Je tope un mototaxi pour rejoindre le centre-ville depuis la gare routière. L'auberge où je pensais rester est déjà pleine. Je réserve tout de même 2 nuits pour 4 personnes en prévision de l'arrivée de mes compères dans quelques jours.
Je finis dans un hôtel à 50 m de là. Une bonne douche et je commence à arpenter la ville. Le trafic est oppressant. A chaque instant, des hordes de scooters et de mobylettes se lancent à l'assaut des carrefours. Il n'y a que quelques vélos et un peu de voitures mais aucun feux de circulation... imaginez le bazar. Lorsque quelqu'un veut traverser un carrefour, il faut attendre que le flux perpendiculaire se calme. Une deuxième solution consiste à se jeter en travers et forcer le passage. La technique fonctionne mieux lorsque plusieurs personnes se lancent en même temps. Tout un sport.
Je trouve un restaurant proposant un buffet shan pour déjeuner. Puis je loue un vélo : objectif Amapura et le pont U Bein. Je longe l'Ayeyarwady. C'est sale. Je respire de la crasse. La route est une vaste piste de poussière. Je trouve à peu près ma place entre les scooters, les charrettes et les camions.
Après une halte dans un atelier de soie, j'arrive au lac. Il s'y trouve donc le pont U Bein, le plus long en teck du monde : 1,2 km. Une des principales attractions touristiques du pays, et l'une des plus photogéniques.
Je traverse le pont avec mon vélo et je m'installe sur l'autre rive. Petit dilemme, je veux rester jusqu'au coucher du soleil mais j'aimerais rentrer en ville avant la tombée de la nuit...
Quelques jeunes jouent au foot. Un homme s'approche. Il me parle mais je ne comprends rien. Il ne parle pas anglais. Nous discutons par gestes :
- Tu es venu à vélo.
- Oui et il fait chaud !
- C'est bien. Mais tu ne conduis pas ? (ou il y a beaucoup de circulation... en tout cas il mime quelqu'un au volant).
- A vélo, je slalome entre les camions.
- Ta montre n'a pas d'aiguilles !
- Non, mais elle donne la même heure que la tienne.
- Ça va. C'est bien.
- Je peux te prendre en photo.
- Non. Après une pause, il me propose une cigarette.
- Non merci, entre la poussière et la pollution, je tousse déjà assez sur le vélo !
Des enfants s'approchent. Ils s'échangent quelques mots et l'homme s'en va. Un des gamins me demande "what your name ?". Je lui réponds, lui s'appelle Mimiano... ou quelque chose qui y ressemble !
Le soleil baisse. Je prends quelques photos qui me font penser que j'ai bien fait de rester. Je me rends compte que cela sera encore mieux de l'autre côté du pont pour avoir le soleil derrière lui. Là, le point de vue me donne un magnifique ciel orangé. C'est ce que je voulais. Le pont dessine une ombre qui tranche avec l'arrière-plan.
Malheureusement, mécaniquement, la nuit approche. J'enfourche la bécane et je fonce vers la ville à plus de 10 km. En longeant le côté nord du lac, je fais quelques dernières photos à la volée entre les motards.
Le nuit est déjà là quand j'arrive à l'entrée de la ville. Je frôle un break, ou plutôt il me frôle. Je me retrouve dans le quadrillage des rues. Pas faciles de se repérer dans la nuit. J'attends que d'autres fendent le trafic pour pouvoir traverser chaque croisement. Un scooter se ramasse. Il ne suit pas les règles ! Heureusement, l'homme se relève sonné mais sans mal.
Je retrouve mon hôtel. Après un plat de nouilles, je me pose dans la salle de restauration de l'auberge pour recharger la batterie de mon appareil photo et écrire un peu. Un des jeunes qui travaillent dans l'hôtel a envie de discuter un peu. Lui et ses collègues parlent un peu anglais. Il m'apprend quelques mots en birman et à compter jusqu'à 10. Après quelques sujets bateau et quelques rigolades avec ses copains dont je n'ai pas toujours compris l'origine, il me demande combien je gagne... ouh là, sujet glissant. Je comprends qu'il gagne 10 000 kyats par semaine (8,6 €). Je vais me coucher !
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