Rocinha

Après notre première nuit à Rio de Janeiro, nous nous apprêtons à attaquer le petit déjeuner à l'auberge. Sauf que, manque de bol, la personne s'en occupant à l'auberge n'est pas venu ce matin. Nous devons donc réveillé le gars de l'acceuil, endormi, bras croisés sur le bureau. Il nous donne les clés du frigo et du placard où se situe la nourriture. On doit se dépêcher puisque nous avons décidé de faire un tour dans une favela... la guide vient d'ailleurs nous chercher et on finit le petit déj dans la voiture.

Notre Favela Tour va se dérouler à la Rocinha, une des plus grandes favelas de la ville et sans doute d'Amérique du Sud. Selon une étude locale, il y avait un peu plus de 100.000 habitants en 2009, mais les chiffres annoncent souvent entre 150.000 et 300.000 personnes. Il n'y a pas trop de chômage, entre les jobs officiels et officieux. Beaucoup de personnes vivant dans la favela pour être plus proche du centre-ville et des emplois, sans payer trop cher pour vivre. Rocinha se situe entre les quartiers de São Conrado et Gavea, deux quartiers parmi les plus riches de la ville.


Une fois fait le tour des auberges pour récupérer tout le groupe, nous arrivons au pied de la favela. Nous montons chacun à l'arrière d'une moto pour atteindre le sommet, Rocinha étant principalement située en hauteur, comme beaucoup de favelas, les barrons de la drogue se situant le plus haut possible, évidemment. Notre guide nous avertit dès le départ: ne pas prendre des photos à l'aveuglette au risque de capturer l'image d'un membre d'un gang... ce qui pourrait ne pas être apprécié. Elle précise que les enfants sont suceptibles de venir nous demander de l'argent, mais il ne faut rien donner: l'argent qu'ils recoivent, ils doivent l'avoir gagner.

"La "balade" en moto est réellement dépaysante, on est au coeur de cette ville dans la ville, le moto-boy frôlant les autres véhicules, slalomant entre les trous dans le bitume sur une des rares routes praticables: seulement 7,5% des routes peuvent acceuillier des véhicules à Rocinha, le reste est constitué de ruelles escarpées et étroites ou d'escaliers.

Une fois en haut, nous entamons la redescente à pied, en passant par quelques points remarquables, le tout accompagné des commentaires de notre guide. Tout d'abord, un atelier de peinture où exposent 5 ou 6 artistes. Du toit, nous pouvons voir la favela dans son ensemble, la guide nous expliquant en anglais les "règles de construction": si un terrain est libre, le premier qui vient construire sa maison possède le terrain. Il est courant de construire un étage au-dessus du précédent, malgré les faibles fondations et le terrain pentu, les matériaux de prédilection étant la brique et la tôle. Certains sont propriétaires, d'autres louent (comme dans un quartier ordinaire quoi!). Ensuite, nous entrons à l'intérieur, où il est possible d'acheter les tableaux, représentant quasiment tous la favela, avec son architecture caractéristique et des impacts de balles.


Nous continuons la descente et passons par une lanchonete, où l'on peut acheter un petit en-cas et laisser un maximum de sous dans la favela. La guide connaît bien le gérant, il lui offre même plusieurs bouteilles de vin pour Noël... elle amène sans doute de nombreux clients. En continant la descente, je remarque le même système électrique qu'en Bolivie puis nous nous arrêtons au pied d'un ébouli, les fondations d'une construction ont cédé après une grosse pluie. Entre temps, notre guide avertit un des touristes du groupe "Arrête de prendre des photos! Le type là-bas a une arme dans la poche".

Un autre problème des favelas est l'hygiène. Il y a de nombreux détritus par terre et peu de choses sont faites pour améliorer cet aspect. L'ébouli évoqué plus haut en est l'exemple, laissé tel quel, rien n'a encore été déblayé plus d'un an après. Tout ceci est une aubaine pour les moustiques, vecteur de la maladie de la dengue, très présente au Brésil.


Nous approchons du pied de la favela et de la fin du tour. Une zone où les prix de location d'une "maison" sont plus faibles. En effet, ce sont les zones les plus dangeureuses puisque chaque attaque de gangs adverses et chaque opération policière doivent passer par là. Des soldats sont prêts à défendre le territoire. Par "soldats", il faut comprendre "adolescents avec une arme dans les mains". Les impacts de balles sont visibles, une balle pouvant traverser plusieurs murs... Quelques mètres avant de ressortir de Rocinha, nous passons devant un jeune assis dans un coin. Il monte la garde.

Nous ressortons entiers de ce quartier sujet à tous les racontards possibles. La guide nous donne un dernier conseil en partant: ne pas acheter de drogue!

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