles et savoir comment se passe les évacuations, informations intéressantes, surtout si je dois rester bloqué encore plusieurs jours.

Dehors, une file d'attente se forme en désordre alors qu'il fait encore nuit et que les évacuations ne commenceront que dans 3 ou 4h au plus tôt. Des gens sortent des wagons, des vieux qui ont dormi en ville arrivent à la gare pour être en bonne place, décision prise dès la veille. Je vois Carlos Rodriguez (le chef de la sécurité de la gare), je lui demande ce qu'il se passe, il ne sait pas trop. Finalement, Peru-Rail prend les choses en main et réordonne la file: d'abord les enfants (avec un parent) puis les personnes âgées. J'en profite pour lui reparler d'Henry: il est sur liste de 10 personnes malades et prioritaires, il va être ausculté par un médecin un peu plus tard. Cela fera dire à Henry qu'il se prend pour un politicien à avoir son nom sur autant de listes!

Rodriguez me montre les chiffres de la veille qu'il a noté sur un bout de papier: il y a eu 26 rotations d'hélicos, soit 460 évacués dans la journée, sachant que les hélicos de la police ont 20 places, ceux de l'armée 8 et les hélicos privés 5 ou 6. Il me dit que la veille, les problèmes n'étaient pas dus à Peru-Rail qui organisait les personnes pour les faire passer dehors vers l'héliport, mais une fois passé la grille de la gare, la municipalité désorganisait tout...

Un peu plus tard, l'armée arrive, c'est elle qui va prendre en charge l'intégralité du processus d'évacuation. Un colonel de Lima, très strict selon les rumeurs, vient d'arriver avec un régiment des forces spéciales, défilant en rang serré: cela va filer droit! Hadrien, un des français étudiant au Chili, a entendu le colonel faire une déclaration dans la gare: "vous me pouvez me filmer si vous voulez, me contrôler (allusion à la corruption), je suis là pour mettre de l'ordre".

Dans la matinée, alors que la rivière est encore enragée, je pars en ville pour trouver un accès Internet histoire de donner des nouvelles, choses que je n'ai pas faite depuis presque une semaine, et il paraît que Jean-Pierre Pernaut a parlé des évènements du Machu au journal de 13h (et quelques brèves dans Le Monde et sur iTV). Selon mes infos, il y a eu une plus grande médiatisation en Espagne, au Brésil aussi, peu étonnant vu la proximité du pays et la présence d'au moins 260 brésiliens, devancés par les 400 chiliens et surtout les 700 argentins (environ). Dans les cyber-cafés, il y a foule. Je mets mon nom sur une liste d'attente dans l'un d'entre eux. 3 minutes plus tard, une coupure de courant coupe mes espoirs d'Internet.

Sur la place principale, un envoyé de Lima, délégué au tourisme, fait un discours ferme, en gros: "tout le monde est dans le même panier, il faut s'entraider et respecter le déroulement des évacuations". Ensuite, se tient une petite réunion "Europe". En effet, les chiliens, argentins et brésiliens ont chacun leur petit stand sur la place... pas nous! Mais sous l'impulsion d'une belge et d'une espagnole, les européens, beaucoup moins nombreux, tentent aussi le regroupement. L'idée de ces 2 femmes, c'est de faire pression sur les ambassades pour qu'elle fasse quelque chose ensemble, de leur passer les même informations et de créer une nouvelle liste (encore?!). Par contre, elles sont un peu paranos, surtout l'espagnole, annoncant que les américains (alors qu'il paraît qu'ils ont déjà été en majeure partie évacués par les hélicos US...) commencaient à s'organiser pour pouvoir prendre le contrôle de la nourriture qui allait venir à manquer... les argentins feraient pareil... Bref, une réunion regroupant toutes les ambassades européennes va se tenir en début d'après-midi à Lima. Au final, cela ne donnera rien de spécial. L'Europe, ce n'est pas si facile que cela à faire marcher, il y a encore du boulot Monsieur Delors.

Je retourne à la gare, les français ont un peu l'air dépités, le ras le bol de rester dans cette gare et de dormir dans les wagons se fait de plus en grand. A midi, je retourne en ville où l'atmosphère est détendue et une distribution de nourriture annoncée. Finalement, les repas ne sont servis qu'à 14h30: pâtes au thon avec un verre d'eau. Je fais 2 fois le tour pour manger un peu plus (mais chut faut pas le dire).

Ensuite, un match de foot est évidemment organisé au stade. Je dis évidemment car il est impossible de laisser des centaines de brésiliens et des centaines d'argentins dans coincés au même endroit sans que la question footballistique ne fasse son apparition. L'affiche du match, vous l'avez deviner: Brasil-Argentina.

Durant toute l'après-midi, les hélicoptères dansent au-dessus de nos têtes, cela fait plaisir. Le courant est revenu dans une partie de la ville, je retente le coup des un cyber-café. Je mets à nouveau mon nom sur la liste... et au bout de 20 minutes d'une attente promettant d'être longue, le courant manque à nouveau. Décidemment, je suis maudit...

Dégouté, je rejoins quelques autres jeunes rencontrés dans la journée sur la place principale: des français, des belges, des brésiliens et même des brésiliens parlant français! Certains font un tour du monde pendant un an, d'autres seulement l'Amérique Latine... Dans la ville, on peut voir des affiches visant à organiser les évacuations (photo de gauche: "avis général, priorité: 1. plus de 60 ans, femmes enceintes, 2. femmes avec un enfant, moins de 18 ans... aidez-nous"). Bizarrement, elles ont toutes été taguées avec "gente con plata" en numéro 1, c'est-à-dire "les gens qui ont de l'argent".

Je retourne une nouvelle fois à la gare. Les français (Mickaël, Benjamin et les autres) partent en ville, ils veulent se trouver des hôtels, leurs assurances vont les remboursés. Peru-Rail nous distribue le repas du soir, un sandwich et des biscuits. Finalement, contrairement à ce que l'on pouvait envisagé au début, nous ne manquons pas de nourriture. Les français veulent se faire un restaurant, Antoine et moi préfèrons aller reprendre un repas complémentaire sur la place principale. Nous rejoignons tout de même les autres au restaurant, ils sont beaucoup plus enjoués, ayant pris une bonne douche et sachant qu'ils vont passer la nuit dans un vrai lit.

Anne-Thaïse, la femme de Benjamin, travaille en régie production sur les tournages de films ou de publicités. Elle nous raconte alors quelques anecdotes intéressantes. Certains acteurs sont invivables (je ne citerai pas de noms pour des raisons évidentes, je dirai qu'il y en a un qui commence par "Be" et finit par "rry" et qu'il mange des sveltesses à l'occasion), d'autres sont excellents, comme Jean-Pierre Daroussin qui détecte un problème sur sa Clio alors qu'elle le ramène chez lui et lui demande d'ouvrir le capot ou Kad Merad, hyper sympathique et toujours de bonne humeur. Elle nous parle aussi de Luc Besson, Jean Reno ou encore Mickaël Youn.

Durant le repas, Jean-Pierre, journaliste canadien (à Radio Québec je crois) nous a rejoints, il cherchait des français pour poser quelques questions. Il est venu en hélico depuis Cusco (alors que tout le monde veut faire le chemin dans l'autre sens!). J'ai déjà aperçu d'autres journalistes dans la journée, notamment une chaîne nommée TV Panamericana.

Avec Antoine, nous retournons à la gare à 11h, pas trop tard pour ne pas rester enfermés dehors, on en sait jamais! Il y a un ordinateur avec Internet qui a été mis à disposition dans la gare. Le gars me dit d'abord que je ne peux rester que 5 minutes. Ok, je vais faire vite, juste envoyer un petit mail à Maman et Papa pour dire que je suis vivant! 10 minutes plus tard, le gars me propose une banane et se met à écouter de la musique, me laissant tranquillement l'accès au net. J'en profite pour aller sur mon blog et vous écrire le message "Machu Picchu: J+2" (jeudi 28 janvier).

Et puis dodo dans mon wagon.

Jour 40 - Le camp de réfugiés

Deuxième jour à Aguas Calientes. Je me réveille avec le dos cassé, les sièges du train ne sont pas vraiment adaptés au sommeil. Je vais voir les nouveaux français, une petite dizaine en tout. Cela fait bizarre de voir tout un groupe de personnes parlant ma langue natale!

Dans la gare, les évacutations devraient commencer, mais il n'y a pas d'hélico en vue. Il ne faut pas trop de brume pour qu'il puisse voler dans la vallée. Il a plu toute la nuit mais cela s'est arrêté vers 6 ou 7h du matin. Diverses listes des personnes présentes sont commencées, cela part un peu dans tous les sens. Il n'y a quasiment aucune organisation, rien n'a été prévu pour une situation de ce type, bien que le Machu Picchu soit la première attraction du continent et qu'il n'existe qu'un seul accès, le train (qui permet de bien profiter de la manne touristique, le prix du billet de train étant excessivement excessif), mis à part les quelques pistes en forêt.

Il paraît qu'il existe une liste à la municipalité, située en centre-ville. Antoine y part en courant pour mettre nos noms: erreur. On apprend 3 minutes plus tard que la sécurité de la gare ne laisse plus entrer personne. Quand il revient, à 9h du matin, il est bloqué à la grille, enfermé dehors, moi enfermé dedans.

L'ordre d'évacuation est simple et logique: les malades, les enfants (accompagnés d'un parent), les plus de 60 ans, puis le reste par âge décroissant. Les personnes prioritaires sont parquées dans certains wagons, prêts à passer la grille au fond de la gare, marcher un petit kilomètre vers l'héliport puis s'envoler vers Ollantaytambo. Sous la houlette de Peru-Rail, la compagnie de train, cela s'organise plutôt bien à l'intérieur de la gare. Vers 9h30, une des françaises et sa fille sont dans cette file, le sourire jusqu'aux oreilles.

Devant la grille principale, une longue file se crée (peut-être plus de 500m), tout le monde étant pressé de partir et tout le monde sachant que les évacuations passent par la gare. Durant toute la journée, coincé à l'intérieur de la gare, je m'occupe en jonglant entre le groupe de français, les brésiliens du trek et la grille principale pour voir Antoine. D'autres personnes à la grille (des brésiliens, un belge, un américain, un suisse...!) me demandent ce qu'il se passe à l'intérieur, ils n'ont aucune information. Je n'ai ai pas beaucoup plus mais cela m'occupe... Selon les rumeurs il y a déjà entre 1 et 5 morts, dont 1 touriste argentine décédée dans un éboulement sur le Camino Inca... A midi, un communiqué de Peru-Rail annonce qu'il va y avoir 10 hélicoptères à partir de 14h: 4 de l'armée péruvienne, 4 envoyée par la DEA américaine (police anti drogue) et 2 privés affretés par Peru-Rail. D'après les brésiliens, leur ambassade souhaite envoyer des renforts, mais le Pérou refuse d'ouvrir son espace aérien... mais les Etats-Unis, eux, ils peuvent envoyer des hélicos, hum hum.

Dans la gare ne sont distribués que des petits sandwichs, et il n'y en a pas assez pour tout le monde. De la nourriture est distribuée dans le centre, Antoine peut au moins allé manger! Durant l'après-midi, l'énervement est de plus en plus présent dans la file, on leur demande de se ranger en file, puis on leur annonce que ce n'est plus la peine... En plus, les gardes semblent un peu perdus, ouvrant à certaines personnes suivant les âges et pas à d'autres, ouvrant parfois la porte pour la refermer aussitôt, le meilleur moyen de jouer avec les nerfs des personnes attendant depuis plusieurs heures.

Les officiels de l'armée, de la police, de Peru-Rail et de la municipalité se chamaillent dans un coin. Au lieu de se serrer les coudes et de s'entraider, ils se tirent dans les pattes, preuve de la belle organisation péruvienne. Des soupçons de corruption de plus en plus avérés apparaissent... le préfet ferait passer dess gens devant la file des prioritaires par un deuxième accès, des gens qui auraient payer une commission. Deux hôtels de luxe sont situés non loin de l'héliport, ils seraient déjà évacués.

Dans la gare, chacun s'occupe. Certains lisent, d'autres font des listes, moi je fais sécher mon linge, il y a du soleil et cela fait du bien! Mickaël, un des français, habitant à Dinan, travaille dans un abattoir de porc et raconte comment sont récupérées toutes les parties de la bête, même les dents: tout est bon dans le cochon! Lui, avec sa femme Virgine et leur amie Sylvie, il a déjà raté son avion le ramenant en France. Ils n'ont pas de bol, la compagnie Air Comet avec qui ils avaient achété leur billet aller/retour pour le Pérou a fait faillite 15 jours avant leur départ! Après avoir hésiter de tout de même partir en vacances, ils ont acheté de nouveaux billets. Pendant ce temps, la rivière continue de grignoter la ville. Certaines maisons riquent de s'effondrer. A la grille, c'est un homme d'une soixantaine d'année qui s'effondre, il fait un malaise. Il reprend ses esprits. Les mauvaises langues diront qu'il a bluffé pour pouvoir rentrer... dans ce cas, bien joué!

Vers 16 ou 17h, peu de personnes sont parties. La française et sa fille, ainsi que Henry, malade cardiaque, n'ont pas été évacués. La fille de 11 ans est en pleurs, fatiguée, parlant l'espagnol et comprenant tout ce qui se dit dans la file d'attente (elle vit avec ses parents à Buenos Aires, son père Jérôme étant professeur dans un lycée français): il paraît que les gens s'insultent, entre les corrompus et les autres. La priorité, c'est devenu les riches d'abord.

Benjamin, un autre français, passe beaucoup de temps au téléphone avec l'ambassade. Il donne également le nom de nos assurances, mais il ne se passe pas grand chose de plus. A 18h, Antoine aux aguets, réussi à se faufiler lorsque les gardes ouvrent la porte de la grille pour faire entrer un brésilien qui avait eu le droit de sortir... et surtout de re-rentrer. Les autres personnes, surtout les quelques autres français présents (!), rouspètent. En discutant avec le brésilien en question un peu plus tard, j'apprends que les gardes ont commencé à lui mettre les menottes, voyant que quelqu'un était rentré en douce. Heureusement pour lui, l'ambassadeur brésilien l'a appelé juste à ce moment, lui sauvant la mise. Le brésilien est l'équivalent de notre Benjamin, en contact avec l'ambassade, même si Benjamin n'a eu que des secrétaires au bout du fil! Merci la France.

Un peu avant 18h, le consulat nous annonce une bonne nouvelle. Un des dirigeants de Peru-Rail est français, coup de bol, ils l'ont contacté et il a transmis l'ordre au chef de la sécurité de la gare, Senhor Carlos Rodriguez, de laisser entrer au moins les français dans la gare. Ce n'est pas très juste pour les autres nationalités à la grille, mais c'est mieux que rien. Reste à trouver ce Rodriguez.

Nous partons à sa recherche, mais il est en réunion à l'héliport. Nous revenons au wagon. Je vois un groupe de personnes revenant de l'héliport, je les suis, demande si Rodriguez est là. Oui, c'est le gars à la casquette. Il est déjà au courant. Je lui casse les pieds 2 minutes pour qu'il aille demander d'ouvrir les grilles tout de suite... Il va finalement à la grille et laisse rentrer tout le monde, enfin tous ceux qui sont encore là, car seuls une vingtaine de courageux ont résisté, les autres sont repartis en ville. Avec Antoine, nous lui parlons aussi du cas de Henry, le français cardiaque. Il nous répond qu'il est déjà sur une liste prioritaire...

A la grille, il restait 3 français, étudiants au Chili. Ils sont venus jusqu'à Aguas Calientes le dimanche soir à pied, en marchant sur la voie de train. Beaucoup de touristes ne voulant pas payer le train choisissent cette option, mais eux l'ont fait de nuit, avec de l'eau jusqu'au genoux sur certaines portions. Au départ, ils ont croisé des touristes leur conseillant de ne pas y aller, mais des policiers leur ont dit qu'ils pouvaient y aller... ah bin bravo! Ne pouvant pas ne pas voir le Machu Picchu, ils sont partis quand même. Ils ont de la chance d'être bien arrivés, mais ils n'auront pas vu le Machu Picchu pour autant, l'accès au site étant devenu interdit à partir du lundi, raison pour laquelle il n'y avait que peu de touristes sur le site la veille.

Finalement, le soir nous pouvions entrer et sortir de la gare à notre guise, c'était bien la peine de rester à attendre pour rien devant la grille toute la journée. Je me rends dans le centre avec d'autres jeunes de la gare. Des assiettes de pâtes sont distribuées sur la place principale, ouf, un semblant de repas! Là, tout va bien, il y a de la musique, des bières, c'est un (petit) peu l'ambiance Club Med. Il paraît que 2 brancards ont été transportés à travers la place, il paraît que c'étaient 2 cadavres... Je retourne dormir à la gare mais je change de wagon. Je m'improvisant un lit en démontant les sièges. Malgré un support beaucoup plus supportable que la veille, j'ai du mal à m'endormir, une veilleuse de la gare illuminant le wagon et le bruit de la pluie sur le toit ne m'aide pas vraiment non plus.

Jour 39 - Machu Picchu

Quatrième et dernier jour du trek, synonyme de la visite du Machu Picchu. Le terme signifie Vieille Montagne. Le réveil se fait à 4h30 après la pire nuit du voyage. Il a plu toute la nuit, l'humidité et le froid sont au rendez-vous. Je suis malade. Je n'ai presque pas réussi à dormir, tiraillé par la tourista faisant son travail.

Au petit déjeuner, je n'ai pas faim. Je peine à avaler quelques bouchées du pancake préparé par le cuisinier. Je prends une tisane mais une goutte d'eau provenant du plafond trempé d'humidité arrive dans ma tasse... j'abandonne le petit déj.

Nous partons de nuit afin d'arriver le plus tôt possible sur le site. Nous marchons 15 minutes jusqu'à un point de contrôle, gérant les passages sur le chemin. Nous commençons à attendre, moment très difficile, je me sens très faible. Je ne sais pas trop ce qui va arriver, j'ai envie de vomir, d'aller aux toilettes, de dormir... Après de longues minutes, je lance à Antoine: "je crois que je vais faire comme Yann".

Et 2 secondes plus tard, pouf, mes jambes renoncent et je m'évanouis! Conséquence du manque de sommeil additionné à la fatigue initiale et à la tourista, en plus je n'ai quasiment rien mangé. On me relève, je me pose 2 minutes sur une pierre. Je me sens mieux, comme si je venais de me réveiller. On passe le contrôle, c'est parti pour plus d'une heure de marche.

Je trouve que cela est plus dur que les autres jours, mais je me sens plutôt bien. Nous arrivons enfin à l'Intipunku, la Porte du Soleil, marquant le début du sanctuaire. Il y a des nuages... on ne voit pas encore le Machu Picchu. Il paraît que la brume se lève tous les jours vers 10h. Nous allons poser nos sacs à la consigne. Il faut payer s/3 supplémentaires alors que le billet d'entrée coûte déjà plus US$80! Les toilettes, même histoire: s/1.

Alberto nous fait la visite guidée du site. Bien que je m'endorme un peu durant celle-ci, je trouve ses explications excellentes. Il connaît parfaitement tout ce qui concerne le Machu Picchu et les incas en général et aime faire partager ses connaissances avec les touristes. Quelques touristes argentins lui demandent s'ils peuvent s'incruster avec le groupe, il leur répond "bien sûr, il faut que vous connaissiez l'histoire".


La cité inca a été "scientifiquement" découverte par Hiram Birgham, archéologue américain de l'université de Yale, en 1911. Mais les paysans locaux en connaissaient déjà l'existence et ce sont eux qui l'ont montré à Hiram Birgham.

La ville sacrée, une des résidences de l'empereur Pacahutec et ayant également un caractère religieux, est constituée de 172 bâtiments. A priori, sa construction date de 1440. Elle se situe aux débuts de la forêt amazonienne.

L'arrivée des espagnols entre autres, a perturbé les activités de la région du Machu Picchu. La population a fini par quitter la ville, seul le secteur agricole ne semble pas avoir été délaissé par les paysans locaux, la partie urbaine ayant rapidement été recouverte par la végétation.

Hiram Birgham n'a pas réellement été le découvreur du site. D'autres avant lui en connaissaient l'existence et ont même visité les lieux, sans compter deux familles de paysans vivant à proximité, mais il fut le premier à se rendre compte de la richesse arquéologique du site. Il le fit devenir célèbre grâce à la parution d'un livre intitulé Lost City of the Incas, ainsi qu'en solicitant le célèbre magazine National Geographic qui publia un numéro spécial en avril 1913.

Avec toute une éauipe, Birgham a ainsi étudié les ruines. Malheureusement, beaucoup d'objets ont été emportés en dehors du Pérou, la loi ayant été détournée. Depuis plusieurs années, le pays tente de récupérer des centaines d'objets auprès de différents musées et collectionneurs. Pour Alberto, le site du Machu Picchu a été pillé par les chercheurs américains.


Depuis, le site a fait l'objet de nouvelles études. Il a également attiré l'attention des péruviens qui en ont fait un symbole national, et des touristes, faisant du site la première attraction touristique du continent (400000 touristes en 2004). Il est possible de lire sur différents forums le sentiment de plusieurs visiteurs: à partir du milieu de matinée, le site devient un peu comme DisneyLand. Moi, je n'ai pas eu ce sentiment, il n'y avait pas tellement de touristes, d'ailleurs, Yann non plus n'était pas au rendez-vous... En tout cas, il est primordial de préserver le site, la création d'une zone écologique en 1981 aux alentours et l'inscription du Machu Picchu au Patrimoine Mondial de l'UNESCO vont dans ce sens.

Durant la visite, Etso nous rejoint. Il nous annonce qu'il y a un problème avec le train qui doit nous ramener d'Aguas Calientes (la ville au pied du Machu) jusqu'à Ollantaytambo. Le niveau de la rivière est très haut. Il paraît que nous allons être évacués en hélicoptère dans la journée...

Nous terminons la visite. Il nous reste du temps pour se balader à notre guise. Il est normalement possible de monter le Huayna Picchu (= jeune montagne), un sommet surplombant le Machu Picchu, mais l'accès est fermé pour entretien. De toute façon, je n'avais pas la force de grimper! J'ai opté pour une petite sieste sur un rocher avant de parcourir un peu plus les lieux.

Après quelques photos, nous quittons ce lieu magique. Il y a le choix entre la marche à pied et le bus (il y en a un toutes les 20 minutes) pour descendre vers la ville d'Aguas Calientes. J'ai retrouvé s/20 dans mon sac, je peux donc prendre le bus avec plaisir. Antoine lui préfère y aller à pied... Je me charge donc de son sac à dos. Mais surprise, au bout de 20 minutes, le bus s'arrête à mi-chemin, il ne passe pas le pont (photo à droite), trop dangeureux. Ok, là c'est la totale. Personne ne prévient lors de la vente du ticket de bus, aucun transport ne prend la relève et je me retrouve là, le jour où je suis le plus faible du voyage, à devoir marcher plus de 20 minutes avec 2 sacs à dos, soit entre 25 et 30 kilos sur le dos! Heureusement, mes collègues brésiliens étaient dans le bus suivant et ont pu me donner un sérieux coup de main.

Nous arrivons à Aguas Calientes. Il y a pleins d'autres touristes, plus de 2000 paraît-il. Nous n'avons aucune information fiable, peut-être le train va partir à l'heure, peut-être seulement demain matin, peut-être nous allons être évacués par hélico. Dans l'après-midi, nous ne voyons qu'un seul hélicoptère dans le ciel de la vallée sacrée. Des rumeurs disent que des ponts sont tombés... la rivière est effectivement déchaînée.

Les prix de la nourriture et des logements, usuellement élévés, ont encore été augmentés, la population locale profitant de cette aubaine pour vider les poches des touristes coincés. Antoine et moi, nous n'avons presque plus rien, le brésiliens nous avancent US$20 au cas où. Finalement, nous apprenons qu'il est possible d'aller dormir dans les wagons du train. Nous nous rendons donc à la gare. Bonne surprise, des (petits) sandwichs et un maté de coca nous sont distribués. Antoine trouve d'autres français en contact avec le consulat à qui ils donnent nos noms. Le consulat dit qu'il ne peut rien faire, c'est toujours comme cela au Pérou. Alors à quoi il sert le consulat? Bonne question. Il faut attendre. Cela tombe bien, de toute façon, j'ai sommeil.