Réveil aux aurores, comme d'hab. Je descends sur Cluny, jette un coup d’œil à la charmante bourgade et trouve enfin cette satanée voie verte que je voulais attraper la veille.
Bonne nouvelle supplémentaire, il y a un point d'eau potable. Elle est vraiment bien cette voie verte. Je me débarbouille et remplis mes gourdes. Mon vélo se casse la gueule, déséquilibré par le poids des sacoches. Même si je préfère qu'il tombe quand je ne suis pas dessus, je préfèrerais qu'il ne tombe pas du tout !
Je suis la voie. Elle est bien vallonnée elle aussi. Je passe un tunnel de 1,7 kilomètres de long, le tunnel du Bois Clair. Stylé. La lumière est au bout.
Je suis encore en Bourgogne, terre de grenouilles et d'escargots si j'en crois les restaus du coin, et je passe à côté de quelques vignobles. J'en ai pas encore vu des masses depuis le début, alors je prends la peine de m'arrêter au moins ce coup-là. Je picore quelques grains violets. Juteux et sucrés, un délice. J'hésite à ramasser des grappes entières dans mes sacoches, mais je me dis que je vais les écraser et que j'aurais l'occasion de picorer à nouveau plus tard.
En fait, les champs de maïs reprennent rapidement l'avantage. J'arrive à Mâcon. Je traverse le centre-ville et les rues commerçantes et piétonnes. La ville est agréable, au bord de la Saône. Je la longe d'ailleurs... vers le nord d'après ma boussole. Le nord ? Oh le c.. ! J'allais me tromper, je n'ai fais que 500 m heureusement.
Je passe en Bresse dont j'évite le Bourg et je traverse la région des Dombes, ponctuée d'un milliers d'étangs, creusés par l'homme, surtout des moines, pour exploiter l'argile et permettre la pisciculture. Une fois de plus, un champ fera office de table de pique-nique. Qu'est-ce qu'on est bien, hein le papillon ! (oui, quand on est tout seul toute la journée, on se met à parler aux papillons)
J'enchaîne les petits bleds. Je ne vais pas faire pleins d'histoires de passer à Romans. Surtout que quelques temps après, j'étais déjà à Crans. Je suis ma route, tout va bien !
Je cherche ensuite à rejoindre les rives du Rhône. J'en vois d'abord la vallée depuis les hauteurs. La journée est belle, les nuages sont là mais j'espère bien qu'ils resteront amicaux.
Je pique donc vers le creux. J'erre un peu entre Chalamont, Leyment et Lagnieu, mais retombe finalement sur mes pattes. Enfin, sur mes roues. Le coin est superbe. Des falaises de chaque côté, le puissant Rhône se la coule douce au milieu.
D'après mes plans, je peux longer le Rhône quasiment en permanence, ce dont je ne prive pas au début. Mais la piste cyclable s'arrêtant sans crier gare, elle m'envoie me perde au détour d'un village. Je regagne la grand-route. Celle-ci n'est pas très fun. Un chemin de traverse me ramène vers des rivages plus calmes. Trop calme même, la petite route goudronnée devient chemin après un village. Le chemin devient de plus en plus chaotique, tortueux, boueux puis franchement défoncé. Ma monture tient bon, moi aussi. En breton têtu, je ne veux pas faire demi-tour.
Le Rhône est à 2 mètres sur la droite. Pas de sortie par là. Une ouverture sur la gauche. Je tente ? Allez je tente. Je traîne ma bécane pendant 400 m sur un sentier inusité depuis belle lurette, me faufilant entre les branchages et les ronces. Tout cela pour me retrouver dans un champ de maïs. Impasse. Je fais marche arrière pour retrouver les flaques de boue. Je persévère. Cela passe d'après Google Maps !
Et paf. Me voilà devant des barbelés. 4 rangées. Pas le droit de me faire ça ! Je suis un peu dégouté. On dirait remake de l'épisode de la falaise picarde. "Réfléchissement" : barbelés = champ avec des bêtes = il doit y avoir une sortie de l'autre côté menant à un chemin. Je tente. Je m'apprête à défaire les affaires du porte-bagages pour pouvoir soulever le vélo mais remarque que le barbelé du bas est un peu lâche. Je fais passer le vélo est le poussant au sol. Bingo.
Et me voilà à pédaler au milieu du champ. Il y a effectivement quelques charolaises. Après 500 m, je n'ai plus qu'à ouvrir une barrière, que je referme derrière moi, évidemment. Pari gagné. Je retrouve la grand-route, qui bien qu'elle m'insupporte, me réconforte. J'ai perdu une heure pour faire 2 ou 3 bornes. Cela ne me rassure pas sur les possibilités d'atteindre l'objectif final mais c'était tout de même rigolo en fait.
Après un ravitaillement en eau aux vestiaires d'un terrain de foot, je dois prendre la direction de Belley pour continuer sur ma lancée. Deux options s'offrent à moi : 23 kilomètres à droite ou 15 kilomètres à gauche, mais avec du dénivelé. Mes mollets sont partants, alors je taille la montagne et passe par la vallée du Gland. Bonne grimpette, récompensée par une grosse descente sur Peyrieu.
Le relief est de plus en plus marqué. Je passe un tunnel. J'avais repéré le tunnel du Chat, est-ce celui là ? Si oui, bonne nouvelle, je n'ai pas eu besoin de le contourner. Je passe Yenne et ne cède pas à l'appel du camping municipal malgré l'heure avancée. Je sens que je peux arriver au Bourget-du-Lac ce soir. Cela me permettrait d'être serein pour attaquer la dernière journée.
J'arrive à Saint-Jean-de-Chevelu, il est presque 20h. Il y a plusieurs campings, la raison me dit de m'y arrêter... mais le cœur et les jambes de continuer ! Non seulement j'aimerais avoir de l'avance pour le lendemain, mais je préférerais aussi avoir le soleil au matin plutôt qu'il soit caché par la montagne qui forme une barrière Nord-Sud (consultez vos atlas pour plus de détails).
Ces pérégrinations me font tout de même faire des détours. J'arrive quand même devant le tunnel, le vrai. Interdit aux vélos, 2 kilomètres de long... j'hésite, mais avec ma seule loupiote, c'est un peu suicidaire. Je suis peut-être fou mais pas suicidaire. J'erre sur la route des vignobles... goute quelques raisins verts et aigres (beurk) et me résigne : je vais me faire le col du Chat. Il me reste à peine 30 minutes de jour !
Cela a le mérite de m'offrir un beau coucher de soleil. Je monte doucement, mais sûrement. La nuit approche, la température diminue gentiment. Enfin un panneau "col du Chat 1 km". Je décompte chaque centième sur mon compteur, après 1,2 kilomètre m'y voilà : la pente s'inverse, "col du Chat 638 m" !
Il fait déjà nuit, tant pis pour la photo. Je sors la frontale pour compléter mon phare. J'enfile le kway, je m'enfile une barre de céréales et c'est parti pour la cavalcade dans les épingles. Il fait froid. Les lumières du lac du Bourget m'apparaissent, Aix-les-Bains est en face. Instant magique.
J'espère trouver un camping au Bourget. Soulagement quand je vois un panneau dès l'entrée de la ville. L'accueil est fermé, il doit être 21h30 passé. Je me faufile ni vu ni connu dans le camping quasi plein. Je m'arrête avant de me retrouver dans l'eau. Je m'installe non loin du bord du lac sur un des rares spots restants du camping.
J'ai explosé mon record explosif de la veille : 202 kilomètres.
Je m'installe et me toilette. Une légère brise, le clapotis des vagues et un ciel étoilé me font oublier que je claquais des dents sous l'eau chaude de la douche. J'avale quelques denrées, envoie un message à Antoine pour confirmer que je suis dans les temps pour notre rendez-vous du lendemain... je n'entends plus les bruits de mes voisins, je dors déjà.
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