Congo - Pointe-Noire

On se lève tranquille. Aujourd'hui, nous devons prendre l'avion pour Pointe-Noire.Nous laissons un petit cadeau pour nos hôtes Alex et ses colocs quand ils reviendront, avec un petit mot adapté au moment : "Merci de nous avoir hébergés dans cette "situation" ! A déguster et partager avec tes colocs, si jamais ils reviennent..."

A l'aéroport, le chek-in dure une plombe, les congolais sont toujours aussi efficaces. Puis nous pouvons passer les portiques de sécurité. L'agent qui surveille le passage me réclame gentiment des sous : "Aaaah tu vas à Pointe-Noire ! Et tu laisses l'ami affamé ici. Il va manger quoi l'ami ?!". Tu n'as qu'à manger du manioc ! Son collègue, qui a sans doute peur que je ne saisisse pas le sens de la demande est plus direct : "de l'argent !". Je lui réponds aussi sec qu'il n'aura rien et reprends mon sac.

40 minutes après avoir décollé de Brazzaville, nous apercevons la côte. Nous partons de l'aéroport à pied et rejoignons l'hôtel Migitel situé à 5 km, dans l'artère principale de la ville : le boulevard Charles De Gaulle. Le bout du boulevard mène à la plage. Avant, il faut tout de même traverser la voie de chemin de fer Congo-Océan avec sa gare dont le style architectural est inspirée de la gare de Deauville : une bâtisse à colombages... sauf que sur la version congolaise, des arbustes poussent sur le toit. Puis le soleil se couche sur l'Afrique. Le ciel se met dans tous ses états, coloré de toutes les teintes de rouge possible.

le lendemain, les Gorges de Diosso sont l'objectif du jour. Il faut commencer par trouver un taxi prêt à nous y emmener.Un chauffeur me demande 10000 CFA, j'arrive finalement à avoir l'aller-retour pour 17000.  C'est parti. Les gorges sont situées à quelques encablures au Nord de la ville. Il faut même passer un péage... alors que la route est à peine bitumée. Le chauffeur se plaint de l'état des routes : "Regardez par terre !" Je lui demande si les autorités font quelque chose : "Ah le maire ! Il ne fait rien, et cela fait longtemps qu'il est là. Il n'y a que la rue devant la maison du préfet qui a été goudronnée !". A ce moment, là nous croisons deux énormes 4x4 rutilants. Le taxi nous explique que ce sont les voitures du général Dengué : le criminel de guerre. Il se déplace toujours avec ses 4x4 et une tripotée de gardes armés quand il est de passage à Pointe-Noire.


Arrivé près des Gorges, nous ne sommes pas encore descendus du taxi qu'un ado s'approche : "je peux vous faire visiter les gorges". Le Petit Futé indique que des gamins font faire le tour aux rares touristes en échange de quelques pièces. Nous donnons rendez-vous au taxi à 15h de l'après-midi et demandons à l'ado combien il voudrait pour nous accompagner : "ce que vous voulez". On a pas besoin de lui pour marcher 30 minutes sur un sentier, surtout qu'il ne décoche quasi pas un mot mais bon, on lui filera un billet tout de même. Il se met à pleuvoir et il fait chaud. Le sentier mène jusqu'à l'embouchure d'une rivière. L'eau est rouge, couleur de la terre. Une fois arrivés au bout du sentier, je propose à notre pseudo guide de le payer... à la place il reste assis en face de nous et me réponds que l'on "va régler le problème plus tard". Il ne dis rien pendant presque une demi-heure, puis s'absente et revient tout fier avec une "facture" : un bout de papier ou est écrit 2 * 6000 CFA  = 12 000 CFA. Ah la bonne blague. N'aimant pas trop ses manières de faire, on ne lui donne que 2000 CFA. Au départ, on hésitait à lui donner un peu plus, mais comme il se moque de nous... il n'aura rien de plus malgré ses protestations. Nous restons un peu au bord de la mer puis retrouvons notre taxi Alfred qui nous dépose en ville. Heureusement, son taxi roule mieux que les carcasses qui jalonnent le bas-côté.


Ce vendredi, nous partons explorer la ville à pied. Après un passage par la plage, nous nous dirigeons vers le port. Nous traversons un quartier de belles demeures, mais les ruelles sont toutes défoncées. Les proprios du coin sont aisés, les gros 4x4 se moquent bien des flaques d'eau alors pourquoi s'embêter à goudronner la route ! Nous longeons ensuite toute la zone industrialo-portuaire. Les camions vont et viennent en crachant d'épaisses fumées noires sur des routes en mauvais état là-aussi.

Toujours à pied, nous continuons vers le Nord et retombons sur la route principale. le but est de rejoindre la côte au nord de la ville. Nous coupons à travers un quartier résidentiel. Plus la côte s'approche et plus le quartier devient bidonville : cabanes, ruelles vaseuses, tas de déchets et odeur de décharge. Nous sommes arrivés au bout d'un plage. Il nous faut traverser un bout de ruisseau dont l'eau est totalement insalubre. Nous déclinons la proposition d'un gamin du coin nous proposant de nous faire traverser en pirogue contre 2000 CFA. Nous avons juste quelques mètres à traverser avec de l'eau jusqu'au genoux.

Plusieurs dizaines de bateaux de pêcheurs sont alignés au bord de la plage, façon débarquement. Certains s'affairent autour de leurs embarcations ou réparent les filets. Une femme nous interpelle, "nihao nihao"... elle nous prend pour des chinois. Une énorme tortue desséchée gît sens dessus dessous sur le sable. Nous ne traînons pas trop non plus, les locaux nous regardent du coin de l’œil. La plage devient plus tranquille. A l'unique paillote du coin, nous buvons une bière fraîche faute de soda.

Nous revenons à pied. Nous aurons fait plus d'un vingtaine de kilomètres en tout. Sur le retour, nous passons devant une sorte d'église évangélique me rappelant ce que l'on peut voir au Brésil. Ma curiosité m'amène à discuter avec l'un des adeptes. L'homme est sympathique et me raconte qu'il fait partie de "la Chapelle des Vainqueurs", une église présente dans 48 pays. Son fiston est tout content de me serrer la main.

Le lendemain, nous partons arpenter le marché de la ville mais la pluie y met du sien. Pas grand chose à voir mais au moins je peux acheter quelques cacahuètes bon marché. L'après-midi, le ciel se dégage quelque peu. Nous décidons de passer nos dernières heures au bord de la piscine d'un des hôtels de mundelés : vue sur la mer et le coucher de soleil en prime. Une dernière N'Gok et nous passons récupérer nos sacs avant de partir pour l'aéroport.

Nous y arrivons en avance, notre vol ne part que le lendemain matin de bonne heure. Les quelques employés sont surpris de nous voir là. Certains plus causants que d'autres viennent nous voir. Le gérant de l'agence de change vient nous poser quelques questions puis veut nous donner des conseils : "Vous devriez lancer un business au Congo. Vous pouvez faire beaucoup d'argent !". Quand je lui réponds qu'il vaut mieux que ce soit des congolais qui le fasse, il rétorque : "Non, vous vous pouvez, le blanc est sérieux".

Une fois notre premier bavard parti, c'est au tour du pompier de venir. Il veut d'abord nous taxer une communication téléphonique puis nous questionne sur notre voyage. Il est plutôt sympa mais au bout de 30 minutes, je suis content qu'il s'en aille !

A 2h du matin passées, on commence la file pour le check-in avec le bazar habituel. Un ultime congolais, celui de la sécurité, tente de me soutirer de l'argent pour lui "payer un café". Ils nous fouillent méticuleusement. Nous voilà quand même dans l'avion. Tikala malamo Congo.

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