... mais pour combien de temps ?!
Nous quittons San José et Sylvain, et nous dirigeons vers la frontière Nord du pays. Je conduis, Maïlys et Yann en copilotes, quand ce n'est pas la sieste sur la banquette arrière. La route commence par un détour, la Panaméricaine est bloquée à cause d'un glissement de terrain. Il y a eu beaucoup de pluie, c'est la saison, et un ouragan est d'ailleurs en train de passer sur le Guatemala d'après ce que l'on entend aux news.
La route est plutôt belle, cela roule bien, le van aussi. Il a la patate ce van. Parlons-en de ce van : un Chevrolet GMC AStrovan de 1995, V6 de 174 000 miles (~280 000 km), 4800 cm cube, boîte automatique, un gros bébé de 3 tonnes qui a la patate ! Les plaques sont mexicaines, Sylvain l'avait acheté là-bas 3500 dollars deux ans plus tôt et il n'est donc possible de le vendre que là-bas également à moins de payer des taxes d'importation exorbitantes. Notre but est donc simple: rejoindre le pays des aztèques et échanger notre char d'assaut contre des pesos sonnants et trébuchants.
Après plus de 5h de route, nous voici à la frontière, il est 15h30. Il y a plein de camions dans la file, allez hop je double. Une fois garés, tous les tramiteros (= des gars qui restent à la frontière et proposent leur aide pour réaliser les formalités de passage contre pesos) se jettent sur nous comme des mouches. Non merci, on fera tout seul ! 3 minutes plus tard, nos passeports sont déjà tamponnés, ok.
Ensuite, on passe au van. Il faut aller par ici, ah non par là. Il faut faire une copie des papiers de l'autre côté. Après quelques déambulations à travers la zone frontalière, je suis finalement dans la bonne file, tous les papiers nécessaires en main pour avoir le sésame...
Une fois mon tour, je lui présente mes papiers : passeport, carte grise, papier d'entrée du véhicule au Costa Rica, feuille de l'avocat pour l'achat du van, permis, les copies nécessaires... Et là cela bloque. Quien esta Sylvain? Je commence à expliquer mon cas... et le gars se barre avec mes papiers derrière son guichet... pas bon.
Je veux le suivre, fais le tour du bâtiment et le retrouve. Il me dit que c'est pas légal et baragouine plein de trucs, me parle de "decomisso", me demande où est le van, je me dis qu'il veut le contrôler. Sylvain m'avait prévenu qu'il y aurait des contrôles, donc je pars chercher le van, pendant qu'il garde mon passeport et la carte grise. Une fois le van amené à côté avec Yann et Maïlys, le message est clair : "je confisque le van" !
Il nous baratine. On montre le papier de l'avocate, mais il s'en fiche. On essaie de négocier, limite un bakchich de quelques dizaines de dollars, pourquoi pas... mais lui n'a pas le même point de vue : il nous griffonne un calcul et nous sort un prix pour pouvoir repartir avec le van. Si l'on paye 1323 dollars, il nous laisse partir !! Un peu cher pour un van que l'on acheté 500 dollars la veille.
On lui demande une preuve de ce qu'il avance, et il sort un demi-papier du fond d'un tiroir... cela pue l'arnaque. Et puis, il nous annonce tête baissée que l'on peut ne payer qu'une partie de la somme, environ 80% et nous fait même la conversion en colons, la monnaie locale... allez, prend nous pour des pigeons !
On lui fait comprendre que ce qu'il nous dit n'a aucun sens. Ensuite, il passe la main à un collègue qui nous dit qu'il faudra attendre mardi pour trouver un avocat. Un avocat pour quoi ?! On est vendredi, l'après-midi vient de s'écouler, et lundi est férié. Il veut me faire signer un papier, signifiant que le van part pour un entrepôt. Il n'est pas question que je signe.
On commence à en avoir réellement marre. Je me dis qu'on ferait mieux de passer en douce la frontière, une fois au Nicaragua, ce n'est plus les mêmes autorités, plus les mêmes papiers... Yann n'est pas chaud, mais tant pis, j'ai récupéré mon passeport et cela fait déjà 3 heures que nous sommes arrivés à la frontière ! La nuit est tombée, on remonte dans le van et je conduis jusqu'à la sortie du pays... mais le douanier prend son talkie et relève la plaque juste avant.
Nous arrivons à la barrière, on fait profile bas... mais cela ne manque pas, un garde braque sa lampe torche sur notre van et la plaque. Son collègue l'a prévenu et il nous dit de faire demi-tour. Je tente l'attitude "je-comprends-pas-pourquoi-je-ne-peux-pas-passer?" mais cela ne suffit pas. Demi-tour... et là on n'en mène pas large... tu vas voir qu'ils vont nous accuser de délit de fuite.
En fait, le gars ne vient pas nous parler. On est un peu comme des cons dans notre van, pas moyen de passer au Nicaragua, si on reste là l'autre douanier va vouloir nous dépouiller : dernière solution, ressortir de la zone frontalière et retourner à San José avec Sylvain. Alors on tente le coup dans l'autre sens, mais rebelote, un garde nous arrête, mais là il veut la carte grise et nous demande de se garer sur le côté.
C'est ce que l'on fait. La police va arriver. On se dit au moins on pourra discuter avec les flics, ce ne sera pas pire qu'avec les douaniers qui ont décidé de nous pourrir jusqu'au bout. Une fois garé, j'arrive à lancer le van dans un mur en m'embrouillant dans les vitesses de la boîte auto. Heureusement, pas de casse. Cela a le mérite de faire rire les douaniers. Ensuite, on trouve un téléphone public et on arrive à contacter l'auberge pour avoir Sylvain. On lui explique nos problèmes. Pendant un moment, il essaye de convaincre le proprio de racheter le van, vu qu'il était intéressé ! Mais il se désiste, à cause des plaques étrangères.
La police arrive enfin, deux jeunes, Alejandra et Jeff. Le premier douanier se pointe, on explique la situation aux policiers. Ils sont sympas, ils cherchent vraiment une solution. Le douanier veut confisquer le van et le mettre à la fourrière en nous faisant signer son papier. Nous on est pas d'accord. Après un moment de négociation, les policiers proposent de garder le van à côté, à l'intérieur de la caserne et que l'on refasse les papiers en règle devant un avocat avec Sylvain... qui va venir en bus de San José.
Jeff gare le van à la caserne et on doit retrouver le douanier à son bureau pour signer un papier. Cet en..... est parti manger donc on poireaute un moment supplémentaire. On discute avec nos deux nouveaux potes de la police des douanes. Le gars revient, on signe, il est 21 heures. On va finalement dormir dans l'espèce d'auberge pour routiers à côté de la zone frontalière. Un repas spartiate avec nos derniers dollars en poche et le bruit des moteurs nous bercent après une journée bien éreintante.
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