Rumo ao hexa

Pendant que les joueurs de notre équipe nationale font les clowns, la Seleção brésilienne se qualifie pour les huitièmes de finale. Ils sont en route pour tenter d'atteindre leur précieux objectif: hexacampião, c'est-à-dire 6 fois champions, gagner une sixième Coupe du Monde pour leur pays et rajouter une étoile sur leur maillot.

C'est un objectif bien naturel et très important pour les brésiliens. Les "rumo ao hexa" (= vers la sixième) fleurissent un peu partout, que ce soit dans les publicités ou à la peinture sur le bitume des rues de São Paulo.

Les jours de match sont des jours de fêtes pour les brésiliens. Pour les matchs, les entreprises ferment plus tôt, le pays s'arrête et quasiment tous se placent devant leurs télévisions. Le premier match du Brésil, contre la Corée du Nord, je l'ai regardé sur un écran géant installé pour l'occasion à l'école. R$19000 de budget pour la journée (installation, location de l'écran...), mais rien n'est trop pour le Copa. Une foule d'étudiants de l'USP s'est massée devant l'écran pour venir soutenir leurs compatriotes en Afrique du Sud et frémir à chaque occasion brésilienne.

La première mi-temps est décevante, les brésiliens sont un peu irrités. Toujours 0x0, l'équipe étant tenue en échec par les Coréens surprenants. Mais le but de Maicon, une magnifique frappe dans un angle impossible, libère les Auriverdes et le public dans tout le pays. A chaque but, il y a des feux d'artifice. Le Brésil s'impose finalement 2x1.

Puis est venu le deuxième match de la France. Une belle démonstration de n'importe quoi, entre des joueurs qui ne courent pas, semblent faire plus de passes aux mexicains et n'arrivent pas à jouer en équipe. La sanction tombe: 2x0 pour le Mexique... la honte pour les français... c'est encore pire de vivre cela à l'étranger! A la fin du match, un ami français reçoit un texto d'un brésilien: "tu veux un tacos?". La qualification, pourtant mathématiquement possible, semble une réalité bien improbable.

Il y a quelques brésiliens qui se moquent, d'autres qui compatissent. Le lendemain, j'avais un devoir. Le prof passe dans les rangs pour faire signer la liste de présence, arrivé à ma table il me dit: "dommage" (et il me le dit en français). Sur le coup, je ne comprends pas... il parle de mon devoir? Je l'ai raté? J'ai écrit une connerie?! Mais je viens de commencer depuis 10 minutes! Je lui demande de quoi il parle: il me répond:
- Pour le foot!
Ah d'accord...! Je lui réponds:
- Acabou para a gente (= c'est fini pour nous maintenant)
- Talvez não (= peut-être pas)!

Mais la France a continué à faire n'importe quoi. La seule chose à faire s'est de sauver l'honneur! Le Brésil, lui, a continué sur sa lancée en battant la Côte-d'Ivoire aujourd'hui 3x1, dont un but marqué grâce à deux contrôles avec la main successifs du brésilien Luis Fabiano (numéro 9, à gauche sur la photo, aux côtés de Elano qui a déjà inscrits 2 buts dans cette Coupe du Monde). A l'instar de la Mano de Deus de Maradona, ou la main de Thierry Henry qualifiant la France face à l'Irlande pour ce mondial, le Brésil aussi confond parfois football et basket.

1 commentaire:

  1. C'est dingue, le foot au brésil comme préoccupation nationale ce n'est pas un faux cliché!

    RépondreSupprimer