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Petite pause dans le récit de ces vacances: je vais vous parler plus en détail des transports à Curitiba. Oui parce que cette ville a en quelque sorte lancé une mode suivie dans le monde entier: un système de bus pouvant atteindre la capacité d'une ligne de métro: le BRT (Bus Rapid Transit).

Depuis plusieurs décennies, la ville a mis en place une planification urbaine réfléchie et efficace. Les habitants craignaient que la croissance accélérée, notamment due à un fort exode rural, ne détériore leurs conditions de vie. En 1964, les propositions de l'architecte Jaime Lerner furent adoptées par la mairie pour planifier et contrôler ce développement.

Le plan prévoyait la création de 5 avenues principales, constituées de 3 voies de circulation dans chaque sens et d'un couloir de bus au centre. Au lieu d'une expansion radiale classique, la ville va ainsi se développer linéairement le long de ces axes de transport. La densité urbaine est régulée: au plus près des axes principaux, les grattes-ciel sont autorisés, et plus on s'éloigne, plus la hauteur maximale diminue. Sur la photo à droite, vous pouvez remarquer la concentration d'immeubles au centre, disposés plutôt linéairement, et les constructions beaucoup plus basse ailleurs.

Avec tout cela, Curitiba a inventé un nouveau système de transport, comparé à un métro de surface. Le réseau est composé de tronçons de grande capacité, destinés à relier le centre et la périphérie. Des bus articulés ou bi-articulés (de 170 à 270 passagers contre à peine une centaine dans un bus classique!) utilisent des couloirs entièrement dédiés. Un des principaux avantages de telles lignes, c'est le coût largement inférieur comparé à un tramway ou un métro: 1 km de métro à SP = 30 km de ligne BRT!

Le concept des stations d'embarquement est un des éléments clés de ce système. Les stations, en forme de tube, permettent aux usagers de payer avant d'entrer dans le bus. Dans le reste du pays, il y a toujours un "cobrador" en plus du chauffeur à qui il faut payer le ticket, retardant souvent la montée des passagers et consommant de l'espace à l'intérieur du bus. Les stations sont également adaptées au bus et permettent de rentrer de plein-pied dans le véhicule. L'embarquement et le débarquement est ainsi optimisé.

Ce système a été appliqué avec succès dans la capitale colombienne de Bogotá. Le concept a été encore plus poussé puisque chaque couloir de bus possède deux pistes, une normale et une express. La capacité de ces lignes est d'environ 45.000 passagers par heure et par direction, équivalent à une ligne de métro. Un système qui a révolutionné la ville. Et aujourd'hui, de nombreuses villes à travers le monde (Johannesburg, Jakarta...) s'inspirent ou se sont inspirées de ces exemples. En France aussi, quelques villes possèdent des versions allégées de BRT, appelées BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) comme le Busway de Nantes.

En associant tout ceci à d'autres mesures comme la création massives de parcs ou l'incitation au traitement des déchets, Curitiba offre parmi les meilleures conditions de vie du Brésil à ses habitants. Des habitants plutôt contents, avec environ 89% d'approbation du système de transport... je me demande bien quel est ce taux à São Paulo...

3 commentaires:

  1. Je crois que j'ai laissé un commentaire, mais ton blog ne me l'a pas validé ! Je disais que c'était intéressant ce truc. A Lorient aussi ils développent ça (Le Triskell, comme le busway à Nantes), mais l'idée des stations, c'est bien vu !

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  2. j'y ferai un tour un de ces jours pour comparer!

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  3. les stations sont excellentes! on a l'impression d'être dans le futur style le 5 ème élément!

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