Vélotrip - Premiers tours de roues

01/05/14

Je me réveille comme si j'allais au boulot, mais nous sommes le 1er mai et c'est la fête du Travail ! Pas de grasse matinée pour autant. Il y a du soleil : "ce matin, il fait presque beau, ça tombe bien je me suis levé tôt"...

Une fois sorti de la douche, le soleil est déjà parti derrière des nuages bien gris. Je descends tout de même mon bolide. En deux fois. C'est que j'ai pas mal de matos a trimballé dans mes escaliers, sur 4 étages : mon vélo tout neuf, les sacoches, 4 jours de nourriture, quelques vêtements, le sac de couchage et la tente.

Je descends la rue de Paris à 9h. La grande aventure commence. Mes sacoches (de vélo !) sont pleines. Le poids à l'arrière rend la monture quelque peu instable. Il ne faudrait pas débuter par une chute sur le rond-point de la porte de Montreuil ! Tout va bien, je suis déjà plus à l'aise après quelques centaines de mètres.

Je traverse Paris de bon matin. Bastille, Châtelet, Concorde, Champs Elysées. Avec tout ça, j'ai déjà croisé une manifestation FN, une horde de touristes asiatiques descendant de leurs bus et un kéké du Nord-Pas de Calais avec la musique à fond dans sa décapotable : un avant-goût du voyage ?

Je me dirige vers la Défense et traverse le pont de Courbevoie. J'ai déjà mal aux coudes et aux poignets alors que je suis à moins de 15 kilomètres du départ ! Il faut que je m'habitue à la position sur ce nouveau vélo. Mis à part les 5 kilomètres pour revenir du magasin, c'est sa première sortie.

N'ayant ni carte potable, ni boussole (celle que j'ai emmené perd la boule), ni soleil pour me repérer, je prends un peu trop au sud après le parc du château de Maisons-Laffitte et me retrouve à Poissy vers 11h : environ 40 km au compteur. Le ciel menace... et la pluie commence à tomber une fois passé le centre-ville. Je m'abrite sous un pont juste avant que le déluge ne s'abatte sur ma tête. Le temps que cela se calme, j'avale quelques sandwichs.

La prochaine étape est Cergy-Pontoise. Je remonte le long de la Seine vers le Nord. Il me faut la traverser... mais je tombe sur une 4 voies. Cela ne m'enchante pas vraiment de la suivre alors je tente ma chance ailleurs. Je suis la boucle de la Seine... mais je sens bien que je m'éloigne un peu. J'arrive sur le port d'Achères où ne traîne pas un chat. J'espère tomber sur un pont... qui n'existe pas et je ne fais que revenir... à Maisons-Laffitte ! Demi-tour, je reviens près de la 4 voies et trouve finalement une piste cyclable mal indiquée pour traverser. Me voilà à Conflans-Sainte-Honorine, ancien bastion de la batellerie séquanienne en tant que carrefour entre la Seine et l'Oise, après une petite rallonge de 20 kilomètres sous une fine pluie !

Après un rapide tour de Conflans et je mets le cap sur Cergy. Pas facile de trouver la meilleure route quand il faut encore éviter la 4 voies. J’atteins enfin les bords de l'Oise : un chemin de halage boueux à souhait s'offre à moi. Ce serait mieux en VTT mais je l'emprunte quand même sur 2 km, je dois juste faire très attention à ne pas glisser, surtout avec les sacoches. Ça passe !

Je me retrouve sur une base de loisirs. Au bout, une passerelle monumentale me permet de traverser l'Oise et de monter sur les hauteurs de Cergy : depuis "l'axe majeur" pointé vers la Défense, l'Ouest parisien s'étale devant moi. Presque 90 km au compteur : c'est déjà la plus longue sortie en vélo que j'ai jamais faite. Je me retourne et continue à m'éloigner de Paris.

Un rayon de soleil et j'enlève mon k-way. 2 km plus loin, de nouveau la pluie. En fait, c'est encore un nouvel orage qui éclate. Je trouve un abri in extremis sous le porche d'une résidence. 10 minutes et le soleil revient. Je quitte Cergy et la ville, j'entre dans le Vexin et la campagne. Je retrouve les panneaux indiquant l'itinéraire Paris - Londres par "l'avenue verte" : un itinéraire balisé permettant de rallier les deux capitales à vélo (et avec l'aide du ferry au départ de Dieppe). Les petits villages s'enchaînent jusqu'à la vallée de l'Epte, une rivière affluente de la Seine. Le chemin est bien balisé et alterne petites routes bitumées et chemins agricoles. Jour de marché, jour de vide-grenier.

La fatigue commence à se faire sentir. Il pleut encore. Je passe un gîte et commence à me dire que je pourrais ne pas me fatiguer plus et m'arrêter là... mais je me suis fixé Gisors comme objectif du jour ! Et le soleil ne se couche que dans plusieurs heures alors je continue sur l'asphalte. Grosse montée en sortant du village. Ce 110ème kilomètre m'éreinte.

Je passe à Wy-dit-Joli-Village : un nom marrant et une brocante. Il me faut une nouvelle pause, je n'ai plus beaucoup de forces. Quelques étirements, une barre de céréales et ça repart. Un panneau m'annonce Gisors à 27 km. Allez, je peux le faire !

Il ne pleut plus, c'est déjà bien. Le mental tient bon. Je fais des petits exercices avec mes bras et mes mains qui sont un peu endoloris par la position statique sur le guidon. Arrivé à Bray-et-Lû, il me reste encore 20 km d'une agréable voie verte : assez plat, assez droit et bien bitumé. Cela roule bien mais mes jambes n'appuient plus très fort sur les pédales. A 13 km, perte totale d'énergie. Je me pose un quart d'heure sur une table de pique-nique et avale une autre barre. Je ferme les yeux... je sens que je pourrais me faire ma nuit de sommeil là, tout de suite, sur ce banc...

Mais il me reste assez de temps pour atteindre mon objectif avant la nuit. Au cas où, je commence tout de même à regarder si je trouve un spot sympa pour planter ma tente. Rien de terrible. Ma pause m'a fait du bien et je roule tranquillement jusqu'à Gisors. Je ne m'attarde pas auprès du château, je passe la ville rapidement et commence à rechercher activement mon point de chute. La nuit s'approche, les 150 km aussi !

Je trouve une concentration de caravanes... ce n'est pas un camping mais une aire de gens du voyage. Je passe. Ah, voilà un chemin qui s'enfonce dans un sous-bois sur ma gauche. Je m'arrête. Il y 2 petites barrières et un panneau "cueillette des champignons interdite". Il n'y a pas de panneau propriété privée, je prends cela comme une invitation. Je galère un peu à passer les barrières avec tout mon barda, remonte le chemin et trouve un petit coin tranquille entre les arbres pour m'installer. Une maison qui n'a pas l'air habitée se trouve 200 m plus loin au bout du chemin. J'espère que je ne serai pas dérangé. Je monte la tente, avale mon dîner et repense à ma journée de 150 km sur la route... avant de m'endormir juste après le soleil à 21h40 !

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