Vélotrip - Jusqu'à la mer !

J'ai plutôt bien dormi, bercé par une chouette et ses compagnons. Je prends mon petit déjeuner dans la tente et remballe le tout. A 8h, je suis en selle.

Je parcours mes premiers kilomètres du jour. Les nuages sont encore là. L'eau est encore dans le ciel mais n'est plus dans ma bouteille. Je n'ai pas eu le temps de compléter tout mon matériel avant de partir, et je n'ai donc pas de bidons, seulement une bouteille en plastique dans les sacoches. Et elle est vide.

Un TER me coupe la route. Le temps de le laisser passer et la pluie arrive. Je passe le bled de Sérifontaine, qui porte mal son nom, et tombe sur la nationale. Je la suis sur une petite dizaine de kilomètres et tente ma chance au bourg de Neuf-Marché pour retrouver la trace de l'itinéraire Paris-Londres. Bingo !

Après le bourg, je passe non loin du mont Sainte-Hélène, jamais entendu parler, mais on dirait l'atout touristique du coin. Il doit offrir un panorama sur la région... mais je décline l'invitation au détour. La vue est loin d'être dégagée de toute façon.

Voilà un cycliste venant à contresens. Un rando-cycliste pour être plus précis. On se reconnaît aux sacoches. Un collègue quoi ! Mais mieux équipé : il a deux bidons, un casque et est entièrement fluorescent. On s'échange un bonjour en passant. D'ailleurs, je me suis fixé comme règle de saluer tous les cyclistes que je croiserai !


A Saint-Germer-de-Fly, je salue la factrice et trouve un point d'eau dans les toilettes municipales. Je nettoie un peu mon vélo en passant, il y a encore de la boue du bord de l'Oise. La pluie ne doit pas tomber assez fort. Une dizaine de kilomètres plus tard, une odeur désagréable emplit l'atmosphère... je passe devant une usine Danone. Cela ne donne pas envie de manger des yaourts. Le centre de Gournay-en-Bray est plus intéressant : c'est le jour du marché.

A la sortie de la ville, pour la deuxième fois de la journée, je perds la trace de la Paris-Londres et retombe sur la nationale 15. Quelques encablures et je tente ma chance à travers une route de campagne : ouf, je retrouve ma route et peux fêter mon 200ème km en avalant une barre de céréales. La campagne paysanne défile. Les petites routes se faufilent entre les collines et les haies bocagères.

A Forges-les-Eaux, je m'arrête sous à abribus pour déjeuner. Je commence à croiser pas mal de cyclistes, soit des cyclo-touristes ou des pistards en vélo de course. Ces derniers répondent plus rarement à mes bonjours. J'arrive enfin sur l'avenue verte, cette dernière piste cyclable avant Dieppe : au bout, je verrai la mer !

40 km. 40 km libre de voiture. Mais 40 km avec le vent de face, ça use. Qui veut aller loin ménage sa monture. Alors j'avance en me ménageant. Mais enfin la ville de Dieppe fait son apparition. 270 km et j'ai gagné le littoral.

Je fais un tour par le centre-ville. De charmantes ruelles font la part belle aux piétons, flânant entre les commerces par ce bel après-midi ensoleillé. Il y a un château sur les hauteurs de la ville. Allez, je me motive, la vue doit être sympa.
Il y a une sacrée côte pour arriver là-haut. Je ne sais pas encore si la vue en vaut la chandelle, mais je me dis qu'au moins, je pourrais me faire une sacrée descente, cela fait toujours plaisir.

Une fois là-haut, la vue est effectivement superbe. Dieppe est à mes pieds. La Manche est à côté. Je reviens vers le centre-ville en profitant de la descente, un avant-goût de montagne. Je rejoins la plage et déambule quelques instants sur les galets. Je ne laisse pas le vélo sans surveillance trop longtemps et déjà je repars vers le Nord.

Je compte plus ou moins longer la côte. A la sortie de la ville, c'est le bazar par contre : je me retrouve dans une impasse, puis sur une voie express. Demi-tour. Je trouve finalement la petite route qui va bien. Je tombe sur la plage de Puys, où un panneau informe qu'un débarquement eu lieu ici-même le 19 août 1942. Faisant partie d'une grande opération, le débarquement de Dieppe ou opération Jubilee, est la première tentative de débarquement alliée sur la forteresse allemande en Europe. Le gros des troupes est canadien, ce qui leur laissera un goût très amer, les pertes étant lourdes et la bataille perdue. Ce débarquement est un échec mais servira de leçon pour la suite.

Je suis sur une petite route agréable qui va vers Berneval-le-Grand. Malheureusement, le vent souffle sans répit. Usant. Heureusement, je n'ai que quelques kilomètres à parcourir. J'arrive au camping municipal que j'avais repéré. Il est 19h17. Malheureusement, celui est fermé depuis 17 minutes. Heureusement, je suis à vélo et après 1 minute de réflexion, je passe tranquillement par le côté de la barrière. Je me place tout au fond du camping, plante la tente et peut faire une bonne douche bien méritée. Je m'endors sans problème.

Vélotrip - Premiers tours de roues

01/05/14

Je me réveille comme si j'allais au boulot, mais nous sommes le 1er mai et c'est la fête du Travail ! Pas de grasse matinée pour autant. Il y a du soleil : "ce matin, il fait presque beau, ça tombe bien je me suis levé tôt"...

Une fois sorti de la douche, le soleil est déjà parti derrière des nuages bien gris. Je descends tout de même mon bolide. En deux fois. C'est que j'ai pas mal de matos a trimballé dans mes escaliers, sur 4 étages : mon vélo tout neuf, les sacoches, 4 jours de nourriture, quelques vêtements, le sac de couchage et la tente.

Je descends la rue de Paris à 9h. La grande aventure commence. Mes sacoches (de vélo !) sont pleines. Le poids à l'arrière rend la monture quelque peu instable. Il ne faudrait pas débuter par une chute sur le rond-point de la porte de Montreuil ! Tout va bien, je suis déjà plus à l'aise après quelques centaines de mètres.

Je traverse Paris de bon matin. Bastille, Châtelet, Concorde, Champs Elysées. Avec tout ça, j'ai déjà croisé une manifestation FN, une horde de touristes asiatiques descendant de leurs bus et un kéké du Nord-Pas de Calais avec la musique à fond dans sa décapotable : un avant-goût du voyage ?

Je me dirige vers la Défense et traverse le pont de Courbevoie. J'ai déjà mal aux coudes et aux poignets alors que je suis à moins de 15 kilomètres du départ ! Il faut que je m'habitue à la position sur ce nouveau vélo. Mis à part les 5 kilomètres pour revenir du magasin, c'est sa première sortie.

N'ayant ni carte potable, ni boussole (celle que j'ai emmené perd la boule), ni soleil pour me repérer, je prends un peu trop au sud après le parc du château de Maisons-Laffitte et me retrouve à Poissy vers 11h : environ 40 km au compteur. Le ciel menace... et la pluie commence à tomber une fois passé le centre-ville. Je m'abrite sous un pont juste avant que le déluge ne s'abatte sur ma tête. Le temps que cela se calme, j'avale quelques sandwichs.

La prochaine étape est Cergy-Pontoise. Je remonte le long de la Seine vers le Nord. Il me faut la traverser... mais je tombe sur une 4 voies. Cela ne m'enchante pas vraiment de la suivre alors je tente ma chance ailleurs. Je suis la boucle de la Seine... mais je sens bien que je m'éloigne un peu. J'arrive sur le port d'Achères où ne traîne pas un chat. J'espère tomber sur un pont... qui n'existe pas et je ne fais que revenir... à Maisons-Laffitte ! Demi-tour, je reviens près de la 4 voies et trouve finalement une piste cyclable mal indiquée pour traverser. Me voilà à Conflans-Sainte-Honorine, ancien bastion de la batellerie séquanienne en tant que carrefour entre la Seine et l'Oise, après une petite rallonge de 20 kilomètres sous une fine pluie !

Après un rapide tour de Conflans et je mets le cap sur Cergy. Pas facile de trouver la meilleure route quand il faut encore éviter la 4 voies. J’atteins enfin les bords de l'Oise : un chemin de halage boueux à souhait s'offre à moi. Ce serait mieux en VTT mais je l'emprunte quand même sur 2 km, je dois juste faire très attention à ne pas glisser, surtout avec les sacoches. Ça passe !

Je me retrouve sur une base de loisirs. Au bout, une passerelle monumentale me permet de traverser l'Oise et de monter sur les hauteurs de Cergy : depuis "l'axe majeur" pointé vers la Défense, l'Ouest parisien s'étale devant moi. Presque 90 km au compteur : c'est déjà la plus longue sortie en vélo que j'ai jamais faite. Je me retourne et continue à m'éloigner de Paris.

Un rayon de soleil et j'enlève mon k-way. 2 km plus loin, de nouveau la pluie. En fait, c'est encore un nouvel orage qui éclate. Je trouve un abri in extremis sous le porche d'une résidence. 10 minutes et le soleil revient. Je quitte Cergy et la ville, j'entre dans le Vexin et la campagne. Je retrouve les panneaux indiquant l'itinéraire Paris - Londres par "l'avenue verte" : un itinéraire balisé permettant de rallier les deux capitales à vélo (et avec l'aide du ferry au départ de Dieppe). Les petits villages s'enchaînent jusqu'à la vallée de l'Epte, une rivière affluente de la Seine. Le chemin est bien balisé et alterne petites routes bitumées et chemins agricoles. Jour de marché, jour de vide-grenier.

La fatigue commence à se faire sentir. Il pleut encore. Je passe un gîte et commence à me dire que je pourrais ne pas me fatiguer plus et m'arrêter là... mais je me suis fixé Gisors comme objectif du jour ! Et le soleil ne se couche que dans plusieurs heures alors je continue sur l'asphalte. Grosse montée en sortant du village. Ce 110ème kilomètre m'éreinte.

Je passe à Wy-dit-Joli-Village : un nom marrant et une brocante. Il me faut une nouvelle pause, je n'ai plus beaucoup de forces. Quelques étirements, une barre de céréales et ça repart. Un panneau m'annonce Gisors à 27 km. Allez, je peux le faire !

Il ne pleut plus, c'est déjà bien. Le mental tient bon. Je fais des petits exercices avec mes bras et mes mains qui sont un peu endoloris par la position statique sur le guidon. Arrivé à Bray-et-Lû, il me reste encore 20 km d'une agréable voie verte : assez plat, assez droit et bien bitumé. Cela roule bien mais mes jambes n'appuient plus très fort sur les pédales. A 13 km, perte totale d'énergie. Je me pose un quart d'heure sur une table de pique-nique et avale une autre barre. Je ferme les yeux... je sens que je pourrais me faire ma nuit de sommeil là, tout de suite, sur ce banc...

Mais il me reste assez de temps pour atteindre mon objectif avant la nuit. Au cas où, je commence tout de même à regarder si je trouve un spot sympa pour planter ma tente. Rien de terrible. Ma pause m'a fait du bien et je roule tranquillement jusqu'à Gisors. Je ne m'attarde pas auprès du château, je passe la ville rapidement et commence à rechercher activement mon point de chute. La nuit s'approche, les 150 km aussi !

Je trouve une concentration de caravanes... ce n'est pas un camping mais une aire de gens du voyage. Je passe. Ah, voilà un chemin qui s'enfonce dans un sous-bois sur ma gauche. Je m'arrête. Il y 2 petites barrières et un panneau "cueillette des champignons interdite". Il n'y a pas de panneau propriété privée, je prends cela comme une invitation. Je galère un peu à passer les barrières avec tout mon barda, remonte le chemin et trouve un petit coin tranquille entre les arbres pour m'installer. Une maison qui n'a pas l'air habitée se trouve 200 m plus loin au bout du chemin. J'espère que je ne serai pas dérangé. Je monte la tente, avale mon dîner et repense à ma journée de 150 km sur la route... avant de m'endormir juste après le soleil à 21h40 !

Vélotrip - Prologue

Une nouvelle façon de voyager : le vélo en autonomie.

Juillet 2013. Le Tour de France est diffusé à la télé. Il fait beau. Comme un gamin devant une confiserie, j'ai une envie de vélo. Un tour de vélib' dans le bois de Vincennes me laisse un peu sur ma faim. Eurêka ! Je n'ai qu'à ramener mon vélo à Paris.

C'est chose faite quelques semaines plus tard. Je le laisse en pension chez Sandra et Vincent, ce dernier pouvant l'utiliser pour aller au boulot, mais surtout, je peux maintenant explorer la campagne francilienne à coup de 50 à 80 km de virée cycliste : canal de l'Ourcq, bords de Marne, Coulée verte, forêt de Meudon, de Gros Bois...

Mais une idée germe dans mon esprit : un périple plus long. Pourquoi ne pas rallier la Bretagne à vélo depuis Montreuil ? Il me faudrait plusieurs jours, emprunter pas mal de routes nationales, ou faire des détours...

Puis l'hiver arrive... mais comme la nature est bien faite, le printemps viendra ensuite. Lors d'une discussion en début d'année avec un ami, Antoine, je lui suggère l'idée de s'organiser une randonnée à pied en montagne le temps d'un weekend... et, lui qui a déjà pédalé à travers les Alpes de Lyon jusqu'à la Slovénie, me propose naturellement de faire une rando à vélo ! Banco !

Après mûre réflexion, mon vélo actuel ne tiendra pas la route. Il est devenu trop petit (ou moi trop grand), le moyeu de la roue arrière est fatigué, il faut ajouter un porte-bagages...

Quitte à faire les choses, autant les faire bien : mon VTT prend sa retraite et j'opte pour une "randonneuse". Un VTC quoi, flambant neuf. Un Gitane français qui plus est, cela fera plaisir au ministre à la marinière. Je prends les sacoches qui vont avec, indispensablement imperméables, en toile de camion.

Il me faut m'entraîner avant de suivre Antoine. De toute façon, pas question que je reste à Paris pendant les beaux (ou pas) jours du premier pont de mai. J'ai envie de voir la mer : direction Boulogne !

Boulogne-sur-Mer !! Pas Billancourt...

Congo - Epilogue

Le retour du Congo s'est déroulé sans problème, mais je ne peux pas terminer ce récit sans informer sur les suites du voyage d'Adrien, qui malheureusement ne s'est pas effectué dans de si bonnes conditions.

Il a donc été rapatrié en France et a séjourné à l'hôpital des Quinze-Vingts à Paris, réputé en ophtalmologie. Après plusieurs tests et admissions d'antibiotiques dont je vous passe les détails, il n'a pas subi de greffe, mais la cornée reste endommagée par la cicatrice laissée par l'abcès dû à l'infection bactérienne. La vision est affectée mais le bonhomme est vaillant et résiste : il est reparti en Sierra Leone pour une autre année d'expatriation !

Sinon, le Congo a fait parler de lui à peine une semaine après notre retour : l'arrestation de Marcel Tsourou, un ancien haut placé de l'armée congolaise, ne s'est pas fait dans la douceur. Des combats autour de sa résidence située au cœur de Brazzaville ont fait au moins une quarantaine de morts. Officiellement, son arrestation fait suite à sa condamnation à 5 ans de travaux forcés au vu de sa responsabilité dans le drame de Mpila : l'explosion d'un dépôt de munition de l'armée avait fait plus de 300 morts en mars 2012. La réalité pourrait être un peu plus complexe, cet ancien appui de Sassou est tombé en disgrâce et a attaqué ouvertement le président dans les médias. Il aurait même été prêt à témoigner dans l'affaire des disparus du Beach pour laquelle Sassou pourrait être directement impliqué... un massacre collectif d'anciens dissidents politiques rapatriés depuis la RDC voisine. Plus d'informations ici.

Les prochaines élections en 2016 pourraient être mouvementées. En attendant, le pays devrait rester dans cette "situation" de stable instabilité...

Congo - Pointe-Noire

On se lève tranquille. Aujourd'hui, nous devons prendre l'avion pour Pointe-Noire.Nous laissons un petit cadeau pour nos hôtes Alex et ses colocs quand ils reviendront, avec un petit mot adapté au moment : "Merci de nous avoir hébergés dans cette "situation" ! A déguster et partager avec tes colocs, si jamais ils reviennent..."

A l'aéroport, le chek-in dure une plombe, les congolais sont toujours aussi efficaces. Puis nous pouvons passer les portiques de sécurité. L'agent qui surveille le passage me réclame gentiment des sous : "Aaaah tu vas à Pointe-Noire ! Et tu laisses l'ami affamé ici. Il va manger quoi l'ami ?!". Tu n'as qu'à manger du manioc ! Son collègue, qui a sans doute peur que je ne saisisse pas le sens de la demande est plus direct : "de l'argent !". Je lui réponds aussi sec qu'il n'aura rien et reprends mon sac.

40 minutes après avoir décollé de Brazzaville, nous apercevons la côte. Nous partons de l'aéroport à pied et rejoignons l'hôtel Migitel situé à 5 km, dans l'artère principale de la ville : le boulevard Charles De Gaulle. Le bout du boulevard mène à la plage. Avant, il faut tout de même traverser la voie de chemin de fer Congo-Océan avec sa gare dont le style architectural est inspirée de la gare de Deauville : une bâtisse à colombages... sauf que sur la version congolaise, des arbustes poussent sur le toit. Puis le soleil se couche sur l'Afrique. Le ciel se met dans tous ses états, coloré de toutes les teintes de rouge possible.

le lendemain, les Gorges de Diosso sont l'objectif du jour. Il faut commencer par trouver un taxi prêt à nous y emmener.Un chauffeur me demande 10000 CFA, j'arrive finalement à avoir l'aller-retour pour 17000.  C'est parti. Les gorges sont situées à quelques encablures au Nord de la ville. Il faut même passer un péage... alors que la route est à peine bitumée. Le chauffeur se plaint de l'état des routes : "Regardez par terre !" Je lui demande si les autorités font quelque chose : "Ah le maire ! Il ne fait rien, et cela fait longtemps qu'il est là. Il n'y a que la rue devant la maison du préfet qui a été goudronnée !". A ce moment, là nous croisons deux énormes 4x4 rutilants. Le taxi nous explique que ce sont les voitures du général Dengué : le criminel de guerre. Il se déplace toujours avec ses 4x4 et une tripotée de gardes armés quand il est de passage à Pointe-Noire.


Arrivé près des Gorges, nous ne sommes pas encore descendus du taxi qu'un ado s'approche : "je peux vous faire visiter les gorges". Le Petit Futé indique que des gamins font faire le tour aux rares touristes en échange de quelques pièces. Nous donnons rendez-vous au taxi à 15h de l'après-midi et demandons à l'ado combien il voudrait pour nous accompagner : "ce que vous voulez". On a pas besoin de lui pour marcher 30 minutes sur un sentier, surtout qu'il ne décoche quasi pas un mot mais bon, on lui filera un billet tout de même. Il se met à pleuvoir et il fait chaud. Le sentier mène jusqu'à l'embouchure d'une rivière. L'eau est rouge, couleur de la terre. Une fois arrivés au bout du sentier, je propose à notre pseudo guide de le payer... à la place il reste assis en face de nous et me réponds que l'on "va régler le problème plus tard". Il ne dis rien pendant presque une demi-heure, puis s'absente et revient tout fier avec une "facture" : un bout de papier ou est écrit 2 * 6000 CFA  = 12 000 CFA. Ah la bonne blague. N'aimant pas trop ses manières de faire, on ne lui donne que 2000 CFA. Au départ, on hésitait à lui donner un peu plus, mais comme il se moque de nous... il n'aura rien de plus malgré ses protestations. Nous restons un peu au bord de la mer puis retrouvons notre taxi Alfred qui nous dépose en ville. Heureusement, son taxi roule mieux que les carcasses qui jalonnent le bas-côté.


Ce vendredi, nous partons explorer la ville à pied. Après un passage par la plage, nous nous dirigeons vers le port. Nous traversons un quartier de belles demeures, mais les ruelles sont toutes défoncées. Les proprios du coin sont aisés, les gros 4x4 se moquent bien des flaques d'eau alors pourquoi s'embêter à goudronner la route ! Nous longeons ensuite toute la zone industrialo-portuaire. Les camions vont et viennent en crachant d'épaisses fumées noires sur des routes en mauvais état là-aussi.

Toujours à pied, nous continuons vers le Nord et retombons sur la route principale. le but est de rejoindre la côte au nord de la ville. Nous coupons à travers un quartier résidentiel. Plus la côte s'approche et plus le quartier devient bidonville : cabanes, ruelles vaseuses, tas de déchets et odeur de décharge. Nous sommes arrivés au bout d'un plage. Il nous faut traverser un bout de ruisseau dont l'eau est totalement insalubre. Nous déclinons la proposition d'un gamin du coin nous proposant de nous faire traverser en pirogue contre 2000 CFA. Nous avons juste quelques mètres à traverser avec de l'eau jusqu'au genoux.

Plusieurs dizaines de bateaux de pêcheurs sont alignés au bord de la plage, façon débarquement. Certains s'affairent autour de leurs embarcations ou réparent les filets. Une femme nous interpelle, "nihao nihao"... elle nous prend pour des chinois. Une énorme tortue desséchée gît sens dessus dessous sur le sable. Nous ne traînons pas trop non plus, les locaux nous regardent du coin de l’œil. La plage devient plus tranquille. A l'unique paillote du coin, nous buvons une bière fraîche faute de soda.

Nous revenons à pied. Nous aurons fait plus d'un vingtaine de kilomètres en tout. Sur le retour, nous passons devant une sorte d'église évangélique me rappelant ce que l'on peut voir au Brésil. Ma curiosité m'amène à discuter avec l'un des adeptes. L'homme est sympathique et me raconte qu'il fait partie de "la Chapelle des Vainqueurs", une église présente dans 48 pays. Son fiston est tout content de me serrer la main.

Le lendemain, nous partons arpenter le marché de la ville mais la pluie y met du sien. Pas grand chose à voir mais au moins je peux acheter quelques cacahuètes bon marché. L'après-midi, le ciel se dégage quelque peu. Nous décidons de passer nos dernières heures au bord de la piscine d'un des hôtels de mundelés : vue sur la mer et le coucher de soleil en prime. Une dernière N'Gok et nous passons récupérer nos sacs avant de partir pour l'aéroport.

Nous y arrivons en avance, notre vol ne part que le lendemain matin de bonne heure. Les quelques employés sont surpris de nous voir là. Certains plus causants que d'autres viennent nous voir. Le gérant de l'agence de change vient nous poser quelques questions puis veut nous donner des conseils : "Vous devriez lancer un business au Congo. Vous pouvez faire beaucoup d'argent !". Quand je lui réponds qu'il vaut mieux que ce soit des congolais qui le fasse, il rétorque : "Non, vous vous pouvez, le blanc est sérieux".

Une fois notre premier bavard parti, c'est au tour du pompier de venir. Il veut d'abord nous taxer une communication téléphonique puis nous questionne sur notre voyage. Il est plutôt sympa mais au bout de 30 minutes, je suis content qu'il s'en aille !

A 2h du matin passées, on commence la file pour le check-in avec le bazar habituel. Un ultime congolais, celui de la sécurité, tente de me soutirer de l'argent pour lui "payer un café". Ils nous fouillent méticuleusement. Nous voilà quand même dans l'avion. Tikala malamo Congo.

Congo - Brazzaville

Nous restons à Brazzaville jusqu'au mercredi. On commence par faire les comptes. Avec tous ces billets de Monopoly, on perd facilement le fil.

Le dimanche, Alex nous emmène aux cataractes, sur le bord de l'impétueux fleuve Congo. C'est le deuxième fleuve au monde par son débit, le premier étant l'Amazone. Les congolais en profitent pour laver voitures et camions sur ses rives. Ils s'y baignent aussi. Alex nous explique que le niveau est très haut en ce moment. En période sèche, quelques mois plus tôt, ils allaient à une plage à pied... maintenant située à quelques centaines de mètres au milieu du fleuve !

Le soir, nous cherchons un restau ouvert. Mami Wata est surchargé. Nous finissons à l'Oriental... restaurant de l'Olympic Palace, dont Sassou est propriétaire... de toute façon, il a la moitié du pays. L'autre doit être à sa famille et ses ministres.

Le lendemain, nous passons à l'aéroport pour décaler notre vol vers Pointe-Noire. C'est possible contre 5000 CFA et l'attente pendant laquelle l'employée ventripotente doit trouver la motivation et l'énergie de pianoter 4 mots sur son ordinateur.

Nous passons à côté de l'escalator : sans doute l'unique spécimen dans tout le pays. Certains autochtones ont l'air d'avoir peur de monter dessus.

Nous souhaitons ensuite aller à Linzolo, faire une petite rando près du fleuve Congo, vers le Sud. Aucun taxi ne veut nous y emmener, c'est trop loin paraît-il : une trentaine de kilomètres. Nous partons donc à pied découvrir la ville et arrivons au marché Total. Un encombrements d'étal survit au-dessus de rues complètement boueuses.

A la sortie du marché, je négocie avec un taxi pour Linzolo. Il se plaint qu'il ne trouvera pas de client pour le retour. Pour 8000 CFA, il nous emmène. Le son de la rumba occupe l'habitacle. La route devient piste. La piste devient champ de boue. Notre chauffeur se lance. Heureusement, il n'a pas plu aujourd'hui, donc cela reste globalement praticable. Les 4x4 et Toyota Corolla peuvent lancer l'assaut.

Nous sommes à destination. Le chauffeur me demande :
 - Comment vous allez revenir ?
 - On va prendre un taxi collectif je pense.
 - Huum... il aurait fallu consigner le taxi.
 - Cela dépend. C'est combien ?
 - 5000 CFA par heure.
 - Ok.
 - Et la course retour.
 - Non non, les 8000 prévoient un retour sur Brazza sans client, donc rien de plus.
 - Ok.

Notre chauffeur de taxi, nommé Florian, nous accompagne donc pour notre petite rando ! Je lui pose quelques questions. Il travaille de 9h à 21. Il dit qu'il y a trop de taxis, et pas assez de routes, et trop d'embouteillages. Je demande que fait le président pour remédier à cela... pas de réponse.

Le sentier bordé de termitières est sympa. Il mène jusqu'au fleuve. Nous y restons un peu mais pas trop, la pluie menace. Le ciel est bien gris.

Nous sommes revenus à la voiture après deux heures environ. La pluie fait son entrée. La route devient ruisseau. Le ruisseau devient torrent. L'eau se teinte de la couleur rouge de la terre et crée de grandes rigoles sur les bas-côtés. Le passage délicat de l'aller est devenu complètement impraticable. Plusieurs véhicules sont déjà embourbés de l'autre côté. Certains tentent tout de même leur chance : un fourgonnette Toyato Hiace arrive à passer.

Florian hésite longtemps. Il sort la tête par la vitre. La rentre détrempé. Il s'essuie. Regarde à travers le pare-brise inondé de pluie. Finalement, il se souvient peut-être d'un autre chemin. Il prend un mini sentier qui part à travers champs. Il est un peu perdu mais trouve quand même sa route. Nous revenons sur la route principale : l'obstacle est contourné, bien joué. Après quelques embouteillages, nous sommes revenus à l'appart. Je donne 10 000 à Florian, il tente tout de même d'obtenir une course supplémentaire contrairement à ce que l'on a convenu plus tôt. C'est non !

Le mardi, nous allons au marché des arts à pied. En fait, c'est plutôt un marché pour touristes, même s'il y en a peu. Nous nous baladons dans Brazza toute la journée. En fin d'après-midi, nous repassons à l'appart. Nous ne goûterons pas au breuvage en préparation d'Adrien : de la bière de banane a priori. Une petite sieste et quelques séquences de TV chinoise puis nous rejoignons Alex, Benoit et Gauthier à Mami Wata. De l'autre côté du fleuve, "Kin la belle" affiche ses lumières : celles des buildings et celles d'un orage virulent mais agréablement distant !