Jour 25 - Trujillo

Après 8h de bus nous voici à Trujillo, troisième ville du pays située au Nord de Lima.

Comme d'habitude, nous récupérons nos sacs dans la soute. L'employé de la compagnie de bus entre dans la soute pour chercher les sacs les plus éloignés. Antoine nous rappelle en rigolant le passage du film Taxi, là où les coréens sortent du coffre d'une voiture après une bonne nuit de sommeil... et là, surprise, la porte d'une autre soute s'ouvre, mais ce n'est pas un frêle coréen qui en sort mais un gros péruvien après une bonne nuit de sommeil!

Nous nous rendons dans le centre de la ville, avec ses bâtiments de l'époque coloniale. Là, un gars nous accoste pour nous proposer un tour des différents sites des environs: allez, il est temps de mettre à profit notre entraînement à la négociation! Initialement, le prix était de s/120 pour nous 4. Après conversation nous l'avions à 70. En se dirigeant vers l'agence, un autre gars vient nous proposer la même offre. Nous l'informons que nous avons le tour pour s/70 avec le premier, nous attendons donc une offre! Hop, 60 à droite! 60 à gauche, le gars est obligé de s'aligner. Cela surenchérit (à l'envers): 50 à droite! Et par conséquent, 50 à gauche. Adjugé vendu! Passer de 120 à 50, c'est pas mal.

Nous avons donc visiter le Huaca del Sol et le Huaca de la Luna (huaca = temple en quechua), construits par les moches (c'est le nom de la civilisation, pas un trait de leur physique, je préfère préciser...) vers 100 après JC. Ces noms ont été donné par les espagnols, le Huaca del Sol était en fait un grand centre administratif. Le bâtiment sont construits en pyramide. Tous les 80 ou 100 ans environ, les moches condamnaient le dernier étage du bâtiment et construisaient un nouvel étage au-dessus en élargissant la base. La Huaca de la Luna compte 6 niveaux, la Huaca del Sol 5.


Ensuite nous avons découvert les ruines de Chan-Chan, de l'empire Chimú. Ce sont les vestiges d'une cité de terre datant du 13ème siècle. Il y a 10 citadelles fortifiées, il est possible d'en visiter une. Une partie est restaurée comme le montre la photo de gauche, le lieu ressemble un peu au palais construit par Jamel dans Astérix: mission Cléopâtre.

Le soir, direction la montagne!!

Un peu d'histoire

Mon passage au Museo de la Nacion à Lima a été l'occasion de grandement amélioré mes connaissances historiques sur le pays, de l'époque pré-inca jusqu'à nos jours. Je vais essayer de vous en restituer une petite partie.

Avant la formation du fameux empire Inca, la région était peuplée par différents cultures, dites pré-incas. Celles-ci ont développé la céramique, le tissage, ont créé des systèmes sophistiqués d'irrigation. Il y a notamment eu les cultures Chavín, Paracas, Nazca, Huari ou encore la culture Moche.

Vient ensuite la culture Inca. A cette époque, d'autres cultures existent, comme la culture Chimú, chacun tentant de maîtriser ses voisins. Les origines des incas sont un peu floues, mais vers 1200, ils s'installent dans la vallée de Cuzco. Au sommet de la hiérarchie se trouve l'inca.

C'est sous l'impulsion de l'inca Pachacutec que l'empire Inca prend réellement de l'ampleur. A partir de 1438 et pendant environ 70 ans, l'empire va commencer à couvrir toutes les Andes. Pachacutec réussit à garder l'unité d'un si vaste empire grâce à une administration très efficace et en développant l'immense réseau des chemins de l'inca, le Qhapaq Ñan, ainsi qu'en imposant la langue quechua comme langue officielle. A son apogée, sous le règne de Huayna Capac, l'empire s'éténd du Chili jusqu'au Sud de la Colombie.

En 1532, les premiers conquistadors arrivent. Au départ, ils ne sont que 180, dont Francisco Pizarro, face à des milliers de guerriers incas et pourtant, la conquête est relativement aisée et rapide. Plusieurs facteurs sont en cause. Tout d'abord, les incas sont en guerre civile, les deux fils de Huayna Capac se disputant la succession. Ensuite, les espagnols sont supérieurs en armement et en stratégie militaire, dotés d'armures en métal luisant au soleil, d'armes à feu et de chevaux, les incas étaient plus ou moins effrayés par ces hommes venus d'ailleurs. De plus, les espagnols ont réussi à soulever contre les incas certaines tribus locales, n'appréciant pas la domination de ceux-ci. Une autre raison, moins souvent citée mais exprimée par notre guide au Museo de la Nacion, est que les incas faisait de la guerre, un art, respectant toujours l'ennemi, et n'étaient pas, à la manière des espagnols, propices aux massacres gratuits et aux pillages.

La population de l'empire inca est passée d'entre 12 et 15 millions de personnes à environ 600000 en seulement un siècle de colonisation. Les espagnols ont largement exploité les indigènes et n'ont pas manqué d'apporter quelques maladies dans leurs bagages, maladies auxquelles les systèmes immunitaires des indigènes n'étaient pas habitués.

Bien que les incas se soient plusieurs fois rebellés, la domination espagnole est plus forte. En 1572, Túpac Amaru, le dernier inca régnant, est capturé puis exécuté sommairement sur la place principale de Cuzco. Les espagnols instaurèrent le système de l'encomienda, un tribut imposé aux indigènes. Francisco Pizarro, nommé gouverneur du pérou, en abusa et les indigènes se retrouvèrent forcés de travailler dans les mines et champs au seul profit des colons.

Les espagnols ont également entrepris la christianisation des populations locales. Par une sorte de propagande massive, entre les missionaires jésuites et les peintures noyant les croyances indigènes dans les références catholiques, par exemple, les incas vénéraient la Pacha Mama (= la Terre Mère) que les espagnols ont assimilé à la Vierge Marie. C'est sans doute par ce marketing religieux que les péruviens ont aujourd'hui gardé les croyances des espagnols.

Au fil des années et des générations, la morphologie de la population change. La proportion d'indigènes est beaucoup plus faible, celle d'espagnols plus forte mais apparaît également une nouvelle catégorie: les métis ou créoles, possédant à la fois des origines indiennes et (principalement) espagnoles.

C'est d'ailleurs majoritairement cette partie de la population qui a réellement mis le processus d'indépendance en marche. Les deux principales figures de l'indépendance sont le général José de San Martín et le général Simón Bolivar (qui a donné son nom à la Bolivie), chefs de file des rebelles. En 1821, après diverses campagnes militaires, San Martín déclare l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne mais c'est seulement en 1824, après la victoire du général Antonio José de Sucre à Ayacucho que l'indépendance devient effective. L'Espagne ne reconnait cette indépendance qu'en 1880.

Le Pérou a ensuite eu une période où l'influence européenne, et surtout française, était très forte, notamment dans l'art et la culture. Ce n'est que depuis une centaine d'années que le pays forge son identité propre.

Le dernier étage du musée est dédié aux évènements liés au mouvement Senderoso Luminoso (= Sentier Lumineux). Au départ un parti politique, ce mouvement a ensuite pris la forme d'un groupe terroriste à l'idéologie communiste.

La population civile a fait les frais de cette guerre, coincée entre la violence terroriste et la violence contre-terroriste de l'Etat. Une Commission Vérité a été créée pour mettre au clair tous les faits liés au conflit: environ 69000 morts ont été dénombrés. De nombreux attentas ont été commis (attentats à la bombe à Lima par exemple) mais c'est la population montagnarde qui a le plus souffert. Dans certains villages, les guérilleros ont parois massacré une partie de la population. L'armée et les autorités péruviennes ont été critiqués pour l'attitude adoptée face aux terroristes, certains paysans soupçonnés de les aider ayant été massacrés par l'armée. Initialement, le groupe rebelle prétendait venir en aide à la population, mais au final celle-ci n'approuvait que très peu leurs actions.

En 1992, le chef fondateur de la guérilla Abimaël Guzman et d'autres dirigeants sont arrêtés, ce qui porte un coup dur au mouvement, beaucoup moins actif par la suite. Depuis, il n'y a eu que très peu d'actions du Sentier Lumineux, celui-ci étant plutôt devenu un groupe de mercenaires évoluant dans le milieu du trafic de drogue.

Afin de ne pas recommencer les mêmes erreurs, cette partie du musée a été créée pour que le Pérou n'oublie pas son histoire.

Maintenant, je crois que je connais mieux l'histoire du Pérou que l'histoire de France!

Jours 22 à 24 et 28 - Lima

D'après mon guide de voyage brésilien, la "Cité des Rois", du nom que lui a donné Francisco Pizarro en 1535 lors de sa fondation, est du style de São Paulo: 10 millions d'habitants (20 pour SP), des quartiers chics, des bidonvilles en périphérie, du trafic routier, de la pollution. Pas faux.


Notre séjour dans la capitale péruvienne commence par la recherche d'un taxi à la gare routière pour rallier le centre-ville. Une dizaine de chauffeurs nous sautent dessus comme à chaque fois. Un policier nous demande si l'on veut un taxi seguro (= sûr). Il nous montre un papy. On lui indique l'adresse où l'on veut aller. Bien sûr, il ne comprend pas, nous lui montrons donc l'adresse du Routard... sauf qu'il ne semble pas pouvoir lire, sa vue ne semblant pas des meilleures! Inquiétant tout de même pour un chauffeur de taxi. Je dis au policier en rigolant que le gars n'a pas l'air seguro. Finalement, nous préférons en trouver un autre.

Sauf que celui-ci n'a pas l'air de connaître le quartier de notre auberge. Il tourne en rond, se trompe, demande son chemin. Nous arrivons enfin dans la bonne rue. Manque de bol, elle est à sens unique et l'auberge est de l'autre côté. Pas de soucis, on y va gaiement en marche arrière... qui se fini en percutant un arbre! Juste de quoi faire pencher celui-ci et enfoncer un peu le pare-choc.

A Lima, nous nous sommes baladés dans les différents quartiers. Il y a Miraflores, le quartier chic avec des allures européennes et au bord de mer (enfin de falaise comme le montre la photo), où la majeure partie des touristes se trouve. Il y a Baranco, autrefois peuplé par les retraités qui ont laissé leur place aux plus jeunes, le quartier est maintenant à la mode avec de nombreux bars et boîtes de nuit. Enfin le Centre, là où se trouve le siège du pouvoir, beaucoup de commerces, de beaux bâtiments de l'époque coloniale et à proximité d'un quartier... que les passants nous ont très vivement conseillés d'éviter, en gros: "ne traversez pas la rue, n'allez pas par là, surtout pas avec vos appareils-photos!!" et nos têtes d'européens...


En passant dans dans une église (juste par curiosité, pas pour assister à la messe!), un homme à l'allure de prêtre détecte notre français. Il nous demande de quelle religion on est (euh ouais, mais c'est pas trop mon truc à moi)... puis nous fait tout un speech, d'une voix posée et calme, sur l'importance de la religion, qu'il est nécessaire de penser à Dieu pour bien vivre... OK merci, faut nous laisser maintenant. Tout cela pour dire que la religion paraît être importante chez les péruviens. Chose que je ne comprends pas trop, vu que ce sont les espagnols qui ont importé le christianisme sur ces terres, alors que de l'autre côté, ils pillaient et massacraient les Incas, qui sont en partie les ancêtres des péruviens. Mais j'y reviendrais plus tard.

Nous avons également visiter le Museo de la Nacion. Un excellent musée (un des meilleurs que je connaisse) où la visite côute s/15 (4€) pour le groupe. La visite est faite par un guide qui nous promène dans le musée et explique, répond aux questions et raconte l'histoire du pays, de l'époque pré-incas jusqu'à aujourd'hui.

Durant notre passage à Lima nous avons également pu revoir quelques uns des péruviens qui ont fait un semestre à Poli avec nous, notamment Claudio. Celui-ci nous a emmené manger des antecuchos à une petite échoppe de rue. Les antecuchos de cette échoppe sont très réputés, la grand-mère qui en est responsable est connue au Pérou, passant même dans des émissions de cuisine à la TV. Mais c'est quoi des antecuchos? Et bien, ce sont des morceaux de coeur de boeuf disposés en brochette. Ils sont accompagnés d'une grosse patate et assaisonnés avec du piment (un peu fort le piment d'ailleurs). C'était délicieux, sans doute la meilleure viande que j'ai mangé durant le voyage.

Claudio nous a raconté comment il a vécu le tremblement de terre de 2007, le même qui a ravagé la ville de Pisco. A Lima, il n'était que de 4 ou 5 sur l'échelle de Richter, mais Claudio a déjà pu parfaitement sentir les vibrations, du mouvement puis du bruit ainsi que des flashs lumineux. Il se trouvait dans la rue à ce moment là, il venait d'acheter une confiserie ou quelque chose dans le genre et dit en rigolant qu'il croyait que c'était Dieu qui le punissait! En passant à Miraflores, il nous dit qu'en cas de gros tremblement de terre à Lima, ce quartier, largement composé de hauts immeubles situés en haut de la falaise, pourrait s'effondrer dans le Pacifique en contre-bas... peut-être sur une distance de 3 ou 4 blocs! Il nous cite quelques autres quartiers de la ville, notamment El Punto (=La Pointe). Un peu triste, il dit que c'est le plus beau quartier de sa ville, mais que pour s'y rendre, il faut traverser le quartier le plus dangeureux!

A Lima, nous avons été rejoints par Alex, un allemand qui étudie également à l'USP. Avec lui, nous avons passé 3 jours plus au Nord, avant de revenir à Lima pour un dernier jour et de prendre le "train de Tintin"!

Jour 21 - Ballestas et Paracas

Ce jour-là, à partir de Pisco, nous avons pris un tour dans une agence pour aller observer les Islas Ballestas ainsi que la réserve Paracas.

Un bus passe à l'hôtel pour nous emmener un embarcadère. De là, nous rejoignons las Islas Ballestas après une trentaine de minutes de bateau. Sur le trajet, une pause nous permet d'observer le Candélabre de Paracas, un géoglyphe de 180m de long gravé dans le désert. Son origine est incertaine. Sa réalisation est peut-être liée aux lignes de Nazca, mais il serait sans doute plus récent, même s'il est impossible de le dater correctement. Il aurait été creusé soit par des pirates ou soit par José de San Martin, un des grands libérateurs de l'Amérique du Sud. Le but étant de donner un repère à la navigation.


Nous arrivons ensuite près des îles. Le spectacle est assez impressionant: sur ce groupe d'îles peuvent être observées toutes sortes d'oiseaux: cormorans, manchots, pélicans, goélands, fous... en tout une soixantaine d'espèces. A cela s'ajoute des éléphants de mer, otaries et même des dauphins les jours de chance, je n'en ai pas eu assez.



L'existence de cette réserve ornithologique est due à la présence du courant de Humbolt, courant marin froid venant de l'Antarctique, riche en plancton et donc riche en poissons.

Une grande quantité de guano (les excréments d'oiseaux utilisés comme engrais très efficace) y est extraite depuis le 19ème siècle. Aujourd'hui, une campagne de rammassage est organisée tous les 7 ans environ.

Vers midi, nous étions sur une petite plage profitant de nous baigner. L'après-midi, nous visitons la réserva Paracas, de magnifiques paysages entre désert et mer. Le tout agrémenté de la vue d'une plage de sable rouge, unique au Pérou, due à l'érosion de la dune de roche rouge, en fait de l'oxyde de fer, située à proximité.

Jour 20 - Pisco

Pisco, du même nom que la boisson nationale péruvienne (le pisco), est une ville d'environ 60000 habitants située sur la côte Pacifique, au Sud de Lima


Pisco est malheureusement connue pour avoir été l'épicentre d'un violent séisme en août 2007, de magnitude 7,9 sur l'échelle de Richter. La ville a été détruite à plus de 70%... plus de 500 personnes ont trouvé la mort ce jour-là.

Encore aujourd'hui, la ville paraît être une ville en ruines ou presque, dévastée, une impression d'une ville à peine sortie d'une guerre. Beaucoup des nouvelles constructions semblent encore à moitié inachevées, parfois seulement 3 ou 4 murs, pas plus.

Des bénévoles venus d'horizons divers participent à la reconstruction d'habitations pour quelques familles. C'est la cas de Mark, un irlandais logeant au même hôtel que nous. Le soir, il nous propose d'aller manger de la "street food" (= nourriture de rue) avec lui et Louis, un péruvien employé dans l'hôtel.

Nous allons ensuite boire un Pisco Sour, le coktail national à base de pisco. Là, Luis nous en dit un peu plus sur le tremblement de terre. Même l'église s'est effondrée, elle n'est d'ailleurs pas reconstruite. A l'intérieur, au moins 150 personnes ont péri (une trentaine appartenaient à la même famille). Il nous explique que les constructions avec une structure en bambous résistent bien aux terremotos (=tremblement de terre), comme l'hôtel où nous logeons qui lui a résisté. Luis nous dit également qu'il aime bien boire un Pisco Sour après un bon repas, par contre il n'aime pas trop Alan Garcia, le président péruvien!

De retour à l'hôtel, Luis nous montre une vidéo du tremblement de terre. Il nous montre la scène du tremblement de terre, ainsi que les conséquences du lendemain. Impressionnant... et bien sûr, très triste.

NB: taper par exemple "terremoto pisco" sur Google Videos ou Youtube

Jour 19 - L'oasis de Huacachina

Près d'Ica, se situe l'oasis de Huacachina, un petit coin de verdure entre les dunes de sable du désert. Tout autour de l'oasis, il y a plusieurs constructions, toutes dédiées au tourisme: hôtel ou restaurant. En effet, la zone attire les touristes, pour la vue de cette particularité naturelle mais aussi pour la pratique du sandboarding et du buggy.

Le sandboarding, c'est comme le snowboarding, mais le sable remplace la neige. A l'hôtel ou nous logeons, pour s/10 (2,5€), nous louons chacun notre planche pour la journée. Selon l'employée, nous serons fatigués dans 2 ou 3 heures... et bien, allons glisser sur le sable jusqu'à épuisement!

Déjà, il fait très chaud. Première montée de dune, premiers efforts, premières gouttes de sueurs. Une première petite descente s'offre à nous: 4m de glissade! J'ai du sable qui colle partout.

C'est reparti pour une plus grande dune. Une fois en haut, le souffle court et 1 litre de transpiration évaporé: on fait une course? OK! Go! On s'élance... mais cela n'avance pas. On ne glisse pas. Zut. Des québecoises à proximité s'adonnant également la descente de dune me demandent si je veux un peu de "wax". C'est une substance, une sorte de cire, à appliquer sous la planche pour améliorer le frottement.

Et j'ai ainsi pu descendre plus d'une dizaine de mètres de dune, je sentais déjà naître en moi des talents de surfeurs des sables, mais la wax avait déjà perdu son effet. La suite de la glissade redevenait difficile et je n'avais pas envie de rebadigeonner ma planche de cire toutes les 2 minutes. Bilan, le sandboarding c'est sympa mais sans plus. Finalement nous sommes allés nous baigner dans la lagune, vu la chaleur, l'idée s'imposait d'elle-même.

A la tombée de la nuit, nous avons escaladé la dune la plus haute et la plus proche. Ascension difficile, la pente est très inclinée, le sable se dérobe sous nos pieds (et nos mains) et il fait soif. Yann a failli ne pas arriver en haut, il commençait voir des mouches! Mais une fois au sommet, nous avions vue sur toute la région, sur les buggys pleins de touristes crapahutant dans les dunes et sur le coucher de soleil au-dessus du désert. Cela vaut la peine!

La Panaméricaine

Egalement appelée la transaméricaine, ou l'autoroute panaméricaine, il s'agit d'un itinéraire de 28500 km de long, reliant l'Alaska à l'extrème Nord du continent, jusqu'à la Terre de Feu, à l'extrème Sud.

C'est un peu l'héritière des chemins Incas, parcourant l'empire du même nom, sillonant les Andes, de même que les voies Romaines en Europe. De tout temps, l'homme a cherché à créer des moyens de communication rapides et efficaces.

L'idée du projet est née en 1889, lors de la première conférence Pan Américaine, mais c'est en 1923, lors de la 5ème édition, que le projet de route est adopté. 2 ans plus tard, les premiers travaux commencèrent pour former un réseau d'échanges commerciaux à travers le continent.

Au final, c'est donc un raccord de différentes routes construites par les 15 pays participant au projet, comme le Pérou et le Chili où je suis passé. Aujourd'hui, il manque seulement un tronçon d'environ 100 km. La forêt du Darien, située entre le Panamá et la Colombie, est classée réserve de la biosphère, l'opposition à la réalisation de cette partie est donc forte. Une absurdité, mais pourtant une réalité, la Panaméricaine passe à Nazca et coupe en son milieu la zone des Lignes de Nazca. Quand on sait que le vestige est classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'Unesco, on se demande où les autorités péruviennes ont la tête.

La route traverse des paysages variés, du désert d'Atacama à l'Amazonie. Certains tronçons de belles routes asphaltées en parfait état, d'autres ne sont que des sentiers boueux pendant la saison des pluies. Elle ne consiste pas en une route unique, mais plutôt en un réseau, avec des axes principaux et des axes secondaires, la longueur totale varie donc selon les sources.

Jour 18 - Nazca

Et voilà Nazca. Peut-être avez déjà entendu parler de cette ville dans une émission sur les extra-terrestres. Pourquoi? Parce que dans les environs, se trouvent les Lignes de Nazca, de grands dessins tracés dans le désert. Les extra-terrestres sont une des explications loufoques de ces figures.

La région est également très sèche, comme l'atteste la photo de gauche: la rivière... n'a pas d'eau, elle sert donc naturellement de route! A droite, le coucou qui nous a permis d'observer les figures depuis les airs. Le prix du vol était de s/130 (32,5€) pour une trentaine de minutes. Il n'y a que quelques compagnies proposant le tour. Nous avons écarté l'offre d'un rastaman, trouvé en suivant les indications d'un papier que l'on nous a donné dans la rue. Le jeune homme, venant de se réveiller, la tête dans le brouillard et sentant la fumette, ne devait pas fréquenter les mêmes lignes que nous...


Avant de prendre l'avion, j'ai pris un "café" pour le petit déjeuner. Cet élément a son importance, vous allez comprendre pourquoi dans quelques instants. Je savais déjà que la balade allait être mouvementée, le pilote faisant pencher l'engin d'un côté puis de l'autre afin que tous les passagers puissent observer le sol.

Après une longue attente dans le hall de l'aérodrome utilisé par toutes les compagnies, nous mettons nos vies entre les mains de Raul, qui est aux commandes, moi, Yann, Antoine et trois autres touristes. Là, la première attraction est le vol en lui même, ensuite viennent les lignes. Ce sont soit des représentations, généralement d'animaux, soit des figures géométriques, lignes droites ou triangles principalement. Il y a notamment un oiseau, photo à gauche, et un arbre à côté d'un parralépipède, à droite.


Il y a aussi un singe, un bonhomme surnommé l'astronaute, un condor, un colibri, une araignée, un chien, un iguane... et de nombreuses lignes droites. Ces dessins (plus de 350) ont été tracés par la civilisation Nazca, une culture pré-inca s'étant développée entre 300 avant JC et 800 après JC.

3 minutes avant la fin, magie, mon "café" (enfin, une tasse d'eau du robinet à la couleur noireâtre avec du dépôt au fond) réapparaît, je transpirais déjà à grosses gouttes. J'ai tenté de le garder, en vain, la vue d'une autre passagère passant mal ainsi que les soubresauts et le tangage du zinc ont eu raison de moi. Mes deux collègues n'étaient pas loin de m'imiter.

Une fois les pieds sur terre, après un repas revigorant, nous avons fait une rencontre digne des extra-terrestres. Au Maria Reiche Center, du nom de la scientifique allemande qui a passé sa vie autour des géoglyphes de Nazca pour les étudier et les protéger, nous avons rencontré une femme "ven[ue] du cosmos", en fait, la disciple et amie de Maria Reiche, Viktoria Nikitzki.

Le centre était conseillé par le Guide du Routard et nous cherchions des explications sur ces intriguantes lignes, nous avons donc naturellement souhaité nous y rendre. Une fois devant, nous étions un peu surpris, à peine une inscription pour indiquer l'endroit qui paraît plus comme un vieil hangar abandonné. Nous toquons à la porte, et oh surprise, quelqu'un ouvre: c'est Viktoria.

Elle nous fait entrer, quelques chats errent, une poule attend patiemment au mileu d'une sorte de cour. On se dirige vers un petit hangar. Là, Viktoria nous propose une conférence sur les lignes, c'est à nous de décider quand cela commence. Euh, oui oui, bien sûr, nous on veut des explications sur les lignes... mais, euh, cela se passe comment? Il n'y avait rien. Pas de panneau, pas d'explications, enfin rien quoi! Un peu surprenant pour un "centre" qui propose une conférence sur les lignes.

On comprend finalement que c'est Viktoria elle-même qui fait l'exposé à propos des lignes, on lui donne alors le top départ! Elle soulève alors une grande bâche poussièreuse et laisse découvre une maquette, de 4 mètres sur 2 environ, de la zone des lignes.

Ensuite, pendant 1h ou 2, elle nous raconte quelle est la fonction des lignes suivant les recherches de Maria Reiche. Aujourd'hui, le seul intérêt des lignes pour la population locale, c'est l'attrait touristique. Rien n'est fait pour protéger les lignes, menacées par l'érosion et le réchauffement climatique, elles risquent de disparaître. La destruction d'une forêt dans la région met en péril ce vestige de plus de 2000 ans (plus de vent, plus d'inondations).

En fait, les lignes sont un calendrier astronomique. Je m'explique. Les lignes indiquent différentes constellations importantes ou encore la position du soleil aux équinoxes et aux solstices. L'observation des lignes permettait donc de savoir à quel moment effectuer les travaux agricoles, semis et récolte, la survie de la population passant par la possibilité de nourrir tous les habitants.

L'eau est également une condition sine qua non à la vie, pour boire mais aussi pour l'irrigation. La région, souvenez vous de la rivière au début de ce message, est très sèche, semi-désertique. La civilisation Nazca, ingénieuse et proche de la nature, avait développé des parades pour vivre dans ce milieu difficile. Des aqueducs et un réseau de canaux datant de cette époque, fonctionnent toujours et servent encore à l'irrigation de terres cultivées. Pour irriguer, il faut savoir où se trouve l'eau, une partie des dessins serait consacrée à cela. En effet, différentes lignes marquaient l'emplacement approximatif de fils d'eau souterrains.

Certaines lignes auraient également une fonction liée aux tremblements de terre en indiquant la position de failles dans la montagne.

Les différents dessins d'animaux ou les autres formes géométriques seraient des indications données pour aider à la compréhension des tracés. A l'époque, il n'existait pas de système d'écriture, le seul moyen de transmettre le savoir aux générations suivantes étant la voie orale... et les tracés sur le sol. Malheureusement, la civilisation Nazca a décliné puis disparu (ayant sans doute subi des catastrophes naturelles plus importantes que d'habitude, entre inondations et séismes), le savoir est parti avec eux et la population actuelle de la région ne comprend pas la signification des figures.

Maria Reiche est une des rares personnes à avoir chercher à trouver une signification rationnelle à ces lignes. Toutes ses théories reste des théories, mais cela reste les plus plausibles. Elle a passé près d'un demi-siècle à les étudier, souvent seule dans le désert. Elle a notamment essayé de sensibiliser les locaux à la protection des lignes, mais pour eux, le principal intérêt reste touristique. Les autorités locales ne se rendent pas compte de la menace réelle planant sur leur trésor, ils préfèrent profiter de la poule aux oeufs d'or sans effort. Viktoria a très bien connu Maria Reiche et a en quelque sorte repris le flambeau de ses études.

Mais comment ces dessins survivent au temps qui passe? Les dessins ont été dessinés en grattant le sol. Les roches sombres ont été dégagés et laisse apparaître le sable plus clair. Les dessins restent visibles pour plusieurs raisons: faibles précipitations (30mm par an), pas de végétation donc une couche d'air chaud au niveau du sol le protège du vent et le gypse contenu dans le sol joue le rôle d'une colle, retenant le sable et la poussière

Nous avons ensuite laissé Viktoria dans son désert et ses mystères puis pris un bus pour Ica par la Panaméricaine. Dans ce bus, j'ai pu discuté avec Javier, ramasseur de tomates, vadrouillant dans le pays pour travailler (quand il en a envie). Je n'ai pas compris la moitié de ce qu'il baragouinait, et pas seulement parce que mon espagnol n'était pas encore assez rodé...

La pomme de terre

Petite digression au sujet de notre bien-aimée, à l'eau, au beurre, rôtie, sautée et j'en passe: j'ai nommé la patate.

Comme je l'ai dit dans le message concernant le Cañon de Colca, la pomme de terre est originaire des andes. Sur ces terres, la pomme de terre est cultivée depuis des milliers d'années avant JC. Les Incas également cultivaient ce légume.

La pomme de terre fut introduite en Europe par les espagnols à partir de 1534, puis par les anglais, propageant peu à peu cette culture sur notre continent. En France, c'est surtout grâce à l'agronome Antoine Parmentier, que l'usage de la pomme de terre va se répandre. Il en fera la promotion pour combattre les disettes survenant dans le pays.

Par la suite, la culture de la pomme de terre s'est largement répandue, le tubercule ayant conquis le coeur, et l'estomac, des français.

Jours 14 à 17 - Arequipa

Deuxième ville du pays, avec près d'un million d'habitants, Arequipa se situe à près de 2400m d'altitude, entourée de montagnes, notamment le volcan El Misti, surplombant la ville.

Le centre-ville est agréable, ponctué de vieux bâtiments construits de pierre volcanique, valant à Arequipa le surnom de "ciudad branca" (= ville blanche). Comme la plupart des villes péruviennes, le point central est la Plaza de Armas.


Durant les 4 jours où nous sommes restés à Arequipa, nous avons eu l'occasion d'arpenter les rues de la ville, à plusieurs reprises. Nous sommes restés aussi longtemps pour attendre Antoine, arrivé de France pour La Paz en avion, qui nous a rejoins par un bus La Paz-Arequipa.

Il y a de nombreusesruelles commerçantes, une est spécialement dédiée aux touristes, avec son lot d'agence de voyage proposant des tours de la ville où des excursions pour le Cañon. Dès que nous passions à proximité, il y a toujours eu quelqu'un pour venir nous proposer un restaurant ou une excursion, comme des mouches sur une tartine de confiture! A l'occasion, nous en avons profité pour améliorer notre technique de marchandage, négociant pour une nouvelle virée au Cañon... que nous n'avions nullement l'intention de refaire!


Au final, nous avons été abordés à de très nombreuses reprises. Nous avons des têtes de gringos, difficile de passer inaperçus. Dans la rue, on nous propose de se rendre dans des restaurants, des hôtels, d'acheter des chewing-gum, des tours Colca Cañon, des peintures et même de la cocaïne ou de la marijuana!!

Un réveillon de nouvel an et plusieurs poulets frites plus tard, Antoine est arrivé. Le soir, nous partons en direction de Lima, avec Nazca en étape intermédiaire. Pour ce voyage, nous avons eu le plus beau bus du voyage: 2 étages, TV, climatisation, toilettes, de l'espace (beaucoup d'espace) et surtout, du jamais vu, à manger dans le bus! C'est autre chose que les bus boliviens!

Jours 12 et 13 - Colca Cañon

Nous arrivons au petit matin à Arequipa. Un coletivo (= un mini bus où les gens s'entassent, il y a un chauffeur et un cobrador, ce dernier s'occupe de récupérer l'argent et de crier par la porte la destination du bus pour trouver des passagers, c'est typique!) nous emmène dans le centre-ville. De là, nous cherchons à aller dans le Cañon de Colca: le canyon le plus profond du monde avec 3400m de profondeur au maximum, jusqu'à ce qu'il soit détrôné par le canyon de Cotahuasi (3535m) également situé dans les environs d'Arequipa.

Après négociation auprès des différentes agences proposant une excursion au Cañon (notre argument de négociation principal: s'il leur restait des places c'était tout bénéf pour eux, ils gagnent 2 passagers pour remplir un peu plus leur bus! Et à force de voyager, la culture de la négociation commence à rentrer), nous partons pour 2 jours d'excursion.

Notre chauffeur sera Manuel, notre guide Juan. "Buenos dias senhoras y senhores, Hello ladies and gentlemen...", rajoutez là dessus quelques mimiques, une casquette et une intonation d'un acteur comique: vous obtenez Juan, une réincarnation d'Elie Kakou!

Durant la journée, nous avons pu observer le canyon. A midi, pause dans un restaurant. Pas le choix, c'était celui-là ou rien, il n'y avait rien d'autre dans les parages. Le tour est organisé ainsi. Pour 20 soles (5€), ce qui est un peu cher, j'ai souvent mangé pour moins de 5 soles au Pérou, la nourriture était excellente, et surtout, à volonté.


Puis nous avons atteint la ville de Chivay en fin d'après-midi. Là, se trouvent des bains d'eau chaude naturelle. L'activité volcanique porte l'eau à 38 degrés Celsius environ. C'est un peu difficile de rentrer au départ, surtout que les bassins sont en extérieur et qu'il ne faisait que quelques degrés. L'eau a une légère odeur de souffre (et donc d'oeufs pourris, je le rappelle).

Dans cette vallée, on cultive la pommes de terre, du maïs, de la quinoa, ces 3 cultures étant originaire des Andes. Les cultures sont irriguées grâce à l'eau provenant des volcans alentours. Il existe une centaine de variétés de pommes de terre dans la vallée de Colca, et plus de 3000 variétés dans tout le Pérou.

Le lendemain, nous nous sommes d'abord rendus dans un village où se trouvait une démonstration de danse. Tout est très bien organisé pour les touristes, les danceurs ont le sourire, les vendeurs "d'artisanat local" sont là, comme partout dans le pays, avec quasiment les mêmes produits du même "artisanat local", que ce soit en Bolivie, à Arequipa ou dans ce village.


Nous sommes ensuite passés à Maca. Cette ville a subi un tremblement de terre en 1991 qui a fait 16 morts, et dont les conséquences sont toujours visibles: les failles dans la montagne sur la photo de droite ci-dessus. Yann a également sympathiser avec la faune locale.

Puis direction la Cruz del Condor, pour admirer, vous l'aurez peut-être deviné, des condors! Oui, alors notre guide Juan nous affirme que les condors sortent vers 10h du matin pour aller chercher à manger. Pas de bol, il est 10h20, toujours pas de condor et le bus s'apprête à partir. Juste avant de monter dans le bus et de rentrer à Arequipa, un (seul) condor nous fait l'honneur de sortir. Le condor des Andes a une envergure de 3m, 3m50 environ et était considéré comme sacré par les Incas, alors quand il veut pas sortir... et bin il sort pas!

La Guerra del Pacifico

Quelques mots sur ce conflit qui a opposé le Chili au Pérou et à la Bolivie, de 1879 à 1883.

Le Chili, pris de pulsions expansionnistes, a cherché à agrandir son territoire, convoitant des terres riches en ressources naturelles, notamment en salpêtre, servant à la réalisation d'explosifs ainsi qu'en guano, nom Quechua donné aux excréments d'oiseaux marins, un engrais très efficace.

A l'origine, dès la création des états du continent suite au retrait des espagnols, l'existence d'un accès à la mer bolivien était contesté par les chiliens. En créant la Bolivie, Simón Bolívar a doté le pays de cet accès.

La guerre a d'abord commencé sur la mer, la Bolivie ne possédant pas de marine militaire, ce sont les péruviens, qui se sont chargés de la besogne. Le Pérou et la Bolivie était alliés par un traité réciproque de défense. Une célèbre bataille navale a eu lieu près de Iquique. Au final, ce sont les chiliens qui se sont rendus maîtres des eaux.

Les chiliens ont ensuite mené plusieurs offensives terrestres, notamment à Arica, la prise du morro d'Arica étant l'une des batailles les plus célèbres. En 1880, la Bolivie se retire du conflit. Les chiliens continuent leur avancée en territoire péruvien, jusqu'à atteindre Lima en 1881. Pour la petite histoire, un contre-amiral français revenant des îles Marquise (Polynésie française) se trouvait à Lima lors de l'arrivée des troupes chiliennes. Par sa fermeté et sa détermination, il a empêché le pillage et la destruction de la ville en menaçant de lancer une force multinationale contre la marine chilienne. Aujourd'hui, une grande avenue de Lima porte son nom.

La guerre prît fin en 1883 après la signature d'un traité entre le Pérou et le Chili. La paix entre la Bolivie et le Chili ne fut ratifiée qu'en 1904. Le traité, défavorisant la Bolivie, reste une source de conflit entre les deux pays.

A l'issue de cette guerre, la Bolivie a perdu la province de Litoral, unique accès à la mer. A La Paz, se trouve d'ailleurs le musée du Litoral, dernier souvenir de ce bout de côte tant regreté. Le Pérou a également perdu la région de Tarapacá. Le territoire chilien s'est donc agrandit de 200000 km² au détriment des ses voisins du Nord.

En partie à cause de ce conflit, les chiliens ne sont pas vraiment appréciés sur le continent sud-américains. Ils sont réputés pour être durs, peu enclins à la négociation...

Jour 11 - Arica

Et nous voilà à Arica, ville portuaire d'environ 200000 habitants. La ville était autrefois péruvienne, perdue en faveur du Chili à la suite de la Guerre du Pacifique. La pluviométrie y est également très faible, 0,8 mm par an de moyenne!

A part une grande rue comerçante et très animée la journée (le soir c'est désert), Arica possède un morro (= une sorte de colline), surplombant la ville. Nous y sommes donc montés afin d'avoir un très panorama des environs et de la côte, en profitant de repérer où se trouve la plage la plus proche.


Et nous sommes naturellement allés à la plage, où nous avons passé la fin de l'après-midi.


Le soir, direction le terminal de bus international, pour passer la frontière et entrer au Pérou. Un taxi à 2000$, le passage de la douane et un autre taxi plus tard, nous voilà à Tacna. Rien de spécial à faire ici, nous partons donc directement en bus pour Arequipa. Durant le voyage, une passagère demande de l'aide aux autres gens: que chacun prenne un des nombreux manteaux qu'elle transporte. Cela devait être des marchandises illégales. Je ne sais pas si le trafic de manteau est un marché prospère au Pérou, mais la bonne femme était plutôt casse-pieds. L'avantage, c'est que son manteau m'a permis d'avoir moins froid pendant le voyage, mais à mon grand agacement, elle revenait sans arrêt me voir pour remettre le manteau bien en place... perturbant mes tentatives de sommeil!

Jour 10 - Running day

Le réveil sonne tôt ce matin là. Nous quittons l'auberge vers 8h après avoir avalé une boîte d'ananas en conserve entre nous deux. Le plan de la ville étant égaré, nous partons chercher le départ à l'aveuglette, en longeant la côte et en courant. Après avoir demandé à 4 ou 5 autochtones et 2 ou 3 bornes dans les jambes, nous trouvons le bâtiment "Advana", où est censé se tenir le départ de la course mais il n'y a personne. Quelques minutes plus tard arrivent les premiers coureurs. Au fil de la matinée, d'autres arrivent, ainsi que les organisateurs et des policiers en moto. La moto sera sans doute utile pour baliser la course, la matraque et l'arme de poing seront peut-être superflues. Après 2h d'attente, le départ est donné.

Je ne pars pas trop vite... vu le fait que je n'ai pas couru depuis un bout de temps. La course emprunte un boulevard longeant le bord de mer: 5 km aller et autant au retour, soit un total de 10 km. Le paysage entre mer et montagne est agréable, les buildings et le trafic routier un peu moins. Je me retrouve par moment au milieu de voitures et de camions... j'en profite pour signaler que les conducteurs chiliens sont très sympathiques. Ils respectent les piétons, ralentissent, voire même s'arrêtent pour permettre aux gens de traverser en sécurité (chose que j'ai rarement vu au Brésil, ou en Bolivie, et que je verrai rarement au Pérou). Heureusement, c'était également le cas durant la course.

10 km et 54 minutes plus tard, je passe la ligne d'arrivée. Yann arrive quelques minutes après. Nous assistons à la remise des médailles, ces chiliens voient les choses en grand. A la fin, je souhaite connaître le temps du premier... personne ne sait me répondre! A la place, on me donne un diplôme. Chaque participant a également reçu un T-shirt avant la course. Je n'ai pas le droit au podium, mais je suis tout de même le premier français. Pas mal, hein?

Jour 9 - Iquique!

Iquique, le Chili, l'Océan Pacifique.

On veut aller se baigner! Sans tarder, Avec Yann, nous nous dirigeons vers la plage. 10 minutes plus tard, le sable chaud nous brûle les pieds. Pas de problème, l'eau de mer nous les refroidit.

Je savais que le Pacifique était réputé plus froid que l'Atlantique, surtout à une telle latitude. J'ai pu le vérifier. Cela n'empêche pas que la plage soit remplie, Iquique est une station balnéaire appréciée des chiliens et cela se voit. En arrière-plan, une montagne, entre la montagne et la mer se tient la ville, avec une bonne dizaine d'immeubles en béton pour égayer le tout. La ville a l'air de craindre les tsunamis, vu les panneaux conseillant de se diriger vers la montagne en cas de raz-de-marée, et non pas vers la mer. Pas bête.

Mis à part la baignade, il n'y a pas grand chose d'autre à faire dans les parages. Ah si, du deltaplane, l'endroit figurant parmi les 10 meilleurs spots au monde pour la pratique de la discipline. D'ailleurs, initialement, nous avions rajouté la ville à notre itinéraire pour tenter de s'élancer dans le vide accrochés à une voilure. Finalement, nous nous en sommes passés.


Nous faisons quelques achats au supermarché. La caissière me sort une phrase incompréhensible pour mes oreilles non-hispanophones. Je réponds "sí" au hasard. Là, avec une petite moue, elle sort une petite boîte cachée dans un recoin de la caisse. Elle l'ouvre et, quelle surprise, me tend 4 petites pièces de 1 peso. Ah! C'était ça la question. C'est bien gentil tout cela, mais que peut on acheter avec 4 pesos? La réponse est simple: rien, rien du tout. Il paraît qu'une photocopie coûte 10 pesos et que c'est déjà le minimum.

Fait assez remarquable, il ne pleut jamais dans cette ville, ou quasiment jamais. Selon la sympathique propriétaire de l'auberge où nous étions, il n'a pas plu depuis 14 ans. Sa petite fille n'a jamais vu tomber une goutte d'eau du ciel! Rien n'est d'ailleurs prévu pour la pluie, la plupart des toits des maisons ne sont pas étanches.

En fin d'après-midi, à la place du deltaplane, nous avons découvert qu'une course à pied se tenait le lendemain dimanche. OK, c'est parti!

Jours 6 à 8 - Quand t'es dans le désert

Voici un des plus grands moments du voyage: les 3 jours de 4x4, du Salar de Uyuni jusqu'à la frontière chilienne.

Pour 580 Bolis (58€), 2 nuits, les repas, le "guide"/chauffeur et une place dans le 4x4 sont inclus. Je dis "guide", parce que notre chauffeur n'était pas très loquace, un papy très gentil, certes, mais peu bavard. Il avait d'ailleurs autant de dents que de petits-enfants, c'est-à-dire 8.

Le Salar

La première journée commence par la visite du cimetière de train, lieu un peu mystérieux, composé de carcasses de vieux trains rouillées, abandonnées là après le déclin des mines et de l'activité ferroviaire. Il était initialement prévu de récupérer le métal, mais finalement, le site s'est tranformé en une sorte de musée au vu de la curiosité des touristes.

Ensuite, direction le Salar tant attendu. Formé il y a 40000 ans, le désert de sel est tout ce qu'il reste d'un lac d'eau de mer asséché. Nous arrivons d'abord dans une sorte de ville fantôme, le but est de nous faire acheter de "l'artisanat local", que ce soit des chapeaux ou des petites sculptures en sel. Puis, petit à petit, le sol devient de plus en plus blanc, nous entrons dans le Salar. Nous effectuons une première pause afin de toucher le sel. Quelques hommes en récoltent, à la pelle. La production annuelle de 25000 tonnes n'est pas prête de venir à bout des 10 milliards de tonnes estimées. Le Salar d'Uyuni représente également le tiers des ressources mondiales exploitables en lithium, élément de nos batteries de PC portable, à plus de 2000€ la tonne en 2008, l'affaire pourrait être juteuse.


Au milieu du désert de sel, la vue est impressionnante, de tous côtés, du blanc. Les montagnes en arrière-plan semblent flotter sur l'horizon. A 3700m d'altitude, le Salar s'étend sur 12500 km². Nous roulons pendant plus d'un heure, mais le paysage ne bouge quasiment pas.


Vers le mois de février, pendant la saison des pluies, le lac est recouvert d'une fine couche d'eau (quelques cm d'épaisseur). J'aurais aimé voir le Salar ainsi, mais j'y suis allé 1 mois trop tôt! Lorsque l'eau se retire, le sol se craquèle, comme le montre la photo précédente.

Nous nous arrêtons ensuite à l'Hôtel de Sel, un hôtel fait de sel! En réalité, ce n'est pas (ou plus) un hôtel mais un petit musée et une attraction pour touristes de plus. Puis, nous nous rendons sur l'île de los pescadores, une île perdue au milieu du Salar, remplie de cactus. Attention ça pique!


La soirée se passe dans une auberge au pied de la montagne. Une chambre partagée avec mes partenaires de 4x4: Yann, un couple de londoniens, ainsi que Thiago et Daniel, 2 brésiliens. Même si l'auberge était un peu spartiate (eau chaude seulement pendant une heure, coupure de courant à 10h), il vallait mieux rester à l'abri. Dehors, pluie, vent, grêle et même tornade étaient au rendez-vous!

Joyeux Noël

Le deuxième jour, nous croisons des montagnes, des lamas et quelques champs de quinoa. Avec notamment nos deux collègues brésiliens (photo à droite), nous sommes maintenant dans la zone des volcans du Sud-Lipez. Outre les magnifiques paysages observés à travers les vitres du 4x4, nous faisons plusieurs pauses afin d'apprécier la région. La pierre volcanique façonnée par le vent et l'érosion donne des formes parfois suprenantes. Mais l'attraction de la journée, ce sont les lagunes colorées.


Les proches volcans ont donné naissance à des lagunes toutes plus surpenantes les unes que les autres. Nous verrons ainsi 3 lacs altiplanos dans la journée, abritant de nombreux flamants roses. Une autre réalisation naturelle digne des plus classiques cartes postales: l'Arbol de Piedra, roche volcanique usée par le vent, devenue une curiosité touristique incontournable de la région. Elle se situe dans le désert Siloli, faisant partie du désert d'Atacama.



Ensuite, nous traversons le désert Salvador Dali, surnommé en hommage au célèbre peintre qui se serait inspiré de l'endroit pour réaliser ses toiles. Le soir, nous arrivons à la Laguna Colorada, nous passerons la nuit dans une "auberge" à proximité, dans la réserve nationale de faune andine Eduardo Abaroa. Sur 60 km² et environ 80 cm de profondeur au maximum, la coloration rouge de l'eau est due à la pigmentation de certaines algues et à des sédiments volcaniques. Quelques heures avant la tombée de la nuit, nous décidons avec Yann et Daniel, de grimper sur un des sommets aux alentours de l'auberge et de "tocar la neve" (= toucher la neige). Cela ne semble pas loin, dans une heure on devrait y être. Mais au bout de 2H de marche (en pente, à une altitude de 4600m!!), l'objectif semble difficile à atteindre et surtout, il semble encore loin! Après l'abandon de Yann une demi-heure plus tôt, Daniel et moi renonçons finalement, afin de ne pas se faire attraper par la nuit qui arrive, il faut se méfier, ce n'est pas ce lama (photo de droite) qui dira le contraire! Daniel est déçu, en bon brésilien, il n'a jamais connu la neige!


Mais la descente, beaucoup plus aisée et rapide, nous a permis de profiter du coucher de soleil sur les cîmes de l'altiplano.


Arrivés à l'auberge, une bonne soupe et une assiette de pâtes nous fait plaisir. Quelques photos et plusieurs "Joyeux Noël" plus tard, la deuxième journée s'achève.

Chili!

Le troisième jour commence à la fin de la nuit. Nous partons vers 5h du matin pour les geysers del Sol de Mañana. Particularité naturelle impressionnante et très amusante! Dans le premier geyser (photo de gauche), je me suis amusé à faire voler ma casquettes à plusieurs mètres de hauteur, sous la pression des gaz s'échappant des entrailles de la terre. Celui-ci est artificiel, c'est un forage pour des études géothermiques. Dans les autres, naturels, des trous où se trouvent une sorte de mixture griseâtre en ébulition, je n'y ai pas approché mon petit doigt. Il s'en dégage une forte odeur de souffre, ressemblant fortement à des oeufs pourris.


Ensuite, nous nous dirigeons vers une source d'eau chaude, naturellement portée à plus d'une trentaine de degrés par l'activité volcanique, certains touristes se baignent, pas moi! Puis nous arrivons à la Laguna Verde, au pied du volcan Licancabúr, marquant la frontière entre la Bolivie et le Chili, à plus de 5900m d'altitude. Une forte concentration en magnésium donne au lac sa couleur verte, changeante suivant la direction du vent.

Les 3 jours de 4x4 touchent bientôt à leur fin, la frontière avec le Chili se rapproche. Nous arrivons au poste de douane, et hop, un tampon de plus sur le passeport. Nos deux brésiliens ont un peu plus de problèmes. Lorsqu'ils sont entrés en Bolivie, un dimanche, la douane était fermée et ils n'ont donc pas reçu le papier donnant un droit d'entrée sur le territoire bolivien, qu'il faut restituer à la sortie. Ils écopent d'une amende de 280 Bolis (28€), bien que ce ne soit pas leur faute si la Bolivie n'a pas un seul fonctionnaire qui travaille le dimanche!

La frontière entre les deux pays vaut également le détour. Au milieu du désert d'Atacama, nous rejoignons une belle route asphaltée côté chilien (cela change des piste en terre pleines de cailloux de la Bolivie) qui nous fait descendre de plus de 2000m en moins d'une demi-heure. On respire mieux! Et nous quittons le froid, place au soleil dans le désert le plus aride du monde.

Nous faisons escale la journée à San Pedro de Atacama, oasis en plein désert, 5000 habitants, mais des milliers de touristes par an, venus découvrir cette la région. Dans les rues, de l'eau circule dans de petits canaux. Je me demandais d'où venait cette eau puisqu'il ne pleut pratiquement pas dans la région. Il paraît en fait que c'est un système permettant de rafraîchir les rues de la ville!

Pour notre premier jour au Chili, il fallait retirer de l'argent. J'ai donc naturellement retiré 100000 dollars... nan nan, il y a le bon nombre de zéros! En fait, 1€ vaut environ 700 pesos chiliens (de symbole $). C'est un peu déroutant de payer 1000$ sa bouteille d'eau ou 250$ pour aller aux toilettes, mais on s'habitue.

De là, nous avons rejoint Calama en bus, où nous avons quitter Thiago et Daniel, partant directement à Arica. Yann et moi, nous avons pris la direction d'Iquique, direction l'Océan Pacifique.