Myanmar - Dans les montagnes autour de Hsipaw

Je retrouve mon guide pour ces 3 jours de trek. Il s'appelle James et a 19 ans. Métisse, sa maman est d'origine shan et son père est chinois. Les shans peuplent la région et les chinois sont tellement proches qu'ils sont bien mélangés aux shans. En plus de ma personne, le groupe est composé d'un couple italo-thaï. Luca est originaire du lac de Côme et vit en Asie depuis plusieurs années. Bum étudie l'agronomie dans une ville proche de Bangkok. Ils se sont rencontré sur une plage de Koh Samui.

Nous attaquons par un sentier au milieu de champs de pastèques. Elles sont destinées au marché chinois et exportées par convois ferroviaires. James nous explique ensuite la différence entre le bœuf shan et le bœuf chinois. Le shan, vous le voyez sur la photo à droite. Il traîne une charrette, tire une charrue et broute de l'herbe. Le chinois, il marche à l'essence : c'est un motoculteur !

En fait, cette marche est un retour dans le temps. Je me retrouve au temps de mes grands-parents, ou peut-être de mes arrière-grands-parents. C'est une société rurale qui compose les paysages que je découvre. Les habitants travaillent aux champs. Leur charrues sont en bois, tractées par l'animal. Les villages sont constitués de huttes sommaires mais proprement construites. Alors bien sûr, ce n'est pas le confort moderne, mais j'ai le sentiment de vies heureuses.

Cela change. Je ne parle pas du côté heureux, ce n'est pas à moi d'en juger surtout en si peu de temps, mais du décalage temporel. La mécanisation fait son petit bonhomme chemin. Quelques motoculteurs apparaissent. Des bulldozers, chinois également, tracent des pistes de terre entre les villages.


Nous passons à côté d'un arbre centenaire, les racines à l'air. Il est tombé il y a peu. Le prix à payer pour la modernité ? La piste aurait pu être décalée d'une dizaine de mètres sans toucher à ce vestige naturel. Lorsque je demande à James ce qu'il en pense, il se dit que oui, c'est bien qu'une route permette de rejoindre les villages, mais c'est dommage que l'arbre finisse en bois de chauffage !

Nous faisons une première pause à la cabane de trois paysans. James découpe la papaye qu'il a ramassé quelques minutes plus tôt, un délice. Quelques cartes postales sont accrochées sur une des poutres de la cabane, Londres, Toulouse... je me demande comment elles sont arrivées là et je regrette de ne pas en avoir apportée une de Bretagne ! Ils nous proposent de picorer quelques morceaux de viande de porc, arrosés d'un fond de whisky de riz. A 10h du matin, je préfère la papaye.

Tout au long de la journée, James met de la musique sur son smartphone. Les derniers tubes occidentaux mais aussi les version parodiées en birman ou chinois. Il nous explique aussi que les shans sont proches des thaïs : "Shan is the sister, Thaï is the brother". Le soir, nous passons dans la région palaung. Les shans peuplent les bords de la rivière, les palaungs les montagnes de la région. J'apprends à dire bonjour, en shan : mishumka, et en palaung : jamsa !

Le soir, nous logeons chez l'habitant dans un village palaung. Avant que la nuit ne tombe, nous déambulons dans les rues du village. Les enfants sont curieux et nous passons plus d'une heure à jouer avec eux, à prendre des photos. Un des meilleurs moments du voyage, dans ce village authentique.

Nous rentrons chez nos hôtes. Le repas est exquis. Nous dormons à l'étage, les enfants de la maisonnée sont enfuis sous leurs couvertures de l'autre côté de la pièce. Une petite partie de cartes et nous nous enfouissons sous les épaisses couvertures à notre tour.

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