En cette quasi fin de périple, nous avons rendez-vous avec l'une des plus grande construction humaine: le barrage d'Itaipu, "la pierre qui chante" en langue tupi-guarani. Nous repassons la frontière et arrivons à 11h15 aux portes de la zone réservée au barrage. On se rend vite compte que tout est bien préparé pour la visite. Il y a d'ailleurs deux types de visites, soit la rapide pour seulement voir l'extérieur, soit la visite complète extérieur/intérieur. Ingénieurs dans l'âme et en l'honneur de la fameuse galette (!), nous optons pour la complète. Manque de bol, la prochaine visite ne commence qu'à... 14h... oh, à peine 3h d'attente. Beleza. En plus, il y aurait bien un écomusée à visiter mais il est en travaux (comme un musée sur 4 au Brésil...). Nous nous consolons lorsque je me rends compte que Sandra ne paye que demi-tarif, comme moi, avec ma carte étudiante grâce à une erreur de l'employé!
Un casse-croûte plus tard, nous pouvons commencer la visite par une vidéo de 30 minutes vantant le barrage. L'énergie hydroélectrique est une énergie propre (ou presque...), le barrage est un bijou d'ingénierie (civile, électrique...), tout a été fait pour ne pas perturber la faune et la flore (où comment expliquer aux poissons qu'ils ne peuvent plus remonter la rivière par là) et pour aider les populations locales (et construire quelques cabanes aux indiens que l'on a dégagé).
Nous montons ensuite dans un bus (trop) climatisé et deux guides nous parlent du barrage, successivement en portugais et en anglais, pendant que nous nous approchons de la bête, construite en commun entre le Brésil et le Paraguay, à cheval sur la frontière. Le barrage est constitué de trois partie principales: une en béton armé où se situe les turbines et toute la partie électrique, l'autre en remblai de gros cailloux et la dernière est un remblai de terre. Il n'est pas en béton sur toute la longueur pour une raison de prix, et n'est pas en remblai sur toute la longueur pour une raison évidente de résistance à la pression de l'eau. La partie la plus haute étant bien sûr celle en béton.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que la plus grosse usine de production hidroélectrique du monde* est un monstre... quelques chiffres:
- 196m de hauteur max, équivalent à un immeuble de 65 étages
- près de 8km de long
- 20 turbines d'une puissance totale de 14.000 MW
- le débit de seulement deux turbines est proche du débit total de toutes les Chutes d'Iguaçu (en période normale)
- 40.000 ouvriers sur le chantier lors de la construction
- une cadence maximum équivalente à la construction d'un immeuble de 22 étages toutes les 55 minutes lors de la construction
- une quantité de béton équivalent à 210 stades du Maracanã
- une quantité de fer équivalent à 380 Tour Eiffel
- un terrassement équivalent à 8,5 celui nécessaire à la construction du Tunnel sous la Manche
- et en 2008, le record de production fût atteint, avec 94,68 milliards de kWh... soit plus clairement: 90% de l'énergie électrique du Paraguay et 19% du Brésil.
Le bus passe sur le barrage et marque un arrêt pour nous laisser observer la retenue d'eau formée par le barrage: le réservoir. Celui-ci s'étend sur 13.500km². C'est drôle de se dire qu'avant il y avait une vallée avec ses animaux, ses arbres et ses habitants... là où il y a maintenant plusieurs dizaines de mètres d'eau. La formation de ce lac a notamment fait disparaître les Sete Quedas (= Sept Chutes), des cascades réputées dans tout le pays et même au-delà. Un tel sacrifice environnemental ne serait certainement plus autorisé de nos jours.
Ensuite nous nous dirigeons vers les turbines. D'abord, nous pouvons toucher les énormes conduits amenant l'eau jusqu'aux turbines: 10m de diamètre et 700 mètres cubes d'eau (la moitié des Chutes d'Iguaçu) passent chaque seconde à quelques centimètres de mes doigts. Puis, nous entrons à l'intérieur de cette cathédrale de béton. Nous passons devant une série de photos relatant la construction, débutée en 1975 pour terminer en 1982. J'en profite pour réviser le cours que j'ai eu sur les barrages l'année dernière... Nous observons le CCO (Centre de Contrôle des Opérations) depuis lequel tout est surveillé. Les 11 personnes qui y travaillent ne sont pas surmenées, puisque tout est automatisé aujourd'hui. Mais en cas de problème, il faut être opérationnel. Cela a dû être le cas le 10 novembre 2009 lorsque qu'un problème au niveau d'Itaipu a plongé 30% du territoire brésilien dans le noir total. Pour l'anecdote, la moitié des employés du complexe sont paraguayens, les autres sont brésiliens. La parité est également respectée dans le CCO: 5 paraguayens, 5 brésiliens et la frontière passe pile au milieu de la pièce. Et le 11ème, il est argentin?! Non, le 11ème, c'est le chef, et comme l'équipe change toutes les 6 heures, le chef est tantôt d'un pays, tantôt de l'autre. La bi-nationalité, un concept important à Itaipu.
Après le cerveau, un ascenseur nous emmène au cœur d'Itaipu. Quelques dizaines de mètres plus bas, nous pouvons voir un des 20 rotors en action. La photo qui est à droite ne vous donne ni le son, ni la chaleur ambiante... mais bon.
* Petite précision: avec ce record, Itaipu est la plus grosse centrale hydroélectrique du monde au vu de l'énergie produite en un an, mais en terme de puissance, le barrage des Trois-Gorges prend la tête avec 22.500 MW... mais la rivière Parana possède un débit beaucoup plus régulier tout au long de l'année, ce qui n'est pas le cas de son homologue chinois).
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
itaIpu BInatiOnal!
RépondreSupprimerBinaCional!
RépondreSupprimer