Jour 118 - Que diable sommes nous venus faire dans cette galère (qui n'en finira jamais?!)


Nous sommes au van à 7h du matin pour attendre Luis. Je crains une nouvelle journée perdue à attendre... mais à 8h15, un papy boiteux s'approche du van et le regarde de près. Un autre passant curieux? Un acheteur potentiel? En fait, il me marmonne qu'il s'appelle Hugo et que c'est Luis Quintana qui l'a envoyé. Il clopine sur sa béquille, me dit que ce n'est pas lui qui décide et qu'il va retourner voir Quintana.

Sauf que s'il repart, nous ne sommes pas sûrs qu'il revienne... alors je lui dis de m'emmener avec lui. Cela ne le gêne pas, mais je devrais me débrouiller pour rentrer... ok, j'aviserai! Je l'accompagne donc jusqu'à la casse. Yann reste avec les voisins en ville.

A la casse, je découvre le fameux Luis. Il trône au milieu des pièces détachées de la casse, grassement installé derrière un petit bureau. Je ne le verrai pas se lever de sa chaise, plusieurs employés sont également là et bricolent sur des carcasses de ce qui fût des automobiles.

Je commence par lui demander pourquoi il n'est pas venu la veille. Il me dit qu'il n'avait rien compris... pas la peine de dire qu'il viendrait dans l'après-midi alors! Je sens déjà que je ne vais l'aimer ce bonhomme. Ensuite, il me dit que les plaques du van sont mexicaines, que c'est un 6 cylindres... oui je sais tout ça! Je rétorque que s'il le reprend, il ne le refera peut-être pas rouler, mais il y a une panoplie de pièce à récupérer, à commencer par les pneus, et que cela représente déjà un beau pactole. Il serait bête de ne pas en profiter... qu'à 1000 dollars il ferait une superbe affaire.

Je reste là un moment à discuter. Luis regarde le vieux Hugo. Ils se renvoient la balle: "c'est toi qui vois". Puis Luis me dit qu'il ne pourrait pas revendre le moteur, à cause du numéro et des plaques toujours mexicaines... il me parle d'un autre desarme qui lui accepterait. Cela veut dire quoi, si l'autre le ferait, pourquoi pas lui?! On s'enlise, le prix est tombé à 500 dollars, je sens que je suis à deux doigts de valider la transaction... surtout lorsqu'ils se demandent s'ils ont l'argent disponible en liquide...

Arrive un client en scooter. Sergio, un gars qui font du business en achetant des voitures, il vient chercher une pièce. Il se demande ce que je fais là, les autres lui conte l'histoire. Il est sympathique et cherche une solution. Il vérifie d'abord s'il n'y a pas moyen de faire entrer une voiture mexicaine. Après vérification au téléphone avec je-ne-sais-pas-qui, les véhicules datant d'avant 2001 ne peuvent pas. Sinon, il connaît le padre (= prêtre) du coin. Celui-ci a besoin d'un nouveau véhicule. Je pourrais faire le don du van au padre, ce qui éviterait les taxes d'importation, et lui me payerait 500 dollars au black. Je reprends espoir. Petit hic, il n'a pas bien saisi le fait que le van est en panne, mais c'est ma dernière chance, vu que les deux autres n'arrivent pas à se décider.

Il va repartir, je lui demande s'il peut me ramener en ville avec son scooter. Pas de soucis. Au moment d'y aller, le vieux Hugo me lance: "si le deal avec le padre ne marche pas, demain on te prend ton van pour 300 dollars"... Cela a le don de m'agacer et lui réponds que je n'ai peut-être plus envie de leur revendre, vu le temps de réflexion qui leur a fallu. Je repars avec Sergio, tout de même satisfait d'avoir une solution de secours bis!

Sergio me ramène en scooter en ville. Lorqu'il me dépose, j'insiste bien qu'il y aune réparation à faire sur le van, je ne voudrais pas que le padre se retrouve avec 3 tonnes de ferrailles qui ne roulent pas! Il va d'abord discuter avec le padre. Ok. Je retrouve Yann chez Connie et Roger. Je leur décris la situation... et leur téléphone sonne. C'est le vieux Hugo: ils sont prêts à venir chercher le van à 14h pour 350 dollars! Comme quoi, ils ne veulent vraiment pas laisser passer l'occaz. Allez, on accepte quand même, il est 10h30, on va jouer aux cartes en attendant!

Ou plutôt, on décharge le van. On en extraie tout ce que l'on peut et on le laisse pour Roger: le cric pneumatique, un bidon d'huile, un marteau, l'extincteur et autres babioles qu'avait laissé Sylvain. On siphonne le réservoir, deux bidons pleins, une trentaine de litres en tout. Pas question d'en laisser pour la casse. Et Roger est bien content!

Notre squat va toucher à sa fin. J'en profite pour demander à Roger de nous faire la visite de son atelier de fabrication de carrelage. Un mélange de ciment et de sable avec un peu de poudre de marbre je crois, de la peinture selon le style choisi, le tout passe dans une presse (électrique) puis sèche pendant au moins 28 jours. Roger a différents moules selon la commande. Il fait aussi des canalisations en ciment.

Il nous confie également qu'il a 62 ans, Connie seulement 30! Il a vécu aux USA pendant des années, il a eu 3 enfants qui habitent à Miami, mais ils sont fâchés contre lui me dit-il d'un air triste... mais je ne saurai pas pourquoi.

A 14h, Hugo et deux employés arrivent en 4x4. Ils attèle le van au 4x4. Hugo sort 350 dollars en billets et me signe un reçu. Le van s'en va... et la place reste vide au long du trottoir. Les soucis prennent fin, le voyage peut reprendre! Cela reste une sacrée expérience.

On fait une photo avec toute la famille pour le souvenir! Puis on leur dit au revoir. Ils nous auront été extrêmement sympathiques et nous auront vraiment bien aidés. Nous retournons à l'auberge puis passons rapidement au cyber-café, le cœur léger. Je me dis que je vais vérifier mon compte en banque, cela fait un moment que je ne l'ai pas fait... je ne comprends pas pourquoi le solde est plus faible que ce que je pensais. Au bout de quelques minutes, je dois me rendre à l'évidence: je me suis fais voler!! 3 retraits ont eu lieu à mon insu, pour un montant de 920€!!! Je comprends que ma carte a été piratée après un retrait effectué au Costa Rica 10 jours plus tôt. Je fais opposition dessus depuis Internet... C'est ce que l'on doit appeler la loi des séries.

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