Congo - Retour à la civilisation

Le lendemain de nos tractations ratées, nous prenons déjà la route pour Brazza. Pas grand chose à faire dans le coin du coup. On dit au revoir à Sigfried, Césel, Gérard et les autres. Et oui, c'est dommage. Et oui, beaucoup d'efforts gâchés. Il y a encore du boulot avant d'en faire une vraie attraction touristique de votre lac ! En tout cas, Boha ne devrait pas en profiter. Il est fort probable que la WCS envisagera un autre sentier pour atteindre le lac... plus de problème de droit de passage !

Le taxi collectif nous emmène directement à l'aéroport par la route des brésiliens. Le toit de la fourgonnette est surchargée de sacs de jute. On fait un arrêt à Matoko histoire d'en ajouter un peu. Des poissons chats agonisent dans des paniers en osier au bord de la route, des poulets aux pattes liées se font trimballer hagards. Ça gesticule dans tous les sens.

La route est plutôt correcte pour le pays mais présente évidemment des nids-de-poule. C'est surtout la végétation que je remarque, elle prend possession du bitume à plusieurs endroits. A croire qu'il n'y a pas eu la moindre opération d'entretien depuis 25 ans.

Devant l'aéroport, le chef d'escale nous attend à notre descente de fourgonnette : "c'est vous qui voyagez ?" Oui ! Sigfried ou Césel a dû l'appeler. Sympa. On peut avancer de 4 jours notre vol Air Congo prévu initialement pour mercredi. C'est l'avantage des organisations pas vraiment organisées. Et la sagaie passe dans les bagages.

Nous attendons dans le hall d'embarquement. Une grande salle, quelques sièges en plastique et un écran de télé. Nous apprenons que la France envoie des soldats en Centrafrique (à 300 km au Nord) pour stopper les troubles et que Nelson Mandela est mort. L'Afrique est troublée. Nous sommes au cœur de l'info.

Avec nos crampons de chaussures pleins de terre, on salit la belle salle. Un gars se retourne vers nous : "vous êtes scouts ?" Ah non. On embarque ensuite dans notre coucou. C'est un avion à hélice d'une cinquantaine de place. La bête a l'air plutôt bien entretenue. On décolle plein ouest et survole la forêt. Peut-être que nous verrons le lac Télé depuis les airs ! Aurélie remarque à juste titre que si on s'écrase au lac et que l'on doit repasser par le village, ce serait marrant de voir la tête des notables.

On a le droit à un petit casse-croûte que nous apporte l'apprentie hôtesse de l'air qui n'a pas l'air d'avoir déjà utilisé le système pour bloquer les roues de son chariot. On peut lire la gazette de la compagnie : "la force du direct". Cela vaut son pesant de cacahuète.

D'abord, on y apprend que la compagnie est dirigée par le ministre des transports. Ensuite, elle a arrêté les vols pendant une quinzaine d'années. Motif ? "Nous étions en partenariat avec des sud africains qui, un beau matin, nous surprendront en s'enfuyant avec les avions. Nous nous étions retrouvés dans des difficultés". Je retranscris les écritures exactes de la gazette sans perdre une miette de l'éloquence à la congolaise.

Aurélie se surprend à se voir toute bronzée en allant aux toilettes. 6 jours qu'on a pas vu un miroir. Nous survolons la forêt et le fleuve Congo. Le vol dure 2h. Le trajet ne peut pas se faire par la route puisqu'il n'y en a pas, mais par bateau oui. Par contre, cela dure 3 semaines quand tout va bien. Cela peut monter à 3 mois s'il tombe en panne !

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