Congo - Boha rebelotte

5h du matin. Nous sommes prêts. Pas Gérard.

5h45, le voilà. Le matériel n'a pas été préparé et le magasinier n'a pas été prévu pour nous offrir le local ou l'on doit laisser des affaires. Bien joué Gégé.

Le temps de récupérer le matos (bâches, casserole, machette, GPS...), le pinassier écope et installe le moteur. Nous partons un peu avant 7h. Le soleil perce timidement les nuages au-dessus de la plaine. Il ferait même un peu frais. On a 1h45 de pirogue devant nous, on devrait pourvoir respecter les conditions horaires des notables.

A Boha, il y a du monde sur la berge pour nous accueillir. On va voir Noël et on l'informe qu'il y aura 3 porteurs. "Pas 5 ?" Bah non, pas 5 ! On passe aux notables. Ils sont sur une petite place. Gérard, Aurélie et moi prenons place sur trois chaises en face. Roméo fait l'intermédiaire dans la discussion.

Les notables commencent. Dans leur dialecte. Noël embraye mais il est énervé et finit par partir ! Les notables continuent à parler un petit moment. Je demande à Gérard ce qui se passe... "ils veulent 100 000". Hum, je lui demande de leur dire que l'on propose 10 000, pas plus, mais qu'il précise que cela va donner du boulot à 3 porteurs pendant quelques jours, donc un petit revenu. Blablabla... "ils maintiennent". Ils sont coriaces les bougres. Je peux prendre la parole en français.

Je commence par dire que nous ne pouvons pas payer une telle somme (150€ je le rappelle !). Nous comprenons bien qu'il peut exister un "droit de passage" mais le montant demandé est excessif. Nous proposons 10 000. On ne PEUT PAS mieux. Par contre, je leur répète que les porteurs seront payés. De plus, suite à notre séjour, nous pourrons en parler à d'autres personnes qui viendraient également visiter le lac et pourraient aider le village...

Le conseil doit délibérer avec la population. Nous nous éloignons pendant une dizaine de minutes. La discussion reprend dans leur dialecte... résultats des courses : ils veulent 100 000. Un homme prend la parole :"Vous venez, vous êtes irrespectueux, qui nous dit que votre venue aide le village. Il y a déjà eu un brésilien qui est venu, et lui il a payé 200 000." Oui effectivement, certains ont déjà payé. D'après nos informations, un groupe de 8 espagnols est venu auparavant et aurait payé 200 ou 300 000 CFA. National Geographic est venu tourner un reportage sur le lac et le mystère du Mokélé Mbembé : ils auraient lâché 500 000 CFA aux villageois ! On ne joue pas sur les mêmes bases.

Je leur réponds en français : "Ok. C'est votre choix. D'abord, précisons que nous sommes tout à fait respectueux du village et de ses habitants, pour preuve, nous sommes venus à une heure adaptée pour réaliser les rites suffisamment tôt dans la journée comme demandé. Bon, on ne peut pas vous forcer à bien vouloir nous laisser passer dans votre village. Si vous ne voulez pas, d'accord, on s'en va. Mais on ne payera pas un "droit de passage" exorbitant et injustifié. Il n'y a aucune structure qui n'a été réalisée par le village pour justifier un tel prix ! Ailleurs dans le monde, c'est plus simple pour les voyageurs... alors ils ne viendront pas ici, vous pouvez en être sûrs. Si c'est cela que vous souhaitez, je comprends, mais si vous souhaitez développer le village comme vous le laissez entendre, ce n'est pas la bonne manière. Presque personne ne viendra, et le village restera isolé." Et on s'en va.

Plusieurs villageois sont déçus. Roméo est dans le lot. Désolé ! On retrouve Noël, il s'est vexé car aucun siège n'avait été prévu pour lui... On lui paye son carton de vin et on lui file aussi celui que l'on avait prévu pour les notables. Il veut que l'on boit un verre avec lui. Le breuvage est dégueulasse ! Roméo revient une sagaie. C'est pour moi ! "Tu le montreras à ton père", me lance Noël.

Retour en pirogue. A Epena, Sigfried et Césel sont surpris de nous revoir. On leur explique ce qu'il s'est passé... ils sont déçus pour nous... presque plus que nous

Il nous faut revendre notre victuaille. Gérard nous trouve un "petit" qui peut nous racheter la plupart de nos produits. On négocie le prix de chaque article, coincés dans une petite cabane humide, à la lampe torche sur un bout de papier, le soleil se couche. Au total, on arrive à 46 000, sauf que le petit commerçant se trompe avec sa calculette et annonce 52 000. Ok, je fais semblant de recompter et de tomber sur 52 000 aussi ! Pas très honnête mais il se fait déjà un bon petit bénéfice sans bouger de chez lui. On aura juste perdu une trentaine d'euros entre deux. Dégâts limités. Par contre, on doit payer la pirogue et l'essence, et là, la note est un peu plus élevée (60€) !

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