Jour 126 - Tikal et les Mayas

Debout à 7h, nous partons chercher un bus après notre petit déjeuner. Nous sommes trop tard pour ceux partant à 8h, mais il y en a d'autres à 9h. Ok, Yann s'occupe d'acheter nos places et moi je pars à la recherche de la poste: je dois envoyer le dossier de demande de remboursement suite à la fraude sur ma carte bancaire. Carte piratée au Costa Rica, je m'en rends compte au Nicaragua et j'envoie le dossier depuis le Guatemala!

Je quitte l'île de Flores au pas de course pour crapahute dans la ville de Santa Elena afin de trouver cette fichu poste. Je demande mon chemin mais je ne comprends pas bien les indications contradictoire des autochtones, tantôt à gauche, tantôt à droite. Je finis par tomber sur le correo, bien caché dans un mini centre commercial.

15 jours de voyage et 53 quetzals pour la France, mais la guichetière m'explique que je n'ai pas le droit de joindre ma carte bancaire avec! J'explique la situation, que je n'ai pas le choix, et que de toute façon la carte est inactive maintenant. Elle demande à son supérieur, qui donne finalement son approbation, en mettant la carte dans une sous-enveloppe. Ils sont aimables et me rendent bien service, un sourire et je repars en courant vers Flores. J'arrive à 9h au pont, Yann devant prévenir le bus de s'y arrêter pour que je le prenne en passant.

Comme je ne vois personne, je me décide de voir à l'auberge. Yann attend tranquillement, le bus est en retard... il arrive à 9h40. Nous embarquons avec un couple de canadiens étudiants en musique entre autres. Le guide Ruben nous fait un petit topo sur la civilisation Maya.

Entre 1000 avant J.C. jusqu'à 900 après, les mayas furent une grande civilisation, comptant 8 millions d'âmes à leur apogée vers l'an 700 et régnant sur les actuels Belize, Honduras, Salvador, Guatemala et Sud Mexique. Les principales villes étaient Tikal, Palenque plus à l'Ouest, Copan dans le Yucatan et Caracol au Belize, parmi de nombreuses autres.

Entre 600 et 800, pas moins de 39 grands temples ont été construits par les mayas. Pour les construire, ils creusaient des carrières, réutilisée ensuite en les cimentant pour faire des retenues d'eau. Il portaient de la chaux à 900°C pendant 24h pour préparer leur ciment. Cette étape consommait beaucoup de bois pour la combustion. Ceci a entraîné une déforestation massive autour de ces grands centres culturels et démographiques, modifiant le climat localement. A partir de l'an 800, les pluies ne venaient plus normalement. Bien sûr, c'était un peuple constitué d'une foultitude de dirigeants, de prêtres, d'ingénieurs ou d'architectes... mais la base restait l'agriculture. Ils cultivaient le maïs, les frijoles (= haricots du chili con carne), les tomates et la patate douce entre autres. Sans pluie, le peuple a souffert de la famine... et la structure sociétale de la civilisation Maya s'est effondrée. Cette explication ne reste qu'une hypothèse, la disparition des mayas étant mal connue. Les explications les plus probables envisage une modification durable de l'écosystème, qui ajoutée à des guerres à répétitions laisse apparaître un dérèglement aurait déstabilisé la civilisation Maya. Dans tous les cas, l'empire se disloque. Dans les grandes cités mayas, c'est l'exode, certaines familles auraient même atteint le lac Titicaca où naîtra la civilisation Inca.

Aujourd'hui, 70% des guatémaltèques sont des indigènes, descendant des mayas, comme nous l'indique fièrement Ruben. En plus de l'espagnol, de 2 langues africaines (sur la côte Caraïbes), 20 langues indigènes sont parlées dans le pays. Les monuments religieux sont orientés Est-Ouest, comme chez les mayas. Les tombes des enfants sont orientées vers l'Est, celles des adultes vers l'Ouest. Les fêtes mayas sont encore célébrées. Mais 2012 n'est pas la fin du monde, à part pour les scénaristes d'Hollywood!

Tikal, vous l'avez peut-être déjà vue: dans Star Wars 1 et 2 ou dans Apocalypto de Mel Gibson. Nous sommes arrivés à l'entrée du site. Une maquette décrit l'ensemble des constructions encore debout. Ruben s'arrête là, il nous propose tout de même de nous faire la visite du site pour quelques centaines de quetzals. Nous préférons arpenter tranquillement ces vestiges vieux de plus d'un millénaire. Les canadiens nous demandent s'ils peuvent continuer avec nous. Ok, cela leur évitera de se perdre.

Nous arpentons les sentiers entre les monstres de pierre, des ruines au milieu de la jungle. Certains ont très bien restaurés, enfin découverts de la végétation les recouvrant. D'autres restent encore ensevelis sous la végétation reprenant ses droits, des arbres entiers se juchant sur ce qui fût autrefois une mégapole. 80% des 4000 constructions répertoriées ne sont pas excavées. C'est un processus long et coûteux, et surtout extrêmement compliqué à faire sans détruire la construction.

Il est possible de monter sur quelques uns des temples. Les plus hauts émergent de la forêt.Le temple IV culmine à 72 mètres. Nous sommes au-dessus de la canopée, seuls 2 ou 3 temples interrompent la ligne végétale menant à l'horizon. Le silence n'est troublé que par les bribes de conversations des visiteurs.

Nous passons environ 4 heures à déambuler dans ces 2000 ans d'histoire. Les temples sont plus impressionnants les uns que les autres. Certains sont vraiment majestueux, d'autres à peine visibles, paraissent un immense tas de terre et de branchages.

Les singes déambulent au-dessus de nous, au sommet des arbres, omniprésents, on est dans la jungle tout de même! Ce site devrait rester un de mes endroits préférés parmi tous ceux que j'aurais eu la chance de contempler.

Nous retournons finalement au bus qui nous ramène à Flores. Nous laissons nos amis canadiens du jour. A l'auberge, un chinois nommé Julin nous échange quelques infos de voyage, il est déjà passé par New York, Miami et le Mexique. On se refait des tacos, et le sommeil nous attrape.

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