ADM - Phnom Penh

Marché russe, palais royal, un quadrillage de rues en bordure de la rivière Tonlé Sap se jetant dans le Mékong... Phnom Penh est un peu ma dernière étape en Asie du Sud-Est. Je considère un peu Singapour comme une étape de transition entre l'Orient et l'Occident. J'en profite pour louer un scooter une dernière fois et rouler, moi aussi, à la cambodgienne : s'imposer dans le trafic, klaxonner, rouler à contresens et utiliser les trottoirs si la route est bouchée.

La capitale cambodgienne est aussi l'occasion de me plonger dans la tragique histoire du pays, tombé entre les mains de Pol Pot et des khmers rouges lors d'un triste jour d'avril 1975. Le 17.

Arrachant le pouvoir par la force, Pol Pot, forgé au communisme lors de ses études en France, met en application son idéologie sans tarder. A peine les khmers rouges ont-ils "libérer" le pays qu'ils forcent les cambodgiens à quitter les villes. Comme si les français, au lieu d'entendre le fameux "Paris libéré" de De Gaulle, avaient dû, le lendemain de la libération, se jeter sur les routes les mains et le ventre vides.

Pol Pot basait son programme sur le "peuple de base", issu des campagnes et du monde agricole. Il voulait rééduquer les gens des villes... la bourgeoisie qui, pour lui, menaçait la société.

La prison S-21 était une école réaménagée en lieu de torture. Professeurs, médecins, juristes... ou tout simplement quiconque avait des lunettes, les mains trop soignées ou parlait une langue étrangère était un candidat potentiel à la torture. Il fallait confesser des crimes qui n'existaient pas pour mettre fin au supplice.
Une fois les aveux obtenus, les malheureux étaient emmenés à Choeung Ek, les killingd fields. Je vous passe les détails. Au moins 20 000 personnes ont suivi ce chemin funeste. D'autres centres similaires ont été mis à jour en 1979 par l'armée vietnamienne.

Le S-21 est aujourd'hui un musée. Pour ce souvenir et pour éviter que les générations futures ne revivent une telle horreur... un génocide... contre son propre peuple ! Au moins 1,7 millions de personnes sont mortes en 3 ans et 8 mois, soit environ 20% de la population de l'époque. Cela s'est passé il y a seulement une trentaine d'années. Ironie de l'histoire : les khmers rouges étaient considérés comme les dirigeants légitimes par la communauté internationale. Dans le contexte de la Guerre Froide, le gouvernement pro-vietnamien mis en place en 1979 n'était soutenu que par l'URSS et ne plaisait pas au reste du monde. Pol Pot a vécu paisiblement jusqu'à 72 ans. Les romanciers les plus imaginatifs ne sauraient écrire des histoires aussi folles que l'Histoire.

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