Je me débarbouille avant de repartir. Je remarque que ma peau a foncé. Le bronzage du cycliste.
Je contourne le lac jusqu'à Aix. Je me pose un peu face à lui, j'ai bien mérité quelques instants de repos. C'est la première pause depuis mon départ, hormis pour manger ou dormir ! Cette dernière journée devrait être plus cool. Enfin j'espère !
Je laisse un message à Antoine pour lui dire que je vais commencer à grimper : RDV au col du Revard vers 13h ! Lui et Cécile ont passé le weekend en montagne, ils doivent faire un petit détour avant de revenir sur Lyon afin de me rejoindre pour un pique-nique agrémenté d'un superbe panorama.
Je passe le centre-ville et attaque le col. Il y a des bornes kilométriques annonçant déjà la couleur : 20 km à 7%. Je monte tranquillement, entre 6 et 7 km/h. Ma cuisse droite commence à me lancer. Je me mets de temps en temps en danseuse pour contrôler la douleur. Tout va bien, je peux continuer.
Comme en Corse, avec leurs vélos taillés pour la route, quelques pistards me dépassent. Quelques bonjours, un "courage, bravo, avec le poids !" et un vététiste qui me tape la discute. Le gars est du coin, c'est la première fois qu'il fait le col à vélo, d'habitude il fait du ski de fond. Il compte bien être rentré chez lui à temps pour le déjeuner !
Après 3h d'effort continu, m'y voilà : 1537 m. Le lac du Bourget s'étale d'un côté, le majestueux Mont-Blanc de l'autre. Le plus grand lac d'origine glacière du pays, contre la montagne la plus haute du continent.
Des promontoires ont été installés il y a 3 ans afin de permettre de s'avancer dans le vide et de mieux apprécier la vue côté lac. Le temps est superbe. Le paysage l'est d'autant plus.
Antoine et Cécile arrivent peu après. Nous pouvons pique-niquer tranquillement avant d'aller prendre la pause sur un des promontoires. Ils n'étaient jamais venu. Pourtant, la boîte dans laquelle travaille Antoine a son siège au Bourget-du-Lac et il vient donc y travailler de temps en temps. Pas dégueu comme plan.
Nous demandons à une femme de nous prendre en photo. Elle accepte, mais avant elle nous raconte la légende de la dent du Chat, le pic rocheux situé en face dont le col m'a fait pédaler de nuit la veille. On dit que les soirs d'orages dans les villages montagnards, le chat géant vient enlever et manger les enfants qui n'ont pas été sages.
Nous restons discuter un peu mais l'heure tourne et j'ai un train ce soir. Je m'apprête à repartir lorsqu'une autre femme me hèle : "monsieur monsieur, est-ce que vous avez des rustines ?!!!". J'en ai.
Elle et son mari, la soixantaine vigoureuse, ont également grimpé le col à vélo. En discutant un peu, j'apprends qu'ils sont aussi des adeptes des randonnées à vélo avec la tente. Aujourd'hui, ils sont partis légers. Mais le sort s'acharne sur le pneu arrière du mari. Il a crevé, changer la chambre à air, et crevé à nouveau.
Je reste 30 minutes de plus en haut. Récupère mon matériel, dis au revoir à Cécile et Antoine et me précipite dans la descente du col. Annecy est encore à une bonne quarantaine de bornes, encore plus si je veux faire le tour du lac.
Je bombarde jusqu'à Lescheraines, non sans avoir bien vérifié ma route auprès d'un autre cycliste. Je ne peux pas me permettre le luxe de descendre la montagne du mauvais côté ! Puis un autre col, une broutille comparé à celui du matin : le col de Leschaux, 7 km pour atteindre les 900 m.
C'est ensuite le lac d'Annecy qui s'offre à mes yeux ébahis. Magnifique. Je dévale la route... mais je sens bien que je m'approche trop vite d'Annecy. J'aurais tourner à droite avant, je viens de m'ajouter 5 bornes en prime si je veux faire le tour. Mais bien sûr que je veux faire le tour ! Je suis large, j'ai presque 3h devant moi, 2 pour manger les 40 petits km restants et 1 pour attendre le train. Ça passe !
Il y a une piste cyclable autour du lac, pratique. Il y a beaucoup de cyclistes, rollers et piétons dessus, moins pratique. A l'extrémité sud, je continue sur la piste cyclable... j'ai un doute là. Je me renseigne auprès d'un roller : je suis en train de m'égarer, histoire de m'ajouter encore 1 ou 2 km supplémentaires.
Je suis au taquet sur le vélo. Côté Est du lac, la piste cyclable a disparu, et je retrouve les voitures. Dernière ascension à Talloires, après c'est tout plat jusqu'à Annecy, cela va rouler, j'y suis presque. Sauf que je tombe sur des bouchons...
Je me retrouve à devoir doubler ces satanés autos. Je me mets encore plus à détester ces @&%* de conducteurs : quand il s'agit de me doubler sur la nationale, 9/10 ne savent pas se décaler pour laisser le mètre 50 réglementaire, par contre, lorsqu'il s'agit tenir sa droite pour que je puisse les doubler, il n'y a presque plus personne. Un calé à droite, un autre à gauche, c'est la croix et la bannière pour les dépasser ces zouaves. Les quelques motards ont beau pester plus que moi, ils galèrent aussi, malgré leurs coups de klaxons.
Et c'est comme cela sur 3 ou 4 kilomètres avant de voir l'origine de ce bazar : une voiture a renversé un scooter. La voiture vient d'être remorquée, le scooter mis sur le côté. Cela va se débloquer. Moi je prends de l'avance avant que les zouaves ne veulent me dépasser.
Je fonce sur Annecy et sa gare. Une piste cyclable a réapparu, c'est bien. Je déambule en ville et trouve enfin la gare. J'arrive sur le quai à 20h30. 30 minutes d'avance sur le train. Laaaaarge !
Le train arrive. Un employé de la SNCF aide une voyageuse avec sa valise devant moi. Il ne m'aidera pas pour mon vélo avec lequel je galère pour monter les 3 marches, puis passer la porte trop étroite et enfin pivoter dans l'espace confiné du "local vélo". Et dire que je paye mon billet 100 balles. A cet instant précis, je mettrais bien la SNCF avec les autos-écoles françaises sur un énorme bûcher.
Pour nuancer ses derniers propos, je dois quand même avouer que j'apprécie d'avoir un billet couchette, surtout que je suis tout seul dans la cabine de six places. Je fais le bilan : 563 km. 34h41 sur le vélo. Objectif atteint. Je m'allonge en attendant Austerlitz. Ciao la Savoie.
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