Redescendre un col s'avère beaucoup plus facile, et rapide, que le monter. Mais il fait encore plus froid, un vent glacial se chargeant de nous réveiller. A peine la gravité a terminé son boulot que voilà le col suivant, le plus haut de Corse : le col de Vergio à 1478 m. Un virage, puis un autre, puis encore un autre. La route serpente entre les arbres de la forêt d'Aïtone. Il fait bon, il ferait presque chaud même, lors des portions ensoleillées. Le frais de la végétation nous fait économiser nos forces.
Peu avant le sommet, trois pistards nous doublent. Bien sûr, ils sont plus légers que nous ! Ils font demi-tour et en repassant, l'un deux me lance "on le refait une fois !", je ne sais pas s'il est sérieux ou non, mais je lui lance en retour "nous on vous attend là !".
Au sommet, le vent souffle fort, très fort. Il ne fait vraiment pas bon rester là, alors nous continuons notre chemin de l'autre côté après un coup d’œil à la statue du Christ Roi, mais surtout sur le paysage, la vue étant dégagée au loin. Nous avons déjà un aperçu de nos prochains kilomètres, dans le territoire du Niolu.
Dans la descente, Antoine veut faire une pause. Monsieur veut "s'alimenter" pour avoir des forces pour la montée du col. Je tombe des nues de devoir lui expliquer que le col est déjà passé ! Sacré Antoine.
La descente jusqu'au village de Calacuccia est agréable. Le village fait partie du Niolu, vallée entourée de hauts sommets, comme le Paglia Orba culminant à 2525 m. En passant devant "Chez Jojo", on se dit qu'on a bien mérité un petit restau. On se demande s'ils prennent la carte bancaire... on entre, on verra bien.
Un petit pépé nous accueille. Trois ouvriers s'envoie un demi au comptoir. Tout le monde baragouine le corse. Le pépé est sympathique, on s'installe où l'on veut, il n'y a personne d'autres de toute façon. La télé est allumé : météo de la corse. Il nous amène la carte. Nous lui demandons si la cuisine est corse :
- Tout est corse ici, vous pouvez pas vous tromper. A part le beurre.
- Ah, il vient d'où le beurre ?
- De Bretagne !
Nous voilà rassuré. Et avec l'accent, c'est du caviar (corse).
Malheureusement, à la question "acceptez-vous la CB ?", la réponse nous rassure moins. L'estomac désappointé, nous nous excusons de notre impossibilité à régler ce repas que nous ne ferons plus. "Il faut toujours avec du liquide en Corse" nous conseille-t-il.
Nous reprenons nos bolides jusqu'à la sortie du village. Un autre restaurant n'égaiera pas nos papilles non plus : pas de CB. Nous passons le barrage formant la retenue au pied du village et retentons une dernière fois notre chance. La troisième est la bonne. La serveuse est débordée, mais ils prennent la carte. Ce sera stuffatu de veau et tiramicorsu en dessert. Repus, nous passons le défilé de la Scala di Santa Regina. La roche, le canyon : là aussi, c'est magnifique.
Nous nous dirigeons vers Corte. Un "petit" col pour le dessert avec d'arriver dans la ville. Nous croisons un groupe de pistards. Enfin, ils nous dépassent une fois de plus. Enfin pas tous.
Nous piquons donc sur Corte. L'occasion d'aller faire un tour au pied de la citadelle. Antoine n'est pas tranquille et préfère rester surveiller les vélos. C'est vrai que beaucoup de gens les regardent... ils sont surtout intrigués par la remorque d'Antoine !
Nous décidons de continuer un peu et de trouver un endroit pour dormir plus au Sud, si possible en pleine campagne. Mais il n'y a pas vraiment de pleine campagne, alors quand nous voyons un panneau "camping à la ferme" dans le bled de Casanova, nous tentons le coup.
Sauf que le numéro indiqué sur la publicité ne répond pas. Le panneau indique qu'il faut emprunter la route qui descend à pic sur notre gauche. Tout ce qui est descendu devra être remonté, alors Antoine part en éclaireur mais reste bredouille. Je descends également, et on se met à chercher ce satané camping dans le village.
Je touche presque au but, et tombe sur trois compères sirotant leur bière sur le pas de la porte de la demeure de l'un d'entre eux. Il me renseigne sur le fameux camping : il n'a pas ouvert cette année, le proprio est bizarre, le proprio ne supporte pas que des gens plantent leur tente à proximité. Cela ne nous arrange pas tout ça ! Et si l'on pose notre tente sur un bout de pelouse dans le coin ? "Vous pouvez... mais nous on a rien vu". Merci les gars, vous ne servez à rien.
Après avoir tenté de remplir ma gourde dans une fontaine où la mairie a eu la bonne idée d'afficher les résultats du dernier contrôle sanitaire (présence de germes : oui !), nous remontons sur la route principale. Paraît qu'il y a un camping vers Zicavo.
Nous nous y rendons donc. Nous sommes d'autant plus contents que la route pour le camping suit l'itinéraire que nous avons prévu. Après 4 kilomètres de descente, nous trouvons notre étape pour la nuit. A part un ou deux campings de britanniques, l'endroit est vide. Cela n'enlève rien de la bonne humeur du patron, la saison n'a pas encore réellement démarré.
Dîner sous les pins et les étoiles. Va bè.
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