10h du matin, j'arrive à Olympos. Je suis parti de Paris 40h plus tôt, après une nuit à l'aéroport de Thessalonique et une nuit de bus depuis Istanbul. Le temps de poser mon sac, de prendre une douche fraîche, d'acheter des biscuits et 3L d'eau : je pars sur les traces de la Voie Lycienne. 11h.
La voie lycienne, c'est une des treks classé dans le top 10 au monde par le Sunday Times ou le site du Routard. 510 km de sentier longeant une côte affûtée par les vagues méditerranéennes, se faufilant entre le sable noir de ses plages et la roche de ses sommets enneigés. Quelques vestiges de villes de la Ligue Lycienne jalonnent encore le parcours. L'Empire romain, Hadrien, l'Empire byzantin, l'Empire ottoman... ces pierres ont vu défiler l'Histoire.
Je cherche le début de la rando. Il faut traverser la rivière. Je tombe sur une famille d'hollandais. Le père me montre une trace rouge, ce sont les marques à suivre. Ok, peut-être à plus tard ! Je pars devant.
Au bout de 5 minutes, je ne trouve plus de marques. Le sentier semble continuer sur ma droite, je m'y engage. Je trouve que le chemin n'est pas très praticable... j'hésite à faire demi-tour mais trouve finalement une paire de lunettes de soleil. Cela doit être le bon chemin. Je continue mais m'enfonce dans la pinède. Je me rends à l'évidence, il n'y a pas de sentier... je coupe à travers la montagne, glisse sur des pierres, dégringole des amas de branchages.
Une fois en bas, je retombe sur un chemin, je le suis jusqu'à une faille entre deux parois rocheuses. Je me retrouve au milieu de grimpeurs venus tutoyer les falaises. Ils ne savent pas si la Voie Lycienne passe par là. J'explore les lieux. Cul-de-sac... voilà un couple franco-allemand, Clara et Jens, ils cherchent la même chose que moi. Clara pense qu'il faut escalader les roches. Je m'échine à lui faire remarquer que je n'imagine pas les 2 petits hollandais d'une dizaine d'années escalader une telle montagne à mains nues. Trois éboulements de cailloux plus tard, Clara jette l'éponge. Il est temps, surtout qu'elle est enceinte de 3 mois !
Avec mes deux acolytes, nous revenons au village. Retour à la case départ. Il est 14h quand je repars à l'aventure, un peu découragé, mais il faut au moins que je repère le terrain pour le lendemain...
Mais je me rends compte que le sentier est en fait bien balisé ! J'ai juste omis de regarder à gauche pour attraper le chemin qui s'envole vers le sommet de la montagne. Cette étape jusqu'à la ville d'Adrasan est annoncé en 6h de marche d'après mon guide. 14+6=20. Il fait nuit à 20h. Ça passe. Je me sens pousser des ailes et je pars en courant affronter les 750m de dénivelé.
Grosse suée. Je ralentis un peu. Heureusement que la pinède me protège du soleil. Chaque gorgée d'eau me réhydrate tout en allégeant mon sac. 1h30 de marche et voilà déjà la passe : vue sur les sommets au loin. J'attaque la redescente.
Je rattrape les hollandais. Je leur raconte mes errements du départ. Je les double encore, en espérant qu'il ne me dépasse plus, puis double une tortue se baladant tranquillement.
La descente est longue, mais belle. Je me retrouve enfin dans la plaine entre les serres de tomates et de concombres. Direction la plage d'Adrasan. Je pensais avoir gagner le droit à la baignade mais elle s'arrêtera aux genoux, l'eau est trop fraîche et le ciel devient plus menaçant. Il est 18h. J'ai deux heures d'avance sur la nuit, mais encore faut-il rentrer à Olympos. Il n'y a pas de dolmus (bus), seulement le taxi auquel je n'ose pas demander le prix. Au pire je rentre à pied par la route...
Je laisse passer quelques voitures, et me décide à tenter le stop. Je lève le pouce pendant une demi seconde et voilà qu'un utilitaire s'arrête. Il balance toutes les affaires qu'il avait sur le siège passager et je monte. Olympos ? Il y va !
Mon bienfaiteur s'appelle Ercan. Il me laisse même sa carte, m'offre des biscuits et une canette du redbull local. Il est dans le commerce. Il approvisionne en papier toilette (entre autres) les auberges de la région
Le soir, je me balade dans les ruines d'Olympos en revenant de la plage. J'ai bien mérité
ma nuit de sommeil... dans un lit, pour changer !
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