Au bord de ce nouveau cratère, nous croisons un autre garde. Il se doit s'ennuyer un peu à faire ses rondes tout seul sous le crachin nicaraguayen, avec peu de touristes à rencontrer. Il taxe une cigarette à Maïlys, puis nous explique que les pluies acides perturbent la végétation locale. Les feuilles des rares arbustes sont rouges.
Nous repartons en direction de Managua, la capitale du pays. Nous ne souhaitons pas visiter cette ville, puisqu'il paraît qu'elle n'offre aucun intérêt. Nous faisons tout de même une pause dans un fameux fast-food aux abords de la ville.
Notre objectif du jour est d'atteindre Leon, une autre ville coloniale au Nord du pays. Le problème est qu'il n'y a aucun panneau pour indiquer la bonne direction. On commence à tourner en rond alors on demande à un autochtone sur le bord de la route. Il nous demande si on veut la carretera vieja ou nova (la vieille ou la nouvelle route). Peut importe pensons-nous ! Quitte à choisir, on lui demande la nouvelle. On ne comprend pas bien ses explications pas claires et à rallonge... il nous parle plusieurs fois d'aller jusqu'au "top"... on comprendra quelques jours plus tard qu'il voulait dire le "stop".
Nous le remercions et tentons notre chance avec les bribes d'infos que nous avons capté. Surtout Maïlys qui est celle qui se débrouille le mieux en espagnol. Nous tombons finalement sur la route pour Leon, elle est correcte mais sans plus, on ne sait même pas si c'est la nouvelle ou l'ancienne!
La route, correcte au début, devient de plus en plus abimée au fur et à mesure des kilomètres. Les nids-de-poule, plus nombreux, sont aussi plus gros : nous sommes donc sur l'ancienne route (enfin j'espère !). Pour parfaire le tableau, la fine pluie est devenue battante, et le soleil se fait la malle.
Je fais maintenant du slalom entre les trous dans la route (on ne peut plus parler de nids-de-poule à ce niveau là). De temps en temps: "bam", le choc, j'en rate un, et je suis content de conduire un gros van costaud. La route s'alterne entre la campagne et des petits villages isolés. La pluie a transformé la route en champ de boue, et je ne dépasse plus les 30 km/h. Je n'ai pas vraiment la notion du temps, mais nous n'avons parcouru que quelques dizaines de kilomètres (40?) en 1h30 après avoir laissé Managua... et là...
Stupeur. La route est barrée. On dirait qu'il y a moyen de contourner par le côté... mais cela semble précaire vu la boue. Au bout de nos phares, je réalise qu'il y a des ouvriers, il est environ 18h, ils quittent leur chantier. L'un deux passe près du van, je l'interpelle : il me dit qu'il n'y a plus de pont, qu'il est tombé pendant une crue, qu'il n'est pas possible de passer par là... et que pour aller à Leon, il faut reprendre l'autre route à... Managua !
La poisse. La mort dans l'âme, j'entame le demi-tour jusqu'à la capitale. On s'arrête demander dans une des quelques échoppes bordant la route. Il paraît qu'il y une route à 4km qui permettrait de retrouver la nouvelle route sans retourner jusqu'à Managua, mais les indications sont toujours aussi vagues. Nous redemandons une autre fois, cette fois-ci la route serait à plus de 10 km... tant pis, nous nous résignons à rejoindre Managua.
Et c'est parti pour re-slalomer. Il pleut toujours à seau. Je passe carrément sur la gauche de la route (si on peut appeler cela une route) pour éviter un énorme trou, mais je m'en prends un autre: "bam". Et là, le van s'arrête. Il a calé. Aïe. Je tente de redémarrer. En vain. Une légère odeur de cramé se fait sentir. Nous sommes officiellement en rade. Quelques véhicules passent et nous engueulent "t'es garé sur la route!". Et tu crois que cela me fait plaisir ?!?
La première chose à faire est de dégager de la route. Yann et Maïlys descendent pour pousser. Je fais de même, plaf, pieds dans une flaque, et nous poussons le van sur le côté. Nous sommes devant un garage ! Yann et Maïlys vont voir, mais il est fermé. Cela pourra toujours aider si on doit passer la nuit là... mais je n'ai aucune envie de passer la nuit là !
Je me rappelle la réparation de la veille. En fait, la cause de la panne n'a pas été réparée... mais je me souviens du fusible. Par chance, Sylvain m'avait dit qu'il nous laissait quelques fusibles pour les phares, "au cas où". Je les retrouve. J'ouvre le capot du moteur par l'intérieur (le moteur est accessible depuis l'habitacle dans les van Chevrolet...). J'accède à la bobine et retire le fusible installé la veille. Effectivement, il a grillé. J'en trouve un autre et le place. Je rappelle mes deux acolytes pour qu'ils rentrent dans le van : si cela démarre, je ne m'arrête plus avant Leon de peur que le van recale !
Une fois tous les 3 à bords, je demande à tout le monde de croiser les doigts. Je tourne la clé... et cela redémarre ! YEEEAAAAAH ! Cap sur Managua.
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